Mathias Sandorf
196 pages
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Description

Mathias Sandorf

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Nombre de lectures 111
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Extrait

Mathias Sandorf
Jules Verne
1885
À ALEXANDRE DUMAS
Je vous dédie ce livre en le dédiant aussi à la mémoire du conteur de génie que fut
Alexandre Dumas, votre père. Dans cet ouvrage, j’ai essayé de faire de Mathias
Sandorf le Monte-Cristo des VOYAGES EXTRAORDINAIRES. Je vous prie d’en
accepter la dédicace comme un témoignage de ma profonde amitié.
JULES VERNE.
RÉPONSE DE M. A. DUMAS
23
juin
1885
Cher ami,
Je suis très touché de la bonne pensée que vous avez eue de me dédier M a t h i a s
S a n d o r f, dont je vais commencer la lecture dès mon retour, vendredi ou samedi.
Vous avez eu raison, dans votre dédicace, d’associer la mémoire du père à l’amitié
du fils. Personne n’eût été plus charmé que l’auteur de M o n t e- C r i s t o, par la lecture
de vos fantaisies lumineuses, originales, entraînantes. Il y a entre vous et lui une
parenté littéraire si évidente que, littérairement parlant, vous êtes plus son fils que
moi. Je vous aime depuis si longtemps, qu’il me va très bien d’être votre frère.
Je vous remercie de votre persévérante affection, et je vous assure une fois de plus
et bien chaudement de la mienne.
A. DUMAS.
PREMIÈRE PARTIE :
I. Le pigeon voyageur
II. Le comte Mathias Sandorf
III. La maison Toronthal
IV. Le billet chiffré
V. Avant, pendant et après le jugement
VI. Le donjon de Pisino
VII. Le torrent de la Foïba
VIII. La maison du pêcheur Ferrato
IX. Derniers efforts dans une dernière lutte
DEUXIÈME PARTIE :
I. Pescade et Matifou
II. Le lancement du trabacolo
III. Le docteur Antékirtt
IV. La veuve d’Étienne Bathory
V. Divers incidentsVI. Les bouches de Cattaro
VII. Complications
VIII. Une rencontre dans le Stradone
TROISIÈME PARTIE :
I. Méditerranée
II. Le passé et le présent
III. Ce qui se passait à Raguse
IV. Sur les parages de Malte
V. Malte
VI. Aux environs de Catane
VII. La Casa Inglese
QUATRIÈME PARTIE
I. Le préside de Ceuta
II. Une expérience du docteur
III. Dix-sept fois
IV. Le dernier enjeu
V. Aux bons soins de Dieu
VI. L’apparition
CINQUIÈME PARTIE
I. Poignée de main de Cap Matifou
II. La fête des Cigognes
III. La maison de Sîdi Hazam
IV. Antékirtta
V. Justice
Mathias Sandorf : I : 1
Trieste, la capitale de l’Illyrie, se divise en deux villes très dissemblables : une ville neuve et riche, Theresienstadt, correctement bâtie
au bord de cette baie sur laquelle l’homme a conquis son sous-sol ; une ville vieille et pauvre irrégulièrement construite, resserrée
entre le Corso, qui la sépare de la première, et les pentes de la colline du Karst, dont le sommet est couronné par une citadelle
d’aspect pittoresque.
Le port de Trieste est couvert par le môle de San-Carlo, près duquel mouillent de préférence les navires du commerce. Là se forment
volontiers, et, parfois, en nombre inquiétant, des groupes de ces bohèmes, sans feu ni lieu, dont les habits, pantalons, gilets ou
vestes, pourraient se passer de poches, car leurs propriétaires n’ont jamais rien eu, et vraisemblablement n’auront jamais rien à y
mettre.
Cependant, ce jour-là, 18 mai 1867, peut-être eût-on remarqué, au milieu de ces nomades, deux personnages un peu mieux vêtus.
Qu’ils dussent jamais être embarrassés de florins ou de kreutzers, c’était peu probable, à moins que la chance ne tournât en leur
faveur. Ils étaient gens, il est vrai, à tout faire pour lui imprimer un tour favorable.
L’un s’appelait Sarcany et se disait Tripolitain. L’autre, Sicilien, se nommait Zirone. Tous deux, après l’avoir parcouru pour la dixième
fois, venaient de s’arrêter à l’extrémité du môle. De là, ils regardaient l’horizon de mer, à l’ouest du golfe de Trieste, comme s’il eût dû
apparaître au large un navire qui portât leur fortune !
« Quelle heure est-il ? » demanda Zirone, dans cette langue italienne, que son compagnon parlait aussi couramment que les autres
