Les soupirs du baobab
95 pages
Français

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Les soupirs du baobab , livre ebook

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Description

Aller en France, an Amérique, au pôle Nord ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui manque à la jeunesse africaine et qui la pousse vers l'Europe ? Tindaré, petit hameau au coeur du Mali : Siné, vieux patriarche imbu de culture africaine et ayant vécu la période coloniale; face à lui, des jeunes avides d'apprendre et de donner, Tièkoro, Cheick Bamba, et Jean-Claude Moussa. Les échanges à bâtons rompus entre ces personnages nous transportent pendant toute une nuit, au coeur des interrogations, des hantises et des espoirs des peuples d'Afrique...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 314
EAN13 9782336251981
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296089624
EAN : 9782296089624
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Ecrire l’Afrique - Collection dirigée par Denis Pryen RETROUVAILLES CHEZ LE PATRIARCHE LE SINANKOUNYA LE NIMOGONINYA LE KANOUMEYA LES GRANDS PARENTS, LES AIEULS LES GROUPES D’AGE L’EDUCATION SEXUELLE LA CIRCONCISION LA GESTION DU TERROIR LA NOURRITURE L’HOSPITALITE LA FAMILLE LA CULBUTE DES PATTES L’EDUCATION POPULAIRE L’AFRIQUE, LA COLONISATION ET LA MONDIALISATION LA BALADE DU CAFARD résume la situation LA LEGENDE DE LA CHAUVE SOURIS : DROITS ET DEVOIRS DES PEUPLES D’AFRIQUE NOTES
Les soupirs du baobab

