Apprendre à apprendre du terrain
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de Habitat IIà Habitat II+5Apprendre à apprendre du terrainResponsable du projet “Formation des professionnels de la ville”du programme MOST (“gestion des transforma-tions sociales”) del’UNESCO, Germán Solinisest en tant qu’urbaniste,architecte et sociologue,spécialiste autant quegénéraliste de l’urbain.Interview.étroite, alors même que la réalité secomplexifie et rend indispensable unecapacité de réponse flexible et dyna-mique. Force est donc de parler d’in-adéquation entre les domaines d’étu-de, les programmes et les méthodesde formation face aux enjeux urbains,présents et futurs.L’Institut universitaire Diagonal : L’intérêt porté à la for- Quel est précisément le public- Quelle est l’origine intellectuellede Grenoble dans mation dans les domaines urbains par le cible de ce programme ? de ce projet ?ses nouveaux murs.programme MOST est-il purement Le projet concerne tout d’abord les L’expérience des processus urbainsCertains étudiants conjoncturel ? futurs et les jeunes professionnels de contemporains, qui sont pris dans cer-auront la chance Germán Solinis : Il répond, certes, la production et de la gestion de l’es- taines contradictions. Par exemple, lesde travailler brièvementdans le cadre à la demande explicitement formulée à pace urbain, concepteurs, techniciens mutations dues à ce que l’on nommed’ateliers à l’étranger.l’issue de Habitat II, en 1996, de réno- et gestionnaires de la ville, dont les la globalisation ont un impact ...

