L’inconnu de Browning Tod

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Extrait

LÕinconnu The unknown de Tod Browning FICHE FILM Fiche technique

USA - 1927 - 1h05

RÈalisateur : Tod Browning

ScÈnario : Waldemar Young dÕaprËs lÕhistoireAlonzo the ArmlessdeTod Browning

DÈcors : CÈdric Gibbons Richard Day

Costumes : Lucia Coulter

InterprËtes : Lon Chaney (Alonzo) Norman Kerry (Malabar) Joan Crawford (Estrellita) Nick De Ruiz (Zanzi) John George (Cojo) Frank Lanning (Costra)

RÈsumÈ Critique Alonzo, "L'homme sans bras", vedette d'unL 'association de Tod Browning - futur rÈa- cirque installÈ ‡ Madrid, tire ‡ la carabinelisateur du cÈlËbreDracula(1931), de et lance des poignards avec ses pieds surFreaks(1932) et desPoupÈes du Diable sa partenaire, dont il est en secret Èperdu-(1936) - avec Lon Chaney, surprenant ment amoureux, la jolie Estrellita, la fillecomÈdien expert en rÙles insolites et en de Zanzi, le directeur. Malabar, l'hercule dumaquillages horrifiants, remontait ‡ 1919 cirque, est Ègalement sensible auxet devait se poursuivre jusqu'‡ la mort de charmes de la jeune fille, laquelle ne luice dernier, en 1930: vieille dame, dansLe prÍte pourtant aucune attention, carclub des trois(1925), infirme dans Estrellita est terrifiÈe par les mains desL'oiseau noir(1926), borgne dansLa hommes. Aussi se sent-elle en sÈcuritÈroute de Mandalay(1926), etcÉ auprËs d'Alonzo. En rÈalitÈ, ÒLÕhomme sansLon Chaney est un manchot fou d'amour brasÓ est un redoutable malfaiteurÉpour la dÈbutante Joan Crawford dans L'Inconnu, ce film muet mais Èloquent,

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illustrant la dÈlirante histoire imaginÈe par Browning qui prÈcisait, ‡ ce propos : (É) "Lorsque je travaille ‡ une histoire pour Chaney, je ne pense jamais ‡ l'in- trigue. Celle-ci s'inscrit d'elle-mÍme une fois que j'ai conÁu les personnages. L'Inconnuvint tout simplement du fait que j'avais eu l'idÈe d'un homme sans bras. Je me demandais alors quelles pourraient Ítre les situations et les faits les plus Ètonnants dans lesquels un homme aussi diminuÈ pourrait Ítre impliquÈÉ" (in "Motion Picture Classic", mars 1928). Cet article est issue de la sÈrie n∞082 de la collection des fiches de monsieur CinÈma (082/08)

Cet automne nous offre deux mer- veilleux cadeaux : Une rÈtrospective Tod Browning au MusÈe dÕOrsay [et] la sor- tie en copie restaurÈe de son film le plus Ètrange,The Unknown. Longtemps remisÈ au Purgatoire, Browning fut remis ‡ sa juste place quand, dans les annÈes soixante, en France,Freaks redevint enfin visible. Et le travail de Patrick Brion auCinÈma de minuit, ‡ la tÈlÈvision, confirma en 1989 cette rÈha- bilitation. Depuis, nous attendions avec impatience l'opportunitÈ de voir ses films sur grand Ècran.(É) Tod browning traÓne derriËre lui la rÈpu- tation d'homme ‡ l'esprit indÈpendant et transgressif. Il aurait travaillÈ dans un relatif isolement, et son univers ‡ la fois si cohÈrent et si fantasque serait l‡ pour en attester. Cette version des faits, si elle n'est pas totalement fausse, occulte nÈanmoins une partie de la rÈalitÈ. Dans les annÈes vingt, Èpoque ‡ laquel- le Browning accomplit ses meilleurs films, la population amÈricaine se pas- sionnait pour l'occultisme et la magie sous toutes ses formes. L'illusionniste Houdini triomphaitsur scËne depuis plusieurs annÈes, et ‡ la fin de chaque spectacle il dÈmontait les trucs des charlatans et faux mÈdiums qui sÈvis- saient ‡ travers le territoire. Son aura Ètait telle qu'il tint le premier rÙle dans plusieurs films aux succËs divers et dont un,The Man from beyond, fut saluÈ par les critiques d'alors. Les tours qui avaient fait sa gloire au thÈ‚tre Ètaient maintenant exÈcutÈs devant l'Ïil froid de la camÈra. Mondialement connu, il devint l'ami de Sir Arthur Conan Doyle, mais la croyance du vieil homme en l'au- del‡ envenima leur relation. C'est dans ce contexte particulier, o˘ les supersti- tions se mÍlaient encore aux sciences, que Browning installa nombre de ses histoires.The Mysticen est le plus bel exemple. La rigueur avec laquelle nous sont prÈsentÈs les stratagËmes utilisÈs par de faux mÈdiums dans le but d'es- croquer une jeune fille innocente est proprement admirable.Il ne faut y voir

