Anthropologie de l athlétisme en Afrique de l Ouest
530 pages
Français

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Anthropologie de l'athlétisme en Afrique de l'Ouest , livre ebook

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Description

Comment peut-on être athlète en Afrique de l'Ouest ? Généralement, l'intérêt porté au phénomène sportif en Afrique se borne au football, à l'Ouest, et à l'athlétisme, à l'Est. Cette étude anthropologique met en évidence les facteurs sociaux de la course à pied, de la course pensée à la technologie de la pratique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 402
EAN13 9782296468054
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Anthropologie de l’athlétisme en Afrique de l’Ouest
Études Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa
Dernières parutions
Anna M. DIAGNE, Sascha KESSELER, Christian MEYER (éd.), Communication Wolof et société sénégalaise. Héritage et création , 2011.
Fabrice AGYUNE NDONE, Changement social chez les Makina du Gabon, 2011.
B. H. MOUSSAVOU, Prisons africaines. Le cas du Gabon , 2011.
MOTAZE AKAM , La sociologie de Jean-Marc Ela , 2011.
Léon Modeste NNANG NDONG, L’effort de guerre de l’Afrique. Le Gabon dans la Deuxième Guerre mondiale (1939-1947) , 2011.
Joseph MBOUOMBOUO NDAM (sous la dir.), La microfinance à la croisée des chemins , 2011.
Benoît AWAZI MBAMBI KUNGUA, De la postcolonie à la mondialisation néolibérale Radioscopie éthique de la crise négro-africaine contemporaine , 2011.
Anne COUSIN, Retour tragique des troupes coloniales, Morlaix-Dakar, 1944 , 2011.
Hopiel EBIATSA, Fondements de l’identité et de l’unité teke, 2011.
Patrice MOUNDOUNGA MOUITY, Transition politique et enjeux post-électoraux au Gabon , 2011.
Baoua MAHAMAN, La nouvelle génération d'Africains. Quand les idéalistes d'hier plient face au système , 2011.
Ghislaine SATHOUD, Rendez aux Africaines leur dignité , 2011.
Théodore Nicoué GAYIBOR, Sources orales et histoire africaine , 2011.
Jean-Christophe BOUNGOU BAZIKA, Entrepreneuriat et innovation au Congo-Brazzaville , 2011.
Papa Momar DIOP, Guide des archives du Sénégal colonial , 2011.
Yaya Koné
Anthropologie de l’athlétisme en Afrique de l’Ouest
La condition de l’athlète
L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56181-6
EAN : 9782296561816
Remerciements
Aux professeurs Pierre-Philippe Rey, Marc Perelman et Jean-Marie Brohm ; aux ex-champions Haruna Palé et Namakoro Niaré, Guillaume Cossou, Cyrille Gouljiar, Sébastien Kaszluk ; aux férus de course à pied que sont Issa Diallo (Papisso), Frédéric Fofana, Jérôme Chassang, François Cusset, Tony Tormena, Claire Blandel, Thierry Vilsan, Yann Edu, Seydi Diagana, Sidiki Yatera, Stephane Viargues et Rachid Ouaj. A Siata, Ousmane, Eliane, Gaoussou Diarra et Issa Sylla. Aux jeunes Abidjanais du quartier de Koumassi, Amadou dit Papa ministre et Didier Koffi dit Doug. A tous les habitants des villes de Sikasso et Bamako. Aux familles Fofana, Kouadio et Dzada-Dzifa. Ainsi qu’aux élèves et équipes pédagogiques des lycées Traoré à Abidjan et de La Tourelle à Sarcelles.
Et une pensée particulière pour Seibou, Solo, Sanou, Kassim, et N’Deye Diop.
« Qui sait courir, sait se remettre en cause »
Préface
Pierre-Philippe Rey
Quand on lit le livre de Yaya Koné, on rit beaucoup, ce qui, il faut bien le dire, ne caractérise pas habituellement les thèses universitaires. Il s’agit pourtant d’une thèse universitaire, soutenue il y a un an1et qui satisfait à tous les critères de ce pénible exercice2. La raison de cette double réussite est certainement la situation décalée dans laquelle Yaya Koné est posté en permanence et donc nous derrière lui. En termes académiques on appelle ça une « prise de distance ». Mais en réalité, il n’a aucune distance à « prendre ». Il est déjà distancié par nature, pourrait-on dire :
- athlète de haut niveau, il est aussi un anthropologue qui étudie les athlètes ; et donc il nous fait rire des athlètes3 et de leurs manies chronométriques mais aussi des « spécialistes » des sciences humaines et de leurs manies méthodologiques4
- français de nationalité, il est malien par ses parents et donc on rit encore quand il décrypte aussi bien les stéréotypes des Français (et des Européens en général) sur les athlètes africains que les stéréotypes des Maliens (et de l’ensemble des Africains originaires du Sahel) sur la course à pied
- originaire d’un groupe musulman, il a été formé dans l’école française mixte et laïque et on rit encore plus quand il s’infiltre au sein d’un groupe de 15 garçons originaires d’Afrique du Nord et d’Afrique de l’Ouest en train d’observer des filles qui font leur jogging matinal dans le parc de Chanteraines en région parisienne.
Voyons d’abord ce dernier point - mais l’exemple concerne aussi le premier - qui donne bien le ton. Tout d’abord Yaya Koné nous propose un tableau dans les règles incontournables de l’art sociologique. Il a chronométré (là on croit prendre l’athlète de haut niveau la main dans le sac). Il a chronométré quoi ?
Mais non ! Pas le temps que mettent les différentes filles observées à parcourir une distance donnée ! Mais le temps passé par les garçons à regarder la fille qui passe devant eux… Cela donne le résultat suivant sous forme d’un tableau à double entrée :