idiomes de la Méditerranée.
Sarcany ne répondit pas.
« Eh ! suis-je assez sot ! s’écria le Sicilien. N’est-il pas l’heure à laquelle on a faim, quand on a oublié de déjeuner ! »
Les éléments autrichiens, italiens, slaves, sont tellement mélangés dans cette portion du royaume austro-hongrois, que la réunion de
ces deux personnages, bien qu’ils fussent évidemment étrangers à la ville, n’était point pour attirer l’attention. Au surplus, si leurs
poches devaient être vides, personne n’eût pu le deviner, tant ils se pavanaient sous la cape brune qui leur tombait jusqu’aux bottes.Sarcany, le plus jeune des deux, de taille moyenne, mais bien proportionné, élégant de manières et d’allures, avait vingt-cinq ans.
Sarcany, rien de plus. Point de nom de baptême. Et, au fait, il n’avait point été baptisé, étant très probablement d’origine africaine, de
la Tripolitaine ou de la Tunisie ; mais, bien que son teint fût bistré, ses traits corrects le rapprochaient plus du blanc que du nègre.
Si jamais physionomie fut trompeuse, c’était bien celle de Sarcany. Il eût fallu être très observateur pour démêler en cette figure
régulière, yeux noirs et beaux, nez fin, bouche bien dessinée qu’ombrageait une légère moustache, l’astuce profonde de ce jeune
homme. Nul œil n’aurait pu découvrir sur sa face, presque impassible, ces stigmates du mépris, du dégoût, qu’engendre un perpétuel
état de révolte contre la société. Si les physionomistes prétendent, – et ils ont raison en la plupart des cas, – que tout trompeur
témoigne contre lui-même en dépit de son habileté, Sarcany eût donné un démenti formel à cette proposition. À le voir, personne
n’eût pu soupçonner ce qu’il était, ni ce qu’il avait été. Il ne provoquait pas cette irrésistible aversion qu’excitent les fripons et les
fourbes. Il n’en était que plus dangereux.
Quelle avait dû être l’enfance de Sarcany ? on l’ignorait. Sans doute, celle d’un être abandonné. Comment fut-il élevé, et par qui ?
Dans quel trou de la Tripolitaine nicha-t-il durant les années du premier âge ? Quels soins lui permirent d’échapper aux multiples
causes de destruction sous ces climats terribles ? En vérité, personne ne l’eût pu dire, – pas même lui, peut-être, – né au hasard,
poussé au hasard, destiné à vivre au hasard ! Toutefois, pendant son adolescence, il n’avait pas été sans se donner ou plutôt sans
recevoir une certaine instruction pratique, due probablement à ce que sa vie s’était déjà passée à courir le monde, à fréquenter des
gens de toutes sortes, à imaginer expédients sur expédients, ne fût-ce que pour s’assurer l’existence quotidienne. C’est ainsi et par
suite de circonstances diverses, que, depuis quelques années, il s’était trouvé en relations avec une des plus riches maisons de
Trieste, la maison du banquier Silas Toronthal, dont le nom doit être intimement mêlé à toute cette histoire.
Quant au compagnon de Sarcany, l’italien Zirone, qu’on ne voie en lui que l’un de ces hommes sans foi ni loi, aventurier à toutes
mains, à la disposition du premier qui le payera bien ou du second qui le payera mieux, pour n’importe quelle besogne. Sicilien de
naissance, âgé d’une trentaine d’années, il eût été aussi capable de donner de mauvais conseils que d’en accepter et surtout d’en
assurer l’exécution. Où était-il né ? peut-être l’aurait-il dit, s’il l’avait su. En tout cas, il n’avouait pas volontiers où il demeurait, s’il
demeurait quelque part. C’était en Sicile que les hasards d’une vie de bohème l’avaient mis en rapport avec Sarcany. Et ils allaient
ainsi, à travers le monde, s’essayant p e r f a s e t n e f a s à faire une bonne fortune de leurs deux mauvaises. Toutefois, Zirone, grand
gaillard barbu, très brun de teint, très noir de poil, eût eu quelque peine à dissimuler la fourberie native que décelaient ses yeux
toujours à demi fermés et le balancement continu de sa tête. Seulement, cette astuce, il cherchait à la cacher sous l’abondance de
son bavardage. Il était d’aille

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