Le parfum français
146 pages
Français

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Le parfum français , livre ebook

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Description

Ce roman relate avec beaucoup d'humour les aventures d'Ali Jarjar, un habitant haut en couleur du quartier populaire de Ghaïb, dans une grande ville du Soudan. Ghaïb est l'allégorie d'un quartier populaire d'une grande cité africaine avec ses personnages typiques. L'auteur égratigne au passage la corruption, la guerre civile, et la dictature, il se moque aussi de l'intolérance religieuse et aborde bien d'autres sujets de l'actualité du Soudan et du continent africain, l'émigration par exemple.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 257
EAN13 9782296693760
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Parfum français
Lettres du monde arabe
Collection dirigée par Maguy Albet
et Emmanuelle Moysan
 
Ahmed ISMAÏLI, Dialogue au bout de la nuit, 2010.
Mohamed BOUKACI, Le Transfuge, 2009.
Hocéïn FARAJ, Les dauphins jouent et gagnent, 2009.
Mohammed TALBI, Rêves brûlés, 2009.
Karim JAAFAR, Le calame et l'esprit, 2009.
Mustapha KHARMOUDI, Ô Besançon. Une jeunesse 70, 2009.
Abubaker BAGADER, Par-delà les dunes, 2009.
Mounir FERRAM, Les Racines de l'espoir, 2009.
 
Dernières parutions dans la collection écritures arabes
 
N° 232 El Hassane AÏT MOH, Le thé n'a plus la même saveur, 2009.
N° 231 Falih Mandi, Embrasser les fleurs de l'enfer, 2008.
N° 230 Bouthaïna AZAMI, Fiction d'un deuil, 2008.
N° 229 Mohamed LAZGHAB, Le Bâton de Moïse, 2008.
N° 228 Walik RAOUF, Le prophète muet, 2008.
N° 227 Yanna DIMANE, La vallée des braves, 2008.
N° 226 Dahri HAMDAOUI, Si mon pays m'était conté, 2008.
N° 225 Falih MAHDI, Exode de lumière, 2007.
N° 224 Antonio ABAD, Quebdani, 2007.
N° 223 Raja SAKKA, La réunion de Famille, 2007.
Amir TAGELSIR
 
 
Le Parfum français
 
Roman traduit de l'arabe par Xavier Luffin
 
 
 
 
 
© L'Harmattan, 2010
5-7, rue de l'Ecole polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan. com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-11097-7
EAN : 9782296110977
 
Chapitre premier : Quand survient une nouvelle...
 
