Biographie universelle ancienne et moderne/ESTIENNE (Robert Ier)
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Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843Tome 13 page 109 à 111ESTIENNE (Robert Ier)erESTIENNE (Robert I ), le plus célèbre imprimeur de cette famille, né à Paris en 1503, s’appliqua à l’étude de la littérature, et y fit desprogrès très rapides. II possédait non-seulement le latin et le grec, mais encore l’hébreu, comme le prouvent les excellentes éditionsqu’il a données dans ces différentes langues. Après la mort de son père, il travailla, quelques années en société avec Simon deColines, qui se reposait sur lui du soin, de surveiller l’imprimerie. Ce fut à cette époque qu’il publia une édition du NouveauTestament, plus correcte, et dans un format plus commode que toutes celles qui avaient paru jusque-là. Le prompt débit de cetteédition alarma les docteurs de Sorbonne, qui voyaient avec peine se multiplier les exemplaires d’un ouvrage dans lequel lespartisans des nouvelles opinions puisaient la plupart de leurs arguments ; mais ils ne purent jamais trouver même un prétexte pour endemander la suppression. Robert Estienne épousa peu après Pétronille, fille de l’imprimeur Josse Badius : c’était une femme d’unrare mérite. Elle enseigna elle-même les éléments du latin à ses enfants et à ses domestiques ; de sorte que, dans la maisond’Estienne, il n’y avait personne qui n’entendît et ne parlât cette langue avec facilité. Il quitta la société de Colines vers 1526, et établitune imprimerie sous son, nom, dans le même quartier, qu’avait habité son ...

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Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 Tome 13 page 109 à 111
ESTIENNE (Robert Ier)
er ESTIENNE (Robert I), le plus célèbre imprimeur de cette famille, né à Paris en 1503, s’appliqua à l’étude de la littérature, et y fit des progrès très rapides. II possédait non-seulement le latin et le grec, mais encore l’hébreu, comme le prouvent les excellentes éditions qu’il a données dans ces différentes langues. Après la mort de son père, il travailla, quelques années en société avec Simon de Colines, qui se reposait sur lui du soin, de surveiller l’imprimerie. Ce fut à cette époque qu’il publia une édition du Nouveau Testament, plus correcte, et dans un format plus commode que toutes celles qui avaient paru jusque-là. Le prompt débit de cette édition alarma les docteurs de Sorbonne, qui voyaient avec peine se multiplier les exemplaires d’un ouvrage dans lequel les partisans des nouvelles opinions puisaient la plupart de leurs arguments ; mais ils ne purent jamais trouver même un prétexte pour en demander la suppression. Robert Estienne épousa peu après Pétronille, fille de l’imprimeur Josse Badius : c’était une femme d’un rare mérite. Elle enseigna elle-même les éléments du latin à ses enfants et à ses domestiques ; de sorte que, dans la maison d’Estienne, il n’y avait personne qui n’entendît et ne parlât cette langue avec facilité. Il quitta la société de Colines vers 1526, et établit une imprimerie sous son, nom, dans le même quartier, qu’avait habité son père. Le premier ouvrage qu’il mit sous presse fut les Partitions oratoires de Cicéron, portant la date, du 7, des kalendes de mars 1527. Depuis cette année jusqu’à sa mort, il ne s’en passa aucune sans qu’il fit paraître quelques nouvelles éditions des classiques, supérieures à toutes les précédentes, et la plupart enrichies de noies et de préfaces pleines d’intérêt. On dit que, pour s’assurer davantage de la correction des ouvrages qu’il [1] imprimait, il en affichait les épreuves, en promettant des récompenses à ceux qui y découvriraient des fautes (1). Il se servit d’abord des mêmes caractères que son père et Simon de Colines ; mais il en fit graver, vers 1552, d’une forme beaucoup plus élégante, qu’il