Quel ennui !
144 pages
Français

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Quel ennui ! , livre ebook

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Description

Cet essai décline toutes les variations possibles sur le thème de l'ennui, témoignant avec humour du côté ludique de la philosophie moderne. Laissez-vous prendre aux mille facettes de ce jeu de Lettres qui vous enseignera qu'un propos sur l'ennui n'est pas dénué de divertissement ni de poésie !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2007
Nombre de lectures 51
EAN13 9782296916685
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Quel ennui !
Collection Lettres du Pacifique
– n°8 –


© L’H ARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-04281-0
EAN : 9782296042810

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Quel ennui !

Essai philosophique et littéraire


Préface de Véronique Beucler
Lettres du Pacifique
Collection dirigée par Hélène Colombani,
Conservateur en chef des bibliothèques (AENSB), Chargée de Mission pour le Livre en Nouvelle-Calédonie. adresse : helsav@mls.nc
Cette collection a pour objet de publier ou rééditer des textes littéraires (romans, nouvelles, essais, théâtre ou poésie), d’auteurs contemporains ou classiques du Pacifique francophone, ainsi que des études sur les littératures modernes, les traditions orales océaniennes (mythologies, contes et chants), et les sciences humaines.

Ouvrages déjà parus dans la collection :

1 - Les Terres de la demi-lune, nouvelles par Hélène Savoie, 2005.
2 - L’Ile Monde, nouvelles par Dany Dalmayrac, 2005.
3 - Mystérieuses civilisations du Pacifique, essai par Christian Navis, 2006.
4 - Du rocher à la voile, récits contes et nouvelles par 14 auteurs du Cercle des Auteurs du Pacifique, 2006.
5 - Les Montagnes du Pacifique, roman par Dominique Cadilhac, 2006 ;
6 - Coup de soleil sur le Caillou, nouvelles, par Joël Paul, 2006.
7 - Colons, créoles et coolies, essai sur l’immigration réunionnaise en Nelle-Calédonie (XIXe siècle) et le tayo de St Louis, par Karin Speedy (Université, Australie) 2007.
Pour leur soutien et/ou leur participation, je tiens à remercier Véronique Beucler, Hélène Colombani et François Jay.
Tous mes remerciements aussi à Bruno, Jean-François, Laetitia, Marijo et Paul.
Précédentes publications de l’auteur :

« Le miroir et le monde à travers l’œuvre de BORGES » , dans Paul JAY, Les conserves de Nicéphore, Société des amis du Musée Niepce, 1992, Chalon sur Saône.
« Les jeunes, leurs attentes professionnelles et l’engagement dans les Armées » en 1999 puis « Les femmes militaires. Aspects sociologiques » en 2000, in DFP, Ministère de la Défense, Paris.
« Les mémoires du Papi », Nantua, 2001, retrace l’histoire d’un ancien bûcheron, émigré italien en France dans les années 1930. Publié par la famille CARMINATI.
« Carnet de départ » , mai 2006 puis « Insularité et utopie » , décembre 2006, in revue Correspondances Océaniennes , Nouméa.

