Quand un homme écrit à une femme...
130 pages
Français

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Quand un homme écrit à une femme... , livre ebook

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130 pages
Français

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Description

Lettres postées fiévreusement, poèmes, mails, textos... Quand un homme écrit à une femme, que révèle-t-il au-delà des mots ? Sur un ton léger et fantaisiste, Florentine Les Fontaines se glisse, avec malice, dans la peau de dix personnages masculins. Ces portraits dessinent en creux la délicate communication entre hommes et femmes et toute l'ingéniosité nécessaire pour l'atteindre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2007
Nombre de lectures 51
EAN13 9782296176935
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection « Vivre et l’écrire » dirigée par Pierre de Givenchy
(voir en fin d’ouvrage la liste des titres parus)
Quand un homme écrit à une femme...
Histoires courtes et fantaisistes

Florentine Les Fontaines
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296036321
EAN : 9782296036321
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Le Dépressif Le Maladroit Le Séducteur Le Débutant Le Timide Le Méthodique Le Désespéré L’Inconscient Le Désordonné L’Inventif Un grand merci à… Collection Vivre et l’écrire – Déjà parus :
Le Dépressif

- Qu’espérer ? …
Jamais je n’aurais dû accepter cette invitation ! Je suis vraiment déprimé ce soir et tous ces gens m’ennuient à mourir. Encore un ou deux verres et je disparais.
Mais qui est cette fille qui vient d’entrer? Elle ne ressemble pas du tout aux autres invités ! Et cette robe noire lacée dans le bas du dos… Une robe d’été en plein hiver, c’est vraiment superbe ! Très sexy… Elle est encore bronzée, on dirait qu’elle revient de la plage. Et ces cheveux noirs, attachés avec une fleur rouge… Mais ils se jettent déjà tous sur elle ! Vite, il ne faut pas que je perde de temps. Je déprime peut-être tout seul dans mon coin près du buffet, mais ils ne vont pas m’oublier si facilement !… Allez, je bouscule, je me fraye un chemin. Tiens, il paraît qu’elle arrive de Rio. C’est ça, ce bronzage en plein hiver… Vite, trouver l’accroche, se distinguer du groupe :
- « Na praya, na praya … »
– Comment tu connais cette chanson ? C’est un hit au Brésil en ce moment…
– Je suis compositeur et je joue dans un groupe de temps en temps. Je suis guitariste…
– C’est super !
– Et toi, tu es en vacances ?
– Non, je suis traductrice, je suis là seulement pour trois jours, mais je m’installe à Paris dans deux mois… Qu’est-ce que tu composes ?
– Un peu de tout : des chansons, des musiques de films, des jingles pour la radio…

Et je m’entends soudain lui raconter une vie de succès, d’anecdotes et de rebondissements. Je parle, je parle, les mots se succèdent sans peine. Je me dédouble et l’autre, celui qui était tout seul près du buffet, est déjà dans l’ombre, loin derrière moi. Les mots me viennent si facilement face à ce visage qui me fascine déjà. Je fais le malin, je plaisante, je fanfaronne…
Si elle savait pourtant.
Tout ce que je lui raconte, c’est du passé. Depuis plus de trois ans, la malchance me tient et ne me lâche plus. Les contrats, faute de budget, s’annulent les uns après les autres. Et je coule… Plus d’inspiration, plus d’énergie, impossible de composer la moindre mélodie. Je reste des journées entières, prostré, à ne rien faire. Et mon banquier commence vraiment à s’impatienter… Alors dans l’urgence, sur les conseils d’un ami, j’ai signé un contrat à Disneyland. Il y a quinze jours que j’ai commencé et je craque déjà… La première semaine, on m’a enfermé dans un costume d’Aristochat : il fallait chanter, danser et miauler en cadence. Puis un matin, j’ai dû endosser le costume de Minnie. Oui, Minnie, même pas Mickey ! Tout ça parce que ce jour-là, il n’y avait pas de fille. Maintenant, à chaque fois que je parle avec ma voix de fausset, les enfants hurlent de rire ! J’ai un succès fou à Dysneyland ! Ils m’ont proposé de m’engager pour un an. Je ne sais même pas comment je vais supporter ces trois mois…
Et l’ambiance est désastreuse. Donald et Mickey s’insultent toute la journée pour des histoires de primes ridicules. Hier Pluto, le syndicaliste, a essayé d’arranger les choses, mais Balou et les Aristochats sont arrivés pour défendre Donald. La soirée s’est terminée en bagarre générale. Dans les coulisses, il y avait des têtes décapitées dans tous les coins…
J’ai trente-huit ans et je fais le guignol toute la journée dans un costume de latex. Dans deux ans, j’ai quarante ans… Il est beau le bilan, je peux être fier de moi.
– Bonjour, les enfants, je m’appelle Minnie… Et vous, ça va?
– Ouiiiiiiiiii !
Cet anniversaire m’angoisse… J’imagine déjà ma carte dans les années à venir :
Alex Barandon artiste raté