nul opportunisme de la part de Tod Browning. Comme Buster Keaton avec le cirque, il avait passÈ une partie de sa jeunesse dans une foire. Il y avait appris les rudiments des divers mÈtiers qui en composent la troupe, et la pratique de la magie Ètait devenue pour lui une habitu- de. Son go˚t pour elle n'Ètait donc pas factice. Et cela transparut dans son tra- vail de cinÈaste, deThe Show‡Mark of the Vampyren passant parThe Thirteenth Chair. Ainsi ces films furent rÈalisÈs dans un esprit qui devait leur amener le succËs. Les derniËres baraques foraines traver- saient les Etats Unis du nord au sud et d'est en ouest, pendant que les lecteurs se passionnaientpour les enquÍtes du Professeur S.F.X. Van Dusen, dit la machine ‡ penser, une crÈation de Jacques Futrelle qui rÈsolvait depuis son fauteuil des mystËres aux apparences surnaturelles. En rÈsumÈ, le vingtiËme siËcle Ètait naissant, mais les esprits restaient ancrÈs dans le siËcle prÈcÈ- dent. La rÈaction du public ‡ la sortie de Freaksen tÈmoigne. Lors des pre- miËres, les gens sortaient de la salle, horrifiÈs par ces "monstres" que pour- tant ils allaient voir en famille et pour de vrai chaque week-end. Barnum avait fait recette, et les prÈsentations dedÈfor- mations physiques avaient encore du succËs. A la mÍme Èpoque en France Ètaient prÈsentÈs les derniers zoos humains, o˘ le noir se singeait sous les yeux ÈtonnÈs du visiteur blanc. Ainsi l'Ècran devenaitun rÈvÈlateur, un lieu de prise de conscience face ‡ l'humanitÈ de ces personnes qu'ils avaient jusque l‡ rejetÈes au rang d'animal. Gr‚ce au cinÈma, leur regard d'hommes du dix- neuviËme se confrontait ‡ une visiondu vingtiËme siËcle. Le choc Ètait trop grand. Et Browning eut du mal ‡s'en remettre, le film ayant ÈtÈ un Èchec. Il Ètait pourtant considÈrÈ comme un des rÈalisateurs les plus apprÈciÈsdu public.The Unholy Threeavait d'ailleurs ÈtÈ inclus en 1925 dans la liste des "dix meilleurs films du monde",

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et sa version de Dracula, avec Bela Lugosi, avait marquÈ les imaginations. Mais aprËs 1932, il dutse battre de nouveau pour faire accepter sa vision des choses. Dans sonintÈgritÈ, il per- sista ‡ Ïuvrer dans ce qu'il connaissait le mieux, c'est-‡-dire l'Ètrange et le simulacre. En 1936, il Ècrivit avec Erich von StroheimThe Devil Doll-Les PoupÈes du diable-, puis, trois ans plus tard, il tourna son dernier film, Miracles for sales. Ce dernier est adaptÈ d'un roman de Clayton Rawson, un prestidigitateur de renom qui s'Ètait lancÈ dans l'Ècriture de romans trËs en vogue au dÈbut des annÈes trente. S'y cÙtoyaient le meurtre et l'illusionnisme, l'intrigue policiËre se rÈsolvant gr‚ce ‡ ce dernier. Leurs titres figuraient en tÍte des meilleures ventes, et si le genre fut bref, il fut aussi fÈcond. S'inspirer de l'un d'entre eux Ètait peut-Ítre pour Tod Browning une maniËre ÈlÈgante de tirer sa rÈvÈrence, en montrant qu'au tomber de rideau, il ne se retrouvait pas seul en scËne. Une communautÈ d'esprit le maintenait encore debout. Cependant, en 1939, l'heure n'Ètait plus augrand guignol, et tous pressentaient que le sang allait cette fois couler pour de vrai. Si Browning n'a plus rien rÈalisÈ aprËs la guerre, c'est peut-Ítre qu'il considÈ- rait que les doux mensonges de la magie avaient quelque chose de dÈplacÈ et d'incongru au regard de la monstruo- sitÈ de ce qui venait de se produire. Le dix-neuviËme siËcle venait d'Ítre dÈfini- tivement assassinÈ. Les films de ce montreur d'ombres ont donc ceci d'intÈressants qu'ils nous signalent la permanence, aprËs le pre- mier conflit mondial, de ce siËcle que l'on croyait ‡ tort enterrÈ par les ÈvÈne- ments de 1914. Tod Browning est l'en- fant de ces dÈcennies qui furent bai- gnÈes par les romans de Bram Stocker et de Charles Dickens, dans une atmo- sphËre aux effluves gothiques et victo- riennes. Son imaginaire, trËs imprÈgnÈ des Ècrits d'Edgar Allan Poe -le joueur d'Èchecsde Maelzel dansWhite Tiger

