Une relation viennoise
247 pages
Français

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Une relation viennoise , livre ebook

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247 pages
Français

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Description

Voilà six mois, le narrateur a reçu par voie postale un manuscrit rédigé, en grande majorité en allemand. Son expéditeur conservait l'anonymat, le cachet de la poste était de ce pays d'Europe centrale: l'Autriche. Sa lecture nous apprend que nous sommes à l'automne 1912, éclate bientôt la crise dans les Balkans. Eugen et son cercle d'amis embarquent pour une destination alors peu connue, une île de Dalmatie. Le groupe de complices a en effet décidé de s'y livrer à une curieuse recherche. Le séjour tourne au drame, tandis que se profilent la Première guerre mondiale et la fin de l'Autriche-Hongrie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2005
Nombre de lectures 116
EAN13 9782336263793
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

site: www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr e.mail : harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747596404
EAN : 9782747596404
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Ecritures - Collection dirigée par Maguy Albet L’ENQUÊTE
I II III IV v
LA DISPARITION
I II III IV V VI
L’ECHANGE
I II III
POST-SCRIPTUM
Une relation viennoise

Philippe Hecart
Ecritures
Collection dirigée par Maguy Albet
Déjà parus
Manuel PEŇA MUŇOZ, Folie dorée , 2005.
Jean-François RODE, L’intruse. Fugue à trois voix , 2005.
Vivienne VERMES et Anne MOUNIC, Passages, Poèmes et prose, édition bilingue, 2005.
Didier MILLOT, Les images recouvertes , 2005.
Fabrice BONARDI, L’ombre au tableau , 2005.
Cyrus SABAII, La maison des pigeons , 2005.
Lionel-Edouard MARTIN, Jeanlou dans l’arbre , 2005.
Bruno STREIFF, Le piano de Beethoven , 2005.
Max GUEDJ, Le voyage de Vlad à Frisco ou la pluie , 2005.
Daniel BERNARD, Une Ile bien plus loin que le vent , 2005.
Jacques HURE, Le chant interrompu des cigales , 2005.
Anne LABBE, Le ventre de l’arbre, 2005.
Nabil SALEH, Outremer, 2005.
Nicole Victoire TRIVIDIC, A tue-tête, en regardant la haute mer. Histoire de Celle qui va écrire , 2005.
AICHETOU, Sarabandes sur les dunes... , 2005.
Anne MOUNIC, Ah ! Tout ce qui dans les choses fait ah !, 2005.
Pierre MARTIN, Miroir de Vies. Nouvelles , 2005.
Bernard FAGUET, La passion algéroise , 2004.
Maurice BENHAMOU, La trace du vent , 2004.
Michel JAMET, Tendre absence , 2004.
Antoine de VIAL, Oasis New York. New York Oasis, édition bilingue, 2004.
Gonzague PHÉLIP, Plein Est , 2004.
Faïna BLAGODAROVA, « Ah, ces yeux noirs !... », 2004.
Annick LE SCOEZEC MASSON, Mélancolie au Sud , 2004.
Maurice TOURNIER, De source et de sable : Alger 1958-1961 , 2004.
Ronan le BERRE, De mots et d’écume , 2004.
Robert POUDÉROU, Les Cahiers du grenier , 2004
Olivier FRIGGIERI, A Malte, histoires du crépuscule , 2004.
John EPPEL, L’homme-girafe , 2004.
Alain BLASI, Les couches profondes , 2004.
« - Diantre ! L ‘Autriche-Hongrie, Monsieur !..
- L’Autre quoi ? ... répondit un individu qui ne comprenait rien à rien.
- Mais enfin, Monsieur, je vous le dis et vous le répète: l’Au-tri-che- Hong-rie !
- Riez, si vous le voulez ! Moi, je trouve qu’il n’y a vraiment pas de quoi rire... »


