SPIRITES DE TELDE
262 pages
Français

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SPIRITES DE TELDE , livre ebook

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262 pages
Français

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Description

Dans la nuit du 28 avril 1930, une jeune fille est assassinée par sa propre famille durant une séance de spiritisme. Un événement terrible, dans une atmosphère de mystère et d'énigme d'une mort qui fut probablement acceptée par la victime elle-même. Ce roman excitant, écrit comme une chronique, apporte une version magique de la réalité, une métaphore de l'existence humaine.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 72
EAN13 9782296710467
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Spirites de Telde
« Lettres canariennes » vient de voir le jour aux Éditions L’Harmattan. La création de cette nouvelle collection dirigée par Marie-Claire Durand Guiziou propose, dans un premier temps, la publication en version française de romans canariens. Elle devrait réjouir les lecteurs francophones dont l’engouement pour les lettres hispaniques est bien connu. Émergeant de l’espace ouvert de l’Atlantique, les meilleurs auteurs canariens prendront place dans cette nouvelle collection dont les deux premiers titres sont Les Spirites de Telde de Luis León Barreto et Mon héritage , Alma mon amour de Sabas Martin.


© L’H ARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13219-1
EAN : 978229613219-1

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
León Barreto


Les Spirites de Telde


Roman


Traduit de l’espagnol
par Marie-Claire Durand et Jean-Marie Florès


L’H ARMATTAN
Prologue des traducteurs
L es Spirites de Telde (1981) roman de l’écrivain-joumaliste canarien Luis León Barreto, nous entraîne dans le labyrinthe des personnages qui constituent la dynastie des Van der Walle. À partir d’un crime rituel commis le 28 avril 1930, un fait réel que la fiction emprunte pour le recréer, le narrateur nous fait remonter le fil de l’histoire de cette famille flamande du XVI e au XX e siècle. Le patriarche, Peter Van der Walle, un usurier juif originaire de la ville de Bruges, (nous sommes dans les Flandres espagnoles de Charles 1 er d’Espagne-Charles Quint) est accusé de détournement de fonds : il doit fuir sur le champ les Pays Bas. Son premier souci sera de changer de nom. Laissant la dépouille patronymique de Van der Walle, il emprunte une identité plus discrète, Vanderst. Fort de ses trente ans, Pieter parvient à se dissimuler entre les ballots de marchandises dans la cale d’un cargo en partance pour l’Espagne et débarque à Séville. Là encore, son nom va subir un subtil maquillage qui répond aux consonances de la langue espagnole : Pedro Vandale. Notre protagoniste a vite fait de trouver épouse, María Vargas, dans les bas quartiers de Séville et entreprend un dernier voyage maritime qui le mènera à la Grande Canarie et tout particulièrement à Telde, une enclave fertile entre les montagnes et la mer. C’est là que s’inscrit le destin de la saga des Van der Walle ; c’est là aussi qu’il prendra fin à la suite du crime abominable perpétré par des forces occultes au sein d’une famille en pleine décadence physique, financière et morale, dans un espace insulaire propice, creuset d’influences multiples où la sorcellerie joue un rôle majeur.

***

Parallèlement, l’auteur introduit deux personnages qui nous ramènent à l’époque où le roman fut écrit, les années 70. Enrique López, un journaliste madrilène, venu enquêter sur le crime commis quarante ans auparavant, et Raquel, la jeune Canarienne rencontrée in situ , compagne des quelques instants partagés durant le séjour du chroniqueur dans l’île de la Grande Canarie. Celle à qui Enrique dira sur le ton de la plaisanterie « tu es une sorcière » est un personnage pivot qui permet de faire le lien entre le passé et le présent autour des pratiques occultes et des rituels magiques connus dans l’archipel depuis les temps immémoriaux.
L’histoire du passé de la famille et du crime perpétré contre la jeune Ariadna Van der Walle se mélange à la légende. Dans sa recherche de la vérité, le journaliste se perd dans le labyrinthe des chemins, ruelles, venelles de la vieille ville, croisements, virages, dénivellations. Il est dérouté aussi par la diversité des témoignages recueillis, chacun lui offrant sa propre version. Même Raquel, Canarienne de souche, censée apporter un éclairage aux recherches de son ami, se complaira à rappeler les croyances ancestrales, mêlant dans un même discours traditions et superstitions. Impénétrable, ensorcelante, elle disparaîtra – tel un mirage – aussi mystérieusement qu’elle était apparue.
Telde, aujourd’hui ville moderne de 100000 habitants, fut jadis la ville des Faycanes – grands prêtres guanches – avant l’arrivée des Espagnols sur l’île (au XV e s.). L’Histoire rapporte qu’elle fut aussi, par bulle papale, le premier centre épiscopal de la région.
De sorte que la culture de la magie, de l’ésotérisme est relayée par le passé des îles, mélange évident du sacré et du profane, tout particulièrement dans cette ville de Tamarán (nom indigène de la Grande Canarie), où le spiritisme était connu de tous. Fanatisme, marginalité et ignorance amenderont le terrain qui va féconder la semence de superstitions, dans un espace à la fois ouvert sur l’océan et replié sur lui-même.

