Le vent du printemps
206 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Le vent du printemps , livre ebook

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206 pages
Français

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Description

Après des études en Europe, Dirane rentre en Afrique pour mettre son savoir au service de son pays. Mais il est contraint à se retirer dans les montagnes où vivent des moines d'un culte africain, il sera consacré chef suprême de ces moines. Il sera accusé à tort du meurtre de sa compagne et exécuté à mort. Les jeunes qui se révoltent tombent sous les balles des soldats. Indépendamment de la paix retrouvée dans ce pays, Dirane est devenu un symbole pour beaucoup de ses jeunes compatriotes qui le vénèrent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 40
EAN13 9782296481626
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le vent du printemps
Écrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen

Romans, récits, témoignages littéraires et sociologiques, cette collection reflète les multiples aspects du quotidien des Africains.

Dernières parutions

Faustin KEOUA LETURMY, Dans le couloir du campus , 2012 .
Abdou DIAGNE, Les Larmes d’une Martyre , 2012.
René GRAUWET, Au service du Katanga. Mémoires , 2012.
Antoine MANSON VIGOU, Journal d’un demandeur d’asile , 2012 .
Brigitte KEHRER, Poudre d’Afrique, 2012.
Patrick Serge Boutsindi, Bal des Sapeurs à Bacongo , 2011.
Alice Toulaye SOW, Une illusion généreuse , 2011
Kapashika DIKUYI, Le Camouflet , 2011.
André-Hubert ONANA MFEGE, Le cimetière des immigrants subsahariens , 2011.
José MAMBWINI KIVUILA KIAKU, Le Combat d’un Congolais en exil , 2011.
Aboubacar Eros SISSOKO, Mais qui a tué Sambala ? , 2011.
Gilbert GBESSAYA, La danse du changer-changer au pays des pieds déformés , 2011.
Blommaert KEMPS, Confidences d’un mari désabusé , 2011.
Nacrita LEP-BIBOM, Tourbillons d’émotions , 2011.
Eric DIBAS-FRANCK, Destins maudits , 2011.
Zounga BONGOLO, L’arbre aux mille feuilles , 2011.
Otitié KIRI, Comme il était au commencement , 2011.
Mamadou SY TOUNKARA. Trouble à l’ordre public , 2011.
Liss KIHINDOU, L’expression du métissage dans la littérature africaine. Cheikh Hamidou Kane, Henri Lopes et Ahmadou Kourouma , 2011.
Jacques ATANGANA ATANGANA, Les fourberies d’Essomba , 2011.
Frédéric TRAORE, La guerre des pauvres et le destin de Hassan Guibrilou. La dent de l’aïeule, tome III , 2011.
Frédéric TRAORE, Les affres de l’enfer. La dent de l’aïeule, tome II , 2011.
Joseph Ngatchou-Wandji


Le vent du printemps


Roman


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96349-8
EAN : 9782296963498

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À la mémoire de mon petit-frère Roger


À la mémoire de mes parents
I - L’ENQUÊTE PASSIVE
Il la regarda s’éloigner dans sa magnifique robe bariolée. Quelle femme fatale ! Il ferait tout pour la revoir. Il poussa doucement le battant de la palissade et pénétra dans la concession. Face à lui, une case en terre battue fumait dans l’obscurité naissante. À l’intérieur, au coin du feu, une sexagénaire surveillait silencieusement la cuisson de son repas. Elle se leva, hagarde et émue, et le serra fort et affectueusement dans ses solides bras. Quelle agréable surprise ! Elle ne l’avait pas revu depuis de longues années.
Assieds-toi là Dirane, lui dit-elle en désignant un lit en bambou. Je suis heureuse que tu sois venu. Je t’aurais de toute façon écrit pour que tu viennes me voir d’urgence.
Il déposa son sac dans une encoignure et s’assit en soupirant. Son voyage avait été long et éprouvant. Parti de Moya de bonne heure, il arriva à Bantou après environ trois heures de route. Ensuite, un pick-up bondé le déposa sur la place du marché de Baboussa. Avant d’entamer sa longue marche à pied vers Kassamba, il fit la connaissance de Kadan, un fou qui errait dans les rues de la ville.
Il se mit en route aussitôt après. À un carrefour, il ne se rappelait plus le chemin de Kassamba. Une vieille dame lui indiqua la bonne route, après lui avoir vertement reproché de ne pas rentrer souvent au village pour mieux apprendre sa langue maternelle, et s’imprégner des coutumes et des traditions ancestrales.
Après cette rencontre, son ombre grandissante demeura son seul compagnon, le silence son seul interlocuteur, et le rêve sa seule distraction. Aux portes de Kassamba, il rencontra une certaine Tatia Barbara. C’est elle qui l’aida à retrouver la maison.
Peu après le récit de son odyssée à son hôtesse, Dirane lui offrit les présents qu’il lui avait apportés : du poisson fumé, de grands pains et de nombreuses boîtes de conserves, du savon et des pagnes. Cela faisait des lustres qu’elle n’avait pas eu un nouveau pagne. Elle était comblée par ces cadeaux inattendus et il la regardait d’un air très satisfait.
Tante Iya, pourquoi était-il urgent que je vienne ici ? demanda-t-il soudain, un peu inquiet.
Elle avait d’importantes révélations à lui faire. Il fallait pour cela qu’il vienne impérativement à Kassamba, en prévoyant d’y rester un certain temps. Elle ne jugea pas opportun d’aller plus loin dans sa réponse. Elle lui promit de lui en dire plus un autre jour. Elle venait de passer une dure journée, de plus elle allait commencer la récolte d’arachides le lendemain. Elle verrouilla la porte, lui souhaita une bonne nuit et se coucha. Il étala une natte sur le lit au bout duquel il était assis depuis son arrivée, puis s’allongea sous la lueur pâle du feu agonisant en regardant autour de lui. La case de sa tante n’avait pas changé. Elle ne consistait qu’en une pièce. Le grenier n’avait pas été refait et l’étagère était au même endroit. Des objets divers accrochés au mur avaient été, au fil du temps, noircis par la fumée.

