Mosaïque des autresses
232 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Mosaïque des autresses , livre ebook

-

232 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Pourquoi les femmes sont-elles dupes dans les jeux de l'amour ? Comment se fait-il qu'on soit si loin des contes de fées qui colorent encore la vision des Autresses éternellement délaissées, violentées, et pourtant toutes-aimantes ? Pourquoi semblent-elles s'accommoder de leur sort ? Un univers drolatique où l'on prétend que "technologie et épanouissement sexuel marchent la main dans la main". Où les héroïnes des contes meurent de leur destin "bienheureux" : "On la pleure beaucoup, mais on ne la comprend jamais". Un nouvel univers littéraire dont personne ne sort indemne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 44
EAN13 9782296683112
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mosaïque des autresses
De la même autrice


Essai

Décoloniser l’imaginaire , Paris, L’Harmattan, 2007.

« Universalité et création féminine », dans Désireuse de plus avant enquerre… Christine de Pizan, Paris, Honoré Champion, 2008.

« Rêver, c’est construire », dans Utopies féministes et expérimentations urbaines , Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008.


Poésie et théâtre


Extraits de Ronronnement dans Friches, n° 100, décembre 2008 et dans Verso, 2010.

L’Arbre Huluppu, spectacle adapté des premiers textes de l’humanité, joué à Montpellier, Centre Rabelais, 7 mars 2009.
Katherine Roussos


Mosaïque des autresses


roman


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09856-5
EAN : 9782296098565

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Le 11 septembre 2001, un homme d’affaires se rend à son bureau dans les Tours Jumelles, mais décide en route d’aller voir sa maîtresse. Ils ferment les volets, éteignent leurs portables, et restent au lit une bonne heure ou deux, puis se rhabillent, rallument les portables. Ça sonne de suite et Monsieur répond… ben, je suis au bureau, chérie, où veux-tu que je sois ?
AGNESSES
Opéra
Les hommes ne connaissent plus leur place !
Aujourd’hui, les femmes veulent être des hommes.
Ça ne peut pas marcher !
J’ai toujours respecté le jugement de mon mari.
Les hommes ne savent plus qui ils sont !
Dieu a créé les deux sexes, mais il les a créés di-ffér-ents.
Je n’ai jamais voulu qu’on me libère !
Quand je pense à tous ces pauvres hommes…
Il y a même des femmes qui les battent – c’est contre nature ! Il y a même des femmes qui ne respectent pas les vœux matrimoniaux…
Il faudrait les lapider, c’est écrit.
Il faut se méfier des femmes !
Entre nous ça va, mais les autres – elles peuvent toujours convoiter nos maris.
Il faut les protéger, les pauvres, de la tentation !
Les femmes d’aujourd’hui ne connaissent plus aucune limite, on le voit tous les jours à la télé.
Ça va de mal en pis !
Absolution
Madame, je vois que vous souffrez…
Chut, faut que personne me voie… Ils sont à mes trousses… Monsieur, par pitié ! Ils sont venus chez moi, ils ont enlevé mon bébé !
Mais non ! Il est là votre petit agneau !
C’est son frère. Le premier ils ont pris… N’appelez pas la police, je vous en supplie !!
Racontez, mon enfant, que Dieuabsoutvospéchés aus-sigravesqu’ilsoient maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.
Chaque soir mon mari m’enferme dans un coffre, il a très peur - ce n’est pas pareil ici – que j’aille avec d’autres hommes ; moi, ça ne m’embête pas qu’il m’enferme, je me sens bien dans cette boîte, c’est comme un petit nid, je me sens protégée, ce monde est trop dur pour les femmes, on n’est pas faites pour aller à l’extérieur, qu’est-ce que j’y ferais ? Quand il veut avoir des accouplements, il me sort et m’attache au lit et après il me remet dans la boîte, qu’il ferme toujours avec une petite clé jolie qu’il garde autour du cou ; mais une nuit nous nous sommes endormis tous deux au lit et au matin il était très en colère, il a dit qu’un homme est venu pendant son sommeil pour avoir des copulations avec moi, il m’a examinée, il a dit qu’il y avait du jus et quand j’ai dit que c’était le sien il m’a giflée et quand c’était trop fort j’ai crié ; mon fils s’est réveillé, puis une voisine a appelé la police et ils sont venus me demander ce qui se passe ; ils ont regardé la chambre, la cuisine… ils m’ont regardée, moi, toute sanglante, et ils ont dit que je n’étais pas en état d’élever mon enfant…
Lorsque l’on vous insulte ou que l’on vous persécute, soyez heureuse, mon enfant, car ceci plaît au Seigneur.
Un an après, j’ai eu celui-ci. Ce matin, la même chose s’est passée, sauf que quand j’ai entendu arriver la police je me suis évadée avec mon fils, regarde comme il dort (comme si la vie était simple, si simple !) par l’ascenseur alors qu’ils montaient par l’escalier. Je veux juste garder mon fils, mon mari peut aller au diable ! De toute façon je ne suis pas la seule avec qui il a des accouplements…

