Le transfuge
187 pages
Français

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Le transfuge , livre ebook

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Description

1857. le corps expéditionnaire français se prépare à la conquête de la Kabylie. jean, un lieutenant de l'armée, est envoyé en mission de reconnaissance dans cette région. Blessé, il sera découvert par la jeune Fatima avant d'être conduit vers le village voisin où il trouvera asile auprès de la famille de cette dernière. Puis jean découvrira que Fatima, prénommée Emmanuelle dans sa petite enfance, est une fille de colons français établis dans la Mitidja, tués deux décennies auparavant par les autochtones...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2009
Nombre de lectures 35
EAN13 9782296245440
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L E T RANSFUGE
 
Lettres du monde arabe
Collection dirigée par Maguy Albet
et Emmanuelle Moysan
 
Hocéïn FARAJ, Les dauphins jouent et gagnent , 2009.
Mohammed TALBI, Rêves brûlés, 2009.
Karim JAAFAR, Le calame et l'esprit, 2009.
Mustapha KHARMOUDI, Ô Besançon. Une jeunesse 70,2009.
Abubaker BAGADER, Par-delà les dunes, 2009.
Mounir FERRAM, Les Racines de l'espoir, 2009.
 
Dernières parutions dans la collection écritures arabes
 
N° 232 El Hassane AÏT MOR, Le thé n'a plus la même saveur, 2009.
N° 231 Falih Mahdi, Embrasser les fleurs de l'enfer, 2008.
N° 230 Bouthaïna AZAMI, Fiction d'un deuil, 2008.
N° 229 Mohamed LAZGHAB, Le Bâton de Moïse, 2008.
N° 228 Walik RAOUF, Le prophète muet , 2008.
N° 227 Yanna DIMANE, La vallée des braves, 2008.
N° 226 Dahri HAMDAOUI, Si mon pays m'était conté, 2008.
N° 225 Falih MAHDI, Exode de lumière, 2007.
N° 224 Antonio ABAD, Quebdani, 2007.
N° 223 Raja SAKKA , La réunion de Famille , 2007.
 
Mohamed BOUKACI
 
 
L E T RANSFUGE
 
roman
 
 
 