Avertissement au lecteur  : Ce dialogue absurde, que l’on attribuerait volontiers à un Franz Kafka, figurait en français, en exergue d’un manuscrit que j’ai reçu par voie postale, voilà six mois. La suite du texte était rédigée en allemand. Son expéditeur conservait l’anonymat. Les timbres apposés sur l’ enveloppe - jolis d’ailleurs, j’ai imaginé que cela témoignait d’une intention particulière - et le cachet de la poste étaient de ce pays d’Europe centrale dont les musiciens ou les champions de ski sont mieux connus en France que l’histoire : l’Autriche. J’ai d’abord parcouru le document d’un œil distrait. Plus tard, je me suis décidé à le lire avec plus de scrupules, et son intérêt m’est alors apparu. Fiction ou réalité ? je ne sais. Toujours est-il que les destinées des personnages et les faits qui s’y trouvaient rapportés, m’ont paru dignes d’être rendus publics. J’ai donc entrepris de le traduire. Il montre à sa façon l’histoire d’une certaine partie de notre continent, et nous rend singulièrement proches quelques hommes et femmes qui ont connu les vicissitudes du siècle dernier, le vingtième. Quand bien même il s’agirait d’un simple roman, il sonne en tout cas comme un véritable témoignage.
Ce faisant, le document n’est pas sans soulever diverses interrogations. D’abord, qui en est l’auteur ? On remarquera que, d’après les dates fournies par le texte, le narrateur était déjà dans sa grande vieillesse au moment de l’achever, à la fin des années quatre-vingts. Il y a peu de chances pour qu’il soit encore vivant, et donc que l’expéditeur et lui soient la même personne. Mais alors pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Que s’est-il donc passé, quelles raisons ont tout d’un coup, semble-t-il, amené l’expéditeur à souhaiter le faire connaître? Et pourquoi avoir accordé sa confiance à un inconnu, de surcroît étranger - moi-même - pour le traduire ? Autant de questions qui resteront à jamais, sauf fait nouveau, un mystère.
L’ENQUÊTE
I
Commençons par un fait capital. Un fait dont je n’ai pas encore fini, après tant d’années, de subir les conséquences : celui de ma naissance. Naître n’est pas un fait banal, et ce n’est pas un lieu commun, ni une marque de vanité, que d’évoquer sa venue à la scène du plus grand théâtre qui puisse émerveiller l’Homme. C’est le premier point. Le second est au moins aussi lourd de conséquences : je considère cette naissance comme la pire des malchances qui ait pu m’arriver. A peine sorti du ventre de ma mère que déjà fichu... Mes mots sont pesés, les années écoulées les ont mûris, j’y ai plus que longuement réfléchi. Et je regrette aujourd’hui amèrement d’avoir vu le jour dans le monde de Sa Majesté Impériale et Royale, François-Joseph de Habsbourg , premier et avant-dernier souverain d’Autriche-Hongrie.
L’Autriche-Hongrie... Combien sommes-nous à entretenir la mémoire d’un pays disparu, de ses empereurs à moustache impérieuse - nous les respections à l’égal de nos pères -, de ses femmes si câlines et ardentes à la fois - nous les adorions comme des déesses -, de ses beaux officiers en uniforme bleuté, de ses écrivains et de ses artistes pleins de talent dont j’ignore toujours, après tout ce temps, si ce qu’ils possédaient en eux de plus fort était leur génie ou leur désespoir ? Quel pays inimitable c’était ! Et avec cela, quelle organisation impossible ! Une macédoine d’humanités - c’est une image convenue. Surprenante, attachante double monarchie (le vénéré François-Joseph était Empereur d’Autriche et Roi de Hongrie), creuset de civilisations où le Catholique et le Musulman pouvaient côtoyer sans souci l’Orthodoxe et le Juif, où les Slaves partageaient les mêmes troquets et les mêmes préoccupations que les Allemands ou les Hongrois.
Où sont donc les autres ? Pourquoi se taisent-ils, ces millions de mes semblables, des Européens comme vous et moi, qui honoraient leur patrie avec une sincérité exemplaire ? Où sont-ils ? Pourquoi leurs voix se sont-elles, une à une, éteintes ? Suis-je donc un miraculé, une sorte de fossile vivant, comme qui dirait : en sursis ? Il y a fort à parier que je sois le dernier des Austro-Hongrois.
L’Autriche-Hongrie, mon pays, ma mère bienveillante a été anéantie. Elle me manque... J’ai vu et vécu son effondrement. Pour je ne sais quelles mystérieuses raisons, il m’a été donné de résister aux forces inexorables qui l’ont menée à la débâcle. Mais aussi terrible qu’ait été cette tragédie, je n’ai jamais compris comment l’esprit humain a pu oublier ces véritables phénomènes qu’étaient l’Empire et le « Vieux » - c’était ainsi que nous appelions affectueusement François-Joseph, lui qui régnait depuis si longtemps et que tout le monde avait fini par identifier à un monument, une sorte de cathédrale ou de musée à lui tout seul.
Comment, pourquoi a-t-on rayé tout cela de l’Histoire ?
A mon âge, ma mémoire me joue bien des tours. Je ne suis pas le seul à qui cela arrive, et qu’y puis-je ? Mais le résultat, passablement désagréable, est que mes souvenirs du passé le plus éloigné s’avèrent en général tronqués. Il en va donc de la période juste avant la Grande guerre (j’atteignais péniblement mes vingt-cinq ans en 1914). Evanouies par exemple les figures des premières amies, quand arrivait avec l’été l’annonce des séjours réparateurs à la campagne, envolées les illusions que créent les frémissements nouveaux de la chair dans les corps mûrissants, oubliées la chaleur et la douce tension des soirées où l’on côtoie enfin d’autres jeunes gens et d’autres jeunes filles, et quand l’imagination vagabonde avec cette facilité uniq

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