Little Odessa de Gray James
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Little Odessa
F de James Gray
FICHE FILM
Fiche technique
Etas Unis - 1994 - 1h38
Couleur
Réalisation et scénario :
James Gray
Musique :
Dana Sano
Interprètes :
Tim Roth
Tim Roth(Joshua Shapira)
Edward Furlong
Résumé
(Reuben Shapira)
Moira Kelly Joshua Shapira est un tueur. Froid, rageur, délicatesse avec elle. Le fils de Volkoff, «le
méthodique. On lui communique ses boss», a jadis été tué parJoshua.(Alla Shustervich)
«cibles» par téléphone, il exécute le boulot Le tueur voudrait voir sa mère avant qu’elleVanessa Redgrave
sans états d’âme. Un jour, son commandi- ne meure: le père l’interdit. En secret, les
(Irina Shapira) taire exige un contrat à Brighton Beach. deux frères vont se voir, et Joshua reverra
C’est dangereux pour Joshua: il va être obli- aussi son ancienne girlfriend. Peu à peu, leMaxamilian Schell
gé de revenir dans son quartier d’enfance, passé l’absorbe. Tandis qu’il prépare le(Arkady Shapira)
avec le risque d’être immédiatement recon- «contrat» pour lequel il a été recruté, il
Paul Guilfoyle nu. De plus, son père l’a banni : il désavoue découvre que son père a une maîtresse, et
ce fils assassin. qu’il est difficile d’oublier ce qu’on a laissé(Boris Volkoff)
Tandis que la mère de Joshua agonise derrière. Little Odessa va se refermer sur
d’une tumeur au cerveau, le jeune frère, lui...
Reuben, rêve de partir. Dans son petit stand
de journaux, Reuben sera néanmoins le pre-
mier à être mis au courant du retour de
Joshua à Little Odessa. Dans cette commu-
nauté juive russe, le bouche à oreille fonc-
tionne vite et bien. Immédiatement, la mafia
ukrainienne se met en branle: Joshua est en
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
moscovite, la ville déserte sous la neige dégénérescence de la grande traditionCritique
où rien ne distingue vraiment New York hollywoodienne, et qui veut que sa pre-
de I’ex-URSS, I’hôtel où vit Joshua qui mière œuvre soit une sorte de pamphlet,
évoque le béton de Sofia, et même les organisé selon un dispositif à la fois
costumes, vieillots, défraîchis et sans remarquable, mais sans doute un peu
Il faut avoir l’assurance d’un étudiant en
âge... Cette micro-société paraît unique- trop volontariste. Chez Hartley, on décri-
cinéma de vingt-quatre ans pour oser,
ment vouée à une forme moderne de ser- vait de manière très hyperréaliste une
dans le paysage cinématographique
vage face à une mafia redoutable; les banlieue ouvrière de la côte Est, sans
américain d’aujourd’hui, réaliser un film
gens survivent tous de petits boulots dealers de cracks ni minorités «exo-
à petit budget (deux millions de dollars,
minables, sans autre espoir de sortie de tiques», où les individus répondaient
quinze fois moins qu’une production
cette enclave post-communiste que la moins à une sociologie du comportement
moyenne) avec une distribution presque
mort qui rôde partout, ou le crime qui qu’à des hypothèses narratives issues de
uniquement européenne (Maximilian
attire, comme un aimant, toute cette la philosophie analytique anglo-saxonne
Schell, et les Anglais Vanessa Redgrave
faune vers une friche industrielle dont le (qui connaît, dans les universités d’outre-
et Tim Roth), dont le sujet serait «tragé-
centre tellurique est un four crématoire ! Atlantique une vogue aussi grande que le
die grecque dans le ghetto juif russe de
Rarement œuvre cinématographique marxisme dans les années 60-70 en
Brighton Beach», avec de nombreuses
nous aura donné un plus juste sentiment Europe), à savoir la «théorie du choix
références à la littérature russe (Tolstoï
de ce qu’est le paysage (même intellec- rationnel». Chez James Gray, on nous
et Dostoïevski), des décors naturels telle-
tuel) de certaines métropoles de la côte décrit de manière très impressionniste
ment glauques qu’on les croirait sortis
Est: une nostalgie du vieux continent ! une banlieue new-yorkaise précise -
d’un documentaire sur une ville portuaire
Ainsi, quand le père tente désespéré- Brighton Beach ou « Little Odessa » - où
