Lyali
166 pages
Français
166 pages
Français

Description

Ce récit a pour cadre un village d'Algérie. Il est construit autour d'événements liés à l'enfance et à l'adolescence du narrateur. Ce dernier, établi en France, retrouve le fil d'une mémoire en sommeil à l'occasion d'un retour au pays intervenant après une absence d'une vingtaine d'années. [...]Mais pourquoi donc s'est-il décidé à revenir dans ce lieu oublié, occulté plutôt, accroché à sa mémoire comme un taon assoiffé au maigre poitrail d'un mulet entravé ? [...]

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2012
Nombre de lectures 24
EAN13 9782296508507
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Brahim Senouci

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OHWWUHV GX PRQGH DUDEH

Lyali

Brahim Senouci

Lyali

LesNuitsMortes

L’HARMATTAN

© L'HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-336-00166-1
EAN : 9782336001661

Le village

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ombragé de la montagne.Ainsi, le soleil leur épargne
sa morsure, la réservant au dôme du mausolée qui les
surplombe.Rnyontrebas, un oued asséy~é déroule ses
méandres inutiles.Durant l’hiver, ses brèves et violentes
yolères d’adolesyent le pro!ettent)l’assaut du village.~l en
ramène uneyhèvre, une brouette, maigre butin dont il livre
les restes le lendemain, ou quelques!ours plus tard, dans le
lit qu’il abandonne.Rntre royaille et orties, quelques arbres
tentent vaillamment de s’agripper aux talus inhospitaliers.
/eule touyhe deyouleur, des says en plastique noir,
bleu, vert pendent aux branyhes, rempla/ant les|euilles
yonsumées par les premiers|eux de l’été.En*ne aux pieds
entravés insyrit un bre|braiment dans le pa2sage avant
de retomber dans une immobilité antique.Enyaméléon
pensi|se tapit dans l’une des rares tayhes d’ombre.
@a route qui serpente l)dhaut n’amène nul visiteur.
$ien ne vient troubler le silenye d’une aprèsdmidi
inyandesyente.

;e village algérien estyelui de5addour.~l s’appr2te)
2passer ses vayanyes estivales après l’avoir quitté il2a
plus de vingt ans... Vingt ans d’une vie parisienne de quasi
insouyianye, vingt ans durant lesquels il a réussi)tenir en
respeyt l’angoisse subreptiye qui vient s’insinuer auyvur
d’un momentyreux, vingt ans durant lesquels il a réussi
)yontenir les assauts sporadiques des lourds souvenirs
qui lestent sa mémoire et enveloppent son*me d’un voile
obsyur et|ugaye.]ort heureusement,yes moments sont
rares.~l mène habituellement une vie très aytive, tou!ours
entre deux réunions, entre deux avions, tou!ours pendu
)son téléphone, relié par mille(ls invisibles aux quatre
yoins du monde.;e tourbillonyonnait de rares pauses,
quelques moments de solitude morose. Le téléphone, vite :

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dAllô,/u3anne,/a te dirait de|aire une partie de tennis
au]orestsilln
d mierre, tu serais partant pour boire un verreyhe3
:ruymuyhen
d/alut,Kagali, on se paie une toilen

~l arrive queKagali,mierre,/u3anne et tous les autres
soientnprisp,noyyupésp,nagendas blindés!usqu’au
mois proyhainp./eule reste la perspeytive d’un d6ner
solitaire|aye aux inepties télévisuelles.seureusement, en
règle générale,5addour n’a pas une minute)lui.

Rt voil)qu’il s’appr2te)rompre aveyle tourbillon
|aytiye dans lequel il s’est abandonné!usquedl)aveytant
de plaisir, en|aisant mine de protesteryontre lenmanque
de tempsp, en virevoltant entre aytivités arti(yieuses et
super(yielles.~l a appris)prendre le ton désolé, voire
rageur, qui sied auxmarisiens qui déyouvrent qu’ils ont
pris du poids pendant les|2tes ou que leur smash de revers
a perdu de son e|(yayité durant la semaine d’abstinenye
tennistique.~l a appris)appréyier leyon|ort de la bulle
qui l’abrite.Auyun drame extérieur ne trouve)s’2
insinuerBseuls2ont droit deyité les désagréments)taille
humaine, petites disyordes amoureuses, aléas sporti|s de
l’équipe de|ootball dont on ayhoisi une|ois pour toutes
d’épouser layause.

