Ternes Eclats
283 pages
Français

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Ternes Eclats , livre ebook

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Description

Le gaspillage de ressources, la démotivation du personnel, l'américanophobie primaire, le parti pris contre Israël, la manipulation des débats sur les droits de l'homme par des régimes despotiques et corrompus, sans oublier un tiers-mondisme et un écologisme dépourvus d'esprit critique, autant de phénomènes observables dans la Genève internationale qui sont mis à nu dans ce roman à la lisière de l'essai politique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 219
EAN13 9782336266794
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2009 5-7, rue de l’Ecole polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296100213
EAN : 9782296100213
Ternes Eclats

Fabio Rafael Fiallo
Sommaire
Page de Copyright Page de titre OUVRAGES DU MÊME AUTEUR Dedicace Epigraphe APPRENTISSAGES ROUTINES APRÈS LE MUR LES CAUSES DU SIÈCLE UN ECHEC DE LIBRAIRIE RÉVEIL
OUVRAGES DU MÊME AUTEUR
Protectionism in North-South Trade , Scale Books, Rotterdam, 1978
Labeur et Rareté - Pour une révolution copernicienne en économie, Editions du Tricorne , Genève, 1989
Fin de rêve à Saint-Domingue - Aux premières loges de l’histoire dominicaine , L’Harmattan, Paris, 2004
Avertissement . Dans cet ouvrage apparaissent des institutions, des personnages et des pays qui sont le fruit de la pure imagination. Dans ce cas, toute ressemblance avec la réalité est donc une simple coïncidence.
En couverture : photo de Genève prise par Elena Benitez Humada.
A la mémoire de deux personnes qui m’ont aidé à ne pas avoir peur de penser à contre-courant :

mon père, Fabio Alberto Fiallo, par son exemple,

et Jean-François Revel, par ses écrits.
« ...mesurer l’extraordinaire activité déployée de nos jours par celui-là même qui ne fait rien. »
Robert Musil, L’Homme sans qualités
APPRENTISSAGES

I
Une pluie fine, pas rare au printemps dans la région du lac Léman, n’avait cessé de tomber, aidant à créer l’ambiance morose qui convenait pour l’occasion. De nombreux fonctionnaires internationaux, quelques chefs de mission et autres membres d’ambassades, ainsi que deux ou trois représentants du canton de Genève, s’étaient donné rendez-vous au cimetière du Petit-Lancy, tout proche du centre-ville.

Des limousines aux couleurs sobres, impeccablement entretenues, arrivaient en ordre dispersé devant le portail d’entrée du cimetière. De chacune sortait un chauffeur qui s’empressait d’aller ouvrir la porte arrière sans pour autant recevoir un « Merci », pas même un regard bienveillant, de la part de son patron ou de ses accompagnants. Un tel service allant de soi dans les hautes sphères de la diplomatie, exprimer une parole ou un geste de gratitude envers un subordonné aurait pu prêter à croire que l’on n’y était pas habitué.

Quant à ceux, plus nombreux, qui conduisaient eux-mêmes leur automobile, trouver une place de stationnement dans ce quartier qui en comptait pourtant de moins en moins ne posait pas un problème majeur ; ils ne doutaient pas un seul instant que, avec leurs plaques affichant leur statut diplomatique, ils pourraient se garer n’importe où sans avoir à s’acquitter d’une quelconque amende naïvement collée sur le pare-brise par un agent municipal outrecuidant.

A défaut d’être émouvantes, les funérailles obéirent à un protocole bien réglé, quoique sans apparat. Celui qu’on enterrait n’ayant été que le numéro deux d’une organisation internationale, il n’y avait pas à dérouler un quelconque tapis rouge pour accueillir sa dépouille. Le protocole, eh oui, a ses lois incontournables, plus strictes sûrement que celles du jugement divin.

Dans le souci de ne pas abuser du temps précieux des grands de ce monde qui s’étaient inclinés devant la dépouille du haut fonctionnaire, la cérémonie se limita à trois allocutions, très brèves, prononcées successivement par le chef exécutif de l’institution, un collègue ayant connu le défunt depuis leurs années d’université, et finalement une assistante de longue date du personnage disparu.