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Langue Français

Extrait

de Habitat II
à Habitat II+5
Apprendre
à apprendre du terrain
Responsable du
projet “Formation des
professionnels de la ville”
du programme MOST
(“gestion des transforma-
tions sociales”) de
l’UNESCO, Germán Solinis
est en tant qu’urbaniste,
architecte et sociologue,
spécialiste autant que
généraliste de l’urbain.
Interview.
étroite, alors même que la réalité se
complexifie et rend indispensable une
capacité de réponse flexible et dyna-
mique. Force est donc de parler d’in-
adéquation entre les domaines d’étu-
de, les programmes et les méthodes
de formation face aux enjeux urbains,
présents et futurs.
L’Institut universitaire Diagonal : L’intérêt porté à la for- Quel est précisément le public- Quelle est l’origine intellectuelle
de Grenoble dans mation dans les domaines urbains par le cible de ce programme ? de ce projet ?
ses nouveaux murs.
programme MOST est-il purement Le projet concerne tout d’abord les L’expérience des processus urbains
Certains étudiants
conjoncturel ? futurs et les jeunes professionnels de contemporains, qui sont pris dans cer-auront la chance
Germán Solinis : Il répond, certes, la production et de la gestion de l’es- taines contradictions. Par exemple, lesde travailler brièvement
dans le cadre à la demande explicitement formulée à pace urbain, concepteurs, techniciens mutations dues à ce que l’on nomme
d’ateliers à l’étranger.l’issue de Habitat II, en 1996, de réno- et gestionnaires de la ville, dont les la globalisation ont un impact immé-
ver la formation des urbanistes mais architectes, urbanistes, géographes, diat sur les formes d’aménagement et
aussi à une nécessité objective (on ingénieurs, fonctionnaires. Car leur de planification. Elles s’accompa-
accepte depuis peu que le monde est formation initiale présente un double gnent, par exemple, d’effets majeurs
urbain) et à un intérêt épistémologique. paradoxe. D’une part, jamais les uni- comme la tendance à imposer des
Les actions de l’UNESCO concernant versités et centres de formation supé- références et des modèles univoques,
la formation des jeunes professionnels rieure du monde entier n’ont formé totalement étrangers aux conditions
de l’urbain ont débuté il y a près de autant de professionnels de la ville, historiques propres à chaque contexte,
trente ans, en association avec l’Union alors que ces jeunes diplômés sans ce qui revient à nier la pluralité cultu-
internationale des architectes (UIA). débouchés, viennent grossir les files relle des espaces urbains.
Nous nous employons, dans le cadre de chômeurs, au prix d’un coût social De même tous les habitants ne béné-
du programme MOST (1) et des tra- très élevé. D’autre part, le monde uni- ficient pas équitablement des atouts
vaux de suivi de Habitat II, à élargir le versitaire encourage généralement à que sont la production et la richesse
champ architectural au développement acquérir une qualification de plus en mondiale de l’information. D’où les
urbain. plus poussée et une spécialisation
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MAGALI LAURENCIN
de Habitat II
à Habitat II+5
multiples manifestations ségrégatives. ces hiatus : d’une part, naturellement, ou considérées comme des exercices
Autre échec : la mise en œuvre de les contradictions propres à l’organisa- purement académiques. Certes, elles
politiques urbaines et de l’habitat dans tion économique et sociale, mais aussi sont peu connues et manquent sou-
des pays industrialisés a aujourd’hui la résistance aux transformations que vent d’une structure solide qui leur
plus de cinquante ans mais le déficit les systèmes institutionnels observent permettrait de dépasser le stade de
mondial de logements n’a jamais pu lorsqu’ils sont pris dans leur inertie et tests conjoncturels. Dans ce contexte,
être réduit et une grande partie des que celle-ci se heurte, à l’évidence, à notre intervention n’a pas la préten-
villes du monde se bâtit sans assistan- de nouvelles conditions historiques. tion d’inventer ce qui existe déjà, mais
ce technique ni professionnelle. La D’autre part, interfèrent des facteurs de développer des synergies par une
proportion de cette ville bricolée en d’ordre psychosociologique, liés aux sorte d’animation médiatrice, d’appui
permanence atteint souvent, dans les tendances identitaires des cultures et de catalyse. Elle consiste à identifier
pays en développement, plus de 60 % professionnelles. Il est très difficile de les expériences isolées afin de les
de sa surface. les faire évoluer, surtout lorsqu’elles réunir et de contribuer à un double
travail de systématisation pour élabo-
rer une masse critique, à la fois du
point de vue méthodologique et péda-
gogique, et de légitimation auprès
d’institutions qui osent chercher des
nouveaux chemins, loin des sentiers
battus.
Or développer des outils pédago-
giques et techniques mieux adaptés
n’est concevable que dans un cadre
académique qui, ne se limitant pas à la
transmission de contenus, cherche,
dans la production de connaissances, à
élargir les possibilités de réponse,
grâce à des apprentissages émanant de
l’expérience et des pratiques liées aux
besoins et à la demande sociale.
Apprendre à apprendre de l’expé-
rience devrait être l’un des atouts
pédagogiques majeurs pour que les
futurs professionnels de la ville
sachent s’approprier les connais-
sances et deviennent des forces de
propositions actives.
Proposer Comment expliquez-vous ce hia- sont soutenues par d’autres facteurs
des solutions tus qui rendrait, à peu près partout, si sociétaux. Cette situation conduit à la Quels experts seront en mesure
d’aménagement peu opérationnelle la chaîne qui va de la crise d’identité professionnelle que de les concevoir ?
adaptées
formation à l’exercice professionnel ? l’on observe chez les diplômés dans Selon moi, ils devront posséder au
à la culture
Les contradictions signalées fournis- plusieurs pays ainsi qu’au décalage moins trois qualités : être des concep-et à la demande
sociale. sent des pistes prioritaires : des solu- entre les nouvelles pratiques du teurs analytiques maîtrisant des outils
tions sont à rechercher dans l’acquisi- champ professionnel et les vieilles théoriques et méthodologiques afin
tion de nouvelles qualifications et de représentations issues d’une histoire d’être en mesure de systématiser les
nouvelles sensibilités professionnelles. révolue, souvent glorieuse, de la pro- connaissances empiriques et de main-
Nous sommes convaincus que l’orga- fession. Innover implique d’abandon- tenir une distance critique par rapport
nisation et la gestion de l’urbain ner, en quelque sorte, le terrain gagné aux doctrines reçues et aux procédures
requièrent des professionnels aux mais au-delà des discours idéaux, imposées ; savoir travailler en équipe
compétences multiples et la création l’adaptation au changement est main- et dialoguer avec d’autres experts sol-
de nouvelles structures de travail, aux- tenant une question de survie. licités pour leurs propres approches et
quelles peu d’entre eux sont réelle- méthodes ; être capables d’écoute et
ment préparés, qu’ils intègrent le sec- Vous êtes convaincu que de nou- d’échanges avec les habitants ainsi
teur public ou les entreprises privées. veaux outils pédagogiques et d’interven- qu’avec les autorités et toute la maîtri-
Nous tenterons donc d’apporter des tion sont à inventer ? se d’œuvre. Enfin, il leur faudra être
éléments de réponse à la déconnexion De nombreuses expériences nova- de bons négociateurs et interlocuteurs
entre formation, qualifications et com- trices sont déjà pratiquées partout auprès des groupes d’intérêts locaux.
pétences, qui est l’un des plus impor- dans le monde, mais elles restent Le rôle des médiateurs et des gestion-
tants défis de l’université dans le cachées sous l’étiquette de pratiques naires de conflits est, à mon avis, la clé
domaine urbain. parallèles, non reconnues officielle- de voûte de l’édifice de la nouvelle
Plusieurs raisons peuvent expliquer ment par le système qui les soutient, manière de travailler.
20 D i a g o n a l 148 mars-avril 2001
JEAN- PAUL BAJARD/ DITINGde Habitat II
à Habitat II+5
pectif favorisant une urbanisation
équilibrée dans toutes les composantes
que nous venons de rappeler. La
notion fait ensuite ré

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