Rue Liancourt
187 pages
Français

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Rue Liancourt , livre ebook

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Description

Enfant abandonné, né dans une montagne - les Cévennes- dont il ignore tout, Jean n'a pas appris à aimer les gens. IL n'aime personne en effet, pas même le couple Bortin, qui l'a accueilli, et qu'iul fuit un jour sur un coup de tête. Cett efugue va décider de son adolescence, et elle le livrera à la vie active dans une solitude qu'il défendra âprement. Et puis, vint le grand espoir avec l'amour de Mathilde, jeune fille riche et capricieuse...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 20
EAN13 9782296470866
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RUE LIANCOURT
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55300-2
EAN : 9782296553002

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
PAUL FABRE


RUE LIANCOURT


roman


L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR
La Fara-Alès. Las Castanhadas (tròces causits), Montpellier, Université Paul-Valéry, Centre d’études occitanes, 1970.
L’Affluence hydronymique de la rive droite du Rhône. Essai de micro-hydronymie, Montpellier, Université Paul-Valéry, Centre d’études occitanes, 1980.
Noms de lieux du Languedoc, Paris, Bonneton, 1995.
Les Noms de personnes en France , Paris, Presses universitaires de France, collection « Que sais-je ? », 1998.
Au Sens large , Paris, L’Harmattan, 1999.
Dictionnaire des noms de lieux des Cévennes , Paris, Bonneton, 2000.
Diagonalement vôtre, Montpellier, Amicale des Diagonalistes de France, 2001.
Expressions du cyclisme, Paris, Bonneton, 2004 (préface de Jean Bobet, dessins de Ségolène de La Gorce).
Le Pays de là-haut, Saint-Jean-de-Valériscle, GabriAndre, 2005.
Petit Dictionnaire de la littérature occitane du Moyen Âge, Montpellier, Université Paul-Valéry, Centre d’études occitanes, 2006.
Le Grand Ruisseau, Clermont-Ferrand, Editions de l’Écir, 2008
Rue Daguerre, Paris, L’Harmattan, 2010.
Anthologie des troubadours, Orléans, Paradigme, 2010.
Le Monastère de Peyrefort, Paris, L’Harmattan, 2011.

Chez l’auteur :
Mes Vélos…, Alès, 1987 (préface de Jean Bobet, dessin de couverture de Jacques Faizant).
Saint Eddius, priez pour nous …, Alès, 1989 (préface de Raymond Poulidor, dessin de couverture de Jacques Faizant).
Du haut des cieux…, Alès, 1990 (préface d’Yves Berger, dessin de couverture de Jacques Faizant).
Chemin à trois voix , Alès, 1997 (dessin de couverture de Henri Tamiatto).
Pour Colette et Jean,
Jacqueline et Michel,
Élisabeth, Marie-Claire,
Josy, Annie et Jean-Louis,
Pierre et Janine ...
« Je suis ravi de ton ardeur à vivre. Je pense qu’on doit aimer la vie par-dessus tout.

- Aimer la vie, plutôt que le sens de la vie ?

- Certainement. L’aimer avant de raisonner, sans logique, comme tu dis ; alors seulement on en comprendra le sens. »

D OSTOÏEVSKI, Les Frères Karamazov, II, v, 3.

*

« Les vagues se mettraient-elles à réfléchir, elles croiraient qu’elles avancent, qu’elles ont un but, qu’elles progressent, qu’elles travaillent pour le bien de la Mer, et elles ne manqueraient pas d’élaborer une philosophie aussi niaise que leur zèle. »

