Nuit de mémoire
132 pages
Français

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Nuit de mémoire , livre ebook

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Description

Avec Nuit de mémoire, Roger Sidokpohou livre une très belle oeuvre sur la traite négrière. Ils sont de partout, de " toutes les Amériques du monde " ! Ecrivains, musiciens, scientifiques, défenseurs des libertés, hommes et femmes célèbres, ils ont tous la même cicatrice au front : descendants d'esclaves ! Cette nuit, ils vont embarquer sur Eternity, leur bateau d'évasion, pour rejoindre Midjalé, le pays du pardon et de la réconciliation, dans le golfe du Bénin. Ils sont à la recherche de leur mémoire, avec une seule pensée douloureuse à la bouche, déclinée en trois mots implacables : " Pourquoi ? pourquoi ? pourquoi ? ".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 57
EAN13 9782296928343
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nuit de mémoire
Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen


Dernières parutions


Minkot Mi Ndong, Les Tribulations d’un jeune séminariste, 2009.
Emilie EFINDA, Grands Lacs : sur les routes malgré nous !, 2009.
Chloé Aïcha BORO et Claude Nicolas LETERRIER, Paroles d’orphelines, 2009.
Alban Désiré AFENE, Essola, 2009.
Daniel GRODOS, Les perles noires de Gorée, 2009.
Ilyas Ahmed Ali, Le miroir déformant, histoires extraordinaires, 2009.
Boika TEDANGA Ipota Bembela, Le Destin d’Esisi, 2009.
Patrick-Serge BOUTSINDI, L’homme qui avait trahi Moungali, 2009.
Ludovic FALANDRY, Sawaba. Une vie volée, 2009.
Jimmy LOVE, Les Émigrants, 2009.
Mamadou Dramane TRAORE, Les soupirs du baobab, 2009.
Abdoul Goudoussi DIALLO, Un Africain en Laponie, 2009.
Simplice IBOUANGA, Au pays des tyrans, 2009.
Oumar Sivory DOUMBOUYA, Chronique d’un retour en Guinée, 2009.
Yvonne OUATTARA et Jean–Luc POULIQUEN, En souvenir de L’Arbre à palabres. Lettres de France et du Burkina Faso, 2009.
Alexis KALUNGA, Mes frères, pourquoi vous me faites ça ?, 2009.
Brigitte BERTONCELLO, avec la collaboration de Thomas Samba SARR, Du Sénégal à Marseille. Migration réussie d’un gentleman rasta, 2009.
Bazoumana OUATTARA, Le sacrement constitutionnel, 2009.
Colette LANSON, Professeur Béatrice Aguessy. Une vie de femme(s), 2009.
Bertrand LEMBEZAT, Palabres en pays kirdi, 2009.
Viviane MPOZAGARA, Ghetto de riches, ghetto de pauvres, 2009.
R OGER S IDOKPOHOU