Kais pourquoi donys’estdil déyidé)revenir dansye
lieu oublié, oyyulté plutôt, ayyroyhé)sa mémoireyomme
un taon assoi||é au maigre poitrail d’un mulet entravén
mourquoi adtdilyédé devant l’insistanye de sa mère :Kon
(ls,!e vais mourir sans t’avoir revun mourquoi abandonner
la quiétude des boulevards enluminés et des immeubles)
la vertiyalité rassurante pour retrouverye village dévalant
)la diable la|ayeyayhée d’un éperon royheuxn 0ien
sAr, il appréyie de quitter de temps)autre sa bru2ante
solitude parisienne pour le|risson de pentes neigeuses
ou la proximité d’une!ungle inhospitalière que des guides

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obligeants rendent pratiyables pour les bons et p*les
pa2eurs venus d’Rurope.

mas de guide pour lui dans le village, sinonyelui du
souvenir, de la répétition des petits pas de l’en|anye, des
drames silenyieux de l’adolesyenye, de l’humour douloureux
qui imprègne la rondeur des!ours.~l appréhende la longue
promenade dans lesyhemins poussiéreux du passé.
~l sait bien queye sé!our pèsera longtemps après son
retour, que des années durant, il aura du mal)retrouver
l’insouyianye, en|ait l’ignoranye du tragique, dans laquelle
il s’estyon|ortablementyoulé durantyes vingt dernières
années.~l a oublié, ouyru oublier, les étés ayérés porteurs
de tragédies, les temps suspendus, desséyhés, les pentes
youvertes d’orties dévalant vers des gou||res d’o@nulle
eau ne sourd, l’in(ni du silenye, les nuées de mouyhes se
repaissant des humeurs de rares et maigres vayhes.~l a
oublié, ouyru oublier, le par|um lourd de la poussière qui
prend)la gorge le vo2ageur dès sa desyente de l’autoyar.
bubliée, la maison|amiliale aux murs épais, anguleux,
sans la moindre prétention auyharme, sans la moindre
promesse deyon|ort hormisyelle de ne pas quitter
l’ambianye du dehors en en|ranyhissant le seuil. De|ait,
les murs sont nus, le mobilier inexistant en dehors de
l’essentiel. Les lits ne s’2pavanent pas. Dès le lever du!our,
perdant leur|onytion d’ayyueillir le sommeil, les matelas
sont roulés en boule, disposés les uns auddessus des autres
sur une petite table et rangésyontre un mur avey youssins
etyouvertures.~l n’2pas de salon, deyuisine, deyhambres.
~l n’2a que des espayes identiques séparés par desyloisons.
La|onytion dévolue) yes espayes varie selon les!ours.bn
peut se baigner et dormir la nuit dans une m2me pièye.bn
peut2préparer le repas|amilial ou2prendre le thé.Rn
|ait, auyun élément de la maison n’a|(yhe une quelyonque
personnalité. Tous sont rigoureusement neutres. Tous sont
réduits)leur plus simple expressionBpourquoi diable tel
ou tel élément du déyor devraitdil se distinguern mourquoi
insyriraitdil sa di||érenye dans l’éternité du pa2sagenA
quoi servirait de mettre de la beauté dans un lieu éyrasé
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de lumière, qui proylame la(nitude de la vie et l’inanité de
toute tentative humaine d’imprimer une marque durable
dans une nature orgueilleusen

;es masures représentaient pourtant une riyhesse.
;hayune d’entre elles ayyueillait, outre père et mère, tout
un peuple de brus, de bébés braillards, de grandsdmères
et de granddtantes.~l aurait|allu enyonstruire d’autres,
beauyoup d’autres pour queyhayune des nombreuses
|amilles vivant sous le m2me toit puisse avoir son propre
logement. Le gouvernement ne délivrait les autorisations
néyessaires qu’auyomptedgouttes, tout enyonstruisant de
rares immeubles.Rn dépit de leur remarquable laideur,yes
immeubles étaient l’ob!et des r2ves de tous les!eunes du
village.~l|allait attendre plusieurs années pour ayyéder)
un appartement et, surtout,)la possibilité d’un mariage
que desyonsidérations d’espaye vital au sein de la demeure
|amiliale repoussaient sansyesse.mour le trentenaire
b"ayha,y’était devenu une obsession.~l se disait habité
par un logement./on imagination|ertile|abriquait des
histoires autour deye thème.~l les rayontait bien volontiers
)yondition qu’auyun doute ne s’élev*t quant)leur
vérayité.;omme il était de plus en plus souvent moqué par
ses pairs, il(nit par s’adresser)un publiyde plus en plus
!eune.5addour et sa bande d’adolesyentsyonstituèrent un
auditoire deyhoix.Après lesyours, ils avaientyoutume de
se rassembler sur les maryhes duyollège avant de regagner
leurs domiyiles o@les attendaient lesyorvées routinières.
b"ayha les2retrouvait pour leur livrer la dernière livraison
de l’interminable|euilleton de la qu2te d’un toit.En!our,
il s’assit auprès d’eux et garda le silenye un long moment,
avant de se lanyer :

d sier soir,!e tra6nais duyôté de la pépinière.~l|aisait
nuit mais la lune était pleine. Un p

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