Meurtres en chemin
246 pages
Français
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Description

1734. Le baron Aldebert de la Puysaye règne sur une modeste bourgade du Morvan. Routine, cancans, adultères, querelles de clocher, Corcelles est un village "français pur jus", selon son curé. Mais voici que l'une des femmes est retrouvée sur le chemin baignant dans une mare de sang. D'autres morts mystérieuses s'ensuivent. Accidents ? Agressions ? Mais pour quel motif et par qui ? La marchande de simples, le fils du baron et le neveu du curé vont tenter de résoudre l'énigme.

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Date de parution 01 mai 2013
Nombre de lectures 13
EAN13 9782296536951
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Louîse Leprînce-Rînguet
Meurtres en chemin
Meurtres en chemin
roman
collection Amarante
Meurtres en chemin
Amarante Cette collection est consacrée aux textes de création littéraire contemporaine francophone. Elle accueille les œuvres de fiction (romans et recueils de nouvelles) ainsi que des essais littéraires et quelques récits intimistes.
La liste des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le sitewww.harmattan.fr
Louise LEPRINCE-RINGUET
MEURTRES EN CHEMINRoman L’Harmattan
Du même auteur Il faut que je rentre, Paris, Buchet-Chastel, 1985 La Femme du vent, Paris, Buchet-Chastel, 1987 Honorine ou les imprévus de Versailles, Paris, Buchet-Chastel, 1988 Chère carte orange, Paris, Buchet-Chastel, 1990 Aurélio Aurélien, Paris, Phébus, 1991 Deux ans et pas un jour de plus, Paris, Edilivre, 2009
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00352-8 EAN : 9782343003528
à Charles Dubruel
PROLOGUE
Le 12 octobre 1713 vers les trois heures de l’après-diner, le baron Aldebert de la Puysaye gravit les degrés qui montaient aux combles du château de Corcelles en Morvan. Projetant de partir à la chasse, il recherchait une certaine paire de bottes, usagées donc confortables, qu’un serviteur trop zélé avait peut-être remisée là-haut. Parvenu à la dernière marche, il poussa la porte, et si la toiture de sa demeure ne lui dégringola pas sur la tête, ce fut tout comme. Une paillasse en guise de matelas, vautrée comme une fille, ondulant, tanguant sans retenue, son épouse Gertrude s’en donnait à cœur joie avec un valet d’écurie. Des : oui … oui … oui … scandaient la vision et portaient le cauchemar au paroxysme. Foudroyé, Aldebert ouvrait et refermait la bouche tel le brochet sur berge, tandis que le valet Théodore, percevant une présence, jaillissait de la couche les
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deux mains agrippées à sa culotte, détalait vers l’extrémité opposée de l’immense pièce et disparaissait dans un escalier en colimaçon. Aldebert ne songea pas même à le rattraper, l’esprit perdu, doutant encore, déjà travaillé par des envies de meurtre. Mais elle, relevée sans hâte, rajustait ses jupes et renouait posément sa chevelure. -Monsieur, lança-t-elle, vous n’êtes pas un gentilhomme. -Moi ? C’est moi qqqqui…ne suis pppas… pppas… -Certainement non. Un gentilhomme se doit d’être toujours là où il prétend se trouver. Or si ma mémoire est bonne, vous deviez ce tantôt vous divertir à massacrer du gibier. Par votre duperie, me voici désormais privée de mon havre et de ma liberté, comme vous voilà dans le plus grotesque des embarras. A envisager vos grosses pattes velues, le désir vous taraude de me rompre la nuque. Mais vous le savez, si vous cédez à la tentation, Théodore témoignera de votre présence sur le lieu du crime, et malgré vos titres et rang dont vous nous cassez les oreilles… -Jamais !Jamais je n’ai cassé les oreil… -Vous ne pourrez échapper au sénéchal du district. Vous vous contenterez donc de m’enfermer dans quelque couvent selon l’usage chez les encornés de votre espèce. J’aurai la joie, poursuivit Gertrude en embrassant d’un geste les stations d’un vieux chemin de croix posé à terre contre le mur, d’y
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contempler ce spectacle trois fois la journée, les nonnes se devant d’assister à mâtines, messe et vêpres. Cependant, ajouta-t-elle avec un sourire qu’Aldebert jugea satanique, il traîne toujours dans ce genre de pénitencier un curé novice, un préposé au jardin avec lesquels il est loisible d’engager la conversation...De fait, le châtiment ne tombera que sur vous, privé à jamais d’une présence dont, à vous entendre, vous êtes si raffolé, et bien en peine d’expliquer au monde ma soudaine réclusion. -Une gorgone…Une succube…La plus catin de toutes les catins… -L’on dit : « mieux vaut petite catin que grand serein », si vous voyez de qui je parle. Et puis catin…Il faudrait voir à différencier. Mes bontés ne coûtent rien, la nuance est de taille. De plus, ces malheureuses ne choisissent pas. Elles subissent. Moi, je mène, j’ai toujours mené la danse. A ceci près, je m’en vais conforter votre opinion. Saisie d’un besoin de s’épancher, une seule fois, Gertrude s’assit sur le matelas, ses bras lui enlaçant les genoux. -Je ne me suis pas conduite selon les codes de ceux, et ils sont légion,qui veillent farouchement à la vertu de leur femme et de leurs filles tout en se donnant du bon temps. C’est pourquoi j’ai pu m’en donner moi aussi, et Dieu m’est témoin que si c’était à refaire, je le referais. Chez mon père aux Aulnois, j’allais débusquer mes amants à la sellerie, à la porcherie, aux étables… Des rustres, soit. Mais
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