Le messager du crocodile
182 pages
Français

Le messager du crocodile , livre ebook

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182 pages
Français

Description

À Toumousséni, un village du peuple des Turkas au sud-ouest du Burkina Faso, Bahilama dirige une équipe de jeunes jardiniers. Cette initiative semble déranger les génies du lieu et suscite l'hostilité des "vieux". Mais Namou, le crocodile qui hante le marigot, a choisi Bahilama pour converser avec les villageois. Hélas, la relation à Namou se révèle exigeante et contrecarre les projets de voyages de l'ambitieux jeune homme...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2013
Nombre de lectures 22
EAN13 9782296530447
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JeanClaude Lavaud
Préface de Claude Garrier
Le § droit en marche
Série Romans
Le messager du crocodile ou les tribulations d’un jeune Turka
Le messager du crocodile
ou les tribulations d’un jeune Turka
Collection « Le droit en marche » dirigée par C. Garrier Le droit en marcheune collection qui fait le point sur est l’évolution du droit dans le vécu des peuples qui furent colonisés, et ses retombées dans les sociétés contemporaines, africaines et française. Le droit est une construction vivante issue de la société à laquelle il est appliqué. Analyser le droit en marche ne se borne pas à appliquer la méthode juridique aux textes, mais à observer : -les hommes : oles hommes politiques et leurs conseils qui rédigent ce droit, oles fonctionnaires chargés de sa mise en œuvre, -la société dans laquelle le droit est né ; -celle à laquelle il est appliqué ; Le droit est également, à un moment déterminé, l’outil du groupe qui a su par ruse, par manœuvres, s’emparer du pouvoir. Le droit colonial a imposé une relation entre deux civilisations aux mœurs, aux coutumes, à l’histoire notoirement différentes. Les indépendances n’ont pas entraîné l’abrogation des textes du droit colonial, ni leur remplacement par des dispositions dérivées des coutumes africaines. Le droit continue d’être écrit dans la langue du colonisateur alors que les « parlers locaux » sont très vivants. La sociologie des vécus ne peut être ignorée. L’étude du droit ne peut être dissociée de celle de l’économie. L’Afrique est aujourd’hui un enjeu entre grandes puissances. La collection se doit de publier des ouvrages qui couvrent l’ensemble de ce panorama et offrent aux gouvernants actuels et aux oppositions, les outils d’une perception rénovée de ce continent et d’une autre façon de le gérer, d’y vivre et d’y produire. Dernières parutions LE TOUBABOU,Cruelle Côte d’Ivoire. L’éléphant et le « machin »,2011. Claude GARRIER,: gestionCôte d’Ivoire et zone OHADA immobilière et droit foncier urbain, 2007.
Jean-Claude Lavaud
Le messager du crocodile
ou les tribulations d’un jeune Turka
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00856-1 EAN : 9782336008561
À la mémoire de Bahilama-Yaya & Mariam-Tiésala
PREFACE Le messager du crocodile, plus qu’un roman, est une légende où s’entremêlent actualité récente, parcours initia-tique, sociologie d’un peuple du Sud du Burkina Faso, en un ensemble plein de charme. Pour qui a quelques notions sur cette partie de l’Afrique, le récit abonde en obser-vations remarquables de vécu et de précision. Pour qui découvre l’Afrique de la savane, le dépaysement est total. L’auteur exploite l’imbrication entre religions génie-logique et musulmane, la première transmise à travers les siècles par le discours familial, la seconde liée à l’effort d’intégration au groupe de référence « dioula », « com-e merçant », depuis le début du XX siècle. Cette symbiose est caractéristique des régions limitrophes du Burkina Faso et de Côte d’Ivoire. Bien que l’Islam comme les christianismes, rejette les religions traditionnelles, les « ma-rabouts » ont la réputation de très puissants jeteurs de sorts. Les « dozos » sont des guerriers aux nombreuses amu-lettes protectrices. La crainte qu’ils répandent, les fit utiliser comme gardiens dans le Sud de la Côte d’Ivoire dans les années 1990, d’où ils furent chassés à la suite de scandales. Un bref portrait de Chérif Ousmane en officier éclairé, précipite le récit dans un passé qui ne pourra être oublié de longtemps ; il donne de ce personnage une image édénique très éloignée de celle qui circule actuellement. Les scènes de tendresse qui concluent le récit, adou-cissent l’impression laissée par des passages plus sombres et ramènent au fond initiatique qui le parcourt. La rencontre entre mondes français et africain symbo-lisés par une technicienne d'une ONG et un paysan,
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l’incompréhension qui les isole, sont merveilleusement perçues. Tristement, mais réalistement, elle est un échec. Jean-Claude LAVAUD a vécu au Burkina Faso. Il y a aimé ; il y a été aimé. Sans cela, jamais il n’aurait approché de façon aussi vive la conscience des habitants, des « vraies gens », jamais il n’aurait perçu ce vocabulaire particulier fa-briqué par combinaison entre langues française et verna-culaire, jamais il n’aurait entendu l’expression des cœurs. Claude GARRIER
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CHAPITRE I Tâtonnant dans l’obscurité de sa case, la mère de Bahilama, elle s’appelle Tiegounimané, – ce qui veut dire : « Ils veulent m’atteindre » trouva la fragile porte en bois et sortit. Elle s’orientait aux odeurs familières : le parfum de la terre, l’humidité brumeuse et ascendante de l’aurore, l’odeur âcre du feu endormi, celle du chien lové chaudement dans la paille. La nuit, le silence est rassurant. Si les poules ou les quelques moutons s’agitaient, alors ce ne serait pas normal. La fille cadette de la maison, Baumani, « Ils mangent sur moi », dort dans la case réservée aux enfants tout près de celle de la maman, la niou. Nouant un pagne à sa taille, distraite encore par les songes, le froid saisit ses épaules nues. En brousse, le contraste entre la chaleur du jour et le froid de la nuit surprend. Les collines entrecoupées de vallons abrupts, un marigot à proximité de la concession ou bien un puits non loin, suffisent pour rendre la fraîcheur incommode. Entre elles deux les salutations quotidiennes ne sont pas né-cessaires. La mère et sa fille se retrouvent chaque matin sans avoir eu réellement à se quitter. Leurs journées rythmées par la multitude des tâches domestiques sont à peine interrompues par le sommeil nocturne. Elles préparaient ce qui pouvait l’être dans l’obscurité. Comme à l’évocation d’un souvenir de la veille, les braises du modeste foyer reprirent de la vigueur au soufflet de la jeune fille. Encore un moment et le coq chantera. Baumani déposa l’eau sur le feu pour la toilette du matin. Le coq chanta. La mère balayait. Le mortier du sol est un mélange de terre, pierrailles et bouses de vache. Par endroits des fissures se creusaient et des plaques se délitaient. C’était une source de poussière. Il lui faudrait bientôt refaire la cour. Ça n’était pas rien que de se lancer dans un chantier pareil. Chacune des femmes comptait sur la solidarité des autres pour mener à bien ce labeur, de sorte que ces grands travaux étaient également l’occasion de
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