et l'orang-outang deThe Unholy Three en tÈmoignent - trouvait de maniËre naturel un Ècho chez chacun de ses spectateurs. Et il pouvait partager avec eux, sans rÈserve, son go˚t pour le mÈlodrame, un go˚t qui atteindra sa plÈ- nitude dansThe Unknown- L'Inconnu. Qu'est-ce que le mÈlodrame, sinon une possibilitÈ offerte ‡ la fiction d'explorer toutes les dimensions de la vie, toutes ses virtualitÈs ? Ce genre ne se fonde pas sur l'impossible ou l'irrÈalisable, mais sur l'invraisemblable. Il s'Èpanouit dans le concret et le tangible. Sa beautÈ en dÈpend. Et ‡ la vue deThe Unknown, on a le sentiment que Browning en repousse les limites, qu'il a touchÈ l'essence mÍme du romanesque. L'histoire de ce faux manchot qui pour l'amour d'une femme va se couper rÈel- lement les bras est tout bonnement incroyable. La fiction sembley avoir atteint un point ultime, une rÈgion o˘ le champ des possibles s'ouvrirait ‡ toutes les divagations. En regard, notre monde paraÓt rÈduit ‡ une infime partie de ses capacitÈs. Il pourrait Èclater en des mil- liers de directions et se restreint ‡ quelques pistes, quelques faitstoujours rÈpÈtÈs, de maniËre morbide. Parfois, un fait-divers ou un hasard viennent briser cette triste rÈgularitÈ, mais l'ÈvÈnement reste exceptionnel. AvecThe Unknown, le mur se fissure et nous laisse entrevoir ce que serait l'univers si l'imagination Ètait au pouvoir. Lespos- sibles deviendraient vrais. Et, dansThe Unknown, par l'association de la toile et de la pellicule traversÈ de lumiËre, ils s'incarnent sousnos yeux. Lon Chaney, l'homme sans bras,y devient l'emblËme de lapassion humaine, de sa folie auto- destructrice. (É) M.Merlet

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Des trois films rÈalisÈs en 1927 par Todd Browning,L'lnconnuest sans aucun doute le plus cÈlËbre. Et, dans la filmographie du cinÈaste, I'un des plus saisissants. Tod Browning, ÒI'Edgar Poe du cinÈmaÓ, peut Ítre considÈrÈ comme I'Ègal d'un Fritz Lang. EtL'lnconnu, ‡ la lisiËre du film noir et du fantastique, comme l'apothÈose d'une premiËre car- riËre (1927 : on arrive ‡ la fin de la pÈriode du cinÈma muet) qui annonce les inoubliablesFreaks,Dracula,la Marque du vampire. Car tous les ingrÈdients sont l‡ : le cirque, la diffor- mitÈ, I'amour, la perversitÈÉ et Lon Chaney. ÒQuand je travaille ‡ une histoire de ChaneyÈcrit Browning,je ne pense jamais ‡ l'intrigue. Elle naÓt d'elle- mÍme.Ó Avant tout, donc, avant une his- toire, un conte fantastique, une fable morale, un mÈlo flamboyant, avant tout, L'lnconnuest une idÈe. Une simple idÈe de personnage : prenons un homme sans bras. ÒEt voyons un peu quelles sont les situations les plus surprenantes pour une telle difformitÈ. Et l'intrigue est nÈe selon cette logique : I'histoire d'un homme de cirque qui utilise ses pieds comme d'autres les mains, qui aime et perd une fille. Et commet un horrible dÈlit avec ses doigts de piedsÉÓ. Saltimbanque dÈvastÈ par son amour impossible pour une belle qui ne suppor- te pas le contact physique,L'lnconnu est cet homme qui pleure, le visage dans ses piedsÉ Rarement histoire contÈe au cinÈma n'a aussi bien portÈ son beau nom d'ÓintrigueÓ. (É) La Gazette Utopia n∞214

