Zaïde
145 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Cet ouvrage fictif retrace l'exil d'un chamelier, Zaïde, contraint de quitter le désert pour se confronter à la vaste communauté des hommes. Chroniques d'une vie ponctuée de rencontres, d'imprévus, de joies et de malheurs qui caractérisent toute péripétie. La volonté d'écriture qui anime l'auteur depuis longtemps, a fait naître Zaïde, sur les rives du continent africain. Ce récit se nourrit de son appétit insatiable de lecture.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 276
EAN13 9782296687097
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Zaïde
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10323-8
EAN : 9782296103238

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Thomas Gautron


Zaïde


Récit


L’Harmattan
Zaïde
« J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence… ».
Antoine de Saint-Exupéry
Extrait de Le petit prince

Z aîde, fils de Omkar, né dans le village de la Médina El Salam, était un jeune homme auquel la nature avait apporté force et intelligence, savamment exploitées. Il avait vingt deux ans, une expérience de la vie à confirmer, des rêves plein la tête et une volonté sans compromis. Il habitait un village d’une centaine d’âmes dans une oasis asséchée durant la saison chaude, qui renaissait lors des grandes pluies. Dans le sable du désert environnant, des tamaris poussaient sur les affleurements de roche, et dans les plaines nues persistaient des arbustes solitaires plus souvent secs que verdoyants. L’eau manquait. Un puits apportait une eau sale et réduite en quantité. Les précipitations y étaient rares et irrégulières, seule la rosée matinale apportait quotidiennement une fine pellicule de fraîcheur. Ses parents lui avaient appris la difficulté à vivre dans cet environnement si peu accueillant pour l’homme, ils étaient éleveurs de chèvre et vivaient dans un grand dénuement. Il avait eu un frère, mort de maladie lorsqu’il était enfant. Zaïde avait des difficultés pour contraindre sa mémoire au souvenir de ce frère disparu. Les instants partagés étaient lointains et lui n’était qu’un enfant. Aujourd’hui, il était pratiquement un homme. Son village était le croisement de trois chemins de poussière et d’une place en terre battue. Dépassant la cabane d’un vieil homme, presque aveugle et qu’il aidait parfois à retrouver son chemin, Zaïde marchait vêtu sobrement d’un pagne vers la place. Ses sandales, à chaque pas, soulevaient un nuage ocre. Comme chaque matin, Zaïde rejoignait l’atelier de poterie où il exerçait ses talents de céramiste. Il parvenait à modeler toutes les formes, ayant acquis l’habileté dans le tournage. Il possédait la technique de la cuisson pour fixer le moulage sous l’œil policier de Sakine, le tyrannique propriétaire. De forte corpulence, une moustache aux extrémités bouclées, Sakine avait la parole acerbe pour les nécessiteux et l’éloquence vaniteuse pour sa personne. Il dirigeait la production de poteries le plus efficacement possible afin d’emplir ses coffres d’argent. Cet homme exécrable n’avait que l’ambition d’avoir davantage de monnaie, que sa famille dilapidait en d’inutiles dépenses, ce qui ne le rendait pas plus riche que le plus simple de ses ouvriers. Héritage de ses aïeux, Sakine n’avait ni agrandi, ni modernisé son outil de travail. Zaïde était persuadé que le maître potier était voué à sa perte, dévoré par le désir de paraître de sa femme et de ses enfants. Zaïde travaillait depuis plus de quatre années à l’atelier. Il était devenu l’homme de confiance. Mais il nourrissait bien plus de désirs que d’être l’exécutant silencieux de Sakine. Zaïde avait, comme beaucoup de personnes de son âge, la curiosité de découvrir d’autres communautés. Il savait qu’il ne pourrait devenir un riche sultan mais le seul changement de maître tient lieu parfois de liberté. Toucher, entendre, sentir et goûter de cet inconnu que certains soirs les anciens ou les voyageurs chantaient ouvrant les frontières de l’imaginaire, sourdaient au plus profond de son âme. Comment lutter ? Et ce fut avec jubilation qu’il accepta la charge qui lui fut confiée de s’assurer de la vente d’un important lot de poteries, destinées à un riche dignitaire à Ouelta. Il y avait dans ce chargement : des cruches, des bouteilles, des pots, des assiettes et un destin bouleversé.
