Vincent Garbo
256 pages
Français

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Vincent Garbo , livre ebook

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Description

Si tu croisais Vincent Garbo dans la rue, tu verrais d'abord un blond d'une vingtaine d'années et tu le trouverais beau. Mais s'il te regardait de ses yeux noirs, tu ressentirais sûrement un malaise d'ailleurs justifié : ce gars-là n'est pas loin de dégainer un flingue et de tirer dans le tas. On en voit pas mal de par le monde, ces temps-ci, qui font ça, qui dégainent et qui tirent, sans scrupules, et sans aucun mobile apparent. Si tu veux mon avis, on en verra d'autres. Toi, dans ce tas qui environne Vincent Garbo, estime-toi plutôt chanceux : il n'a d'armes que des mots.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 292
EAN13 9782296250567
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vincent Garbo
Du même auteur


Roman

Le Crabaudeur, Dire Editions, Cahors, 2000
Quentin Lamotta


Vincent Garbo


Roman


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de PEcole polytechnique, 75005 Paris

http:// www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11325-1
EAN : 9782296113251

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
« Un homme n’apprend naturellement des autres que ce qu’ils sont ; et c’est ainsi que le monde entend le tromper et l’empêcher d’être lui-même »
Sorën Kierkegaard


L e type écrit. Cela est. L’humanité doit composer avec ce fait nouveau. Le présent de l’écriture lui étant décidément le seul présent acceptable auquel il puisse encore se référer, à ce maintenant-ci Vincent Garbo écrit. Pas romanesque. Déteste le genre. Insoumis encagé, fauve tout prêt à bouffer le dompteur du bar-num circus social, Vincent Garbo se fout des us et coutumes, conventions et autres règles que les rampants littéraires conçoivent pour circonscrire le cercle du même nom. Et pas d’humeur à supporter la moindre contrainte. Même capable de régler son compte à quiconque entraverait la route où il va de sa prose instinctive.
Vincent Garbo écrit et en appelle à la fratrie. Il entend par là les quelques ceux ne vivant de l’expédient communautaire que pour mieux s’en abstraire, qui savent l’inanité de l’humaine condition réduite à la simple expression d’une existence absorbée, bue toute, par le concret buvard. Tout se passe dans l’insu. Parole de Garbo. C’est dans l’insu qu’il nous faut touiller, mes frères et sœurs solitaires. L’espoir est là, accrochons-nous à ce peu et travaillons chacun à creuser nos certitudes isolées mais confluentes. Touillons, touillons la mixture, avilissons la forme et touchons le fond. La révolutionnaire attitude, c’est ce mouvement tournant de la cuillère à pot qui racle le fond de la casserole sur le feu. C’est comme ça que le type se représente aujourd’hui la chose qui lui occupe le pensoir, une marmite à gros bouillons, une tambouille à recuire le rance dans le gras du rêve. Vincent Garbo sait ce qu’il veut dire. Pour le moment, ravale cul sec. Laisse fermenter. C’est le choix qu’il a fait. Fabriquer des gaz. Compresser jusqu’à l’occlusion les effluves nauséeuses, s’en remplir la tuyauterie, attendre, patienter, le temps de la décomposition, remâcher la haine, la mastiquer, lentement, longtemps. La manducation de la haine, contrariété de la gerbe. Des rots, des pets, à la rigueur, de temps à autre, pour pas mourir comme un con, avant l’heure dite. Malaxer, broyer des dents les régurgitations du fond, un regard fixé au mur, concentré sur un défaut du crépi.
Pour imager au mieux l’état d’esprit du type écrivant, il faut se figurer une immonde et très grossière Salope. Vincent Garbo se propose de la nommer Carole. Carole la Monstrueuse. Il ne tient pas à psydécortiquer l’affaire. Ce prénom émoustille la salutaire colère dont il a grand besoin pour mener à son terme le projet dur qui le tarabuste : Carole, donc ! Cela fait plaisir à Garbo, cela suffit.
La grosse Carole, pute géante à bras tentaculaires, est entourée de nabots besogneux, tous occupés à ses aises. Ils sont fourmis naines à côté d’elle. Et ils activent tout ce qu’ils ont de force travailleuse à engraisser l’avachie et à la réjouir. C’est un grouillement innombrable sur elle et autour d’elle qui rit de toute sa pourriture dentaire. Sexués mâles ou femelles, les nabots ont chacun chacune leur dû d’organes vitaux et de membres additionnels. Ils assurent eux-mêmes leur reproduction, pour ce faire doivent nécessairement s’emboîter mâles et femelles, l’opération proprement dite ne durant que quelques minutes. La fornication utile s’accompagne, on ne sait pourquoi, d’une jouissance à secousses. C’est la recherche effrénée de ce minable plaisir qui pousse les nabots à régulièrement s’empaffer les uns les autres par tous les orifices qu’ils se trouvent. C’est d’ailleurs le rôle de certains nabots, obsédés conservateurs, que de se préoccuper du danger de certaines pratiques impropres à la reproduction de la servile espèce. Quelques autres sont cooptés par leurs semblables à seule fin qu’ils les gouvernent par le moyen de lois et décrets que d’autres encore ont pour charge de faire respecter. Pas de mystère, tout le système n’est viable et vivable qu’à la condition que chaque nabot y trouve son compte. On y pourvoit. Aux ambitieux le pouvoir, aux doux rêveurs la rêvasse, et aux autres l’aliénante peur de déplaire à la Carole jamais contente qu’on lui dise l’inanité de sa cause. Vincent Garbo, lui, n’y trouve pas, n’y a jamais trouvé son compte. Tout isolé rejeté, contraint d’y aller de sa démentielle arrogance, d’éructer cynique en écume de rage baveuse, voilà tout Vincent Garbo aujourd’hui aliéné à la nécessité de regarder la Salope en face et de lui balancer pesant pavé dans la gueule. Et c’est là, résumé, le projet gar-bique.


