Les bénédictions d une mère
136 pages
Français

Les bénédictions d'une mère , livre ebook

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136 pages
Français

Description

C'est l'histoire d'un jeune sahélien, Douami, né dans le pays forestier d'Eburnie. Il a connu une enfance heureuse et une éducation rigoureuse autour des valeurs de probité, de justice sociale, de loyauté ... L'horizon s'obscurcit à l'adolescence avec les décès des parents et de nombreux frères qui laissent la famille dans un climat de suspicion. Le jeune homme, rusé, parvint à échapper au sort implacable : obtenir son baccalauréat et poursuivre des études supérieures au Faso, où il se convertit au protestantisme.


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Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2015
Nombre de lectures 124
EAN13 9782336389110
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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AdamaBayala
LES BÉNÉDICTIONS D’UNE MÈRE
Roman
L’ armattan International Burkina Faso
LES BÉNÉDICTIONS D’UNE MÈRE
© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-07020-9 EAN : 9782343070209
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Adama BAYALALES BÉNÉDICTIONS D’UNE MÈRE Roman
I. L’ENFANCE
Douami Doba, enfant, se réveillait toujours au moment où le jour avait fini de se défaire des premières lueurs matinales. Il constatait que la cour familiale grouillait déjà de son beau monde. Çà et là, tout bouillait, vibrait au rythme des occupants de la maisonnée. En fait, la concession familiale était une modeste maison de deux pièces et un salon. Le salon comprenait un immense comptoir, derrière lequel il y avait des étagères. La maison, qui servait à la fois de boutique, était totalement peinte de la couleur bleue de l’intérieur et de la couleur jaune ocre de l’extérieur. La toiture, faite de tôle métallique, débouchait sur une véranda, sous laquelle il fit ses premiers pas. Ces marches le conduisaient aussi souvent sur la voie publique. Sa cour faisait face à une route carrossable reliant deux villages habités par le peuple Dida, Foureca et Tihoua. De la véranda, il assistait à l’incessant ballet de véhicules, de motos, de bicyclettes et des autres usagers de la route. Cela fit de la famille Doba des témoins privilégiés des scènes qui s’y déroulaient. De l’autre côté de la voie, à quelques phalanges seulement de la concession familiale des Doba, il y avait le complexe scolaire de Nouhoua. C’était un établissement avec deux écoles primaires publiques, disposant chacune des classes du Cours préparatoire 1 (CP1) au Cours moyen 2 (CM 2). A cette époque, l’école, qui n’était pas encore clôturée, embrassait leur cour. De la véranda, n’importe qui pouvait observer les faits et gestes des pensionnaires des lieux. C’est d’ailleurs chez les
Douami que des élèves venaient se désaltérer, pendant la récréation. Sur le flanc gauche de la maison principale, il y avait une cuisine. Celle-ci jouxtait une case couverte de toit de chaume. Cette maisonnette restait quasiment fermée. Elle n’ouvrait que lorsque le père de Douami, Baba Doba, était là. Il ne venait à Nouhoua que pour de brefs séjours. Il habitait permanemment à Saboigna où il disposait d’une plantation de cacao et de café. Les travaux champêtres l’occupaient tellement qu’il ne passait pas plus d’un mois avec son fils Douami. Dans l’arrière-cour, il y avait une douche et un W.C, artisanalement construits de terre battue. Juste à côté, sur le flanc droit, s’étendait l’aire de jeu des enfants. C’est là que Douami et ses frères apprirent à courir derrière la balle ronde, sous l’ombre d’un grand fromager dominant cet espace. Ce mastodonte perceptible de très loin, abritait un nuage de nids d’oiseaux. Ces volatiles jacassaient à tout rompre et l’enfant assistait, de la pénombre de la véranda, à l’interminable ballet de ces oiseaux. Combien pouvaient-ils bien être ? Mille, deux mille… Il ne pouvait le savoir exactement. Ce qu’il sait, c’est qu’une frange importante de la marmaille de Nouhoua venait se recueillir, sous ce gros arbre, tous les matins. C’est là-bas que Douami rencontra pour la première fois celui qui allait devenir son meilleur ami, Brahima. Toutes les fois que leurs regards se croisaient, ils esquissaient des sourires en échange. Brahima était peu bavard, réservé, mais courageux et opiniâtre. Il n’aimait pas se mêler aux impétueux jeux qu’organisaient les autres enfants, peu soucieux de l’apparent motif de leur rassemblement. Un jour, de bonne heure, une scène, pour le moins habituelle se produisit sous le regard médusé de ses parents. Un enfant d’à peine 8 ans, parvenu à faire tomber cinq oiseaux dans sa besace, s’est vu prendre à parti par un
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groupe de garçons belliqueux, emmené par un certain Irié, âgé de 12 ans. Le gamin fut roué de coups et dépossédé de son sac. Incapable d’opposer une résistance aux solides gaillards qui n’éprouvaient pas la moindre pitié à son égard, il se résolut à prendre ses jambes à son cou. Inutile de dire qu’il était tout en pleurs. Tous les enfants, qui assistèrent impuissants à cette scène horrible, vidèrent les lieux. Pendant ce temps, Irié, le chef du groupe, procéda au partage du butin. Il prit deux oiseaux pour lui-même et donna les trois autres à ses comparses. Les choses changèrent, depuis cet incident fâcheux qui n’était pas le premier du genre. Les mômes se dispersèrent, chaque fois que la bande à Irié apparaissait. Le vide se faisait aussitôt et on entendait plus que les cris stridents des oiseaux qui percent l’air. Quoi qu’Irié et les siens aient décidé d’agir par surprise, aucun enfant ne se laissait prendre. Désormais, les enfants venaient chasser par petits groupes. Quand ils ne formaient pas un groupe dissuasif à même de tenir tête à leurs détracteurs, ils postaient toujours un des leurs, le moins habile, pour le guet. C’est à ce titre que Douami fut recruté par un groupe de petits Dioula ; c’était celui de Brahima. A vrai dire, c’est à cause de lui qu’il intégra ce groupe. Il l’admirait beaucoup pour son comportement. Peut-être parce qu’il était respectueux et le plus petit de son groupe. De tous les enfants qui venaient se recueillir sous le gros fromager qui dominait la cour familiale de Douami, il était l’un des rares à saluer ses parents. Il semblait être celui-là même qui éprouvait de la sympathie pour l’intéressé. Petit à petit et au fil des rencontres, naquit une amitié inimaginable entre les deux mômes. Déjà à leur âge, ils ne faisaient rien, l’un sans l’autre. A midi, Douami partageait son plat avec lui. Puis, il allait au domicile de son ami pour partager le sien. Tous les jours, c’était ainsi.
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