De bruit et de fureur de Brisseau Jean-Claude
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

De bruit et de fureur
F de Jean-Claude Brisseau
FICHE FILM
Fiche technique
France - 1987 -
Réalisateur :
Jean-Claude Brisseau
Scénario :
Jean-Claude Brisseau
Interprètes :
Vincent Gasperitsch
(Bruno)
Lisa Heredia
François Negret dans De bruit et de fureur
(l'apparition)
Résumé Critique
François Negret
Dans un grand ensemble de la région pari- Pour avoir travaillé vingt ans dans la même(Jean-Roger)
sienne, deux enfants, Bruno et Jean-Roger, commune que Brisseau, je dois témoigner
Bruno Cremer sont livrés à eux-mêmes. Ils fréquentent que les bruits et fureurs qu’il a captés sont
des bandes, vont au collège. La vie norma- encore pas mal de décibels au-dessous des
(Marcel
le en quelque sorte, enfin presque puisque vrais orages. Brisseau connaît bien cette
le second va afficher une jalousie sans banlieue, il nous la décrit avec son cœur etFabienne Babe
borne lorsqu'une professeur manifestera ses tripes en refusant les clichés éculés et
(Le professeur) de l'amitié pour le premier... les complaisances, sans se sentir obligé
d’ajouter la petite dose de racisme dont
Antoine Fontaine beaucoup de réalisateurs croient "mode"
de pimenter leurs films.(principal du C.E.S.)
Il connaît encore mieux ses loubards. Dans
sa fonction il a pour eux une immense ten-
dresse, une certaine crainte, parfois un brin
de pitié, mais jamais une ombre de mépris.
Eux ont pour lui du respect et de l’affec-
tion. Il est leur père. Bien qu’il se défende
d’avoir de la sympathie pour le personnage
interprété par Bruno Cremer, il doit se
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reconnaître dans ce père punissant ses La pédagogie semble représenter dans le cipe ainsi à une mise en condition du
fils entre quatre yeux mais les défen- cinéma de Brisseau l’altemative unique spectateur qui vient rappeler que
dant en toutes circonstances contre les et essentielle au chaos. Son usage pour- Brisseau trouve dans Hitchcock un
autres. Cet amour réciproque du maître tant ne se réalise pas sans prix (cf. Un vague modèle forrmel.
et des gosses. puis du cinéaste et de jeu brutal). De bruit et de fureur est le film du
ses petits comédiens assure au moins A l’intégration de la culture s’oppose le point de fusion des contraires. Il est à la
autant que le talent (immense) de ceux- vertige de la barbarie, représentée par fois le mythe et la réalité, la brutalité et
ci, Ia qualité de l’œuvre. ce qui est plus une tribu qu’une famille la pudeur.Il met en scène des rapports
Je coterais bien 18/20... Dommage que et dont le chef (Bruno Cremer), pure où la haine rejoint la fascination. La ren-
Brisseau ait voulu contrebalancer la vio- incarnation du mal, est une de ces contre de l’eau et du feu.
lence du réel par des scènes d'appari- figures mythologiques comme on en a A la différence de la fin d’un jeu brutal
tions ! Loin de faire passer l’invraisem- peu vue dans toute l’histoire du cinéma où l’escalade d’une colline par le per-
blable elles l’aggravent. Alors, disons français. Plus que l’inclination vers le sonnage incarné par Emmanuelle
14/20. Réalisateur à suivre. Devrait pas- mal, le personnage de Bruno Cremer est Debever s’assimilait à un trip vers le
ser dans la classe supérieure. guidé par l’attraction de l’absolu soleil et la vie, De bruit et de fureur
Gérard Merat ("Quand tu sortiras de prison tu auras la s’achève par la nuit la plus sombre.
lumière") qui motive une véritable folie La dernière scène, bouleversante, du
prométhéenne : "Y'a pas de Dieu, pas de film évoque la fin de L’enfance nue de
Le cinéma de Brisseau tourne perpétuel- punition, y'a rien mon petit." On pense, Pialat : un adulte lit une lettre écrite, par
lement autour des mêmes questions : par instant, au personnage de James un enfant "irrécupérable", en prison.
qu’est-ce que la socialisation ? Quel est Mason dans Bigger than life de Après un maëlstrom de feu et de sang,
le rôle de la culture face aux pulsions de Nicolas Ray, cinéaste auquel le film fait cette séquence produit l’effet d’une
mort ? Si le film transcende la réalité souvent songer (cf. Ia fleur fanée) mais fausse rémission (comme chez Pialat
par le mythe c’est pour en approcher la sans I’ostentation lyrique. justement mais en dix fois plus fort) :
vérité. Le décor du film (misère des ban- Au réel proprement étouffant des prota- "lci tout le monde est gentil, on
lieues, chômage et délinquance) consti- gonistes du film s'opposent les visions m’apprend comme à l’école."
tue ici un matériau traité sans mépris. oniriques de Bruno, véritables répits Puissance de l’horreur.
