Le Spectateur engagé
274 pages
Français

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Le Spectateur engagé , livre ebook

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274 pages
Français

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Description

Âgé de vingt-six ans en 1787, fils d'un limonadier parisien, François-Victor Charpentier est promis à un destin ordinaire. Le mariage de sa sœur Gabrielle avec Georges Danton en décide autrement. Entraîné par son imprévisible beau-frère dans des tractations tortueuses, compromis dans son action, devenu fonctionnaire à la Commune de Paris, il est dans une situation critique sous la Grande Terreur. Comment vivre la peur au ventre au cœur de la tourmente révolutionnaire ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 janvier 2012
Nombre de lectures 30
EAN13 9782296480179
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Spectateur engagé
Roman historique
Collection dirigée par Maguy Albet

Dernières parutions
Claude VALLEIX, Frédégonde, la reine barbare , 2010.
Fred JOUHAUD, MADAME d’Artagnan ? , 2011.
Jean-Paul DAILLOUX, Le Fantôme de Robespierre , 2011.
Christophe DOSTA, Le concert du roi , 2011.
Mustapha KHARMOUDI, Maroc, voyage dans les royaumes perdus , 2011.
Patrick CUENOT, Le Phénix d’Oppède. Aventure fabuleuse d’un cannibale du Brésil réfugié en Provence en 1520 , 2011.
Gérard PARDINI, Le pacha, De la Corse à l’Égypte, histoire d’un destin, 2011.
Michel THOUILLOT, Henry de Balza, enfant de l’amour , 2011.
Roselyne DUPRAT, Lawrence d’Arabie. Un mystère en pleine lumière , 2011.
Emmy CARLIER, Madame la Marquise , 2011.
Jean-François SABOURIN , Peuls l’empreinte des rêves , 2011.
Rémy TISSIER, Le rescapé du temps , 2011.
Nelly DUMOUCHEL , Au temps du canal du Panama , 2010.
Stéphanie NASSIF, La Lointaine, Le sacrifice de la Nubie , 2010.
Anne GUÉNÉGAN, Les psaumes du Léopard , 2010.
Tristan CHALON, Le prêtre Jean ou Le royaume oublié , 2010.
Jean-Claude VALANTIN, La route de Qâhira ou l’exilé du Caire , 2010.
Didier MIREUR, Le chant d’un départ , 2010.
Ambroise LIARD, Dans l’ombre du conquérant , 2010.
Marielle CHEVALLIER, Dans les pas de Zheng He, 2010.
Tristan CHALON, Le Mage , 2010.
Alain COUTURIER, Le manuscrit de Humboldt , 2010.
Jean DE BOISSEL , Les écrivains russes dans la tourment des années 1880 , 2010.
Dominique PIERSON, Sargon. La chair et le sang, 2010.
René LENOIR, Orages désirés , 2010.
Philippe CASASSUS , Philippe, le roi amoureux , 2010.
Jean-Claude FAUVEAU, Joséphine, l’impératrice créole , 2009.
Roger BOUCHAUD , L’homme du Sahel , 2009.
Tristan CHALON, L’homme-oiseau de l’île de Pâques , 2009.
Gildas DACRE-WRIGHT
Le Spectateur engagé
ou
Que faire sous la Révolution quand on est parisien et beau-frère de Georges Danton ?
L’HARMATTAN
Illustration en couverture : « Jacobin réfléchissant sur la manière de gouverner la France ». Titre officiel. Collection Bidault de l’Isle. Musée Carnavalet