C IORAN, Ecartèlement, « Ebauches de vertiges », 3.
1 NI PÈRE NI MÈRE
Je suis né il y a longtemps dans un hameau perdu des Cévennes, là-haut dans la montagne. C’est du moins ce que l’on m’a toujours dit, et c’est ce que dit encore aujourd’hui ma carte d’identité. Ce que je sais de moi, de mes origines et de ma toute première enfance, ce sont les autres qui me l’ont appris ; les autres, c’est-à-dire l’administration, mes éducateurs, ma famille d’accueil. Malgré tout, je n’en sais quand même pas grand-chose.
Je n’ai aucun souvenir de mon hameau des Cévennes, il s’appelait Coste-Peyrouse. Il devait y faire chaud en été et froid en hiver. Il faudra que j’y retourne un jour, comme ça, pour voir. J’en ai assez, en effet, de ne rien connaître des lieux où j’ai appris à marcher. Mon ami Pierre – enfin, disons Pierre, Pierre tout court, car il n’est pas tout à fait mon ami –, Pierre donc me disait toujours que ça n’avait pas d’importance. Mais il a eu, lui, une famille et une enfance, à Bagneux, où ses parents habitaient encore il y a quelques années. Les gens ne se rendent jamais compte que ce qu’ils ont… ne leur manque pas ! On ne se met jamais vraiment à la place des autres. Pour comprendre ces choses-là, il faut avoir beaucoup vécu. Ou beaucoup souffert…
Moi, en tout cas, je comprends très bien tout ça. Il faut dire que j’en ai drôlement bavé. J’ai été d’abord un peu oublié par la vie, mais quand ensuite elle s’est mise à penser à moi, par hasard sans doute, elle m’a envoyé en pension, puis chez M. et Mme Bortin, puis encore dans une autre pension, une satanée boutique… Je ne suis sorti de là que pour aller faire mon service militaire, que finalement je n’ai pas fait : une histoire de colonne vertébrale qui n’était pas à la maille, et on m’a exempté. Bref, on m’a ballotté ici et là, et ailleurs encore.
Mon père ou la personne qu’il convient d’appeler de ce nom – « la génétique, ça existe », me disait Pierre –, mon père donc n’est guère pour moi, et depuis toujours, qu’un inconnu en état de fuite. Etait-il grand ? Etait-il beau ? Je n’en sais fichtre rien. Il y a des jours où je m’en fiche, d’autres jours où ça m’ennuie. Mais qu’y faire ? Et puis, c’est vrai, on n’a pas toujours les mêmes idées, les mêmes sentiments. Quand même, j’aurais bien aimé connaître mon père, ne serait-ce que pour lui dire ce que je pensais de lui. Mais bon, mon opinion, il devait s’en foutre un peu ! Sans quoi il ne serait pas parti, pour toujours…
Bref, de ma vie, je n’ai jamais dit « papa ». Attention ! Je ne parle pas là de sentiment à la noix, guimauve comprise, je parle simplement de relation naturelle. Mon père, en effet, n’est même pas un prénom. Un nom, pas davantage, il n’a pas voulu me faire ce premier cadeau. Le nom que je porte n’est qu’une simple commodité, une étiquette, comme sur les pots de confiture : « abricot », « cerise », « figue », pour qu’on ne confonde pas. Mon nom ne sert qu’à me nommer. Il n’est porteur d’aucune histoire, il ne traîne avec lui aucun visage, aucun souvenir, aucune image, rien. On aurait pu m’appeler Médor, c’était tout comme…
Quant à ma mère alors… « Tout le monde a une mère, Monsieur ! Une mère, c’est sacré ! » Oh la, j’en ai entendu de belles, là-dessus ! Eh bien non, moi, je n’ai pas eu plus de mère que de père. Je suis un fruit du hasard abandonné tout au fond d’un panier, comme Moïse ! Je suis, comme me disait Pierre qui s’est toujours cru spirituel, un EPNI : un enfant perdu non identifié ! Il était un peu couillon Pierre, quand même…
Quelquefois, à la banque, j’entendais des collègues parler de leur mère. Certains n’en parlaient que lors de la fête des mères, justement ; mais d’autres, non, ils en parlaient assez souvent. Ils disaient même « maman ». Moi, ça m’étonnait toujours d’entendre dire « maman », surtout venant de grandes personnes. Ce n’est pas moi, en tout cas, qui aurais pu employer un mot pareil ! Même à Mme Bortin, je ne le disais pas. Je lui disais « vous », sans rien mettre devant ni derrière, même qu’elle m’en voulait. Alors là, oui, elle m’en voulait ! Je n’étais pas poli pour un sou. Affectueux, n’en parlons pas ! Elle se plaignait toujours, mais moi je n’y arrivais pas ; ça ne passait pas, comme on dit. Pourtant, Mme Bortin, elle faisait tout son possible pour être ma mère ; elle n’avait pas d’enfant, elle aurait aimé ça. Et je dois lui avoir fait de la peine, c’est sûr. Mais la vie aussi, elle m’a fait de la peine, non ? Alors…
Je disais donc qu’à la banque, ils parlaient de leur mère. Certains vantaient sa beauté, d’autres sa générosité, d’autres sa gentillesse. Et leur femme, pareil ! Et je me demandais alors pourquoi ceux qui étaient mariés disaient que leur femme ne s’entendait pas avec leur mère. Moi, tout ça m’échappait un peu et même un peu beaucoup. Même que Pierre me répétait sans cesse que j’avais bien de la chance de n’avoir jamais eu de mère et de n’avoir pas encore de femme. « Comme ça, elles te fichent la paix toutes les deux ! Ce n’est pas comme moi, ajoutait-il, qui fais de la peine à ma mère chaque fois que je fais plaisir à ma femme, et vice-versa ! » Et il concluait en disant que les femmes, c’était toujours comme ça, qu’il n’y avait rien à y faire et encore moins à y comprendre quelque chose. Bref, tout ça, &

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