Orages désirés
384 pages
Français

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Orages désirés , livre ebook

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Description

Ce grand roman de passion amoureuse et d'amitié virile entraîne le lecteur à travers l'Europe, des bords de la Durance à paris, de la plaine lombarde aux steppes russes. Né un peu avant la Révolution, Gilles d'Abriès écrit : "Enfant, j'ai entendu le sourd craquement d'un monde...Officier, j'ai vu un homme incarner l'Etat et régner autant par la parole que par le prestige des armes... J'ai assisté au déplacement de l'antique conflit des riches et des pauvres".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 228
EAN13 9782296933552
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Orages désirés
Roman historique
Collection dirigée par Maguy Albet

Dernières parutions

Philippe CASASSUS, Philippe, le roi amoureux , 2010.
Jean-Claude FAUVEAU, Joséphine, l’impératrice créole , 2009.
Roger BOUCHAUD, L’homme du Sahel , 2009.
Tristan CHALON, L’homme-oiseau de l’île de Pâques , 2009.
Danièle ROTH, Marie Roland, Sophie Grandchamp : deux femmes sous la Révolution , 2009.
Luce STIERS, En route vers le Nouveau Monde. Histoire d’une colonie à New York au 17°siècle , 2009.
Michel FRANÇOIS-THIVIND, Agnès de France. Impératrice de Constantinople , 2009.
Petru ANTONI, Corse : de la Pax Romana à Pascal Paoli , 2009.
Christophe CHABBERT, La Belle Clotilde. Le crime du comte de Montlédier , 2009.
Michèle CAZANOVE, La Geste noire I, La Chanson de Dendera , 2009.
Tristan CHALON, Sous le regard d’Amon-Rê , 2009.
Yves CREHALET, L’Inconnu de Tian’Anmen , 2009.
Jean-Eudes HASDENTEUFEL, Chercheur d’or en Patagonie , 2009.
Jacques JAUBERT, Moi, Caroline, « marraine » de Musset , 2009.
Alexandre PAILLARD, La Diomédée , 2009.
Bernard JOUVE, La Dame du Mont-Liban , 2009.
Bernard BACHELOT, Raison d’État , 2009.
Marie-Hélène COTONI, Les Marionnettes de Sans-Souci , 2009.
Aloïs de SAINT-SAUVEUR, Philibert Vitry. Un bandit bressan au XVIII e siècle , 2009.
Tristan CHALON, Une esclave songhaï ou Gao , l’empire perdu , 2009.
OLOSUNTA, bataillon maudit , 2009.
Jean-Noël AZE, Cœur chouan , 2008.
Jean-Christophe PARISOT, Ce mystérieux Monsieur Chopin , 2008.
Paule BECQUAERT, Troubles. Le labyrinthe des âmes , 2008.
Jean-François LE TEXIER, La dernière charge , 2008.
Robert DELAVAULT, Une destinée hors du commun. Marie-Anne Lavoisier (1758-1806) , 2008.
Thierry AUBERNOIS, Le passage de l’Aurige. Combattre pour Apollon , 2008.
R ENÉ L ENOIR


Orages désirés

roman


L’H ARMATTAN
Du même auteur


Les Exclus, Seuil, 1974.

Rapport au président de la République sur l’information économique et sociale , Documentation française, 1979.

Les Cerisiers d’Irghil , Fayard, 1981.

Le Tiers Monde peut se nourrir , Fayard, 1984.

Les Enjeux de la fin du siècle , Desclée de Brouwer, 1986.

Nation en danger , Arlea, 1993.

Mon Algérie tendre et violente , Pion, 1994.

Quand l’État disjoncte , La Découverte, 1995.

Communication devant l’Académie des sciences morales et politiques : « Les tiers au contrat social », Revue de l’Académie, juin 1995.

Repères pour les hommes d’aujourd’hui , Fayard, 1998.

À la recherche du sens perdu , Michalon, 2003.

Choc ou dialogue des civilisations , Yves Michel, 2004.

La Quinta , H. B. éditions, 2005.


© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11505-7
EAN : 9782296115057