employa, pour la première fois, dans la belle édition de la Bible, en latin, qui parut la même année. Estienne n’avait rien négligé pour en faire un chef-d’œuvre de son art ; il en avait revu le texte avec le plus grand soin, sur deux manuscrits, l’un de St-Germain-des-Prés, l’autre de St-Denis, et avait en outre consulté les plus savants théologiens, qui lui avaient donné leur approbation. Cependant cette édition fut pour lui le sujet de nouveaux chagrins ; et si François Ier, qui appréciait les talents et les sacrifices de Robert Estienne, ne l’eût protégé contre ses adversaires, il est probable que, dès cette époque, ce grand homme aurait été obligé de quitter la France. L’amour de la paix, le besoin qu’il éprouvait d’une vie tranquille pour terminer ses entreprises, lui firent accepter toutes les conditions qu’on lui imposa ; et il se soumit même à ne plus rien imprimer sans le consentement de la Sorbonne. Il venait de mettre au jour la première édition de son Thesaurus linguœ latinœ, ouvrage excellent, plein de recherches et d’érudition, auquel il avait travaillé plusieurs années, aidé par les savants dont il était l’ami et le bienfaiteur. Le succès mérité de cet ouvrage ne l’aveugla point sur ses imperfections, et il y fit, à chaque édition, des changements et des augmentations, qui l’ont enfin rendu un chef-d’œuvre dans ce genre, Estienne fut nommé, en 1539, imprimeur du roi pour le latin et l’hébreu ; et ce fut à sa demande que François Ier fit fondre, par Garamond, les beaux types que possède encore l’imprimerie impériale. Cependant, les théologiens, jaloux de la confiance que le roi accordait à un homme dont ils suspectaient les sentiments en matière de foi, cherchaient l’occasion de le convaincre d’hérésie. Ils crurent l’avoir trouvée dans la nouvelle édition, de la Bible, qu’Estienne publia en 1545, contenant une double version latine, et des notes de Vatable. Léon de Juda, connu pour un partisan de Zwingle, était l’auteur d’une de ces versions ; et on prétendit que si les notes étaient de Vatable, elles avaient été corrompues par Estienne. Cette accusation, fit beaucoup de bruit, et François Ier fut obligé d’arrêter encore une fois les poursuites dirigées contre son imprimeur. Ce grand prince mourut, et Robert Estienne voulut donner une marque de sa reconnaissance, en imprimant avec un soin particulier l’oraison funèbre de ce prince par Duchâtel. L’orateur avait dit que François Ier était passé de cette vie dans la gloire éternelle. Cette idée, si commune qu’elle se retrouve, dans tous les discours de ce genre, fut le sujet d’une dénonciation de la Sorbonne, qui prétendit que cette proposition était contraire à la doctrine de l’Église, touchant le purgatoire (voy. Pierre DUCHÂTEL). Estienne s’aperçut bientôt qu’il ne devait pas compter, auprès du nouveau roi, sur la protection dont il avait joui jusqu’alors ; et, après avoir lutté pendant quelques années contre ses adyersaires, il prit enfin la résolution de se 110 EST
retirer à Genève avec sa famille. Il y arriva au commencement de 1552. Il y imprima, la même année, en société avec Conrad Badius, son beau-frère, le Nouveau Testament en français. Il établit ensuite une imprimerie particulière de laquelle sont sortis plusieurs bons ouvrages, fut reçu bourgeois de Genève, en 1556, et mourut en cette ville le 7 septembre 1559. Estienne était un homme d’un caractère ferme et décidé ; mais l’on est fâché de voir qu’il n’eût pas pour les autres la tolérance qu’il avait réclamée pour lui-même, et que son ardeur pour la réforme l’ait aveuglé au point de déshériter l’un de ses enfants qui ne l’avait point embrassée. Bèze, Dorât et Ste-Marthe lui ont donné de grands éloges de Thou le met au-dessus d’Aide Manuce et de Froben, et ajoute que la France et le monde chrétien lui doivent plus de reconnaissance qu’aux plus grands capitaines, et