Oui, je redoute cet anniversaire. J’ai même commencé à écrire une chanson pour me préparer…

Ils veulent tous que j’expire En silence mes années Mon enfance mes souvenirs Mais moi j’veux pas souffler Éloignez ce dessert Qui arrive comme un phare Y a vraiment trop de lumières Où sont mes lunettes noires
Refrain
Ce soir mon compte est bon Au milieu des bravos Quarante petits bâtons Fondent sur le gâteau
Ils veulent tous que j’expire En silence mes années Mes folies mes délires Mais moi j’veux pas souffler Je vois ma vie à l’envers Et voilà le bilan Des rêves et des chimères Des rêves et puis du vent
Refrain
Ce soir mon compte est bon Au milieu des bravos Quarante petits bâtons Fondent sur le gâteau
Je ne devrais pas penser à tout ça… Au moins, dans trois mois, j’aurai terminé ce contrat qui me mine.

Et je continue à trouver des anecdotes, à raconter des histoires à cette fille qui m’écoute de ses yeux noirs et malins. Elle est vraiment très belle dans cette robe d’été lacée dans le dos. J’aime son rire en deux temps qui reste dans les graves et tout d’un coup s’échappe vers les aigus. Comme un début de mélodie… J’ai envie de la prendre dans mes bras, de l’embrasser doucement dans le cou, juste sous l’oreille, je suis sûr qu’il reste un peu de sable collé sur sa peau…
– Tu sais, je ne vais pas tarder…
– Déjà !
– Je n’ai pas beaucoup dormi dans l’avion…
– Tu as un numéro de téléphone ici ?
– Oui, tiens, voilà la carte de mon hôtel… Je pars demain à la campagne mais je serai là lundi…
– OK, je t’appelle lundi, sans faute. Ciao…
Pourquoi est-elle partie si vite ? J’avais encore tellement de choses à lui dire. Tout, rien, n’importe quoi. Lui parler, simplement. Observer ses yeux dans les miens. Son sourire malin, légèrement moqueur. Cette mèche qui s’obstine à tomber son visage et qu’elle rejette en arrière… Et il faut que j’attende lundi pour la revoir ! Je vais prendre un verre ou deux avant de partir, je n’ai pas la force de me retrouver seul chez moi…

Pourquoi cette porte ne s’ouvre-t-elle pas ! Ils n’ont quand même pas changé le code pendant la nuit ! Allez, je recommence encore une fois. J’ai vraiment trop bu après le départ de Natalia, je ne pouvais plus m’arrêter… Heureusement, voilà quelqu’un…
Ah oui évidemment, en tapant mon numéro de portable…
Me voilà enfin chez moi. Si seulement je pouvais l’appeler juste pour entendre sa voix… Non, c’est impossible, elle m’a dit qu’elle était fatiguée. C’est tellement mystérieux : au début de la soirée, j’étais complètement déprimé. Je ne parvenais même pas à envisager les semaines à venir. Et depuis deux heures, toutes mes perceptions sont modifiées. Je navigue dans une nouvelle dimension. Toute mon énergie est là, prête à revenir à nouveau. J’ai vraiment envie de lui parler, je ne peux pas attendre…
Et si je lui écrivais ? Mais oui, pourquoi pas ? La lettre partira à la première levée, et je l’appellerai lundi dès son retour.
Mon stylo avance tout seul sur le papier, sans effort. Comme si elle était là, près de moi, dans cette pièce sombre et enfumée… Trois pages déjà, il faut que je m’arrête, je vais l’ennuyer. Non !, mon verre de Whisky vient de se renverser sur la lettre ! Il faut que je recommence tout…
C’est terminé maintenant, je peux descendre. Mais où sont passées mes clés? Et la lettre maintenant… Quel désordre ! Ah, là voilà, juste devant moi.
Ces quelques pages sont enfin parties. Je me sens mieux, je vais pouvoir rentrer et dormir dix heures de suite, je titube d’alcool et de fatigue.
Oh, le téléphone…
– Oui… allô… non c’est une erreur…
Quelle heure est-il ? Quatre heures… Je suis épuisé. Tiens, voilà la lettre qui a absorbé mon whisky. Tout me revient maintenant. Dans mes rêves, j’étais si loin de Natalia et de ses yeux sombres… J’avais rétréci et courais partout dans Disneyland sans pouvoir m’enfuir. Tandis que Mickey, Donald et les Aristochats, qui s’étaient réconciliés, essayaient de m’attraper pour me jeter dans la foule. Quel cauchemar ! Je vais relire cette lettre et me rendormir tranquillement…

Ce n’est pas possible ! Comment ai-je pu écrire une telle lettre ? Je lui raconte que je suis complètement dépressif et que je n’ai plus la force de c

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