Magenta (Opus 1) L orchestre et l enfant
102 pages
Français

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Magenta (Opus 1) L'orchestre et l'enfant , livre ebook

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Description

Nourou, issu d'une riche famille dakaroise, rencontre un soir une très belle jeune femme : Garmy. Le jeune homme tombe très vite sous le charme vénéneux de cette jolie demoiselle, et ne semble guère outragé par le comportement vicieux et pervers qu'elle affiche. Entre alcool, sexe et drogue, Magenta décrit la vacuité et la déliquescence de la jeunesse dorée sénégalaise, prise en conflit entre modernisme et tradition. Cet ouvrage fait partie de la trilogie Magenta opus 1, 2 et 3.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 28
EAN13 9782296488762
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MAGENTA OPUS 1
L’orchestre et l’enfant
Sokhna Diarra Bousso Ndao


MAGENTA OPUS 1
L’orchestre et l’enfant


L’Harmattan
A ma mère Aïssatou Sokhna

C’est le propre de l’amour véritable –
laisser une personne être ce qu’elle est vraiment.
Jim Morrisson


© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55765-9
EAN : 9782296557659

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
LES ORANGES MÉCANIQUES
J E suis un produit.

Je suis cet objet résultant du croisement de deux générations juxtaposées dans la synchronisation de la vacuité et de la déliquescence, emmurées dans le vouloir de conserver un héritage utilitaire et « outilitaire ».
Je suis une valeur ajoutée désuète, point final contributoire à un essor libéral enfermé dans un traditionalisme, cliché, copié, taylorisé, standardisé dans un magasin appelé la Haute Société.
Je suis cette matière première peinturée de sournoiserie, maquillée de mesquinerie crachant son dégoût visible sur les parvenus sociaux, copiant mon manque d’emprise sur ce monde abject, copulant farouchement avec l’argent toxique, inflammable, et périssable.
Je suis une erreur dans une multiplication à plusieurs zéros, je suis une fausseté dans l’idéologie affective et mon ADN estampillé du logo de ma famille s’éteint dans l’analyse du cycle de vie.
Je suis un émotif asocial, dans le commerce des liens et relations sociaux.
Je suis juste ce que l’on transforme lorsque l’on frappe dans des déchets, je suis de la merde.
Je suis à ce stade de mon évolution, loin dans la division du travail, arrivé à dissocier l’obscurité et la lumière, et dans les néons des nuits chaudes d’une ville boueuse, elle m’a parlé de la couleur Magenta, et je suis devenu ce Magenta, l’équilibre de mon équilibre, c’est fait du côté obscur.
Elle m’avait dit un jour pourquoi son briquet était de cette couleur, c’était un mélange de rose et de pourpre, de lumière et de noirceur, de clarté et d’obscurité, de souillure et de virginité. C’était ces choses en elle auxquelles, elle ne donnait pas de nom. Elle adorait juste cette couleur, elle aimait juste l’illusion de bonheur et de désinvolture que donnait cette couleur.
Seydou Ainina Nourou Wone
E LLE m’avait donné beaucoup de surnoms, elle m’avait donné beaucoup de noms sans pour autant, je pense, à l’époque savoir leur signification exacte.
C’était de ces petits noms, de ces jolis surnoms que l’on donne faussement à la personne que l’on aime, pour lui faire comprendre une intimité, chérissant, aussi l’effet placebo sur chacun de vos humeurs. Adoré et aimé, aimé et voulu, chéri et désiré, vous vous sentiez bêtement euphorique, votre nom prononcé de cette manière touchante.
Je me rappelle, de chaque intonation de sa voix. Je me rappelle de son sourire, de ses yeux qui avaient vu et connu ce que le monde donne de plus sombre.
Je me rappelle, de sa bouche, du contour fort de ses lèvres, et de ses dents du bonheur, comme je me rappelle de son corps sculptural, magnifique, ensorceleur.
Je me rappelle, de la chaleur de ce corps, du goût qu’avait sa bouche, du goût qu’avait sa peau.
Je me rappelle tout aussi bien de chacune des robes qu’elle a mises pour me voir, pour me séduire, pour me plaire.
Je me rappelle de ce que je lui ai dit, avoué, créé, et même inventé pour qu’elle me reste, pour qu’elle ne puisse me quitter.
Je me rappelle de sa peine, de ses larmes, de ses chagrins, comme de ses caprices.