qu’il a davantage contribué à immortaliser le règne de François Ier que les plus belles actions de ce prince. La marque de cet imprimeur est un olivier, dont plusieurs branches sont détachées, avec ces mots : Noli altum sapere, auxquels il a ajouté quelquefois sed time. Les ouvrages qu’il a publiés comme imprimeur du roi sont marqués d’une lance autour de laquelle sont entrelacés un serpent et une branche d’olivier. On lit au bas ce vers d’Homère :      , que l’on peut rendre par ces mots : « Au bon roi et au, vaillant soldat. » Ch. Estienne, Turnèbe, Morel, Bienné (Bene natus), et tous ceux qui avaient la permission d’employer les caractères grecs du roi ont adopté cet emblème. Les ouvrages qu’il a publiés à Genève ne portent point le nom de cette ville, mais seulement l’olivier, avec ces mots au bas Oliva Roberti Stephani. Ce n’est point, comme on l’a dit, ce célèbre imprimeur qui a inventé la méthode de diviser le texte de là Bible par versets. Ce qu’on a ajouté, qu’il avait fait ce travail pour le Nouveau Testament, étant à cheval, dans un voyage de Paris à Lyon, n’est qu’un conte ridicule. Avant les éditions publiées par Estienne, on connaissait déjà cette division par versets, puisqu’elle est observée dans la Bible latine de Pagninus, 1527, in-4° ; dans le Psalterium quintuplex, 1509, et dans d’autres ouvrages. On a accusé Estienne d’avoir emporté à Genève les caractères grecs de l’imprimerie royale ; mais le fait n’est rien moins que prouvé. Les matrices qui avaient servi à fondre ces caractères se retrouvèrent effectivement à Genève mais toutes les circonstances de la répétition qui en fut faite semblent établir qu’elles étaient devenues la propriété de la famille de Robert Estienne ; comment et à quel titre ? c’est ce qu’on ne saurait expliquer. Le clergé de France ayant résolu de faire réimprimer les ouvrages des Pères grecs, présenta requête au roi pour le prier de réclamer de la seigneurie de Genève les matrices des caractères grecs gravés er par ordre de François I. Sur cette requête, intervint un arrêt du conseil, à la date du 27 mars 1619, portant que lesdites matrices seraient rachetées pour le prix de 5,000 livres, payables, soit à la seigneurie de Genève, soit aux héritiers de Robert Estienne. On
voit qu’il n’est question, ni dans la requête, ni dans l’arrêt, de réclamer des objets enlevés illicitement, mais de racheter des effets [2] précédemment aliénés (1)Parmi les belles éditions sorties de ses presses, on distingue :
e 1 lesBibles hébraïques, 4 vol. in-4° et 8 vol. in-16 ; les amateurs donnent la préférence à celle-ci pour la commodité du format ;
e 2 laBible latine, 1538-40, in-fol. ; l’exécution en est parfaite ; mais les curieux n’en recherchent guère que les exemplaires sur très grand papier ;
e 3 leNouveau Testament grec, 1550, in-fol., regardé comme le plus beau livre grec qui ait jamais été imprimé ;
e 4 lemême ouvrage, 1546,1549, in-16, appelé communémentO mirificam, parce qu’il est accompagné d’une préface latine qui commence par ces mots. Dans la préface de l’édition de 1549, le mot plures est écrit pulres, et l’on a prétendu que c’était la seule faute d’impression qu’il y eût dans l’ouvrage ; Maittaire en a cependant trouvé quatre dans le texte grec ; il est vrai que cette édition n’a point d’errata, et que les douze fautes indiquées dans l’erratade l’édition de 1546 sont corrigées dans celle de 1549.
e 5Historiae ecclesiasticae scriptores, Eusebii prœparatio et demonstratio evangelica, en grec, 1544, 2 vol. in-fol. ; c’est le premier livre imprimé avec les nouveaux caractères gravés par Garamond. Aucun de ces auteurs n’avait encore été imprimé ; il en est de même de Denys d’Halicarnasse, Dion Cassius et autres dont il publia le premier le texte grec, d’après les manuscrits de la bibliothèque du roi.
e 6 Lesœuvres de Cicéron, Térence, Plaute, etc.