 
Ce n'était pas une nouvelle anodine qu'Ali Jarjar avait interceptée par hasard. Il s'était empressé de se rendre, en courant, dans le quartier populaire de Ghaïb « l'Absent » dans les faubourgs de la ville où il résidait. Même si la nouvelle en soi était concise et brève, sans indices particuliers, l'imagination de Jarjar elle, était bien là, prête à tout moment à transformer l'information en une nouvelle importante.
La Française Katia Cadolet va arriver dans les prochains jours, elle va vivre un certain temps avec vous dans le quartier, dans le cadre d'une étude internationale. Hébergez-la chez vous, où que ce soit, vivez votre vie habituelle.
Voilà exactement ce qu'avait dit le responsable gouvernemental, Mabrouk, lorsqu'il avait rencontré Ali Jarjar dans les locaux de la préfecture où il avait l'habitude de se rendre de temps à autre, avec ou sans objectif particulier. Le responsable le connaissait depuis plus de quarante ans, lorsqu'ils s'étaient affrontés à l'occasion d'un match de football assez brutal, dans une ruelle étroite, et que le responsable en question s'était cassé la jambe. Il l'avait appelé alors qu'il était sur le point de demander la main de Sarira, la vendeuse de thé toujours flanquée devant la préfecture, comme il l'avait déjà fait des dizaines de fois auparavant.
Jarjar, Ali !
Il s'était arrêté dans sa demande en mariage sur la question du montant de la dot et du poids de la bague qu'elle porterait le jour des noces, et il suivit le responsable gouvernemental jusque dans le bâtiment.
Cette étude internationale, de quoi s'agit-il exactement ? Et pourquoi le quartier de Ghaïb en particulier, parmi tous les quartiers de la terre ?
En réalité, nous n'en savons rien. C'est tout ce qui nous est parvenu pour l'instant.
Et quand donc arrivera cette Française ?
Ça non plus nous n'en savons rien. Peut-être dans les jours ou dans les semaines qui viennent.
Et que doivent faire les habitants du quartier ?
Rien de particulier... Vivez votre vie, comme je vous l'ai dit, faites simplement attention si un étranger se trouve parmi vous.
Le responsable gouvernemental retourna à ses occupations, laissant Ali Jarjar perplexe. Durant son long séjour passé dans le quartier de Ghaïb, que les autorités avaient en vain essayé à plusieurs reprises de rebaptiser le quartier Nour « Lumière » Zahr Al-Rawda « Fleur du jardin » ou même Hader « Présent » ils avaient accueilli des centaines d'étrangers, les uns étaient venus en tant qu'hôtes d'une connaissance ou d'un proche d'une manière ou d'une autre, certains étaient venus se cacher après avoir commis un crime dans une ville éloignée, d'autres encore étaient à la recherche d'un terrain facile à acquérir, certains étaient là pour une femme qu'ils désiraient, d'autres encore n'étaient rien d'autre que des étrangers accueillis par un quartier pauvre. Mais quels que fussent ces flots d'étrangers, quels que fussent leur nombre et leur ramification, il s'était toujours agi de gens appartenant à la même chair, celle du pays, qu'ils soient du nord, du sud ou du centre, au bout du compte tous appartenaient au même grand corps de la nation. Le quartier de Ghaïb pouvait communiquer avec eux et eux pouvaient lui parler à tout moment. Mais voilà que maintenant allait arriver une Française d'un pays lointain, et puis il y avait cette étude internationale dont on ne savait strictement rien. « Vivez votre vie comme d'habitude, faites juste attention... »
Il était certain que les habitants du quartier ne comprendraient pas grand-chose à ces énigmes lorsqu'il les leur rapporterait telles qu'il les avait entendues, mais il allait les épicer, les saler, leur donner du goût en y ajoutant quelques détails de son cru avant de les confier aux oreilles de « Microphone » c'était le surnom que l'on donnait à Hakim Al-Nabawi, l'ancien professeur d'Histoire, l'une des personnalités du quartier qui à son tour y ajouterait quelques épices avant de les diffuser dans le quartier, comme il avait l'habitude de le faire à chaque fois qu'une nouvelle information lui parvenait. Jarjar sortit du bâtiment de la préfecture avec précipitation, si bien qu'il en oublia même de retourner chez Sarira la vendeuse de thé afin de terminer les préparatifs de leur prétendu mariage, et d'insulter le jeune cireur de chaussures qui s'était moqué de ses mocassins crasseux devant tout le monde. Ali Jarjar était l'un des habitants du quartier qui faisaient le plus jaser, en troisième position après Al-Dagil qui était rentré dans sa lointaine campagne, au nord, après avoir vécu dans le quartier et avoir fait la noce en ville pendant soixante-huit ans, et Raksha, celui qui vendait de la glace en été et qui avait usurpé le titre royal d'un citoyen d'un pays voisin afin d'aller en ville et d'épater durant trois ans les femmes, les hauts responsables et même les plantons, jusqu'au jour où le propriétaire du titre en question vint l'en dépouiller dans toute la ville, ce qui eut pour conséquence qu'il perdit cinq années de sa vie en prison.
Ali Jarjar était grand, rondelet, il n'avait plus beaucoup de cheveux et ne portait pas de moustache. Il était né et avait grandi dans le quartier, il avait travaillé comme contrôleur des ateliers d'entretien des locomotives du chemin de fer, jusqu'au jour où ce dernier périclita en raison de la négligence et de l'oubli des gouvernements successifs. Il se vantait de résister à la malaria, à la fièvre typhoïde et aux autres maladies contagieuses saisonnières, qui frappaient même les dirigeants du pays, il se vantait aussi d'être toujours célibataire, même s'il se fiançait à toutes les filles qu'il croisait depuis sa plus tendre jeunesse jusqu'à aujourd'hui, et d'appartenir au parti « Ta grande patrie », en réalité un parti très obscur qui ne comptait que trois membres son fondateur le voyageur infirme Hakim Azabo, Ali Jarjar et une femme que l'on disait s'appeler Souad Saad, mais que personne n'avait jamais vue et dont on ne savait strictement rien. Il aimait créer des intrigues, commémorer les morts parmi les personnalités jugées importantes à ses yeux en imposant leurs noms aux nouveau-nés du quartier et à ses rues poussiéreuses. Il avait entraîné très jeune sa vessie à ne pas se retenir d'uriner, ses poumons à ne pas tousser, sa mémoire à ne pas divaguer même s'il atteignait un jour l'âge de cent ans. Sa plus grande œuvre fut incontestablement ce cri qu'il avait

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