Le curé de village
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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Cinquième livre, Scènes de la vie de campagne. Treizième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Jérôme-Baptiste Sauviat, en homme aux yeux de qui la fortune semblait constituer tout le bonheur, qui n’avait jamais vu que le besoin dans l’amour, et dans le mariage qu’un mode de transmettre ses biens à un autre soi-même, s’était juré de marier Véronique à un riche bourgeois. Depuis longtemps, cette idée avait pris dans sa cervelle la forme d’un préjugé. Son voisin, le chapelier, riche de deux mille livres de rente, avait déjà demandé pour son fils, auquel il cédait son établissement, la main d’une fille aussi célèbre que l’était Véronique dans le quartier par sa conduite exemplaire et ses mœurs chrétiennes. Sauviat avait déjà poliment refusé sans en parler à Véronique. Le lendemain du jour où le vicaire, personnage important aux yeux du ménage Sauviat, eut parlé de la nécessité de marier Véronique de laquelle il était le directeur, le vieillard se rasa, s’habilla comme pour un jour de fête, et sortit sans rien dire ni à sa fille ni à sa femme. L’une et l’autre comprirent que le père allait chercher un gendre. Le vieux Sauviat se rendit chez monsieur Graslin.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 23
EAN13 9782824710068
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LE CU RÉ DE V I LLA GE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LE CU RÉ DE V I LLA GE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1006-8
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LE CU RÉ DE V I LLA GE
A H ÉLÈN E.
   n’ est p as lancé e à la mer , sans que les marins
ne la meent sous la pr ote ction de quelque vivant emblème ouL d’un nom ré véré  ; so y ez donc, madame , à l’imitation de cee
coutume , la p atr onne de cet ouv rag e lancé dans notr e o cé an liérair e , et
puisse-t-il êtr e préser vé de la b our rasque p ar ce nom imp érial que l’Église
a fait saint, et que v otr e dé v ouement a doublement sanctifié p our moi.
DE BALZA C.
n
1CHAP I T RE I
V ÉRON IQU E
  BL , au coin de la r ue de la Vieille-Poste et de
la r ue de la Cité , se tr ouvait, il y a tr ente ans, une de ces b ou-D tiques aux quelles il semble que rien n’ait été chang é depuis le
mo y en âg e . D e grandes dalles cassé es en mille endr oits, p osé es sur le sol
qui se montrait humide p ar places, auraient fait tomb er quiconque n’ eût
p as obser vé les cr eux et les élé vations de ce singulier car r elag e . Les mur s
p oudr eux laissaient v oir une bizar r e mosaïque de b ois, et de briques, de
pier r es et de fer tassés av e c une solidité due au temps, p eut-êtr e au hasard.
Le plancher , comp osé de p outr es colossales, pliait depuis plus de cent
ans sans r ompr e sous le p oids des étag es s up érieur s. Bâtis en colombag e ,
ces étag es étaient à l’ e xtérieur couv erts en ardoises cloué es de manièr e à
dessiner des figur es g é ométriques, et conser vaient une imag e naïv e des
constr uctions b our g e oises du vieux temps. A ucune des cr oisé es encadré es
de b ois, jadis br o dé es de sculptur es aujourd’hui détr uites p ar les intemp
éries de l’atmosphèr e , ne se tenait d’aplomb  : les unes donnaient du nez, les
2Le curé de villag e Chapitr e I
autr es r entraient, quelques-unes v oulaient se disjoindr e  ; toutes avaient
du ter r e au app orté on ne sait comment dans les fentes cr eusé es p ar la
pluie , et d’ où s’élançaient au printemps quelques fleur s légèr es, de
timides plantes grimp antes, des herb es grêles. La mousse v eloutait les toits
et les appuis. Le pilier du coin, quoiqu’ en maçonnerie comp osite , c’
est-àdir e de pier r es mêlé es de briques et de cailloux, effrayait le r eg ard p ar sa
courbur e  ; il p araissait de v oir cé der quelque jour sous le p oids de la
maison dont le pignon sur plombait d’ envir on un demi-pie d. A ussi l’autorité
municip ale et la grande v oirie fir ent-elles abar e cee maison après
l’av oir acheté e , afin d’élar gir le car r efour . Ce pilier , situé à l’angle des deux
r ues, se r e commandait aux amateur s d’antiquités limousines p ar une
jolie niche sculpté e où se v o yait une vier g e , mutilé e p endant la Ré v olution.