Suite à un travail photographique entrepris en 2003 et ayant donné lieu à une exposition à la CCI de Montpellier (juillet 2004), plusieurs clichés de l’auteur ont été publiés dans la revue Mouvements : n°31, janv-fév 2004, n°35, sept-oct 2004 et n°36, nov-déc 2004, Paris, La Découverte.
L’auteur a également assuré la conception et rédaction d’un site internet sur les vitraux du Languedoc-Roussillon, diffusé à l’adresse suivante
http://vitrauxdusud.free.fr
Préface
Un livre sur l’ennui ? Quelle chance ! Que de souvenirs ranimés, de pièces revisitées…
Peut-être est-ce le propre de l’enfance de s’ennuyer beaucoup. En tout cas l’âge adulte l’a chassé de ma vie, sauf, soyons franche, lorsque je suis condamnée à des dîners interminables et que renaissent mes impatiences d’enfant, les pieds s’agitent sous la table, les doigts émiettent le pain ou façonnent des boulettes… Mais ce livre vous expliquera que le désintérêt n’est pas l’ennui…
Mortelles journées qui s’étirent en longueur, les « cours »… – qui a dit que ce mot signifie « ce qui coule » comme un fleuve ?… un amnésique ou un dispensé, quelqu’un qui n’a jamais été élève – on devrait plus justement dire les étangs de physique, le lac de géographie, la « marre » de latin – grâces soient rendues à ce livre qui nous en apprend l’étymologie -. On joue avec sa montre, on s’invente des trucs pour que le temps redevienne fluide ; pour le faire passer , j’y mettais la bonne volonté d’un tamis, je l’y enfournais, l’y pressais, mais au lieu de suivre l’exemple du jus de framboises qui traverse le chinois, s’écrase en larges gouttes pour se transformer en gelée ou en glace, ce temps épaissi se tassait, refusait de passer. Occlusion interminable.
Pénibles messes où l’on n’a rien à faire sinon scruter le visage des femmes. Que se produisait-il pour qu’elles aient l’air confites ? Ma grand-mère tombait dans ces plongeons mystiques, sur le banc, à côté de nous à l’église ; heureusement elle en sortait sans souffrance, reprenait son air à elle, quand on lui donnait un coup de coude, juste pour voir si elle le sentait, nous souriait, ou nous donnait les pièces de cinq francs qu’elle gardait pour la quête. Nous tenions bon en pensant au marchand de couleurs chez qui elle nous achèterait un filet de balles en mousse et de billes – pretium doloris , « des petits sages comme des images, ils méritent un cadeau ! », nous approuvions largement – puis nous passions chez le boulanger pour la sainte « surprise », cornet géant, bleu pour les filles, roses pour les garçons, bourré de papier journal, garni de deux maigres caramels et d’une cochonnerie verte, ou jaune ; nous le savions, mais rien n’altérait le plaisir de l’ouvrir, de retirer les montagnes de papier, de repêcher les minuscules bonbons et de faire semblant de s’intéresser au stupide moulin à vent, à l’imbécile trompette que le chien déchiquetterait d’un coup de dent.
Corvées des dimanches, rien à faire, rien à prélever, rien à décortiquer… on erre comme une âme en peine… « je m’ennuie »… On soupire, conscient de l’irritation que déclenche cette petite phrase de rien. On vous envoie promener : Ouste ! On chasse l’insecte qui se cogne aux lampes, aux vitres, « Va jouer dehors… » comme si l’amusement s’improvisait, à cinq ans, six ans, quand les journées bâillent, trop longues, deux tailles au-dessus de la vôtre. Ma tante possédait un répertoire de formules, « Je m’ennuie tatie », « Gratte-toi la cuisse avec un morceau de verre, quand ça saignera tu t’arrêteras ». Stupeur ! Ma tante serait-elle une sorcière déguisée en jolie dame rieuse ? Plus tard, j’hériterais d’une expression de ma grand-mère qui m’enchanterait : « le temps me dure ». Merveille de ce temps qu’elle endurait loin de moi.
Madame Lavollée était mon professeur d’histoire géographie en 5°, année de collection où elle nous conduisit au musée du costume – Carnavalet -; voir les tapisseries de la Dame à la Licorne – Hôtel de Cluny – je n’ai pas oublié ; écouter Turangalîla d’Olivier Messiaen – théâtre des Champs Elysées… Ennuis mémorables ! J’écarquillais les yeux pour mieux voir les adultes s’extasier devant des vieilleries velues, rafistolées, ou des sons à vous faire dresser les petits poils de vos bras…
Une supplique me revient, qui a scandé mon enfance : pourvu que je ne me mette pas à aimer la béchamel, le scrabble, les glaïeuls, la messe, la ferveur, ceux que je n’appelais pas encore les cons – mais qui le sont restés, ouf ! –, les choux de Bruxelles, le loto... c’est-à-dire ce qui n’en finit pas, le poisseux, le répétitif, le prévisible, le couru d’avance… Pourvu que je continue à adorer les surgissements, les fèves crues, la glace à la groseille, la marelle, les pivoines, l’odeur de la pluie, planter, semer, voir éclore…
Peut-être que l’ennui de l’enfance est la clef de la pièce intérieure, donnée très tôt pour nous connaître. Et que si nous acceptons d’entrer dans ses dédales, de nous y perdre un peu, nous saurons, pour toute la vie, exactement qui nous sommes. Ce livre nous en dessine le chemin, en trace les détours, les redans, pour notre plus grand plaisir.


Véronique Beucler {1}
à oncle Jean-Paul


à l’enfance de mes enfants
Prologue
« J’ai 44 ans, je suis modérément gros, n’ai pas de problème de santé et b

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