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The Unholy Three1925 Le rÈalisateurFilmographie Le club des trois The Mystic CinÈaste amÈricain nÈ ‡ LouisvilleFilms muets: La sorciËre (Kentucky) le 12 juillet 1880. Il s'enfuit Dollar down du collËge de sa ville natale ‡ l'‚ge deJim Bludso1917 The Black Bird1926 seize ans pour suivre un cirque itinÈrant.A Love sublime L'oiseau noir Il y dÈbute la mÍme annÈe comme!Hands up The Road to Mandalay clown et contorsionniste. De passage enPeggy, The Will O'the Wisp La route de Mandalay Californie en 1914, il devient acteur deVolontÈ The Show1927 burlesque ‡ la Biographie, exerce diversThe Jury of Fate La morsure mÈtiers de cinÈma avant d'Ítre engagÈLa loi du destin The Unknown comme assistant par D.W. Griffith,The Eyes of Mystery1918 L'inconnu notamment pourIntolerance. Il rÈaliseLa maison du brouillard London After Midnight son premier long mÈtrage en 1917 et,The Legion of Death Londres aprËs minuit dËs lors, vingt ans durant, ne cesseraLe bataillon de la mort The Big city1928 plus de tourner.RÈvoltÈe, en 1920, leRevenge Le loup de soie noire premier film de gangsters, le rendUne vengeance West of Zanzibar cÈlËbre. EngagÈ par Irving Thalberg ‡ laWhich Woman? A l'Ouest de Zanzibar ou Le Talion MGM en 1925, il va diriger l'acteur LonQuelle femme? Where East is East1929 Chaney dans huit films et de leur asso-The deciding kiss Loin vers lÕEst ciation va naÓtre une certaine forme deThe Brazen Beauty mÈlodrame fort populaire, qui cultive leL'insaisissable beautÈ Films parlants: bizarre avec un grand sens poÈtique. LonSet free Chaney meurt en 1930 alors qu'ils proje-The Wicked Darling1919 The Thirteenth Chair1929 taient de tourner ensemble la premiËreFleur sans tache La treiziËme chaise version sonore deDracula(il sera rem-The Exquisite Thief Outside the Law1930 placÈ par Bela Lugosi): le film obtientViolence Gentleman gangster un trËs vif succËs. En 1932, BrowningThe unpainted woman Dracula1931 dirige son film le plus personnel,The mother and the law The iron man Freaks, qui sera un dÈsastre financier.The Petal on the Current Freaks1932 Il meurt d'un cancer de la gorge le 6L'autre parfum Freaks ou La monstrueuse parade ou La octobre 1962 ‡ Malibu.Bonnie, Bonnie Lassie parade des monstres ou L'amour chez TrËs attirÈ par l'occultisme et dotÈ d'uneThe point finger les monstres vaste culture, Tod Browning a donnÈ(Supervision) Fast workers1933 naissance ‡ l'une des Ïuvres les plusThe Virgin of Stamboul1920 The Mark of the Vampire1935 insolites du cinÈma et fut, pendant deLa Vierge de Stamboul La marque du vampire longues annÈes, le type-mÍme duOutside the Law The Devil Doll1936 cinÈaste maudit. Il aime ‡ disserter surRÈvoltÈe Les poupÈes du Diable la relativitÈ des apparences, de la mora-No Woman Knows1921 Miracles for sale1939 le. Ses films qui s'attachent ‡ dÈcrireLa beautÈ qui pleure l'humanitÈ des monstres sous leurs dif-The wise kid1922 formitÈs physiques, sont des plaidoyersThe man under cover Documents disponibles au France pleins de tendresse pour les Ítres mar-Under Two Flags ginaux. Sousles drapeaux Cahiers du CinÈma n∞436, 550,569 Fiche de Monsieur CinÈma (246/35)Drifting1923 Positif n∞208/209, 468 La marchandise de rÍves Fiche distributeur The day of faith White tiger Pour plus de renseignements : The Dangerous Flirt1924 tÈl : 04 77 32 61 26 Une femme dangereuse [e-mail] Silk Stocking Sal

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