Le Portrait de Dorian Gray
116 pages
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Le Portrait de Dorian Gray , livre ebook

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Description

Un homme mène une vie libre, guidée par la seule recherche du plaisir, sans aucune barrière morale. Les traces de ses excès et de ses crimes s'inscrivent sur son portrait jusqu'à le défigurer, alors que son visage reste intact et innocent. Roman sur le Bien, le Mal, et sur l'art qui transcende cette dualité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 juin 2012
Nombre de lectures 435
EAN13 9782820610355
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Portrait de Dorian Gray
Oscar Wilde
1891
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-1035-5
Préface

Un artiste est un créateur de belles choses.
Révéler l’Art en cachant l’artiste, tel est le but de l’Art.
Le critique est celui qui peut traduire dans une autre manièreou avec de nouveaux procédés l’impression que lui laissèrent debelles choses.
L’autobiographie est à la fois la plus haute et la plus bassedes formes de la critique.
Ceux qui trouvent de laides intentions en de belles choses sontcorrompus sans être séduisants. Et c’est une faute.
Ceux qui trouvent de belles intentions dans les belles chosessont les cultivés. Il reste à ceux-ci l’espérance.
Ce sont les élus pour qui les belles choses signifientsimplement la Beauté.
Un livre n’est point moral ou immoral. Il est bien ou mal écrit.C’est tout.
Le dédain du XIXe siècle pour le réalisme est tout pareil à larage de Caliban apercevant sa face dans un miroir.
Le dédain du XIXe siècle pour le Romantisme est semblable à larage de Caliban n’apercevant pas sa face dans un miroir.
La vie morale de l’homme forme une part du sujet de l’artiste,mais la moralité de l’art consiste dans l’usage parfait d’un moyenimparfait.
L’artiste ne désire prouver quoi que ce soit. Même les chosesvraies peuvent être prouvées.
L’artiste n’a point de sympathies éthiques. Une sympathie moraledans un artiste amène un maniérisme impardonnable du style.
L’artiste n’est jamais pris au dépourvu. Il peut exprimer toutechose.
Pour l’artiste, la pensée et le langage sont les instrumentsd’un art.
Le vice et la vertu en sont les matériaux. Au point de vue de laforme, le type de tous les arts est la musique. Au point de vue dela sensation, c’est le métier de comédien.
Tout art est à la fois surface et symbole.
Ceux qui cherchent sous la surface le font à leurs risques etpérils.
Ceux-là aussi qui tentent de pénétrer le symbole.
C’est le spectateur, et non la vie, que l’Art reflèteréellement.
Les diversités d’opinion sur une œuvre d’art montrent que cetteœuvre est nouvelle, complexe et viable.
Alors que les critiques diffèrent, l’artiste est en accord aveclui-même.
Nous pouvons pardonner à un homme d’avoir fait une chose utileaussi longtemps qu’il ne l’admire pas. La seule excuse d’avoir faitune chose inutile est de l’admirer intensément.
L’Art est tout à fait inutile.
Chapitre 1

