Tam-Tam Sénégal
222 pages
Français

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Tam-Tam Sénégal , livre ebook

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222 pages
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Description

En s'impliquant éperdument dans le dispensaire de son village sénégalais, Anne se jette à corps perdu dans une aventure dont elle ne sortira pas indemne. Dans son engagement humanitaire, désintéressée jusqu'à l'aveuglement, elle ne se doute pas des embûches qu'elle devra surmonter. Séduite, fascinée par la culture sénégalaise, son coeur balancera à tout jamais entre les deux continents. Anne trouvera-t-elle sa place et la sérénité dans son pays d'adoption ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2005
Nombre de lectures 239
EAN13 9782336270593
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tam-Tam Sénégal

Nadine Prudhomme
© L’Harmattan, 2005
9782747583473
EAN : 9782747583473
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace CHAPITRE PREMIER CHAPITRE II CHAPITRE III CHAPITRE IV CHAPITRE V CHAPITRE VI CHAPITRE VII CHAPITRE VIII CHAPITRE IX CHAPITRE X CHAPITRE XI CHAPITRE XII CHAPITRE XIII CHAPITRE XIV CHAPITRE XV CHAPITRE XVI CHAPITRE XVII CHAPITRE XVIII CHAPITRE XIX CHAPITRE XX CHAPITRE XXI CHAPITRE XXII CHAPITRE XXIII CHAPITRE XXIV CHAPITRE XXV CHAPITRE XXVI CHAPITRE XXVII CHAPITRE XXVIII Ecrire l’Afrique et récits de vie à l’Harmattan
JE T’ AI RENCONTRE PAR HASARD ICI, AILLEURS OU AUTRE PART IL SE PEUT QUE TU T’EN SOUVIENNES SANS SE CONNAITRE, ON S’EST AIME ET MEME SI CE N’EST PAS VRAI IL FAUT CROIRE A L’HTSTOIRE ANCIENNE
FRANCIS CLAUDE
Ce récit est une fiction inspirée de faits réels. Aussi, je remercie B.S. de m’avoir confié sa douloureuse histoire personnelle, afin de l’imbriquer dans la mienne, notre passion commune étant le continent africain.
A Gérard mon mari, compagnon des bons et des mauvais moments depuis plus de trente ans, A mes enfants, les lumières de ma vie, Aux co-locataires du palier, elles se reconnaîtront, A toutes les femmes et les hommes de bonne volonté qu’ils soient d’ici et d’ailleurs.
CHAPITRE PREMIER
Dans ses mains tavelées de taches brunes, déformées par les rhumatismes et la vieillesse que démentait un regard pétillant, Anna tient l’enveloppe marron sale, estampillée urgent : à gauche le sillage vert d’un avion, à droite le timbre violet d’une femme portant un mouchoir de tête.
Son cœur bat à tout rompre. Elle sait la provenance de ce courrier. L’Afrique revient de plein fouet vers elle, une passion de plus de quarante ans pour ce continent qu’elle n’avait jamais fini de comprendre, d’explorer et d’aimer, de rejeter parfois.
Elle prend le temps d’ouvrir soigneusement cette lettre comme pour reculer l’annonce d’une mauvaise nouvelle. Au fond d’elle-même, elle sait que ce courrier va la bouleverser. Sur une feuille d’écolier pliée en quatre elle lit : Anne, j’espère que tu vas bien ainsi que toute ta famille. Je sais qu’elle va être ta peine. Demba m’avait dit de te prévenir le jour où Allah le rappellerait à lui. Voilà c’est fait. Il s’est éteint, entouré des siens, presque aveugle. Il parlait souvent de toi. J’ai retrouvé des photos, des articles de journaux, des courriers. Tout était parfaitement rangé.
Votre amitié a été forte. Tu dois maintenant être très âgée. Moi aussi. Quatre ans que tu n’es pas revenue au pays mais sache que tu fais toujours partie de la famille, que nous avons tous ta nostalgie. Mamadou.
Le sang se retire de ses veines. Elle est là, assise, incapable de réagir. Tel un alpiniste, elle a l’impression de dévisser dans l’escalade de ses sentiments, d’être entraînée dans une chute qui ne s’arrêtera jamais. Comment une telle douleur, une telle violence pouvaient resurgir après tant d’années avec une telle acuité qu’elle en était anéantie ?
Pierre, son mari, était parti brutalement, voilà deux ans. Ils s’étaient adorés. Depuis, elle ne faisait que survivre. Elle n’aspirait qu’à rejoindre celui avec lequel elle avait partagé toutes ces années communes. Elle attendait sans appréhension la fin d’une vie bien remplie, qu’elle aimait à qualifier hors du commun.
Rien de routinier. Ce fut certainement leur force, leur moteur. Pierre, le fidèle, le tendre, le doux, le rêveur ! Comme son absence lui pesait et que dire de cet amour qu’il lui rappelait plus en plus souvent au fur et à mesure qu’ils vieillissaient? Le bout du chemin s’annonce si proche. On se met à savourer la voix, la silhouette, les manies de l’un et de l’autre, le quotidien que l’on sent s’échapper.
Et Claire qui doit venir déjeuner !