Ce respect, notamment, rapproche De structurels qui, au-delà d’une justifica- Un très grand cinéaste est né.
bruit et de fureur du grand cinéma tion platement psychologique (combler Antoine Rakovsky
américain et le situe bien loin de la glu l'absence de la mère), constituent la La revue deu Cinéma n°439
sociologisante à quoi nous a trop sou- représentation logique, implacable, cli-
vent habitués bon nombre de films fran- nique au bout du compte, du processus
çais. De bruit et de fureur est le film d’autodestruction (l’ange ramasse le L’assise du film est documentaire : tout
d’une destruction, un précis de décom- revolver) de l’adolescent. ceci existe, et Brisseau n’a pas eu besoin
position, une spirale mortifère. Le per- La pensée en action dans De bruit et d’enquêter pour s’assurer de la véracité
sonnage central du filrn, Bruno, un ado- de fureur est la réalisation de la violen- des faits et de la vérité des êtres. Mais les
lescent de quatorze ans, singulièrement ce comme forme. Le filmage établit, en apparitions de la dame ne sont ni un sup-
aboulique, est confronté à deux pos- effet, une véritable dialectique entre le plément d’âme destiné à assurer au film
sibles : celui de la culture et celui de la champ et le hors-champ qui déterminent un plus ou une noblesse qui le ferait
mort. De bruit et de fureur est le à la fois l’extrême brutalité des compor- échapper au réalisme, ni Ie point faible du
théâtre d’un conflit entre la loi et le tements filmés et la retenue anti- film. II n’y a pas réaIisme d’un côté, oniris-
néant. Il est placé sous I’autorité de la exhibitionniste de leur restitution. La me de I’autre. Il y a va-et-vient constant
phrase de Shakespeare : "Le sang fut mise en scène focalise la violence, ou d’un registre à l'autre.
versé aux temps anciens, avant que les sur le choc, l’impact (projectiles jetés La réalité est hallucinante, et les halluci-
lois humaines eussent adouci les hors cadre sur une voiture de flics, bref nations provoquent, dans Ia fiction, des
mœurs." La loi est inculquée par le pro- coup de couteau suivi d’un travelling, effets de réeI. Première apparition :
fesseur (Fabienne Babe) qui pense que bruit off d’une bouteille cassée sur un scène onirique, I’oiseau griffe Bruno.
la pédagogie permettra de stopper la crâne, ou sur le résultat, dérisoire parce Scène suivante (réaliste) : Bruno porte
chute de Bruno. N’explique-t-elle pas la que violent, violent parce que dérisoire cependant sur son visage les marques
loi de la gravitation universelle ? (une faucille plantée dans un dos). La de la blessure. Dernière apparition : la
(Pourquoi les Chinois ne tombent-ils pas ?). fulgurance des scènes de violence parti- Dame donne à Bruno le revolver, Bruno
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
77.32.76.96 2
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Fax : 77.25.11.83D O C U M E N T S
se tue. Réellement. (...) un peu différent : la mère, dont on neEntretien avec le réalisa-
C’est, on l’a vu, I’oiseau qui est le princi- connaît pas l’activité, encore qu’on puisse
teurpal passeur entre le réalisme et l’oniris- s’en douter, est une dame très gentille
me. Leitmotiv du film, lui aussi se trans- avec son môme (mais jamais là) et qui doit
forme : serin (sérénité, domesticité), fau- avoir envie de changer de milieu. SonPositif : La violence est montrée de
con (agressivité, très vite d’ailleurs : lors appartement n’est donc pas meublé rigou-façon fort explicite mais sans aucune
d’un rapide insert sur la cage, au tout reusement prolétarien. En général, la signi-pornographie. Aviez-vous des partis pris
début du film), chouette perchée sur fication métaphysique vient du second lieustylistiques à ce propos ?
l’épaule du pendu (l'oiseau de la sages- car, si le mot

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