L’atelier était plein de l’odeur puissante des roses, et quandune légère brise d’été souffla parmi les arbres du jardin, il vintpar la porte ouverte, la senteur lourde des lilas et le parfum plussubtil des églantiers.
D’un coin du divan fait de sacs persans sur lequel il étaitétendu, fumant, selon sa coutume, d’innombrables cigarettes, lordHenry Wotton pouvait tout juste apercevoir le rayonnement desdouces fleurs couleur de miel d’un aubour dont les tremblantesbranches semblaient à peine pouvoir supporter le poids d’une aussiflamboyante splendeur ; et de temps à autre, les ombresfantastiques des oiseaux fuyants passaient sur les longs rideaux detussor tendus devant la large fenêtre, produisant une sorte d’effetjaponais momentané, le faisant penser à ces peintres de Tokyo à lafigure de jade pallide, qui, par le moyen d’un art nécessairementimmobile, tentent d’exprimer le sens de la vitesse et du mouvement.Le murmure monotone des abeilles cherchant leur chemin dans leslongues herbes non fauchées ou voltigeant autour des poudreusesbaies dorées d’un chèvrefeuille isolé, faisait plus oppressantencore ce grand calme. Le sourd grondement de Londres semblaitcomme la note bourdonnante d’un orgue éloigné.
Au milieu de la chambre sur un chevalet droit, s’érigeait leportrait grandeur naturelle d’un jeune homme d’une extraordinairebeauté, et en face, était assis, un peu plus loin, le peintrelui-même, Basil Hallward, dont la disparition soudaine quelquesannées auparavant, avait causé un grand émoi public et donnénaissance à tant de conjectures.
Comme le peintre regardait la gracieuse et charmante figure queson art avait si subtilement reproduite, un sourire de plaisirpassa sur sa face et parut s’y attarder. Mais il tressaillitsoudain, et fermant les yeux, mit les doigts sur ses paupièrescomme s’il eût voulu emprisonner dans son cerveau quelque étrangerêve dont il eût craint de se réveiller.
– Ceci est votre meilleure œuvre, Basil, la meilleure chose quevous ayez jamais faite, dit lord Henry languissamment. Il fautl’envoyer l’année prochaine à l’exposition Grosvenor. L’Académieest trop grande et trop vulgaire. Chaque fois que j’y suis allé, ily avait là tant de monde qu’il m’a été impossible de voir lestableaux, ce qui était épouvantable, ou tant de tableaux que jen’ai pu y voir le monde, ce qui était encore plus horrible.Grosvenor est encore le seul endroit convenable…
– Je ne crois pas que j’enverrai ceci quelque part, répondit lepeintre en rejetant la tête de cette singulière façon qui faisaitse moquer de lui ses amis d’Oxford. Non, je n’enverrai ceci nullepart.
Lord Henry leva les yeux, le regardant avec étonnement à traversles minces spirales de fumée bleue qui s’entrelaçaientfantaisistement au bout de sa cigarette opiacée.
– Vous n’enverrez cela nulle part ? Et pourquoi mon cherami ? Quelle raison donnez-vous ? Quels singuliersbonshommes vous êtes, vous autres peintres ? Vous remuez lemonde pour acquérir de la réputation ; aussitôt que vousl’avez, vous semblez vouloir vous en débarrasser. C’est ridicule devotre part, car s’il n’y a qu’une chose au monde pire que larenommée, c’est de n’en pas avoir. Un portrait comme celui-ci vousmettrait au-dessus de tous les jeunes gens de l’Angleterre, etrendrait les vieux jaloux, si les vieux pouvaient encore ressentirquelque émotion.
– Je sais que vous rirez de moi, répliqua-t-il, mais je ne puisréellement l’exposer. J’ai mis trop de moi-même là-dedans.
Lord Henry s’étendit sur le divan en riant…
– Je savais que vous ririez, mais c’est tout à fait la mêmechose.
– Trop de vous-même !… Sur ma parole, Basil, je ne voussavais pas si vain ; je ne vois vraiment pas de ressemblanceentre vous, avec votre rude et forte figure, votre chevelure noirecomme du charbon et ce jeune Adonis qui a l’air fait d’ivoire et defeuilles de roses. Car, mon cher, c’est Narcisse lui-même, tandisque vous !… Il est évident que votre face respirel’intelligence et le reste… Mais la beauté, la réelle beauté finitoù commence l’expression intellectuelle. L’intellectualité est enelle-même un mode d’exagération, et détruit l’harmonie de n’importequelle face. Au moment où l’on s’assoit pour penser, on devienttout nez, ou tout front, ou quelque chose d’horrible. Voyez leshommes ayant réussi dans une profession savante, combien ils sontparfaitement hideux ! Excepté, naturellement, dans l’Église.Mais dans l’Église, ils ne pensent point. Un évêque dit à l’âge dequatre-vingts ans ce qu’on lui apprit à dire à dix-huit et laconséquence naturelle en est qu’il a toujours l’air charmant. Votremystérieux jeune ami dont vous ne m’avez jamais dit le nom, maisdont le portrait me fascine réellement, n’a jamais pensé. Je suissûr de cela. C’est une admirable créature sans cervelle quipourrait toujours ici nous remplacer en hiver les fleurs absentes,et nous rafraîchir l’intelligence en été. Ne vous flattez pas,Basil : vous ne lui ressemblez pas le moins du monde.
– Vous ne me comprenez point, Harry, répondit l’artiste. Je saisbien que je ne lui ressemble pas ; je le sais parfaitementbien. Je serais même fâché de lui ressembler. Vous levez lesépaules ?… Je vous dis la vérité. Une fatalité pèse sur lesdistinctions physiques et intellectuelles, cette sorte de fatalitéqui suit à la piste à travers l’histoire les faux pas des rois. Ilvaut mieux ne pas être différent de ses contemporains. Les laids etles sots sont les mieux partagés sous ce rapport dans ce monde. Ilspeuvent s’asseoir à leur aise et bâiller au spectacle. S’ils nesavent rien de la victoire, la connaissance de la défaite leur estépargnée. Ils vivent comme nou

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