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Eygliers, avril 1847
Quelle chienne de vie que la mienne ! Quelle merveilleuse vie ! Délivré depuis longtemps du souci d’être quelqu’un, je la regarde avec sérénité et bois à l’espace nourricier qui m’entoure.
Ô ma fidèle, ma mémoire, tu es ma grange, mon saloir, mon outre à vents ; et nombreux soufflèrent dedans, poussant pensées et croyances d’antan.
Fidèle ou infidèle à saisir l’ineffable palpitation des âmes et des cœurs ? Quand avec mes amis nous évoquons le passé, nous ne voyons plus tout à fait la même chose ! Alors qu’importe si j’invente un peu pour mes petits-enfants. Voici la caverne d’Ali Baba où ils piochent, voici des chants, des cris, des larmes, des couleurs, des odeurs, des paysages de feu et de glace, des hommes braillards et des moines sereins.
Pour évoquer ma vie, « mes trois vies » serait plus juste, j’ai peur que les mots me manquent. Je les ai remisés, les mots, sur l’étagère du temps, des mots fatigués, mots éperdus, perdus, et quelques mots magiques à ne pas évoquer, ils peuvent vous ensortiléger, comme ça, sans crier gare. Tant pis. A eux de me retrouver, de me troubler, de m’embarquer.
Durance, Montdauphin, Vallouise, Glacier blanc, mots magiques. Je les évoque, je retombe en enfance. Chose courante à mon âge. Pourquoi en avoir honte ? Pour devenir un véritable adulte, ne faut-il pas avoir été un vrai gosse ? Seuls les orgueilleux se désolent de n’être jamais tout à fait sortis de l’enfance.
Je suis né en juillet 1780. Mon père, Bruno d’Abriès, était le gouverneur de la forteresse de Montdauphin. Il en imposait à tous, moins par sa prestance que par sa casaque de drap sombre, sans galon ni dorure ni ruban, face à des officiers vêtus comme quarante ans plus tôt à la bataille de Fontenoy.
Rien ne permet mieux de cerner la personnalité d’un homme que son domaine de prédilection. Il s’y échappe dès qu’il peut, le pratique, se frotte à lui, l’épouse pour ainsi dire. Et il reçoit de lui force influx et comme une inflexion de son caractère. Celui de mon père était la philosophie. Il avait de sa fréquentation livresque, outre une légère voussure du dos, un art souverain pour ratiociner. Il maniait avec maestria les a priori, les a fortiori, les contra, ne manquait pas d’ajouter une scolie de son cru au paragraphe de Spinoza qu’il commentait.
Aussi Anne, ma mère, ne s’aventurait-elle pas à l’escrime verbale lorsqu’éclatait une querelle domestique. Et ce, d’autant qu’il arrivait à mon père de passer de l’argument rationnel à l’argument « ad hominem » – qu’il conviendrait en la circonstance d’appeler « ad mulierem » – argument qui revenait à placer ma mère dans cette moitié du genre humain dépourvue de logique.
Elle le regardait, le buste légèrement incliné, le sourcil levé, parfois la bouche entrouverte comme pour mieux absorber les arguments nourrissants qui s’ajoutaient les uns aux autres, s’éclipsait avec le signe évident de la soumission intellectuelle… et n’en faisait qu’à sa tête.
Non qu’elle n’eût pas la capacité d’argumenter sans recours aux œillades et sourires enjôleurs. Elle avait lu les philosophes du siècle. Elle avait pris le parti de Rousseau contre Voltaire. Beaucoup plus tard, lorsque j’eus à affronter l’esprit féminin, ma mère me dit : la logique des hommes est raide, celle des femmes est souple, elle enserre mieux la vérité des êtres et des situations. Son plaisir à elle, c’était le cheval. Il fallait voir comme elle le caressait, le bouchonnait, l’embrassait sur le chanfrein, faisait corps avec lui dans le galop. Il lui donnait probablement des sensations ou des émotions plus fortes que celles éprouvées ailleurs. Son cheval, à voir comment il la reniflait de la tête aux pieds, surtout au retour des promenades, devait aimer la lavande, parfum préféré de ma mère, à moins qu’il ne flairât un effluve plus subtil, perceptible par les seules bêtes sensibles.
Où ma mère allait-elle galoper ainsi ? Je ne le sus que plus tard. Elle me passa son goût et du cheval et des échappées dans la nature. Dès ma plus tendre enfance, je résolus de servir dans la cavalerie. Ma mère s’évadait d’une autre façon du ronron de la citadelle - sonnerie du matin, sonnerie du soir, ouverture et fermeture des portes est et ouest, exercices pour la centaine de fantassins et la vingtaine de canonniers - en organisant plusieurs fois l’an des déjeuners ou des dîners où étaient conviées quelques notabilités du coin et parfois le colonel commandant la garnison de Briançon. Bruno, demandait-elle à mon père, voilà longtemps que nous n’avons pas eu le vicaire général ou le notaire de Saint-Clément ou ce bon docteur de Guillestre. Elle savait que mon père ne refuserait pas, tant il adorait démantibuler les arguments de ses convives, quitte à changer de camp entre la poire et le fromage afin de prolonger la joute.
L’entretien en bonne forme guerrière de la troupe était confié à deux officiers, l’un chargé des canonniers, le capitaine Joyeux, et l’autre des fantassins, le capitaine Malaure. Joyeux était cultivé, agréable ; ma mère ne dédaignait pas de l’inviter à prendre une tasse de chocolat. Il rêvait d’ajouter une particule à son nom. Il eut un jour le toupet, l’année même où éclata la Révolution, de demander à mon père : j’ai quelques économies, serait-il très coûteux de faire ajouter un nom à mon nom ? Faites ajouter : « de Vivre » répondit mon père, goguenard. J’eus le tort de répéter cette saillie à l’Assuré, notre serviteu

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