Les b our g e ois à prétentions ar ché ologiques y r emar quaient les traces de
la mar g e en pier r e destiné e à r e ce v oir les chandelier s où la piété publique
allumait des cier g es, meait ses e x-v oto et des fleur s. A u fond de la b
outique , un escalier de b ois v er moulu conduisait aux deux étag es sup érieur s
sur montés d’un gr enier . La maison, adossé e aux deux maisons v oisines,
n’avait p oint de pr ofondeur , et ne tirait son jour que des cr oisé es. Chaque
étag e ne contenait que deux p etites chambr es, é clairé es chacune p ar une
cr oisé e , donnant l’une sur la r ue de la Cité , l’autr e sur la r ue de la
VieillePoste . A u mo y en âg e , aucun artisan ne fut mieux log é . Cee maison avait
é videmment app artenu jadis à des faiseur s d’haub er g e ons, à des ar
murier s, à des coutelier s, à quelques maîtr es dont le métier ne haïssait p as le
plein air  ; il était imp ossible d’y v oir clair sans que les v olets fer rés fussent
enle vés sur chaque face où, de chaque côté du pilier , il y avait une p orte ,
comme dans b e aucoup de mag asins situés au coin de deux r ues. A chaque
p orte , après le seuil en b elle pier r e usé e p ar les siè cles, commençait un p
etit mur à hauteur d’appui, dans le quel était une rainur e rép été e à la p outr e
d’ en haut sur laquelle r ep osait le mur de chaque façade . D epuis un temps
immémorial on glissait de gr ossier s v olets dans cee rainur e , on les
assujeissait p ar d’énor mes bandes de fer b oulonné es  ; puis, les deux p ortes
une fois closes p ar un mé canisme semblable , les mar chands se tr ouvaient
dans leur maison comme dans une forter esse . En e x aminant l’intérieur
que , p endant les pr emièr es vingt anné es de ce siè cle , les Limousins vir ent
encombré de fer railles, de cuiv r e , de r essorts, de fer s de r oues, de clo ches
3Le curé de villag e Chapitr e I
et de tout ce que les démolitions donnent de métaux, les g ens
qu’intér essait ce débris de la vieille ville , y r emar quaient la place d’un tuyau de
for g e , indiqué p ar une longue traîné e de suie , détail qui confir mait les
conje ctur es des ar ché ologues sur la destination primitiv e de la b outique .
A u pr emier étag e , était une chambr e et une cuisine  ; le se cond avait deux
chambr es. Le gr enier ser vait de mag asin p our les objets plus délicats que
ceux jetés pêle-mêle dans la b outique . Cee maison, loué e d’ab ord, fut
plus tard acheté e p ar un nommé Sauviat, mar chand forain, qui, de 1792 à
1796, p ar cour ut les camp agnes dans un ray on de cinquante lieues autour
de l’ A uv ergne , en y é chang e ant des p oteries, des plats, des assiees, des
v er r es, enfin les choses né cessair es aux plus p auv r es ménag es, contr e de
vieux fer s, des cuiv r es, des plombs, contr e tout métal sous quelque for me
qu’il se déguisât. L’ A uv ergnat donnait une casser ole en ter r e br une de
deux sous p our une liv r e de plomb , ou p our deux liv r es de fer , bê che
cassé e , houe brisé e , vieille mar mite fendue  ; et, toujour s jug e en sa pr opr e
cause , il p esait lui-même sa fer raille . Dès la tr oisième anné e , Sauviat
joignit à ce commer ce celui de la chaudr onnerie . En 1793, il put acquérir un
châte au v endu nationalement, et le dép e ça  ; le g ain qu’il fit, il le rép éta
sans doute sur plusieur s p oints de la sphèr e où il op érait  ; plus tard, ces
pr emier s essais lui donnèr ent l’idé e de pr op oser une affair e en grand à
l’un de ses comp atriotes à Paris. Ainsi, la Bande Noir e , si célèbr e p ar ses
dé vastations, naquit dans la cer v elle du vieux Sauviat, le mar chand forain
que tout Limog es a v u p endant vingt-sept ans dans cee p auv r e b outique
au milieu de ses clo ches cassé es, de ses flé aux, de ses chaînes, de ses p
otences, de ses g ouièr es en plomb tordu, de ses fer railles de toute espè ce  ;
on doit lui r endr e la justice de dir e qu’il ne connut jamais ni la célébrité ,
ni l’étendue de cee asso ciation  ; il n’ en pr ofita que dans la pr op ortion
des capitaux qu’il avait confiés à la fameuse maison Brézac. Fatigué de
courir les foir es et les villag es, l’ A uv er gnat s’é

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