Le manuscrit inachevé
306 pages
Français

Le manuscrit inachevé , livre ebook

-

306 pages
Français

Description

Pour qui ne connaît pas la littérature de cette partie du monde "la lecture de cette oeuvre amène un certain nombre de réflexions": sur un fonds commun ancien -l'épopée de Dede Qorqud, récitée oralement depuis le 9ème siècle- remis à jour par des techniques narratives modernes, l'atmosphère orientale archaïque rappelle l'histoire mongole avec sa violence guerrière, les chevaux qui sont plus importants que les hommes, l'absence de figures essentielles de femmes... Se mêlent le passé épique et mythique et le présent récent d'un peuple qui retrouve ses racines et écrit son identité à travers les siècles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 novembre 2005
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296421141
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le manuscrit inachevé site : www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
e.mail : harmattan 1@wanadoo.fr
© L'Harmattan, 2005
ISBN : 2-7475-9626-5
EAN : 9782747596268 Kamal Ab doulla
Le manuscrit inachevé
L'Harmattan
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
FRANCE
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1200 logements villa 96 Fardes Sc. Sociales, Pol et Via Degli Artisti, 15 Konyvesbolt
Adm. ; BP243, KIN XI 10124 Torino 12B2260
Kossuth L. u 14-16
Université de Kinshasa — RDC ITALIE Ouagadougou 12
1053 Budapest AU LECTEUR NON AVERTI
Pour un lecteur français qui ne connaît pas la littérature
de cette partie du monde, la lecture de cette oeuvre amène un
certain nombre de réflexions.
On voit bien qu'il s'agit d'un fonds commun ancien —
l'épopée de Dede Qorqud récitée oralement depuis le 9ème
siècle — remis à jour par des techniques narratives modernes:
récits enchassés, narrateurs pluriels, changement d'époques
soudain, reprise d'un même passage que l'on complète plus
tard, adoption de points de vue différents autour d'une meme
situation, travail de compréhension important laissé au
lecteur qui doit construire sa propre interprétation.
L'atmosphère orientale archaîque rappelle à un
Européen l'histoire mongole avec en arrière plan la cruauté,
la ruse, la beauté de cette violence guerrière parfois contenue
mais qui peut éclater sauvagement dans des affrontements et
des chatiments démoniaques.
La lecture fait se lever devant nos yeux des gravures
turko-perso-mongoles où souvent, bien avant l'homme, c'est
le cheval qui est central. On voit bien que, dans ce récit, il
prend parfois la place de l'homme; c'est lui qui dirige la flèche
victorieuse laissant peu de gloire au chasseur dépité et vite
humilié par ses pairs.
L'absence de figure essentielle de femmes correspond
au registre épique d'autant plus que, lorsqu'il y en a une qui
apparaît, elle est le symbole de la ruse. On reconnait
facilement un des topos des mythes épiques avec le meme
mensonge répété à chaque homme qui s'empresse par amour de
répondre au désir de la séduisante intrigante. Lorsqu'il ne peut pas s'accrocher à un lieu commun de
l'épopée, le lecteur européen se perd un peu dans la
nomenclature qui, malgré des liens d'exposition littéraire qui ne sont
pas sans rappeler ceux des Mille et une Nuits, reste parfois un
obstacle à une lecture linéaire. On souhaite dès lors avoir plus
de connaissances pour apprécier pleinement ce roman dont
un des mérites sera sans doute d'attirer de nouveaux lecteurs
vers l'épopée originelle de Dede Qorqud et d'induire une
réflexion plus contemporaine sur l'histoire de l'Azerbaïdjan.
A imaginer pendant la lecture lieux, batailles, armes,
armures, chevaux, palais, sources et jardins, on se prend à
rêver d'une mise en images cinématographiques qui
ajouterait au spectacle de la musique, venue des confins de
l'Europe, et exprimant son envoûtante plainte comme le fit si
bien le cinéaste chinois pour évoquer l'époque Tang dans les
Poignards Volants.
Les grandes épopées du monde — et toutes les grandes
cultures en portent témoignage — souvent formes littéraires
de la mythologie des peuples, ont toujours été la conscience
unificatrice des nations. Elles fédèrent les groupes humains
qui s'en revendiquent et sont la colonne vertébrale, l'axe du
monde et du moins d'une culture, des nations qui y font