© L’HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55999-8
EAN : 9782296559998
Pour Claire
AVERTISSEMENT
Les évènements qui constituent la trame de ce récit sont connus. C’est l’histoire de la France, et plus précisément celle de Paris, pendant la Révolution.
Derrière les grands acteurs et ceux qui les suivaient, il y avait des spectateurs plus ou moins engagés et, surtout, ceux et celles qui voulaient simplement vivre.
A trois exceptions près, de pure invention, tous les personnages cités ont existé.
S’agissant d’un roman et non d’une biographie, si quelques libertés ont été prises, on a veillé toutefois à ne pas dénaturer les faits historiques et à tenir compte des mentalités de l’époque.
G.D.W.
« Le Gaulois ajouta son épée dans la balance et prononça cette phrase qu’un Romain ne saurait supporter : malheur aux vaincus. »
Tite-Live
(Livre V - 48)
RENCONTRES
A l’époque où commence cette histoire, ou si l’on veut être plus précis le 7 juillet 1785, le café du Parnasse, pour être moins prestigieux que le déjà célèbre Procope, était connu pour accueillir une clientèle d’avocats, d’huissiers, de juges voire même de justiciables. Son emplacement quai de l’Ecole, à proximité du Vieux Châtelet et du Palais de Justice, était commode. On y venait, surtout quand il faisait chaud comme en cette fin d’après-midi de juillet, pour se détendre en dégustant une glace ou en buvant une limonade.
Le tenant des lieux s’appelait Jérôme Charpentier. C’était un petit homme portant perruque à la mode de ce temps, chemise de linon, culotte de drap sous tablier et bas de soie. Avant de prendre, on ne savait ni pourquoi ni comment, la profession de limonadier, il avait été contrôleur de la Ferme ce qui, aux yeux de sa clientèle, confortait sa réputation de sérieux. Toujours aimable, il allait de l’un à l’autre, attentif à ce que nul n’ait un souhait non satisfait. Il était très apprécié.
Il devait être à peu près six heures du soir ce 7 juillet 1785 et le café était plein lorsqu’un homme poussa brutalement la porte et entra. Il était d’une laideur extrême, la lèvre supérieure déformée par une cicatrice disgracieuse. Sa taille était très au-dessus de la moyenne mais son habit manquait d’élégance et révélait, par certaine usure, le peu de moyens dont il disposait. L’homme s’avança et appela d’une voix forte dominant brusquement le brouhaha :
— Faut-il donc rester debout ?
Jérôme Charpentier accourut :
— Certes non, Monsieur.
— Maître, vous pouvez dire Maître.
— Soit. Maître, prenez place à cette table encore libre près du comptoir. Gabrielle va s’occuper de vous.
L’homme s’installa. Gabrielle, robuste fille, assez jolie, le teint frais et un buste appétissant au-dessus du comptoir, était la fille aînée de Jérôme Charpentier. Elle se pencha et demanda au nouveau venu ce qu’il désirait boire. L’homme grimaça un sourire, commanda une limonade et attendit tout en dévisageant ceux qui l’entouraient. Il ne connaissait manifestement personne et un spectateur attentif aurait compris qu’il se demandait avec qui il pourrait parler et comment y parvenir.
L’occasion survint en la personne d’un jeune homme, beau il faut bien le dire, vêtu avec une élégance un peu négligée, qui se frayant difficilement un chemin entre les tables parvint au comptoir et embrassa Gabrielle :
— Bonjour, ou plutôt bonsoir, ma chère grande sœur !
— Tiens donc, François-Victor, viendrais-tu aider au service ?
La plaisanterie familiale était trop classique pour mériter une réponse. Le dernier fils de Jérôme Charpentier n’était nullement en rébellion contre son père et sa mère Octavie. Simplement la fonction de limonadier l’ennuyait, il avait mieux à faire ailleurs. Il baguenaudait, suspecté par la famille d’aller traîner ses vingt-six ans du côté du Palais-Royal à la recherche de troubles aventures féminines ou, mieux ou pire, de prendre part à on ne savait quelles réunions où devaient se débattre ces « idées nouvelles » que le bouche à oreille colportait. Tout cela n’était guère sérieux mais il était jeune, beau, joyeux, alors on lui pardonnait beaucoup.
Gabrielle n’insista pas. Elle désigna l’homme à la figure hideuse qui les regardait tranquillement.
— François-Victor, voilà Monsieur, pardon, Maître, qui est avocat et nouvellement arrivé à Paris.
L’homme se présenta :
— Georges Danton.
— Eh bien, Maître Danton, dit François-Victor, puisque nous nous connaissons maintenant, causons donc. Loin de moi l’idée d’être indiscret, mais la vie dans nos provinces n’est-elle pas plus calme et moins difficile qu’à Paris ? Ne répondez que si vous le souhaitez à ma curiosité, mais pourquoi être venu dans la capitale du royaume ?
— L’ambition, Monsieur, l’ambition. Que diable voulez-vous que je fasse à Arcis-sur-Aube d’où je viens ? Certes, j’y ai ma mère et le reste de ma famille mais il ne s’y passe rien. En fait, je suis venu il y a plusieurs années à Paris. J’étouffais là-bas. La vie est difficile ici, dites-vous, j’en sais quelque chose. J’ai dû aller à Reims pour obtenir ma licence en droit. Et, pour l’heure, maintenant que me voilà revenu, je suis dans une étude où l’on entend me faire jouer les saute-ruisseaux. Bien mieux, et là vous allez rire, je n’ai trouvé à me loger, fort mal, que rue des Mauvaises Paroles. Convenez que pour un avocat, c’est bien trouvé !
Danton éclata de rire puis reprit :
— Tout cela n’est rien. Ce qui compte c’est que l’ordre actuel des choses ne peut durer et que c’est à Paris qu’il faut être pour participer à leur changement.
François-Victor, surpris, regardait cet étrange colosse à peu près inconnu affirmer tranquillement sa résolution de modifier l’ordre existant.
— Changer les choses, dites-vous, qu’entendez-vous par là ?
— Ne voyez-vous pas la distance infinie qu’il y a entre le pouvoir royal de Versailles et le peuple ? Ce n’est pas tout, pour le Roi, d’aller voir ses sujets de temps à autre et de distribuer quelques bourses ici ou là pour montrer qu’il est préoccupé par leur état ; la vérité c’est que ne peut se poursuivre un ordre des choses où ceux qui « naissent » ont tout et ceux qui ne « naissent » pas n’ont rien. Voilà ce qu’il faut changer. Comment ? Qui peut le savoir aujourd

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