Pour transporter ces articles, Sakine avait loué les services de cinq chameaux accompagnés de trois convoyeurs, hommes de métier. Ils devraient parcourir la centaine de kilomètres séparant l’atelier du lieu de vente : la localité de Ouelta. Zaïde était novice du trajet. Cette épreuve face à l’âpreté du désert serait l’étape définitive de son passage dans l’âge adulte et le sauf-conduit tant attendu. Depuis son enfance, son père ne l’avait amené qu’à parcourir les environs proches pour faire paître le troupeau famélique de la famille. Seuls les marchands du village partaient trois à quatre fois par an selon les nécessités, pour braver le désert de roches et de sable afin d’approvisionner le village et s’enrichir. La famille de Zaïde devait donc acquérir les biens nécessaires à la vie à fort prix. Pourtant les bénéfices issus de l’élevage, fruit du labeur paternel, étaient incertains et rongés rapidement. Les dangers pour le troupeau étaient nombreux : les chacals, les voleurs, le soleil, la maladie et la faim décimaient les maigres profits. L’argent était par conséquent parcimonieusement dépensé, l’essentiel à la survie, sans superflu ni extravagance, et ce n’était pas le pauvre paiement du travail de Zaïde qui allait changer la donne. Zaïde se souvenait de cette parole maintes fois répétée « Apprends à un homme à se passer de l’illusoire et tu le rendras riche ». Malgré ces propos et leur application au quotidien, la famille de Zaïde n’était pas devenue riche et se résignait à une dure vie de labeur. L’opportunité de cette vente, par laquelle il obtiendrait rétribution tout en le conduisant au dépaysement, le grisait d’un bonheur dissimulé. Le jour du départ arriva. Un des chameliers abreuvait les chameaux par une puisette en cuir qu’il plongeait dans l’unique puits du village et qu’il remontait à la force des bras, l’autre chargeait les paniers emplis de poteries, recouverts de peaux.
Fais attention, l’ami ! somma Zaïde, le chamelier secouant trop fortement les paniers.
Deux paniers étaient fixés de chaque côté du flanc de l’animal, ils contenaient la vaisselle. Quatre chameaux achemineraient le chargement, le cinquième porterait les vivres : dattes, fromages de chèvre et mil délayé avec du lait de chèvre, il conserverait aussi les armes et les divers accessoires nécessaires pour leur expédition, le sixième porterait Zaïde. Les chameaux blatéraient leur mécontentement de reprendre la route. Sakine, en retrait, inspectait de son regard rapace, les préparatifs de la traversée, attentif aux moindres errements pouvant être dommageables à son futur profit.
Dans sept, huit jours au plus tard, nous serons de retour, affirma Zaïde à l’attention du maître.
Je l’espère et surtout n’oublie pas de bien recevoir la contrepartie, grogna Sakine tout en remettant une bourse dans laquelle tintaient quelques pièces d’argent destinées à couvrir les frais du voyage. Dans ses yeux, Zaïde put lire toute la peine qu’avait Sakine de lui confier une telle somme.
Dans un bleu d’une pureté profonde, le soleil au zénith indiquait qu’une moitié de journée s’était écoulée, il était temps de partir.
En avant, tonna Zaïde.
Le signal du départ fut donné et répondait à son impatience grandissante.
Que votre route soit favorable vers Ouelta, assura Sakine.
Les camélidés se dressèrent sur leurs pattes. Ils se levèrent en deux mouvements, les pattes avant puis les pattes arrière, éprouvant l’équilibre de leurs fardeaux. Le chameau, par rapport à l’âne, était l’animal le plus apte à cette mission. En effet, ses caractéristiques morphologiques conviennent parfaitement au milieu : deux gros orteils élargis lui permettent de lutter contre l’instabilité des sables en supportant de fortes charges de bât. Le chameau est la recrue de premier ordre pour lutter contre les tempêtes du désert, des poils protégeant ses yeux et ses oreilles. En outre, il est peu exigeant, s’alimentant peu, décelant les points d’eau et s’il a emprunté une unique fois un itinéraire, son instinct lui permet de le retrouver sans coup férir. Il serait donc le véritable guide de l’expédition. Zaïde et les chameliers quittèrent le village et s’engagèrent dan

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