retour pour renforcer leur identité. L'occident n'y échappa
point avec l'Iliade et l'Odyssée, Beowulf, les sagas
scandinaves, Roland de Roncevaux. Le monde turc kirghiz eut son
Manas et l'Azerbaïdjan Dede Qorqud.
Le beau texte de Kamal Abdoulla arrive en un temps
où la nation azerbaïdjanaise retrouve son identité profonde.
Il apparaît clairement qu'il articule ici le passé épique et
mythique avec le présent récent d'un peuple qui retrouve ses
racines et écrit son identité à travers les siècles. Ce roman
peut donc etre lu comme un livre d'histoire culturelle qui
débouche sur un présent s'enracinant dans un glorieux passé.
8 Kamal Abdoulla est né en 1950 à Bakou. Ecrivain de
renommée nationale, auteur de pièces de théatre à succès
telles "There is nobody to forget" et "Spirit" jouées aussi bien
en Azerbaïdjan qu'à l'étranger, universitaire de renom,
linguiste spécialiste de philologie turque, il est aujourd'hui
recteur de l'Université Slave de Bakou depuis 2000. Il est
également membre de l'Académie Internationale d'Ulçraïne.
Claude Allibert
professeur des Universités
INALCO
9 PRÉFACE
ou un tout inachevé Le nouveau manuscrit, numéroté A 21/ 733 extrait du
catalogue situé dans le troisième rayon de la section des
oeuvres médiévales de l'Institut (du Fonds) des Manuscrits
Nationaux avait particulièrement attiré mon attention, car
d'après la bibliothécaire, ce type de manuscrit — très facile à
lire - ne suscite pourtant pas un grand intérêt. La
bibliothécaire qui avait bien senti mon étonnement a patiemment
tenté de m'expliquer: «Ce manuscrit ne diffère aucunement
des autres. Mais pour l'instant, il n'a pas encore été bien
étudié. Toutefois, on suppose qu'il s'agit d'une oeuvre du
XIIème siècle qui relate le tremblement de terre de Gandja,
événement bien connu dans l'Histoire, les sciences et parmi
le peuple. La langue de l'auteur, de même que son style sont
clairs, simples et faciles à comprendre. Pourtant... il y a un
problème... car nous sommes ici en présence d'un manuscrit
inachevé. Il n'a ni début, ni fin. Peut-être est-ce aussi à cause
du tremblement de terre: il est passé de mains en mains, il est
rescapé des flammes et il est tombé sous les pierres..., en un
mot, il était devenu illisible. Certaines pages sont
complètement déchirées, certaines autres le sont partiellement,
certaines ont même complètement disparu et certaines enfin
sont brûlées. Mais tout cela ne vous intéressera pas».
Après être passé entre les rayons alignés les uns à côté
des autres, dans la section aux larges étagères où s'est accu-
13 mulée la poussière et où reposaient tous les nombreux
nouveaux manuscrits, puis avoir emprunté les escaliers de
marbre, à la question «Peut-on voir ce manuscrit?», voici la
réponse que j'ai reçue de la bibliothécaire qui
m'accompagnait: «Cela ne vous intéressera pas».
Comme elle avait perçu le sourire interrogatif sur mon
visage, elle a poursuivi sur un ton un peu indifférent:
- Ils ont été introduits récemment dans le Fonds,
quelqu'un les a laissés sur la table du gardien et a disparu sans
laisser de traces. Nous avons même diffusé une annonce dans
le «journal 525»: Eh vous, qui êtes vous, faîtes-vous donc
connaître! Où l'avez-vous donc trouvé? Une récompense
vous attend, savez-vous que le Fonds accorde une
récompense à ceux qui découvrent des manuscrits anciens? Mais
cette personne n'a jamais donné signe de vie. Le gardien? Ce
n'est qu'un gardien, il ne se souvient de rien.
J'ai alors répété ma question:
- Peut-on voir ce manuscrit?
- C'est possible, pourquoi ne le serait-ce pas? Mais il est
actuellement en restauration. En fait, il me semble que ce
manuscrit décrit le tremblement de terre de Gandja. Elle s'est
tue, puis, sans le vouloir vraiment, elle a poursuivi: certains
pensent que le thème du tremblement de terre de Gandja
n'est qu'une façade, car les écrits du Manuscrit évoquent une
tout autre chose. Et vous, qu'en pensez-vous?
Cette femme m'a donné une réponse qui m'a paru bien
étrange. Voyez donc ce qu'elle m'a dit: «Comment le
savezvous?» Je me suis tu à mon tour, et je n'ai plus rien dit. Mais
cette question était belle et bien étrange.
Quelques jours avaient passé. C'était comme si quelque

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