Marre-toi, Salope. Rira mieux qui rira le dernier. Dans l’isolement où tu me tiens de ta haine obstinée, j’ai appris à entrevoir des mondes où tu ne me survivras pas. J’ai maintenant l’imagerie nomade et le fantasme aventureux. Je me baguenaude sous les trompeuses carrosseries célestes avec l’aisance d’un mystique égaré. J’ai des impatiences et des amuseries d’enfant sauvage. Et je m’émerveille de mes trouvailles, si tu savais. Depuis que je chine au bazar de la quincaille stellaire, j’y ai dégotté de la fine émeraude à m’emperlouser d’éternité. Des chants désincarnés, des incantations sorcières, des mélopées monocordes me vrillent tout entier dans une spirale qui va se perdre dans l’ordre monumental du ciel, vers ces galaxies engoncées, émergeant de sources noires comme les cernes d’un démiurge fatigué. Un orgue de vents contraires, un trifouillis de gargouilles, y chantent l’obstruction du chaos en un lamento putride. Un contralto me hante et me libère d’une violence que je destine à l’armement de ma juste colère. La voyance dénaturée du génie qui me taraude me ramène à l’agonie d’une mort. C’est comme céder à la langueur d’un paresseux voyage à fond de chaise, et j’entends bien dégénérer ainsi jusqu’à l’empourrissement du souvenir. Dans le carabuchage de mes orgies mentales, je relativise mieux la sournoise bassesse de ta machinerie sentimentale. Ton monde, soumis à la servitude des grandeurs que j’explore, m’apparaît accroupi ; tu chies, ma chérie Carole ; tu chies ton besoin de ce jour, cette merde à quoi, tout bien digéré, tu te résumes. Dans cette décrépitude où je fixe mon désir, l’ennui de la solitude m’est un puissant aphrodisiaque. J’ai résolu la quadrature circulaire de ton enfer, Carole. Tu ne sais pas l’angoisse des tropiques inversés dans la tête du fou, la misère ventrue de la faim, la trou-pinance des lentilles dans la myopie amoureuse. Pense à l’ambivalence des valeurs marchandes au marché aux fleurs, au flaconnage des cons dans l’internationale capitalonnade. T’auras l’approximative idée de l’exaspération qui me soulève à te savoir si bien portante. Dis-toi que je me réjouis de l’ignorance, où je te tiens, de ce qui t’attend pour des siècles et des siècles, amen. C’est la seule jouissance qui me soit aujourd’hui permise. Et je te la réserve brutale, désordonnée, toute exacerbée de beau en furie. Je te la promets dévastatrice. Un jour, des lettrés scrupuleux et infatigables calculeront la guémétria de ton nom pour y découvrir le secret du basculement de l’univers. Les plus rusés pressentiront une latence, un long silence primordial, une rétractation des forces cosmiques et un déchaînement anarchique. L’aleph cul par-dessus tête leur figurera le signal d’un nouveau départ. Sans toi. Parole de Garbo.


Vincent Garbo n’a pas de point final dans la visée ; juge qu’aucune chute n’est convenable à envisager pour qui s’élance. Dire la continuité de la pensée garbique, c’est l’unique souci, r

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