Comme il se doit dans ce genre de situation, aucun des trois intervenants ne tarit d’éloges à l’égard de celui qui venait de les quitter. Le premier vanta le sens des responsabilités et les compétences de feu son adjoint, soulignant que son travail quotidien, ses qualités de gestionnaire, son tact dans les relations avec autrui, resteraient gravés, bien que de manière anonyme, dans l’histoire de l’organisation. Le deuxième évoqua le caractère jovial et le sens de la solidarité d’un camarade inoubliable. La troisième, enfin, mit en relief la fibre humaine, la capacité d’écoute d’un chef qui, ajouta-t-elle aussitôt, savait faire preuve d’autorité quand les circonstances l’exigeaient.

Avant de quitter les lieux, le public fut invité à se recueillir et à méditer une dizaine de minutes en écoutant l’une des pièces musicales préférées du défunt, choisie par la veuve pour l’occasion. Il s’agissait de l’enregistrement d’un air du début de l’opéra Le crépuscule des dieux , de Richard Wagner, air connu par ses premiers mots en allemand : Zu neuen Taten (« Vers de nouveaux exploits »).

L’air en question ne faisait pas seulement partie des morceaux favoris du disparu, mélomane invétéré et grand amateur de Wagner. Quoique n’ayant rien de mystique ou de religieux, les deux premiers vers (« Saurais-je t’aimer, cher vaillant, si je ne te laissais pas partir vers de nouveaux exploits ? ») rappelaient, souligna la veuve, la conviction de son mari qu’une nouvelle vie s’ouvre après la mort.

Une troisième raison, n’ayant d’ailleurs rien à voir avec les goûts ou les croyances du défunt, renforçait la pertinence de cette pièce d’opéra : elle correspondait à l’état d’esprit dans lequel se trouvaient bien des fonctionnaires présents ce jour-là au cimetière du Petit-Lancy. En effet, tout en regrettant la disparition d’un collègue, ils y voyaient l’occasion de relever de nouveaux défis, d’accomplir de nouveaux exploits. Voyons-en les raisons.

Jamais encore dans l’histoire de cette organisation vieille d’un demi-siècle, quelqu’un d’un si haut niveau, le chef exécutif adjoint, n’était décédé dans le plein exercice de ses fonctions. Une maladie, dont on s’abstenait de divulguer la nature, l’avait frappé inopinément, lui laissant à peine trois mois de vie depuis le moment où elle avait été diagnostiquée.

La décision concernant le successeur avait, paraît-il, été arrêtée, et l’annonce en serait faite le lendemain. Mais pour le moment, seuls le chef de l’institution, son directeur des ressources humaines et l’heureux élu savaient sur qui le choix s’était porté pour remplacer le défunt.

Des bruits couraient, toutefois, aussi bien à l’intérieur de l’organisation que dans les missions diplomatiques, sur le nom du futur adjoint. Les supputations allaient bon train, mais chacun devait se contenter d’exprimer ses propres conjectures, invoquant tantôt la logique, tantôt l’existence d’un « tuyau en haut lieu » qui lui aurait révélé la précieuse information, pour justifier un avis qui n’était en définitive que le fruit de son imagination, ou d’un désir personnel, quand ce n’était, chez les plus avisés, l’envie d’avancer une simple hypothèse pour pouvoir ensuite, au cas où celle-ci se vérifierait, se vanter de sa perspicacité. Quoi qu’il en fût, les personnes qui n’avaient aucune influence sur la chaîne des décisions étaient précisément celles qui s’adonnaient à ce petit jeu avec le plus d’allant et de conviction.

La question de la désignation du nouvel adjoint finit par monopoliser les causeries dans le cimetière du Petit-Lancy cette après-midi pluvieuse de printemps. Il y avait de quoi. Si des fois (comme le disaient certains) la personne choisie était quelqu’un de la maison et non pas un parachuté, nombreux seraient alors les employés pouvant avancer dans l’échelle professionnelle : celui ou celle qui remplacerait l’adjoint laisserait vacante son ancienne place, ce qui permettrait d’y promouvoir quelqu’un d’autre, et ainsi de suite. On calculait qu’une nomination de l’intérieur pouvait enclencher jusqu’à sept promotions. Du pain bénit pour le personnel ; tous les espoirs étaient permis.

Parmi tous ces gens, plusieurs avaient mobilisé ciel et terre, et avant tout leurs gouvernements, dans l’intention de faire pression sur les instances dirigeantes de l’institution en faveur de leurs candidatures respectives. Car, dans ce monde à part qui est celui des organisations internationales, chaque événement, chaque nouvelle, chaque bouleversement politique, chaque décès, sont jaugés, scrutés, d

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