Et aujourd’hui que reste-t-il de tous ces souvenirs ? Sans doute des larmes, de la peine, de la douleur, de l’agitation, de la haine, des souvenirs, encore nos souvenirs, la tristesse d’un monde, beaucoup d’autres choses, que je ne peux dire, qu’elle voit sans doute, et qu’elle ne peut exorciser.
Et moi la dedans, plus de dix ans ont passé et de cette époque, il me reste cette mélancolie terne cachée dans des faux semblants.
Tu vois Zacharias, rien ne change. Entre toi et moi, il y a toujours ce fantôme dans mes souvenirs qui rit, crie, chante, me chante et tout cela nous rend toi et moi, juste, vides et creux.
Les Relations intimes ne sont que les Rapports vers lesquels des imbéciles sont providentiellement entrainés pour leur mutuelle destruction.
Ambroise Pierce « le dictionnaire du Diable »
J’habitais, cette ville aux étés suffocants. J’habitais dans cette amertume du chant des cigales là où l’alizé soufflait la nuit sur les rivages et les terres des plages endeuillées. Je vivais dans cette bulle aux allures belles, en cristal, résistante, aux instants veloutés teintés de naïveté et de méchanceté gratuite, dans cette bulle de l’enfant roi, acerbe et capricieux.
Le moment qu’avait alors choisi ma génération pour se flinguer était une allégorie, orange mécanique, dans l’orange capricieux de nos sourires dans cette ville, cette presqu’île surpeuplée et chaleureuse, derrière cette montagne d’immondices et de pauvreté. Cette partie de la jeunesse, dans cette génération à part, ce monde à part que ces gens dans ces quartiers en bas, dans cette topologie clichée, ne soupçonnaient même pas… Cette partie là, savait goûter dans l’oisiveté, le fruit, les fruits d’une richesse dans l’annexe parentale de la fortune familiale tandis que ceux en bas, les autres là bas, ne pouvaient nous connaitre et n’étaient pas assez intelligents pour imaginer nos vies.
« Oranges mécaniques » : un surnom qui m’est venu pour caractériser cette tranche de personnes, dans cette génération. Ces fruits artificiels, n’étaient sans aucun doute, que plongés dans une anarchie structurée et une anarchie sociale, cette tragédie intersectorielle, cette désobéissance civile à toute forme d’éducation, de correction, de politesse, ce déferlement poétique de narcissisme, contournant habilement les lois.
Quant à moi, j’étais parvenu à la désosser cette anarchisante anathème difforme, avec une lame appelée le bon sens. Mon chaos, oblitéré ou déguisé, était illisible, plus même que l’anomie dont il est question dans nos existences. Je ne voulais pas devenir une orange mécanique car je méprisais l’amertume et la laideur de ces fruits artificiels. Alors la pathétique larve que j’étais, se laissait, suffoquer, endeuiller pour ne rien construire de viable. La pathétique chose que j’étais, se laissait happer par la foule et les instants entre des compagnons de villégiature qui ne savaient de moi, rien à part ce que je pouvais bien laisser transparaitre. Ma jeunesse et mon innocence se sont alors étiolées dans ces espaces clos et confinés, dans ce grenier de l’adolescence où ce pathétique bonhomme savait bien qu’aucune sympathie ne lui était dévolue. N’appelant jamais au secours, elle attendait de grandir, la pathétique larve, pour pouvoir enfin s’envoler ou fuguer.
Je pensais ainsi moi, jusqu’à ce jour où mon état quotidien et hasardeux de tous les jours, a été basculé par cette rencontre. Ce pauvre bonhomme sans sympathie aucune, en quête de lumière, s’est enflammée sur le champ pour elle.
« De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure ».
Anatole France « Le petit Pierre »
D EVANT le miroir, tous les matins, je rajustais cette cravate bleue, la nouant, la serrant autour de mon cou, en rajustant le col de ma chemise fraîchement repassée. Je mettais ce cardigan bleu frappé du sigle et du blason du lycée pour remarquer enfin que le coup de cirage sur mes chaussures avait été fait tôt le matin et que mes pieds emprisonnés dans des souliers vernis me donnaient un air impeccable. Sans impatience aucune, je descendais nonchalamment, dans la salle dé séjour, trainant les pieds pour prendre place comme tous les matins à côté de ma mère (si elle était là bien sûr) et de ma très jeune sœur (si elle était là bien sûr). Mais bien souvent je prenais le petit déjeuner seul avec la télé ou la radio allumée pour qu’il y ait un semblant de bruit dans cette grande maison tout aussi vide, par habitude car le petit déjeuner était mon

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