Dirane se réveilla à l’aurore et prit place sur le seuil de la porte. Il n’avait jamais vu une aussi belle créature que Barbara. Lorsqu’il la croisa, il fut littéralement fasciné par ses yeux de biche qui exprimaient une infinie tendresse. Puis il la salua avec délicatesse et lui demanda très courtoisement si elle pouvait le conduire au Quartier aux Moisissures, chez sa tante Iya Zika. Elle accepta sans hésiter. Sur le chemin, il marchait tantôt à côté d’elle, tantôt derrière elle. Il l’avait bien observée… Son sourire d’ange découvrait des dents de neige et des gencives d’ébène. Avec son teint noir naturel, ses lèvres sensuelles et son regard troublant, elle était sans aucun doute une perle rare. Arrivé à la concession de sa tante, il lui dit son souhait de la revoir. Elle lui tourna le dos sans répondre. Il dut se contenter de la regarder prendre le large.
La forte personnalité de cette bonne grand-mère qu’il avait rencontrée avant Barbara l’avait beaucoup marqué. D’abord, elle l’avait pris pour un certain Sibaté. Ensuite elle disait être tombée en quenouille. Lorsqu’il lui expliqua qu’il cherchait son chemin, elle s’emporta. Elle était scandalisée de voir un homme chercher la route qui mène chez lui, chez ses protecteurs, ses ancêtres. Elle exprima sa crainte de voir sa génération à elle disparaître avec ses richesses culturelles, ses coutumes et ses traditions ancestrales. À cette allure, disait-elle, la postérité n’aura aucun héritage culturel ni spirituel. Elle évoqua ensuite son défunt mari Yonas. Ce dernier, devin-praticien réputé, n’avait pas pu transmettre sa science à son fils héritier, absent pendant ses derniers jours. Après un long sermon, elle lui indiqua la bonne route en implorant la protection des dieux de ses ancêtres.
Le souvenir de cette femme lui imposa un long moment de réflexion. Il ne comprenait pas la raison de son coup de gueule. Cependant, il était convaincu que les propos qu’elle lui avait tenus devaient sûrement être profonds et pleins de bon sens.
Bénéficiant d’une bourse, Kadan était parti étudier en Europe. Quatre ans plus tard, il arpentait à longueur de journée les rues de Baboussa. Il avait élu domicile sur la place du marché, à proximité de la gargote de sa mère. Pendant ses crises clastiques, il s’attaquait régulièrement aux femmes qui passaient par là. Les médecines, traditionnelle et moderne, avaient été impuissantes contre sa maladie. Il retrouvait quelquefois la raison, mais cela ne durait jamais longtemps. Son cas avait fait couler tant de salive dans la ville de Baboussa ! Les uns prétendaient que son aliénation était consécutive à une déception amoureuse. Les autres, plus nombreux, affirmaient avec force et conviction qu’il avait subi un lavage de cerveau.
Qu’était-il réellement arrivé à ce jeune fou ? Lui, Dirane, qui avait tant envie d’étudier en Europe, lui qui y serait probablement déjà s’il n’avait été victime d’un terrible tripatouillage, aurait bien aimé le savoir.

Iya revint des champs le soir. Après avoir mis le repas à cuire, son neveu lui raconta, à sa demande, ce qu’avait été sa vie depuis leur dernière rencontre.
Dirane avait passé quatre années successives à la faculté des lettres sans obtenir le moindre diplôme. Il s’était présenté au concours de plusieurs grandes écoles et avait cherché du travail sans succès. La cinquième année, il s’était inscrit à la faculté des sciences économiques et quelques semain

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