Puis il commente, toujours aussi sérieusement :
« On observe une plus grande attention aux passages des coureuses d’origine maghrébine. Les coureuses d’origine européenne suscitent un regard, puis un commentaire. Les jeunes Maghrébines créent la stupeur, voire un silence interloqué. Les coureuses baissent la tête et accélèrent à l’approche des groupes. »
Ici, en respectant toujours le plus pur style académique, Yaya Koné introduit une note de bas de page :
« Les jeunes hommes au nombre de 15 sont tous des Français originaires d’Afrique, 11 jeunes Maghrébins, et 4 Subsahariens.
- Pour les jeunes femmes d’origine européenne, les commentaires sont : ‘Elle est bonne, elle’.
- Pour les jeunes femmes d’origine maghrébine, les commentaires sont :
‘Mais qu’est-ce qu’elle fait, elle’, ‘C’est une Kahba’ (pute), ‘C’est pas la sœur de… ?’ »
Pourtant les jeunes filles en question ont tout fait pour passer inaperçues et Yaya Koné nous l’a indiqué juste avant :
« Certaines femmes complexées et/ou pudiques attachent des sweat-shirts sur leurs hanches pendant qu’elles courent. Les femmes de culture musulmane et maghrébine, telles que Warda et Nacéra, le font systématiquement »… « On remarque qu’il s’agit à chaque fois de jeunes femmes françaises d’origine maghrébine, il n’y a aucune femme d’origine subsaharienne parmi les coureuses. »
Pas de coureuse d’origine subsaharienne : là nous sommes au cœur de notre deuxième point : les stéréotypes sur la course à pied en Afrique sahélienne, qui dévalorisent cette pratique pour les hommes, mais la rendent carrément inimaginable pour une femme.
Je vais revenir sur ces différents points dans un instant, puisque tel est l’objectif d’une préface : donner à voir ce qui va être dit dans le texte lui-même, sans le dire vraiment, mais juste assez pour que le lecteur fasse un premier pas à l’intérieur du sujet.
Mais avant, je pose une question : qui nous fait rire aujourd’hui ?
Réponse : depuis la mort de Coluche, les gens qui nous font rire ont presque tous, comme Yaya Koné, une position à la fois extérieure et intérieure à la société française : Jamel Debbouze (père marocain, mère algérienne), Dany Boon (père algérien, mère ch’ti), Kad Merad (père algérien, mère française), Gad Elmaleh (juif marocain très attaché à son pays d’origine, installé en France), Fellag (algérien, lui aussi installé en France)…
Prenons le film « Bienvenue chez les Ch’tis », qui a été vu dans les semaines qui ont suivi sa sortie par un nombre de spectateurs à peu près égal au nombre total de Français, si on en retire quelques spécialistes de la constipation intellectuelle et tous ceux qui ne sont pas encore capables de marcher jusqu’à une salle de cinéma ou qui ne le sont plus. Dany Boon et Kad Merad s’en donnent à cœur joie sur les stéréotypes concernant les gens du Nord. Mais pourquoi le film a-t-il eu aussi un succès populaire monstre bien au-delà des frontières de la France et de la Belgique francophone ? Parce qu’il est une métaphore de tous les stéréotypes racistes et xénophobes et donc on n’est pas étonné d’apprendre que les deux compères qui l’ont conçu, réalisé et joué sont aussi tous les deux fils d’immigrés algériens. Les Ch’tis 100% n’ont, eux, rien produit de tel jusqu’à présent.
Il est d’ailleurs significatif, pour revenir à un sport dont il est beaucoup question en contrepoint dans la thèse de Yaya Koné, à savoir le football, que dans le temple du racisme footballistique, le Parc des Princes, lors d’un match PSG-Lens, des supporters parisiens aient traduit pour nous sans ambiguïté le sens de cette mise en scène métaphorique de tous les racismes, chauvinismes et xénophobies qu’est le film « B

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