Gambuch
130 pages
Français

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Gambuch , livre ebook

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Description

L'auteur relate, à la première personne, à partir d'interviews et de documents d'époque, le parcours de Robert Cohen. Enfant bagarreur aux jambes courtes, il fut surnommé "Gambuch". Sa rage de revanche l'a mené à réaliser un exploit : devenir, en trois ans, champion de France, champion d'Europe puis champion du monde, à la suite de Marcel Cerdan. Les déceptions et trahisons ont brisé son élan : il a renoncé à poursuivre sa carrière...

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Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 14
EAN13 9782296489486
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

GAMBUCH La fulgurante ascension du champion du monde de boxe Robert Cohen
Michel Rosenzweig GAMBUCH
La fulgurante ascension du champion du monde de boxe Robert Cohen
Préface de Jonathan L. Hasson
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96511-9 EAN : 9782296965119
Préface et remerciements
C’était un dimanche de la fin du mois d’août 2011, étant de passage à Bruxelles en partance vers mon lieu de résidence actuel : Shanghai, où je réside depuis onze ans. Mon oncle par alliance, l’époux de la sœur aînée de ma mère, fidèle à sa générosité et à son sens familial, invita tous les membres présents de la tribu à son restaurant préféré pour partager un couscous dans le légendaire restaurant bruxellois bien connu,Tizi Ouzou, plus connu du nom de son fondateurYaya. Revoir ainsi le champion du monde Robert Cohen, « mon idole », après une si longue absence, me troubla énormément. Enfant, je passais de longs moments à contempler, les yeux plein d’admiration, la ceinture dorée de champion du monde, les coupes, les témoignages et les photos de mon oncle. Il était pour moi aussi prestigieux que Superman ou Batman, les héros de mon enfance, mais il incarnait surtout des qualités de cœur exceptionnelles à mes yeux éblouis. L’accueil que nous fit le restaurateur, qui le connaissait très bien, m’interpella mais sans plus. Au moment du départ, un homme d’environ soixante-cinq à soixante-dix ans se précipita de nulle part sur Robert, les bras ouverts et les yeux mouillés de larmes, tout en proférant maladroitement des mots plein d’émotion afin d’exprimer sa gratitude ainsi que son admiration demeurée intacte depuis plus de cinquante-cinq ans.
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Ensuite, il lui confia combien cette ascension du pauvre petit juif algérien de Bône avait porté toute une génération (1954), donnant espoir, fierté et valorisation à une grande partie de la jeunesse algérienne de l’époque. J’en fus ému aux larmes ainsi que tous les témoins de cette scène. C’est alors que je pris conscience que je n’étais pas le seul à avoir conservé cette admiration et cette estime, tout comme je n’avais jamais réalisé ce que cela représentait en termes de réussite et de consécration. Dès lors, ce fut pour moi une évidence, il me fallait rendre hommage à cet homme pour sa fulgurante carrière, pour son courage et sa détermination ainsi que pour son intégrité, mais surtout pour les grandes valeurs humaines qu’il portait en lui et qu’il représentait aux yeux de ses admirateurs. Ce fut le début de l’aventure de cette biographie et je me mis aussitôt en quête d’un auteur. Michel Rosenzweig, philosophe et psychanalyste, accepta de relever le défi. À travers de nombreuses heures d’interviews, de lecture de coupures de presse et de rencontres informelles, il réalisa l’exploit de se glisser dans la peau du personnage, menant un combat de boxe en quinze rounds pour raconter son ascension, afin que Robert puisse dire : « C’est comme si je l’avais écrit moi-même. » Aussi, je tiens à remercier chaleureusement l’auteur ainsi que les Éditions L’Harmattan qui m’ont permis de mener à bien ce projet qui me tenait tant à cœur. Bonne lecture. Jonathan L. Hasson
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Prologue
Rome, 29 juin 1956, vingt heures, stade olympique, trente-cinq mille spectateurs. Mon nom est Robert Cohen, mais on me surnommait « Gambuch » lorsque j’étais très jeune, ce qui signifie « petites jambes » dans une langue étrange que personne à ce jour n’a pu identifier. En ce 29 juin 1956, j’ai vingt-cinq ans, je suis champion du monde de boxe dans la catégorie poids coq depuis le 19 septembre 1954 et je remets mon titre en jeu en affrontant Mario D’Agata, trente ans, sourd-muet, champion d’Europe aujourd’hui décédé. Je suis à l’apogée de ma carrière, mais je ne le sais pas encore. Je suis couvert d’honneur et de gloire, en dix mois, j’ai successivement été champion de France, champion d’Europe et champion du monde. Je suis donc le champion de boxe français qui a succédé à la légende, Marcel Cerdan, mais de cela, la France d’aujourd’hui ne se souvient pas car la République a la mémoire courte et sélective. Ce soir, sous les projecteurs et les hurlements de la foule, les ténèbres vont s’abattre sur moi, mais je ne le sais pas encore tant je me crois invincible. Je suis petit, trapu, bien musclé et léger, ma puissance de combat est impressionnante, j’esquive les coups, je me protège et je ne cesse de bouger parce que je suis animé d’une soif de revanche sur la vie : venger ma petite taille et montrer au monde entier qui je suis. Au premier round, je suis frappé au visage, un choc étourdissant, puissant, qui coupe en deux parties distinctes ma paupière gauche, je pense que je vais m’en remettre, mais
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je me trompe. Ensuite, je tape dans le vide, dans le néant, mes coups se perdent dans le sillage de leurs courants d’air. Au sixième round, je suis touché à la mâchoire, je m’écroule, je me relève puis je remets un genou à terre, en pensant que le gong va me sauver, mais je me trompe. Au septième round, après la minute de repos, je m’avance prêt à en découdre, mais l’arbitre me renvoie dans mon coin en proclamant la victoire de Mario D’Agata. Je suis hébété, je ne comprends rien, je vacille, je titube et je m’effondre, ma carrière est finie, plus jamais je ne remonterai sur un ring, je le sais, je le sens, quelque chose s’est brisé en moi, en vérité, quelque chose m’a brisé en moi, mais je ne le sais pas encore. Je suis jeune, je viens de me marier et ma femme attend un premier enfant, un garçon. Avec pugnacité et détermination, je suis arrivé au sommet du Noble Art en peu de temps pour en disparaître aussi rapidement, comme une étoile filante, dans une fulgurance de météore qui tirait son énergie vitale d’une immense envie de vivre et de s’affirmer. Mon enfance fut heureuse, sans problèmes, le climat familial était serein, mon père était coiffeur, sa boutique était située place Caraman, ma mère était « mère », comme les mères juives le sont, protectrice et dominatrice, exigeante et sévère, envahissante et directrice, et comme tous les fils de mères juives, j’étais un « bon fils ». Pour preuve, je lui avais promis d’épouser une fille juive, c’est ce que j’ai fait, tout comme j’avais fait le serment d’être « bon », ce que j’ai fait toute ma vie, bon, droit, honnête et digne, intègre, ce que je n’ai cessé d’être dans ma courte et éblouissante carrière de boxeur. Aujourd’hui, je suis âgé de quatre-vingts ans, j’ai eu trois fils et six petits-enfants, je vis entre Bruxelles et Johannesburg et je vais vous raconter mon histoire, celle d’un enfant d’Algérie, un petit Français pied-noir, un des treize enfants
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de la famille Cohen, installée depuis le dix-neuvième siècle à Bône rebaptisée Annaba aujourd’hui.
(Droits réservés)
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