 
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-10775-5
EAN : 9782296107755
La grande plaine s'étendait vers l'orient, entrecoupée çà et là de ravins formés par tout un réseau de cours d'eau. Ces terres plates et en friche laissaient parfois apparaître des marécages que survolaient, lors des périodes caniculaires, des nuées de mouches et de moustiques. Cette étendue oblongue était limitée de part et d'autre de coteaux qui prenaient graduellement de l'altitude. Vers le sud, ces surélévations allaient se perdre dans le lointain ; tandis que du côté opposé, elles s'étendaient jusqu'aux rivages de la mer. De temps à autre, quelque maigre troupeau dévalait de ces monticules pour paître dans la plaine, sous la garde de jeunes bergers loqueteux. En certains endroits se voyaient de rares parcelles de terre cultivées, mais cette population d'alentour était plutôt encline à des activités pastorales. Parfois, des cavaliers intrépides, isolés ou par petits groupes, longeaient cette bande de terre au galop fougueux de leurs pur-sang pour aller on ne savait où.
Cependant, un édifice semblant nettement contraster avec cet environnement prouvait que la situation n'était pas au beau fixe dans la région. En effet, sur le haut d'un coteau bordant vers le nord cette plaine s'élevait un long rempart crénelé portant guérites et échauguettes. Le long des murailles de cette place forte, des sentinelles scrutaient de leurs regards la grande plaine et les massifs environnants d'où pouvaient surgir, d'un moment à l'autre, des guerriers hostiles aux occupants de cette garnison. A maintes reprises, ces derniers avaient eu à repousser des assauts d'autochtones qui les harcelaient sans cesse, ne pouvant tolérer la présence de ces étrangers dont les mœurs et la religion étaient différentes des leurs. En cet endroit où ces murs surélevés avaient l'air de narguer la population locale, beaucoup de sang avait coulé et les hostilités semblaient ne jamais vouloir cesser.
Dans la spacieuse cour de cette caserne, le lieutenant Jean qui vaquait à ses occupations allait d'un pas rapide. Le soleil était déjà haut dans le ciel et cela ferait bientôt une heure depuis que cet homme avait débuté sa journée de travail. Çà et là se grouillaient des soldats, chacun essayant de s'acquitter de son mieux de sa tâche car une discipline de fer régnait au sein de ces compagnies formées de métropolitains et de différents corps d'autochtones. Dans une partie de ce vaste espace, des sous-officiers apprenaient à de nouvelles recrues à marcher au pas. A proximité, d'autres instructeurs initiaient leurs compagnies à présenter les armes ; tandis qu'un peu plus loin, des vétérans entraînaient de jeunes conscrits au combat à la baïonnette. La mission à laquelle étaient affectés tous ces hommes en uniforme n'était pas une sinécure.
Bientôt, un jeune rouquin portant des taches de rousseur sur le visage vint en direction du lieutenant. Lorsqu'il fut à quelques mètres de ce dernier, il s'arrêta pour saluer avant de dire de sa voix grêle :
– Mon lieutenant, le colonel vous demande à son bureau.
Jean trouva le colonel assis derrière un bureau oblong placé face à la porte, une carte d'état-major devant lui. A droite de cet officier supérieur, une fenêtre à travers laquelle pénétraient des rayons irisés encadrait une portion de la plaine et quelques collines y attenantes. A l'arrière-plan de ce tableau s'élevait une longue chaîne enneigée, dont les pics semblaient monter à la conquête du ciel, en deçà de laquelle se dressait un massif énorme, mystérieux, renfermé sur lui-même. Le lieutenant salua cet homme portant une paire de moustaches en croc et une fine barbiche qui lui dit :
– Lieutenant Mazur, savez-vous pourquoi je vous ai convoqué ?
Le lieutenant réfléchit pendant un court instant, scrutant de ses yeux clairs son supérieur avant de répondre :
– Franchement, mon colonel, je n'ai jusqu'à présent aucune idée quant à l'objet de votre convocation. Néanmoins, je suis à vos ordres.
Le colonel considéra longuement ce jeune officier avant d'ajouter, un léger sourire sur les lèvres :
– Eh bien, lieutenant Mazur ! … Connaissant vos goûts pour tout ce qui relève de l'exotisme, votre esprit aventureux et votre curiosité relative aux mœurs et croyances des indigènes, j'ai décidé de rassasier votre esprit de tout ce qui a trait au mode de vie de ces derniers.
– Je vous remercie pour cette marque de sympathie et dans la mesure du possible, je tâcherai d'être à la hauteur de la mission qui me serait impartie. En quoi consiste-t-elle ? ...
L'officier supérieur observa un petit silence comme s'il avait l'intention d'aiguiser la curiosité de son subordonné. Il esquissa de nouveau un sourire avant d'ajouter :
– Ne vous pressez pas lieutenant ! … Pour conquérir un pays aussi vaste, la patience devra être de règle. Les distances d'un point à l'autre sont si longues, les populations si coriaces et les climats oscillant aux deux extrêmes. La flore même de ces contrées est revêche et abrite une faune constituée de dangereux prédateurs. Pour y réussir, longanimité et courage sont requis. Etant votre aîné et votre supérieur, je me sens devoir vous prodiguer ces quelques acquis que des années d'Algérie m'ont enseignés, parfois au prix de nombreux aléas et déconfitures.
– Franchement mon colonel, plus vous me parlez de ce pays et plus l'envie de m'y imprégner prend possession de tout mon être. Aussi, toute mission qui me mettrait au contact de tous ces éléments serait la bienvenue.
Le colonel s'approcha de la fenêtre de son bureau sis au premier, d'où la vue portait sur la plaine que dominait la garnison. Silencieux, il considéra d'abord cette étendue plate, puis les collines la délimitant des deux côtés ; et son regard pointa sur le lointain horizon où de noirs nuages semblaient s'agripper aux sommets enneigés. Jean s'approcha de cette large ouverture délimitant ce paysage qu'il se mit à regarder, essayant de deviner ce qui préoccupait ainsi son supérieur. Ce dernier redevint soudain plus sérieux lorsqu'il se tourna vers lui :
– Alors lieutenant ! Que voyez-vous à partir de cette fenêtre ?
Le lieutenant considéra plus longuement les détails de ce tableau avant de répondre :
– Eh bien ! … Je vois une grande plaine presque en friche, qui pourrait fournir maints produits agricoles ; et des collines où vivent des tribus éparses, qui se rassemblent souvent pour venir nous assiéger…
– Très bien ! … A travers vos paroles, on comprend déjà que vous avez saisi l'objectif de notre conquête, qui consiste à faire de ces plaines marécageuses de beaux vergers… Et surtout à pacifier ces tribus hostiles avant de les ti

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