Nuit de mémoire


Roman


Préface de Jérôme Carlos


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09241-9
EAN : 9782296092419

Fabrication numérique : Socprest, 2012
À mes amis-frères de tous les continents.
Avant-propos
Ce livre n’est pas un livre d’histoire. L’Histoire s’écrit ailleurs, qui a ses valeureux serviteurs, qui se relate autrement, les faits à l’appui, les dates aussi.
Ce livre est un conte, un conte de notre temps, un conte pour enfants et adultes, un conte à la veillée, à la mode ancienne, avec ses héros, avec ses chants, avec ses danses, ses larmes aussi, pour qu’enfin les mémoires, les mémoires qui s’entrechoquent, douloureusement parfois, les mémoires qui s’entrelacent, sans s’aimer toujours, les mémoires qui s’entremêlent, sans se reconnaître vraiment, se donnent la main, pour continuer le chemin, le chemin de l’humain, le plus long chemin inventé par l’homme, le seul qui vaille… pour l’homme.
Laissez–moi vous conter !
L’Auteur
Préface
Bel hymne au retour que celui qu’entonne Roger Sidokpohou dans ce roman prodigieux à tous égards.
La vie revisite la mort. La parole reprend ses droits sur le silence. L’exil se laisse suspendre à la branche majeure du fromager d’Ajuda qui plonge ses racines jusqu’au plus profond des terres du Brésil.
Hier, les chaînes, la solitude fétide des cales des bateaux, la moiteur des champs de coton sous la férule du maître. Aujourd’hui, des hommes et des femmes qui reconquièrent le droit de renaître à une nouvelle humanité. La parenthèse tragique se referme : l’Afrique retrouve l’Afrique après avoir enjambé les Amériques et les Caraibes, dans un jeu de miroirs, entre imaginaire et réalité, qui abolit toutes les catégories du temps et de l’espace.
Roger Sidokpohou, en visionnaire inspiré comme sait l’être un écrivain de son immense talent, peint ainsi la vaste fresque des retrouvailles de l’Afrique mère et de sa diaspora, au rythme effréné d’une saga de toute beauté, en son et lumière.
Une brillante entreprise qu’il sait conduire par la force incantatoire des mots, des mots qui interpellent d’abord, rapprochent ensuite, réconcilient enfin.
Une belle Nuit de Mémoire, que l’on vit intensément.
Jérôme Carlos
Historien, écrivain et journaliste
NUIT DE MÉMOIRE
Résurgence du passé ,
Fille du présent ,
Prophète de l’avenir ,
La mémoire collective
Se nourrit de Vérité.
1
Vingt ans !
Ils avaient vingt ans ; avaient grandi ensemble ; là-bas, dans le grand quartier d’Akpakpa ; après le pont ; derrière le stade ; juste derrière le stade.
Les Ambassadeurs ne se donnaient pas encore la main, dos à la mer, maisons en péril, et le Km3 était un no man’s land, où tous les enfants du jeudi faisaient le jacques, certains que la cueillette du jour serait la leur.
A l’époque, il n’y avait que la route, la route principale ; et le chemin de fer, qui marquait ses arrêts :
– Agblangandan, une minute d’arrêt ! Juste le temps de sauter du train, ou d’y monter !
– Ekpè, deux minutes d’arrêt !
– Djeffa, deux minutes d’arrêt aussi, équilibre régional oblige !
– Sèmè Kpodji, quatre minutes d’arrêt et il fallait bien ça, pas seulement pour les pauses-soulagement après dix-huit kilomètres de rail à rames comptées, mais surtout pour les provisions de cannes à sucre, les fameuses cannes à sucre de Sèmè !
Il n’y avait que la route, la route principale ; et le chemin de fer !
Pour y accéder, fallait pousser les vélos jusqu’au rail ; les vélos des papas ; pieds nus ; dans le sable chaud ; à midi et demi, au sortir du bureau ; à quatorze heures trente, pour y retourner, sieste comprise.
Le soir, ils le faisaient eux–mêmes, en groupe, en marchant, à la cadence des papas, doucement, très doucement, s’arrêtant de temps en temps pour se conter une histoire, en rigoler en se tapant les cuisses, comme des gamins de retour d’école buissonnière.
Nul ne saura jamais ce qu’ils pouvaient se raconter, poussant leurs vélos dans le sable moins chaud qui incitait à prendre son temps, avant d’affronter les réalités domestiques, souvent « multicases ». Nul ne saura jamais !
Mais qu’est-ce que c’était bon de les voir retomber en adolescence, chaque fin de journée, le temps d’un retour cycliste et pédestre. Oui, c’était bon ! Ils n’avaient pas oublié qu’ils avaient eu, eux aussi, vingt ans !
Comme aujourd’hui, Sènou et Nath !
Ils en avaient poussé des vélos jusqu’au rail, dans le sable chaud. Ils connaissaient l’itinéraire par cœur. Leurs papas habitaient le même quartier, avaient les mêmes horaires de bureau que rappelait, stridente, la sonnerie municipale, pour marquer la pause déjeuner, et les fins de siestes : ils en eurent les pieds palmés ; le football se chargea du reste !
Ils habitaient juste à côté du stade, là où, de derrière, aux premières loges, au milieu de la deuxième mi-temps, on pouvait grimper au mur, s’y asseoir en toute impunité et, à l’œil, assister aux dernières minutes, les plus palpitantes, celles que l’on retiendra, celles qui seront commentées dans les bars, la bière à la main, et dans les maquis, la sauce-feuille à la bouche, pour fêter ou digérer le résultat du derby entre l’Asso et l’Alliance, les deux clubs phare de la région.
Cela crée des liens !
Et des liens, Sènou et Nath eurent beaucoup d’occasions de s’en créer.
De l’école primaire régionale au lycée, ils ne s’étaient pas quittés, dormant chez l’un, couchant chez l’autre, comme des amis qui ont une soif inextinguible d’être des frères de sang.
Mais ils étaient plus que cela ; ils ne le sauront que plus tard ; la vie a ses moments de vérité, qui ne sont pas toujours ceux de l’immédiat.
A dix-huit ans, ils durent se séparer, l’un pour Dakar, qui faisait la coquette, en douce ; en douce, parce qu’il ne fallait tout de même pas trop en faire, car en face, Gorée avait gardé ses humeurs d’antan et sa mémoire intacte : Sènou n’oubliera jamais ce moment de rencontre avec l’île !
Quant à Nath, le sort lui avait réservé d’inaugurer la toute première université de Midjalé {1} , leur pays, le pays du pardon et de la réconciliation. Et aujourd’hui encore, il en parle avec émotion et fierté :
– Je fais partie de la première promo… !
Ce qui déclenchait toujours un mouvement d’agacement et un brin de jalousie chez son frère de terre :
– Tu peux changer de refrain, oui ?
Ce soir, en plein mois d’août, Awoutou {2} , comme on dit ici, parce que c’est le mois des grippes, des refroidissements et des petites laines, ils avaient décidé de fêter leurs vingt ans à la plage, dans un maquis de Fidjrossè, la nouvelle station balnéaire, le quartier à la mode.
Ils se payèrent d’abord une balade sur la plage. Ce soir-là, l’Atlantique était étrangement calme ; rien que de petites vaguelettes, en comparaison des houles énormes qu’elle a

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