Une histoire décalée
252 pages
Français

Une histoire décalée , livre ebook

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252 pages
Français

Description

Abel décide de rentrer dans son pays natal où il compte s'installer définitivement avec sa compagne. Commence alors, pour lui, une vraie descente aux enfers : livrer un combat de titan pour s'assurer un gagne-pain, affronter la hargne d'une épouse dont il a découvert l'esprit malade, survivre en milieu hostile et dans l'isolement. Parti au Tchad à la faveur d'une mission de la dernière chance, il rencontre une Canadienne dont il tombe fou amoureux. Abel n'a plus d'autre choix que de reprendre le chemin de l'exil...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2013
Nombre de lectures 14
EAN13 9782296517240
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

natal où il compte s’installer dénitivement avec sa compagne Héloïse. Abandonnant son emploi, sa vie parisienne et tous les prots qu’il tire de son intégration réussie, il débarque dans un univers méconnaissable, dont il se souvient à peine. Il s’y engage, néanmoins, avec la ferme volonté de se faire une place dans cette société oubliée. Peu de temps s’écoule dans l’enthousiasme du premier moment. Très vite, il réalise son erreur ; ce contexte n’est pas le sien. Les mœurs sont décadentes, le milieu du travail est un champ de bataille où se nouent les intrigues et se tissent les règlements de compte, les rapports entre hommes et femmes sont fondés sur l’incompréhension et la mauvaise foi. S’y ajoute la désaffection d’Héloïse qui, en n de compte, n’a pas trouvé le courage de le suivre dans l’aventure. Commence alors, pour Abel, une vraie descente aux enfers : livrer un combat de titan pour s’assurer un gagne-pain, affronter la hargne d’une épouse dont il a découvert l’esprit malade, survivre en milieu hostile et dans l’isolement, en marge d’une société dans laquelle il ne se reconnaît pas. Parti au Tchad à la faveur d’une mission de la dernière chance, il rencontre une Canadienne dont il tombe fou amoureux. Leur relation discontinue et agitée se maintient malgré les turbulences. De N’Djamena à Paris, de Paris à Nouakchott, de Nouakchott à Montréal, Abel n’a plus d’autre choix que de reprendre le chemin de l’exil, emboîtant le pas à sa belle Montréalaise.
Salem CHEIKH
Une histoire décalée
Roman
Une histoire décalée
Salem CHEIKH
Une histoire décalée Roman
© L'Harmattan, 20135-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99752-3 EAN : 9782296997523
 I
 La fuite en avant, cette expression qualifie bienl’actionje que mène, depuis des années, pour donner un sens à ma vie. Pour la nième fois, je change mon fusil d’épaule, laissant, derrière moi, un passédont je n’ai pas à me flatter.Je pars à la conquête d’unautre monde, empruntant des chemins inconnus, hors des sentiers battus. En route vers cette contrée étrangère, la dernière en dateque j’aie à explorer, sur cette terre, je vise àremettre les pendules à l’heure. Je n’enconnaisque le nom et je n’ai sur elledes informations que vagues et fragmentaires.  Après avoir tout perdu, je n’ai pas à rougir de repartir à zéro, d’aller à l’aventure, de relever d’autres défis.Je pourrai, si tout se passe bien, remonter la pente, réparer les dégâts du temps, passé à trimer, sans avoir jamais vu le bout du tunnel. Je ne sais pas si, par cette gageure, je sortirai vainqueur, ousi l’entreprise se soldera par une autre défaitequi ira s’ajouterla liste déjà longue de mes insuccès, à mais quoiqu’il en soit, je préfère m’y risquerplutôt que de continuer à moisirdans l’isolement, comme un paria, coupé du monde. Les dés sont maintenant jetés et, à cet instant où l’avion qui m’emporte a pris son envol, une nouvelle existence vient de commencer.
 *
 * *
 Les vols de nuit me sont particulièrement éprouvants. On a beau réduire l’éclairage de la cabine, la pâle lueur subsistante suffit à me maintenir éveillé, durant tout le trajet. Le grondement ininterrompu des réacteurs produit, sur moi, le même effet que la lumière, deux phénomènes anti-sommeil redoutables,que je n’ai jamais pu surmonter. Enfoncé dans mon siège,j’essaiede tuer les heures en me concentrant sur le petit écran ou en lisant un magasine, mais ces occupations, qui ne durent que quelques secondes, sont inopérantes ; je regarde ma montre et j’ai l’impression que le temps s’est arrêté, que l’avion fait du sur place, suspendu dans les airs.  Tel un mourant qui voit défiler sa vie antérieure, avant de s’éteindre, je ferme les yeux et je reconstitue, en mémoire, tous les évènements qui m’ont conduit à prendrece virage, espérant y trouver de quoi exorciser mes craintes. Tout a commencé, il y a six ans, quand ma décision fut prise de renoncer à une situation stable, sans