Mamadou Dramane Traore
Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen
Dernières parutions
Abdoul Goudoussi DIALLO, Un Africain en Laponie , 2009.
Simplice IBOUANGA, Au pays des tyrans , 2009.
Oumar Sivory DOUMBOUYA, Chronique d’un retour en Guinée , 2009.
Yvonne OUATTARA et Jean-Luc POULIQUEN, En souvenir de L’Arbre à palabres. Lettres de France et du Burkina Faso , 2009.
Alexis KALUNGA, Mes frères, pourquoi vous me faites ça ? , 2009.
Brigitte BERTONCELLO, avec la collaboration de Thomas Samba SARR, Du Sénégal à Marseille. Migration réussie d’un gentleman rasta , 2009.
Bazoumana OUATTARA, Le sacrement constitutionnel , 2009. Colette LANSON, Professeur Béatrice Aguessy. Une vie de femme(s) , 2009.
Bertrand LEMBEZAT, Palabres en pays kirdi , 2009.
Viviane MPOZAGARA, Ghetto de riches, ghetto de pauvres , 2009.
Pascal DA POTO, Mort héroïque , 2009.
Mahmoud BEN SAÏD, La Guinée en marche. Mémoires inédits d’un changement. Volume 2 , 2009.
Aboubacar Eros SISSOKO, Une enfance avec Biram au Mali , 2008.
Bellarmin MOUTSINGA, La Malédiction de la Côte , 2008.
Daniel GRODOS, Niamey post , 2008.
Kamdem SOUOP, La danse des maux , 2008.
N’do CISSE , L’équipée des toreros , 2008.
Alain FLEURY, Congo-Nil. A travers les récits des missionnaires 1929-1939, 2008.
Paul Evariste OKOURI, La Sobanga des paradoxes , 2008.
Chehem WATTA, L’éloge des voyous , 2008.
Gabriel Koum DOKODJO, Noël dans un camp de réfugiés , 2008.
Louis KALMOGO, Un masque à Berkingalar , 2008.
Léon-Michel ILUNGA, Le Petit-Château , 2008.
RETROUVAILLES
Berger de son état, Hamady Malal Boubou Diallo s’était, en seulement quelques années de vie pastorale acharnée, transformé en un véritable éleveur au campement Peuhl de Tindaré situé à quelques kilomètres de Bakoufala.
Il y a quatre ans, il était un beau jour revenu de quatre mois d’exode avec une cinquantaine de vaches, au grand étonnement de tous. Comment le petit berger avait-il, en si peu de temps, pu acquérir autant d’animaux ? Des questions pleines de sous-entendus circulaient entre les cases. C’est alors qu’il avait révélé à ses intimes que ce troupeau lui avait été confié par Hémangué, son ami de Bakoufala installé à la grande ville.
Longtemps après son retour d’exode, Hamady se réveillait souvent en pleine nuit, le cœur en tumulte, le front couvert de sueur, secoué dans son sommeil par d’affreux cauchemars. Une fois, il s’était vu entre les griffes d’une panthère monstrueuse.
Une autre fois, il avait réveillé tout le campement en hurlant et en se débattant comme un forcené dans sa case obscure, croyant suffoquer entre les anneaux mortels d’un serpent aussi gros qu’un tronc d’arbre.
Tous ces cauchemars, il en était convaincu, découlaient de l’inoubliable nuit de confidences qu’il avait vécue auprès de son ami Hèmanguè. Il mesurait chaque jour un peu plus combien ce dernier et sa famille avaient dû souffrir avant d’acquérir ce bonheur qui était aujourd’hui le leur. Comme Hémangué le lui avait fortement conseillé, Hamady, dès son retour au campement, avait mis tout son cœur, toute son énergie à l’entretien et à la garde des animaux que son ami lui avait si généreusement confiés.
Aujourd’hui, il avait tout lieu de s’en féliciter car après ces quatre années de dur labeur, neuf superbes veaux personnels s’étaient ajoutés aux sept vaches qu’il avait eues de l’héritage paternel. Vraiment, se disait-il inlassablement, Hèmanguè avait été pour lui l’unique ordonnateur des mânes célestes. A chacune de ses prières, il formulait pour son généreux bienfaiteur de fervents vœux de santé, de longévité et de bonheur. Il priait aussi le Tout-Puissant de ne jamais permettre à Satan de semer dans son cœur la plus infime goutte de tentation qui pourrait l’amener un jour à trahir l’immense confiance que lui avait témoignée son ami en lui confiant tous ses animaux.
Justement ce matin même, il venait de se faire lire par l’infirmier du coin la lettre dans laquelle Hèmanguè l’informait de sa prochaine visite.
Vivement, se réjouit-il, qu’arrive jeudi prochain !
A onze heures tapantes ce jeudi matin, une superbe voiturette rouge sombre traversa le village à allure modérée par l’artère principale conduisant au marché hebdomadaire ; vira au carrefour et remonta doucement le coteau qui abritait la place Garbali. Arrivée à l’embranchement des deux voies qui en descendaient, elle se gara dans un petit espace découvert bordé d’arbustes rabougris. Le chauffeur en descendit aussitôt en même temps que les trois autres voyageurs qui occupaient le siège arrière. Une femme en grand boubou bleu sortit par la portière opposée, remercia chaleureusement les quatre compagnons et disparut dans la foule des marchands de bétail.
Hamady-Malal qui, de loin, avait reconnu la haute silhouette de son ami, fonça vers la voiture. Les deux hommes se jetèrent dans les bras l’un de l’autre et se congratulèrent en se donnant de grandes tapes affectueuses dans le dos. Hèmanguè présenta alors ses compagnons au Peuhl. Les autres marchands s’approchèrent à leur tour et, à coups de vigoureuses poignées de mains, saluèrent les amis de leur camarade.
Les cinq hommes s’engouffrèrent alors dans la voiture qui descendit vers le marché pour permettre à Hèmanguè de faire quelques emplettes. Ils filèrent ensuite directement au campement qu’ils atteignirent aux environs de midi.
Après des bains appropriés, un repas copieux offert par la maîtresse de la maison, Hémangué, ses amis et leur hôte s’isolèrent sous un hangar que ce dernier avait fait dresser au centre de sa concession. Hèmanguè alla alors à la voiture et ramena un carton rempli de cadeaux divers qu’il offrit à la famille de son ami peuhl.
Ils s’installèrent ensuite sur des nattes de raphia couvertes de draps brodés que l’épouse d’Hamady avait étalées à leur intention pendant qu’un de ses frères leur faisait du thé.
Hamady remercia ses amis de l’honneur qu’ils lui faisaient ainsi en lui rendant visite et dit :
Hèmanguè ! Jamais je ne pourrais payer tous les bienfaits que je te dois. Bien que tu sois « mon esclave », c’est moi qui, aujourd’hui, ai une grande dette de reconnaissance envers toi. Je prie Dieu de me donner la force, la foi et le temps nécessaires pour te prouver que je ne suis point un ingrat. Au cours de ces quatre années, tes animaux ont donné au total trente six veaux dont cinq sont morts. Comme convenu, j’ai fait désigner par tirage au sort le sixième du total des survivants que tu me consens comme salaire. Malgré l’entière confiance que tu me témoignes, j’ai tenu à chercher pour contrôler ma gestion, un témoin crédible en la personne de l’Imam du village. Il a vu tous les cadavres de veaux et a supervisé la désignation de ma part. J’ai envoyé un enfant le chercher et il sera là sous peu.
Hamady ! répondit Hèmanguè. Je sais les Peuhls pleins de perfidie et de félonie. Vous pensez que seul un Peuhl est habilité à posséder des animaux. Cependant, je suis sûr que malgré cette déformation ethnique, tu te garderas quand même de détourner mes biens à ton profit. Te rappelles-tu le pacte de sang qui unit nos deux clans ainsi que celui que nous avons scellé à deux ? Alors, cesse de te torturer la cervelle. J’ai confiance en toi. Je te demande seulement de me montrer ce soir ma part de veaux.
A ce moment là, entra l’Imam Sori qui salua les cinq hommes, certifia mot pour mot les déclarations d’Hamady, et remercia Hèmanguè pour son appui généreux à son ami. Il en profita pour sublimer l’entraide entre les hommes en s’appuyant sur quelques versets du Coran. Hèmanguè sollicita alors l’attention de tous et dit :
Hamady, cette nuit, nous devrons aller ensemble rendre visite au « Sage du baobab ». Mon ami Cheick Bamba a entendu parler de lui et désire le consulter pour se ressourcer. Il est engagé dans la politique et voudrait puiser dans nos trad

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