Outre les préfaces et les notes dont Robert Estienne a orné plusieurs ouvrages, il est auteur des suivants : e 1Thesaurus linguœ latinœ, Paris, 1532, 1536. Ces deux éditions ont paru sous le titre de Dictionarium linguœ latinœ, seu Thesaurus, etc. ; Paris, 1565, 2 vol. in-fol. ; Lyon, 1573, 4 vol. in- fol. Cette édition, donnée par Robert Constantin (voy. CONSTANTIN), quoique plus ample, est moins estimée que la précédente, qui a l’avantage d’avoir été exécutée sous les yeux d’Estienne ; Londres, 1734-35, 4 vol. in-fol., belle édition bien exécutée ; Bâle, 1740-43, 4 vol. in-fol. Celle-ci est due aux soins d’Ant. Birr, qui l’a augmentée des notes écrites par Henri Estienne sur les marges d’un exemplaire conservé à la bibliothèque de Genève. Cette édition est d’ailleurs, imprimée correctement mais on regrette que le papier n’en soit pas beau ; Leipsick, 1749, 4 vol. in-fol., publiée par le savant professeur J.-M. Gessner ; e 2Dictio-narium latino-gallicum, Paris, 15-13, 2 vol. in-fol., est le plus ancien dictionnaire latin et français. On doit de la reconnaissance à Robert Estienne, pour avoir le premier publié un ouvrage aussi utile, et qui a exigé autant de recherches et de soins. Il en donna ensuite un extrait, sous le titre de Dictionariolum puerorum latino-gallicum, Paris, 1550, in-4° ; e 3Ad censuras theologorum parisiensium, quibus Biblia a Roberto Stephano excusa calumniose notarunt responsio, Genève, 1552, in-8°. Il en parut, la même année, une traduction française. Cet ouvrage est curieux, mais écrit avec trop d’emportement. e 4Gallicœ grammatices libellus, Genève, in-8° ; Grammaire française, 1558, in-8°. Cet ouvrage fut réimprimé à Paris, 1569, in-8°, par Estienne (Robert II). Cette ressemblance de nom a donné lieu à un grand nombre de méprises. C’est par erreur que Maittaire attribue à Robert Ier une traduction française de la Rhétorique d’Aristote ; cette traduction est de Robert III ; mais il a été trompé par la fausse indication d’une édition de 1529. Robert Estienne se proposait de publier de nouveaux Commentaires sur la Bible, et il s’était associé, pour ce travail, Augustin Marlorat, fameux théologien ; il avait même le projet de donner un dictionnaire de la langue grecque sur le plan de son Thesaurus ; mais cet honneur était réservé à son fils, Henri Estienne, à qui il remit tous les matériaux qu’il avait recueillis dans cette vue. Robert Estienne eut plusieurs enfants ; mais les seuls qui méritent d’être cités sont Henri II, Robert II, François II, et une fille nommée Catherine, mariée à Jacquelin, notaire royal à Paris. W-s.
1. ↑ (1)On trouve dans les Bucoliques de M. Firm. Didot, p. 261, une jolie anecdote sur le soin avec lequel Rob. Estienne corrigeait ses épreuves. 2. ↑(1) Ces matrices avaient déjà été réclamées sous Henri IV. Leclerc rapporte (Biblioth. choisie, t. 19, p. 219) que son grand-père, Nicolas Leclerc, auquel Estienne avait engagé ces poinçons pour 1,500 écus d’or, ne put obtenir la restitution que de la moitié de cette somme. Il paraît, par son témoignage et par celui de Casaubon, que l’accusation n’était pas absolument destituée de fondement. Voyez, à cet égard, Chauffepié, art. Estienne, not. B et C..
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