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nuages,et de m’engager dans un autre projet de vie, aux suites hypothétiques. C’était un jour où,Héloïse et moi, on se prélassait à la terrasse des Deux Magots, dans la lumière bleue de cette journée printanière où les muguets, aux suaves effluves, embaumaient les rues de Paris. Calée dans son fauteuil, Héloïse me secoua la main pour me forcer à revenir sur terre : « Tu es parti où ? On dirait que tu as des soucis ». Je détournai mon regardd’elle, craignant de perdre pied, dès que je lui aurais révélél’idée follese formait dans ma tête. La peur qui qu’elle eût uneréaction négative paralysait ma langue.  Intriguée par mon attitude, elle utilisa les armes de son genre pour me tirer les vers du nez. - Tu caches des choses à ta petite femme, ou quoi ?On n’était pas mariés,mais c’était tout comme. On était plus unis qu’un couple ayant comparu devant le maire. -J’ai un aveu à te faire. Plus exactement, il s’agit de…non, je ne sais pascomment te dire, enfin… voilà…j’ai le mal du pays. Surprise que je soulèveun sujet qu’en trois années de vie commune, nous n’avons pas, une seule fois, évoqué, elle répliqua sèchement : - Cette soudaine remontée nostalgiquen’a pas de sens, décréta-t-elle, je ne crois pas un seul instant ce que tu racontes. -Si j’en parle, dis-je, c’est que c’estsérieux. Tu ne voudrais pas aller vivre au bord de l’eau, là où la mer est toujours bleue?  Prise au dépourvu, elle esquissa un rictus colériquesuivi d’une attaque en règle sur un ton sec et tranchant : -C’est quoi ce délire! Tu te prépares à faire un saut dans le vide et tu veuxm’y entraînerbonnement, tout comme si c’était simple de bouleverser une vie où rien ne manque et de partir à l’aventure! Abel, tu dérailles complètement. As-tu une seule raison qui vaille pour me convaincre ? J’ai dû battre en retraite,comme il fallait et lui répondre, j’eusrecours à une échappatoire, visiblement sans effet. -C'est une idée qui m’est venue comme ça, un jour où je rêvais d’une vie meilleure pour nous. Prends le temps d'y penser à tête reposée. Tu découvriras, peut-être, qu'elle n'est pas à ce point mauvaise.  Sa riposte ne se fit pas attendre. Sans ménagement, elle égrena les suites désastreuses des décisions hâtives, prises sur un coup de tête.
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 Difficile de la contredire. Aller vivre ailleurs, sous un autre climat, a un goût d’exotisme qui ne manque pas desaveur, mais tout ce qu’on peut y récolter ne peut contrebalancer le seul privilège de vivre dans la plus belle citédu monde, Paris, ni compenser la perte d’une position sociale enviable comme la nôtre.J’étais chef de projet dans une firme prospère et elle, cadre brillantissime dans une grande agence de communication. Et puis, grand dieu !On s’aimait comme des fous, filant le parfait amour, en accordde corps et d’esprit.On avait toutce qu’il fallait à un couple pour être heureux, rien ne justifiait qu’on change d’existence.- Tu rêves, mon vieux, poursuivit Héloïse, excédée par mon entêtement, quelle garantie as-tu de décrocher la timbale dans un paysoù tu n’as pas mis les pieds depuis une décennie ? Ta mentalité occidentale nes’accommodera jamais aux vieilles traditions, que tu as oubliées, il y a belle lurette. - Au cas où les choses tourneraient mal, me défendis-je, nous aurions toujours la liberté de revenir à Paris.
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 * *
Que s’était-il passé pour que je fusse, du jour au lendemain, en proie à la fièvre du retour, après toutes ces années de paisible planque ?J’étais, depuis des mois, tiraillé entre ce désir poignant et la peur de rompre mes attaches avec ma terre d’accueil où j’avaisfait mes premières armes et mûri du mieux possible. Le retour au pays natalm’obsédait comme un besoin vital, et puisj’y voyais une chance de bâtir un avenir plus brillant encore. Sur la rive sud de la méditerranée, je ne doutais pas de notre capacité à réussir. Pour ma part,je n’avais aucun; le pays manquait de souci à me faire compétences pointues et les miennes n’étaient pas des moindres. Diplômé d’une grande école, mon doctorat enpoche et fort d’une expérience professionnelle avérée, acquise dans un cabinet conseil de renommée mondiale, j’abattais des cartes qui me prédisposaient, indiscutablement, à un avenir prometteur. De son côté, Héloïse, vu son profil exceptionnel,n’aurait aucun mal à se faire embaucher par une de ces grandes firmes qui prospéraient dans un pays en pleine croissance. Optimisme conjoncturel, stimulé par la résurgence de l’amour inné qu’on a pour la patrsurie perdue, ou réellement fondé
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