Tu viens avec moi ?
230 pages
Français

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Tu viens avec moi ? , livre ebook

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230 pages
Français

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Description

Si l'éducation spécialisée nous était contée, elle pourrait s'incarner dans les héros de ce roman, grands et modestes à la fois. A travers le prisme de leur quotidien, ils nous invitent à partager leurs rencontres, leurs doutes et leurs amours... Travailleurs sociaux, enfants en danger ou familles marginalisées, tous participent aux aventures personnelles, sociales et professionnelles qui composent cet ouvrage. "Quand la protection de l'enfance coïncide avec la crise du personnel, faut plus comprendre, faut prier !" (M. Audiard, Les Tontons flingueurs, 1963).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 octobre 2010
Nombre de lectures 79
EAN13 9782336264721
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

TessitureS propose deux collections qui abordent les questions du social par des formes et des sensibilités différentes. Notre démarche s’appuie sur le principe d’une autorisation de parole qui ne serait pas confisquée par un statut.
Collection recherches études réseau TessitureS
Cette collection met l’accent sur des pratiques d’accompagnement de recherche action et leur valorisation par la publication.
Que produit une sociologie impliquée et agissante ?
Comment les acteurs s’approprient-ils les méthodes, les outils pour réinterroger les politiques, les dispositifs, les pratiques, et leurs effets sur les questions sociales et environnementales ?
Regards croisés, paroles diversifiées qui densifient la compréhension et donnent à entendre la multiplicité des points de vue et des pratiques.
L’écriture collective est prise ici comme moyen de mettre en mouvement, de partager, de coproduire, de prendre de la distance.
Déjà paru :
Anne Olivier (dir.), Sexe, genre et travail social, 2010.
Anne Olivier (dir.), L’expérience d’un observatoire de la jeunesse , 2010.
Collection TessitureS Littératures
Cette collection propose des éclairages différents sur les mondes sociaux.
La littérature comme accès à l’imaginaire et à l’émotionnel par lesquels éprouver les réalités humaines. La littérature comme une autre manière de percevoir son rapport au social et au lien social. La littérature comme lieu d’une possible identification transformatrice de soi, de sa relation aux autres.
Tu viens avec moi ?