sinistrée de la Baltique, et des person-
ment de faire croire à son plus jeune fils se déploient des personnages moins abs-
nages faibles, immoraux ou franchement
qu’il est un intellectuel qui a dû se sacri- traits, mais tout aussi arbitraires :
écœurants ! On a rarement vu, en effet,
fier pour nourrir sa famille (travailler comme le dit Gray lui-même, des person-
dans les films hollywoodiens récents, un
comme buraliste dans un kiosque), il nages de la littérature russe, Tolstoï et
père qui profite de l’agonie de sa femme
implique une sorte de wonderland cultu- Dostoïevski. Mais à la base, comment ne
pour s’afficher avec sa maîtresse et qui
rel qui aurait été celui de la Russie, pas déceler la même intention polémique :
frappe ses enfants, lesquels n’hésitent
opposé à la barbarie new-yorkaise s’inscrire contre la tendance actuelle
pas à lui rendre les coups ou à lui infliger
(qu’incarne le mauvais fils, tueur profes- d’Hollywood et produire un cinéma plus
les plus basses humiliations. Mais c’est
sionnel). Ce sacrifice, on pourrait même ambitieux, plus référencé, plus théorique
surtout la tonalité générale de Little
dire ce renoncement, est ce qui fonde aussi.
Odessa qui tranche radicalement avec le
son ascendant sur le reste de la tribu. Allons plus loin: les magnifiques décors
positivisme imbécile qui imprègne les
Face à lui, ce fils aîné et mal aimé, deve- naturels de Little Odessa constituent
scénarios du cinéma dominant. Joshua
nu «la honte de la famille», petit tueur une métaphore de l’état catastrophique
(Tim Roth) est un petit voyou médiocre,
minable qui a choisi de l’Amérique une (aux yeux de James Gray) de l’industrie
qui tue pour deux cents dollars, vit dans
caricature (caricature du personnage de cinématographique américaine. Gray
un hôtel sordide et roule dans une vieille
thriller moderne; à cet égard, le choix de reconnaît que le cinéma européen ne va
guimbarde agonisante. Keuhen, son frère
Tim Roth, acteur fétiche de Tarantino, ne guère mieux. Quelle que soit notre opi-
(Edward Furlong), est un adolescent fra-
saurait être l’effet du hasard). Et entre nion sur ces assertions bien tranchées,
gile que la mort annoncée de sa mère
les deux, au milieu de cet affrontement comment ne pas accepter une part de ce
pousse à des conduites suicidaires.
mortel, la mère agonisante et le fils que Gray, ainsi que Hartley, suggère ? Le
Quant à leur père, Arkady (Maximilian
«innocent» ! cinéma américain des années 90 se
Schell), c’est un intellectuel raté qui sur-
S’il fallait trouver un précédent à Little construira contre Hollywood, contraire-
vit en vendant des journaux, un tyran
Odessa, ce serait certainement The ment à celui de la génération de Coppola
domestique qui se venge du naufrage de
Unbelievable Truth de Hal Hartley. Les et Spielberg. Little Odessa est en effet
son existence en se soûlant avec des
deux films n’ont à l’évidence rien en un film réellement noir: pas de héros
jeunes femmes et qui n’hésitera pas à
commun, si ce n’est qu’ils procèdent tous positif (Tim Roth est un Raskolnikov
«balancer» son propre fils à la mafia
deux du même syndrome : Gray, comme moderne), un innocent sacrifié, des
locale. La grande force de James Gray
Hartley, est un étudiant d’école de ciné- décors naturels glauques, une ambiance
est d’avoir traduit cette atmosphère délé-
ma, nourri de films d’auteurs, en lutte (et une saison) véritablement glaciale,
tère en images : I’appartement familial,
contre ce qu’il doit considérer comme la une end absolument pas happy, et pas
sordide transplantation d’un intérieur
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
77.32.76.96 2
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
Fax : 77.25.11.83D O C U M E N T S
même de réussite ou de promotion socia- retrouvés au milieu d’un rassemblementEntretien avec le réalisateur
le en toile de fond: le père est un raté sur le trottoir où des gens discutaient en
pathétique et plutôt méprisable, mais le se bousculant. Soudain, un coup de feu
fils maudit n’est qu’un petit voyou qui ne re

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