Elle relit cette lettre, les larmes coulent sur son visage aux rides prononcées. Pourtant Anne s’applique à n’y voir que l’éclat de ses yeux verts. Demba était parti. Elle avait pensé atteindre les limites du désespoir à la mort de Pierre. Elle s’aperçoit qu’elle n’a pas touché le fond du gouffre. Il n’avait pas été seulement l’ami de tous, son ami. Ils avaient partagé un très lourd secret. Elle avait aimé cet homme avec déraison à un moment de sa vie. La cicatrice qu’elle pensait bien renfermée se rouvrait après toutes ces années. Elle ne pouvait pas dire : ils s’étaient aimés. Il y avait eu tant d’ambiguïté de la part de Demba, que ce fut l’interrogation de toute la vie d’Anne, sa souffrance, son regret. Elle avait toujours été fidèle. Ce fut le seul mensonge envers Pierre. Elle ne se le pardonnera jamais.
Ils s’étaient connus par hasard, dans son pays lors d’un voyage dit d’études, payé par un laboratoire pharmaceutique. Pierre et Anne avaient tout de suite pressenti que l’hôtel quatre étoiles dans lequel ils résidaient ne reflétait pas les conditions de vie du pays. Demba, rencontré par hasard, leur fit découvrir la brousse, aimer son village, habité par des pêcheurs lébous. Seul, un complexe hôtelier annonçait les prémices du tourisme. Il leur présenta Ass, l’infirmier du dispensaire. Cet homme tellement démuni, venant de prendre ses fonctions, émut Anne. Une pièce sombre de dix mètres carrés, sans eau ni électricité. Pas de matériel. Dans un plateau, baignaient dans un liquide glauque quelques seringues usagées, des aiguilles émoussées. Pas même une paire de ciseaux convenable pour couper le cordon ombilical, pas de gants, aucun médicament. Sa seule richesse : la bonne volonté et l’envie, malgré tout, d’y croire. De ce jour, elle décida de l’aider. Ce fut le début d’une amitié qui durait encore et les prémices de l’engagement d’Anne.
Elle avait promis d’écrire à Demba. Elle le fit. Pendant plusieurs années, ils se racontèrent leurs vies respectives, leurs joies, leurs peines. Ils avaient fini par tout savoir l’un de l’autre à distance.
Anne était fascinée par Afrique et s’était jurée d’y revenir. Demba lui disait sa nostalgie de la revoir mais sachant l’expression tellement usitée, elle n’y avait attaché aucune importance, sinon celle que l’on donne à l’amitié.
Un jour de septembre, elle entra dans une agence de voyages, réserva quatre billets sans en parler à personne. Le soir, chacun trouva dans son assiette un “passeport” pour le Sénégal. Ils la regardaient tous incrédules. C’était aussi cela Anne. Rendre possible l’impossible ce qui parfois irritait son entourage. En l’occurrence, son projet rencontra l’unanimité. Pierre se posa la question du financement.
- Les économies sont faites pour être dépensées. C’est tout de même un merveilleux projet en commun ! Les enfants partiront bientôt de la maison. Faisons quelque chose d’exceptionnel qui reste gravé dans nos mémoires. Pierre lui sourit. Elle sut qu’il était heureux. Ils passèrent leur soirée à tirer des plans sur la comète. Tous allaient compter les quatre mois qui les séparaient du bonheur.
Ils atterrirent à Dakar sous un soleil de plomb. Bizarrement, Anne et Demba se retrouvèrent naturellement comme si la veille ils s’étaient quittés. Huit ans s’étaient pourtant écoulés ! !
Tous les quatre avaient découvert en taxi-brousse, Saint-Louis, la belle endormie, étaient redescendus vers M’Bour puis dans les îles du Siné-Saloum.
Ils avaient appréhendé de trop loin encore, la misère, les problèmes économiques du pays à travers les discussions passionnantes et les échanges si faciles. Tout était propice à palabrer. Ils mesuraient la différence intolérable des pays pauvres et riches, l’insalubrité dans laquelle vivaient beaucoup de Sénégalais, les difficultés d’accès à l’éducation et à la santé. Il était impensable que d’un côté, il y ait profusion, voire gaspillage et de l’autre, on arrive à tendre la main. Mais ils se régalaient de cette chaleur humaine, de cette convivialité que l’Occident semblait oublier, la société de consommation balayant l’essentiel. Tout cela révoltait Anne.
Le dispensaire où travaillait Ass s’était amélioré. Une ONG avait financé une salle d’accouchement spartiate, une salle de repos où les nouveau-nés reposaient dans des berceaux en fer rouillé, les mamans récupérant de leur fatigue sur des lits d’hôpitaux parfois bancals, les pieds bricolés par des cales de bois. Ass disposait d’un bureau de consultation. Elle avait modestement contribué en adressant régulièrement des médicaments. Sa décision était prise. Elle ne resterait pas les bras croisés. Il fallait passer à la vitesse supérieure. De par son métier, elle pouvait démarcher les laboratoires. Elle se devait de faire passer le message. Elle avait l’impression que ce pays qui la séduisait tant, la prenait par la main simplement.
Le village do

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