***

Dans le roman, deux toponymes balisent le début et la fin du parcours du patriarche Pieter Van der Walle : ce sont deux villes-sorcières. La ville de départ, Bruges qui, en espagnol, associe fatalement le toponyme de Bruges/Brujas à son homonyme, le nom commun (au pluriel) « brujas » précisément « sorcières », et Telde, où s’établit la dynastie Van der Walle, une ville canarienne historiquement considérée comme la ville des sorcières {1} .
En contrepoint, Telde sera aussi comparée à Jérusalem. Le descriptif qui mettra l’accent sur la présence de très nombreux palmiers, des collines, de la croix sur la colline, contribuera à rapprocher la ville des sorcières, (mais aussi première place épiscopale de l’île), de la ville sainte. Le nom de Jérusalem est d’ailleurs explicitement nommé. Le thème du sacré et du profane se vérifie ainsi dans le rapprochement des deux toponymes Telde /Jérusalem et nous est suggéré sur le plan anthroponymique par les initiales J.C. (allusion à Jésus-Christ ?) lorsque des couples antagoniques comme Juan Camacho/Juana Candela, Juan Camacho/Josefa Calderín entrent en scène. Dès lors, une isotopie textuelle en rapport avec les pratiques occultes et les rites chrétiens est consolidée dans l’association des contraires : lumières/ténèbres, noir/blanc, jour/nuit, bien/mal, bon/mauvais, vierge/impur, fertile/stérile (ces derniers qualificatifs faisant allusion tant à la propriété terrienne de La Vega, qu’aux femmes de la dynastie Van der Walle).

***

L’ancien usurier juif, Pieter Van der Walle, avait su fonder un empire agricole et commercial, La Vega, à partir de l’exploitation de la canne à sucre, grâce à la clémence du climat et à la fertilité de cette île volcanique. Nous sommes ici dans « l’espace heureux » en correspondance avec le nom « d’Îles Fortunées » ou « Jardin des Hespérides » que recevaient les Canaries depuis l’Antiquité.
Mais, au cours des siècles, la dynastie des Van der Walle passe de la prospérité à la régression. L’espace est maudit. Des générations de Van der Walle, Vanderst, Vandale et autres ont souillé leur sang par des mariages endogamiques, le vice, la débauche des hommes, l’ignorance et la fragilité mentale des femmes… de sorte que les derniers Van der Walle (nous sommes au XX e siècle) finiront par s’accrocher au pouvoir de la magie et de l’illumination dans l’espoir d’une délivrance. Pratiques occultes, exorcisme, obscurantisme, sortilèges, maléfices, conjurations, incantations, prières, rituels, croyances païennes, chrétiennes et préhispaniques avec des accents afro-cubains rapportés de l’île caribéenne par l’un des personnages, Juan Camacho, « le Cubain », vont se multiplier.
Le mal, sous ses différentes formes, a pris place indéfectiblement dans le sang des derniers Van der Walle. Encouragées par la mère, Josefa Calderin, qui voit son fils Jacinto dépérir, les sœurs Francisca, Cristina, María del Pino redoubleront d’efforts dans leurs pratiques quotidiennes de jeûne et de prières sous la direction d’un Juan Camacho qui saura tirer parti de la situation en imposant ses propres rituels dans le microcosme d’une famille en pleine dégénérescence. Seule Ariadna, cette Ariane au nom prémonitoire, tentera d’opposer une certaine résistance à ces rituels qui la troublent profondément et l’égarent. En vain.
La propriété de La Vega, jadis si florissante, ouverte à

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