Claude Rouyer
© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296131514
Sommaire
Page de titre Page de Copyright
F rancine gisait sur le canapé, lascive, son double menton reposant sur son abondante poitrine. À la télé, deux amoureux s’enlaçaient fougueusement sous le soleil estival. Elle aimait bien ces feuilletons de l’après-midi où la vie semble facile, où les acteurs sont aussi jeunes que beaux et où les sentiments se révèlent hésitants, tumultueux, torrides…
Ses amours à elle avaient un peu le goût de rance… Faut dire qu’il faut oser s’la taper, Francine. Maintenant du moins, parce qu’elle avait dû être jolie quand elle avait vingt ans. Si tant est qu’elle ait eu vingt ans ! Une enfance de merde, des noëls pourris, un CAP d’esthéticienne jamais terminé, un tonton un peu trop affectueux, ça vous gâche une vie ! Pourtant, elle en avait rêvé du prince charmant. Elle l’avait attendu... Et puis, après des amours déçus, après quelques mecs qu’elle bricolait dans les caves pour quelques sous, elle a rencontré Jean-Claude, un nain de jardin qui bosse à la ville, aux espaces verts, avec un vrai salaire. Le maire leur a même obtenu, pour leur mariage, un logement aux Noisetiers, un quartier d’habitat social réhabilité. C’était pas bien grand mais ça leur a suffi. Quelque temps du moins. Parce qu’à l’arrivée de Zizou, le cinquième, y’avait plus grand place dans la chaumière. D’autant qu’avec le home cinéma, l’écran géant, ses six haut-parleurs et son caisson de basse, faut pas vouloir danser le tango argentin dans la salle à manger ! Les mètres carrés s’étaient d’autant plus rétrécis que Francine avait enflé !
Heureusement, les gamins avaient compris, surtout les garçons. Ils jouaient dehors, glandaient dehors, dealaient dehors... Ça libérait de l’espace.
De braves petits que les ilotiers ramenaient parfois à la maison... - « C’est pas bien ça Madame Francine, ils vont finir comme leur grand-frère, en maison de correction ! - C’est pas grave leur répondait-elle, y’m’le gardent jamais longtemps. Et puis, m’dame la juge, elle sait bien qu’il est pas méchant mon grand. Qui qu’a pas fait de bêtises quand il était jeune ? C’est pas pac’qu’il fourgue un peu d’herbe qu’il faut l’punir. Même le fils du maire, on sait qu’il en croque » !
Elle les aime bien ses gosses. Surtout les garçons. Ils peuvent faire tout ce que bon leur semble. L’aîné peut même lui dire les pires insanités quand elle a un coup dans la musette. C’est pas grave, c’est qu’elle le mérite !
Avec Britney, c’est pas pareil, à cause que c’est une fille. Et une fille, ç’est pas un garçon… À dix ans, elle en faisait déjà plus, comme si les années avaient compté double, comme si des enfants grandissaient plus vite que d’autres. Britney était timide, sensible, craintive, au point qu’un jour l’instituteur, inquiet du comportement de la gamine, prit contact avec l’assistante sociale de secteur. Il lui décrivit les symptômes alarmants qui s’accentuaient au fil des jours.
C’était une assistante sociale comme on en fait aujourd’hui, jean moulant et Wonderbra ® . Une petite minette fraîchement sortie de l’école, connaissant tout de la misère du monde puisqu’ayant lu Pierre Bourdieu et écouté Jean-Luc Delarue ! Elle s’était orientée vers le métier par dépit universitaire. Elle le quitterait par dépit tout court !
Clara notait donc les propos de l’instit, essayant de comprendre les soupçons qu’il portait. - « En êtes-vous sûr ? En avez-vous parlé à votre hiérarchie ? Connaissez-vous les conséquences qui découlent d’un signalement de ce type » ?
L’instituteur lui expliqua qu’il en avait référé à l’inspecteur d’académie et avait réalisé une fiche de signalement afin de la transmettre aux services départementaux de l’enfance.
En fait, Clara était ennuyée. Les affaires d’Angers et d’Outreau avaient brouillé les cartes. Les travailleurs sociaux ne savaient plus comment se positionner. Mais le dilemme qui rongeait Clara était d’autant plus important qu’on était jeudi. Elle n’allait pas gâcher sa RTT du lendemain et son long week-end de congé pour les déclarations d’un instituteur soupçonneux qui accorde un peu trop d’importance aux propos d’un enfant. - « Laissez-moi réfléchir... Mon chef est en récupération de congés non pris aujourd’hui et demain... On a la formation à l’analyse des pratiques professionnelles en début de semaine prochaine, mercredi on gère les dossiers en cours… On en reparle dans huit jours ? Ça vous permettra de prendre de la distance. C’est important la distance dans ce genre d’affaire. Tous les psys vous le diront. Et puis je crois sincèrement que cela peut attendre huit jours de plus ! Vous savez, l’urgence... » !
Clara s’en était bien sortie. L’instit n’avait pas trop tiqué. Elle connaissait bien la famille. Il y a quelque temps, sa précédente collègue qui n’avait travaillé que quelques mois au service avant d’obtenir une promotion pour incompétence notoire, l’avait briffée sur Francine et son nabot. Pour elle, une réussite incontestable. Elle leur avait décroché des droits, des primes, des allocations... Elle leur a même fait obtenir des bons d’achat de bouffe et de vêtements que Francine avait revendus à bon prix au voisin du dessus. Une réussite vraiment !
Les travailleurs sociaux et les charitables de tout poil, elle les connaissait par cœur la Francine. Tous les services de protection sociale défilaient chez elle. Et quand ils ne venaient pas ou que les odeurs de l’appartement les incommodaient, c’est elle qui allait les voir. Je te dis pas la tête des employés ! - « C’est un service social ici, pas l’armée du salut » qu’elle braillait la secrétaire.
Mais Francine s’en moquait éperdument. Armée du salut ou polyvalence de secteur, l’important était de ne jamais rentrer bredouille !
Clara était intervenue à plusieurs reprises. La première fois, Francine voulait juste savoir quelle tronche elle avait la nouvelle assistante sociale que les voisins lui avaient décrite. C’est vrai qu’elle avait un beau cul !
Et après lui avoir raconté les affres de l’existence, après lui avoir expliqué la mauvaise influence des jeunes du quartier sur ses fils, elle en était ressortie avec un séjour en Corse pour chacun d’entre eux sur une base de loisirs près de Bonifacio !
La seconde fois, Francine l’avait convaincue d’intervenir dans son dossier de surendettement. - « Pour sûr qu’il a pas ét&#

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