Pourquoi ne retournez-vous pas chez votre mari ? Si vous mourez sous ses coups, le Seigneur vous récompensera. Si vous le quittez, vous brûlerez aux Enfers. Le choix doit être si évident, mon enfant : concours vain au bonheur sur terre pour quelques années, ou la glorieuse souffrance qui mène au Paradis éternel ?
Dans mon pays je travaillais avec ma mère et mes sœurs à tenir un petit café – je peux retourner là-bas, si j’y arrive… si j’y arrive…
Vespresse
T u dois te balader complètement à poil. Puis il y a les visites médicales – c’est toi qui dois payer pour qu’ils te sortent leurs petites blagues te scrutent te palpent te fouillent te fouinent te fourragent t’épluchent te bavent dessus te boivent des yeux louchent sur toi te contrôlent. Des fois tu vois les mêmes venir te sauter le soir mais cette fois-ci c’est eux qui payent – salauds !
C’est ennuyeux.
J’aimerais être ailleurs, n’importe où ailleurs. Faire autre chose.
Je souhaiterais presque une apocalypse nucléaire pour que quelque chose arrive enfin – sinon pour me sauver, au moins pour qu’on soit tous sur un pied d’égalité – morts ou vivants – et recommencer. Je n’aime pas mon début et je n’aime pas ce que j’ai fait depuis. Ce n’est que le début diraient certains innocents, je peux encore tourner la page, si seulement je croyais que je le pouvais…
Où je vais, ça colle à moi.
C’est quoi, ailleurs ? Je suis enfermée dans ce corps avec mes peurs dégoûts inerties blocages terreurs du présent horreurs du passé et fatigues…
Je cours, ça me rattrape. Je ne parle pas d’eux, c’est plus facile de s’évader d’eux que de retrouver ce petit animal que j’ai mis dans un petit coin pour le protéger mais je ne sais plus où je l’ai mis ou on me l’a volé et sans qui je ne peux pas courir.
C’est quoi ailleurs ? J’ai oublié.
Je me dis que j’aimerais fonder une famille, n’importe quelle fille rêve de ça, mais quel homme épouserait une… En tout cas, pas le genre d’homme que j’aimerais : quelqu’un de doux et innocent, et brillant. Mais qui suis-je pour décider, fantôme, ersatz de poupée en plastique, ersatz de fantôme.
Mes clients sont tous mariés. Clients ? Mes clients ? Mariés ? J’attends qu’il y en ait un – un seul – qui s’intéresse un peu à moi, comme dans un film. Même s’il s’intéressait un tout petit peu, je ne le ferais même pas payer, peut-être… Un peu de tendresse – mais sur le coup je n’en veux pas je veux juste qu’il termine ; je me mets ailleurs, je me dis qu’il le faut, qu’il faut gagner sa vie… que c’est bien, j’ai un petit studio je ne dors pas dans la rue, j’ai de quoi me payer la bouffe et un jour je partirai en vacances. C’est quand je dors et quand je me réveille seule (seule ! ) que j’imagine cette tendresse mais je sais maintenant qu’il y a deux catégories de femme et merde ! j’ai tout loupé je ne suis pas dans la bonne.
Je suis bête : je rêve encore. Je confonds rêve et projet, je ne sais pas ce qui dépend de moi et ce qui dépend des autres et ce qui dépend du bon Dieu s’il y en a un.
Cinéma
J e l’ai vu cet après-midi… On a fait l’amour… Et puis on a regardé un film, et c’était beau !!! On s’est tenu la main dans la main, comme des ados, et de temps en temps il respirait dans mon oreille, puis faisait comme si rien n’était. Il est trop classe, ce mec, vachement romantique. C’était un documentaire sur les suicides. Les gens racontaient leurs tentatives et on voyait une simulation et chaque fois qu’ils étaient en train de mourir il me serrait la main encore plus fort ! C’est ça l’amour

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents