Noam Chomsky : Pouvoir et Terreur Entretiens apres le 11 septembre de Junkerman John

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Extrait

Noam Chomsky : Pouvoir et Terreur Entretiens apres le 11 septembre de John Junkerman FICHE FILM Fiche technique

Japon/USA - 2002 - 1h14

RÈalisateur : John Junkerman

Image : Koshiro Otsu

Montage : John Junkerman Takeshi Hada

Musique : Kiyoshiro Imawano

Entretiens avec Noam Chomsky

Critique Depuis quelques annÈes, c'est-‡-dire une bonne trentaine d'annÈes, le cÈlËbre cher- cheur en linguistique amÈricain Noam Chomsky milite activement contre toutes formes de domination, terrorisme et dicta- ture dans le monde et surtout contre le ter- rorisme d'…tat dont les …tats-Unis d'AmÈrique sont un exemple particuliËre- ment Èclairant. Ainsi, au travers d'extraits de confÈrences et d'interviews, le penseur dÈtaille sa rÈflexion. Selon lui, le 11 sep- tembre a agi comme un rÈvÈlateur. La plu-

part des AmÈricains ont rÈalisÈ qu'il y avait un monde autour d'eux. Si les pays ont tous condamnÈ l'attentat du 11 septembre, beaucoup ont assorti cette condamnation d'un ÒmaisÉÓ implicite. L'AmÈrique Latine en prioritÈ qui a ÈtÈ victime du terrorisme des …tats-Unis. Il faut se rappeler l'opÈra- tion "Juste cause" ‡ Panama qui a fait des milliers de victimes civiles. Les massacres au Nicaragua, perpÈtrÈs par les …tats-Unis ont causÈ la mort de dizaines de milliers de personnes et ont fait des …tats-Unis le pre- mier pays condamnÈ par la Cour Internationale de Justice. La cause du 11

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septembre se trouve dans le fait que les …tats-Unis ont empÍchÈ la dÈmocratie et soutenu de nombreuses fois des rÈgimes corrompus selon le principe qu'il est normal de bloquer la dÈmocra- tie d'un pays si cela protËge les intÈrÍts ÈnergÈtiques des …tats-Unis. Les grandes puissances agissent comme l'Empire du Mal. ¿ l'Èpoque de la domi- nation britannique, Churchill a fait mas- sacrer Kurdes et Afghans avec des gaz empoisonnÈs pour sauver des vies anglaises dans des colonies rÈvoltÈes. (É) Les AmÈricains ont du mal ‡ com- prendre qu'il aient ‡ appliquer les mÍmes normes qu'ils imposent aux autres. Ils agissent en nation dominante, c'est un fait, et cela malgrÈ la progres- sion de la dÈmocratie pendant les qua- rante derniËres annÈes et spÈcialement les annÈes 70 et 80. Les choses bou- gent. Et Noam Chomsky prÈcise qu'il faut maintenir la pression. RÈalisÈ par une Èquipe japonaise, ce documentaire est comme un long monologue, avec peu de documents d'archives, qui est ‡ prendre comme un film militant au servi- ce d'une cause. Il donne envie de revoir (ou de voir) l'autre documentaire sur Chomsky,Chomsky, les mÈdias et les illusions nÈcessaires(de Mark Achbar et Peter Wintonick, 1993) en complÈment utile, qui Ètudie le lien entre la presse et le pouvoir par rapport au terrorisme d'Ètat. Une pensÈe riche et structurÈe qui ne peut que servir ‡ la rÈflexion. C.C.

Fiches du CinÈma n∞1714

(É) Le ban et l'arriËre-ban de la cohorte grandissante des chomskiens vont affluer : place ‡Pouvoir et terreur, Entretiens aprÈs le 11 septembre, nouveau mixte de confÈrences et d'in- terviews (É). Il faut dire que les atten- tats antiamÈricains ont donnÈ un sacrÈ coup de fouet aux thËses de Noam Chomsky : son livre11/9(Èd. Le Serpent ‡ plumes), sans le soutien de l'artillerie mÈdiatique US, s'est vendu comme des petits pains, et ses recueils d'entretiens (Deux Heures de luciditÈ, Èd. des ArËnes,Pouvoir et terreur, Èd. Le Serpent ‡ plumes) font un malheur. Un malheur, Chomsky le fait d'abord auprÈs des compatriotes qui viennent l'Ècouter, cette tribu minoritaire d'intel- lectuels un peu compassÈs, mÈlange d'Ètudiants timides, de barbus sympa- thiques, de vieilles dames ‡ lunettes qui, de la cÙte Est ‡ la cÙte Ouest, de Palo Alto ‡ Berkeley, tÈmoignent ‡ leur pasteur, amour et recueillement : ÓIl sait tant de choses, n'est ce pas ?Ó Mais de quoi parle-t-il ainsi, pour euphoriser les intellectuels dÈprimÈs ? Du terrorisme des puissants, bien s˚r, du soutien agressif de l'AmÈrique ‡ des rÈgimes corrompus et oppressifs - du Vietnam au Nicaragua en passant par la Turquie - mais, prÈcise t-il, Òles Anglais agissaient de mÍme quand ils domi- naient le monde. Ce serait donc une erreur de dÈcrire les Etats-Unis comme l'empire du MalÉÓ. Et surtout, ajoute Chomsky, les mouvements citoyens en pleine expansion depuis les annÈes 80 Òont rendu le pays un peu plus civilisÈ ; il y a plus de contrÙle dÈmocratiqueÓ. Bref, ‡ 74 ans, la figure tutÈlaire de l'en- gagement contestataire (avec les annÈes, il se fondrait presque avec Woody Allen, mÍme myopie, mÍme dÈbit doux et monocorde, mais davanta- ge de prestance) n'a pas bougÈ de sa radicalitÈ. Ce sont les autres - Michael Moore en tÍte, autre style, mÍmes idÈes - qui l'ont rejoint. Vincent Remy

TÈlÈrama

En 1993,Chomsky, les mÈdias et les illusions nÈcessaires, le documentai- re-fleuve de Mark Achbar et Peter Wintonick avaient rÈvÈlÈ aux uns le nom de Noam Chomsky, aux autres, qui ne connaissaient de lui que le linguiste renommÈ, la dimension politique de sa pensÈe, jusquÕalors ignorÈe de la plu- part. Dans les librairies de lÕÈpoque, on ne trouvait aucune traduction de ses tra- vaux engagÈs. Seuls ses ouvrages savants Ètaient disponibles. Le "rebel without a pause" - formule drÙle de Bono- avait mauvaise rÈputation comme on dit: extrÈmiste, irresponsable, naÔf, gauchiste. On connaÓt tous ces noms dÕoiseaux. Depuis, les choses ont bien changÈ: le film est devenu culte, primÈ dans de nombreux festivals -il est toujours proje- tÈ au cinÈma LÕEntrepÙt ‡ Paris- et les traductions franÁaises du Chomsky engagÈ se sont multipliÈes. AujourdÕhui, sur les tables du libraire, on trouve entretiens, articles et confÈrences ‡ foi- son. Comme le prouvent lÕaffluence grandissante de ses confÈrences, les applaudissements nourris qui les ouvrent et les concluent, les demandes dÕautographes de ses admirateurs, Chomsky est devenu une icÙne. Cela nÕentame en rien les rangs de ses enne- mis -mÍme si le devenir-icÙne des contestataires est parfois aussi une stratÈgie des contestÈs, voir le bras de fer franÁais Sarkozy-BovÈ-, cela permet juste dÕavoir accËs ‡ ce que Chomsky dit et Ècrit. Cela galvanise souvent, parce que cÕest intelligent et clair. Ce qui explique lÕicÙnisation. SÕil est tellement important de revenir sur ce silence fait autour du Chomsky politique et la surexposition actuelle qui lui succËde, cÕest que lui-mÍme y revient ‡ plusieurs reprises au cours des confÈ- rences filmÈes par John Junkerman et des entretiens quÕil lui a accordÈs: en effet, la thËse chomskienne dÕun Etat amÈricain "terroriste" qui veut imposer aux autres les normes quÕil refuse de sÕappliquer ‡ lui-mÍme -dÈfinition

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biblique de lÕhypocrisie-, qui nommeDans un pays o˘ l'information est tron- "voyous" et "barbares" des Etats quiquÈe, il est sain de prÍter attention ‡ la Ètaient hier ses alliÈs -lÕIrak, parparole d'un homme tel que Noam exemple- et qui nÕont fait que ce que lesChomsky. Mais, dans ce documentaire Etats-Unis leur ont permis de faire dÕunagaÁant, la pertinence des idÈes, indis- point de vue logistique et stratÈgique,cutable, ne permet pas d'oublier leur ne date pas dÕaujourdÕhui, cÕest-‡-direraretÈ et une mise en forme ridicule qui du 11 septembre 2001. Beaucoup desva ‡ l'encontre du propos. textes qui servent de base ‡Pouvoir etLe linguiste Noam Chomsky connaÓt une terreur(le film et le livre) remontentpÈriode d'exposition mÈdiatique sans aux annÈes 1980, voire 1970, ‡ uneprÈcÈdent. Il la doit ‡ ses prises de posi- Èpoque o˘ Chomsky rÈflÈchissait, seultion, dÈtonnantes, dans une AmÈrique et sans Èchos, ‡ la diplomatie musclÈequ'on nous dÈcrit ‡ pensÈe unique. Le des Etats-Unis en AmÈrique latine oupays ne semblant s'exprimer que d'une ailleurs, et ‡ ses nÈfastes effets ‡ venir.seule voix: celle que le gouvernement Chomsky avoue avoir rÈagi ‡ lÕattentatet les mÈdias ont jugÈ bonne. du 11 septembre, choquÈ bien s˚r parTout d'abord, il s'agit bien, comme l'in- les atrocitÈs du crime, mais sans Èton-dique le titre, d'une suite d'interviews, nement. Pour lui, le caractËre historiquecolloques ou bains de foules au cours de lÕÈvÈnement ne tient pas ‡ sa naturedesquels la camÈra enregistre les pro- -il avait dÈj‡ eu lieu dans de nombreuxpos de Noam Chomsky, sans rien appor- endroits du monde-, mais ‡ lÕidentitÈter, si ce n'est une mise en valeur du des victimes, les Occidentaux Ètantpersonnage central qui se rÈvËle vite meurtris pour la premiËre fois. La recon-agaÁante (musique hors sujet, ralenti naissance actuelle pour Chomsky et sesstylisÈ). Celui-ci est, en effet, prÈsentÈ rÈflexions renvoie ‡ ce que le penseurcomme une sorte de soldat du bien en considËre comme la leÁon bÈnÈfique ducharge d'Èclairer les foules, dernier drame :la dÈcouverte de lÕAutre dans lerÈsistant d'un monde fou ‡ qui il apporte sentiment commun de sa vulnÈrabilitÈ.la bonne parole. Par del‡ les constats lucides et terriblesHÈlas, il sera la seule et unique person- de Chomsky sur la violence de la machi-ne ‡ donner son avis. PlutÙt Ètonnant et ne Ètatique, il y a en permanence unun peu dÈrangeant! On a donc la sen- optimisme chez lui : celui dÕunesation qu'‡ la pensÈe unique de l'admi- conscience politique toujours plus largenistration Bush, s'oppose un autre bloc, de lÕopinion publique capable dÕinversercertes moins arrogant dans sa forme, la tendance suicidaire de lÕÈpoque et demais tout aussi clos. En outre ce senti- faire poids face aux excËs de lÕEtat.ment est renforcÈ par l'attitude d'un A la question: "Que pensez-vous de laauditoire faisant preuve d'une admira- civilisation occidentale?", Gandhi avaittion sans borne, proche de l'idol‚trie, rÈpondu :"CÕest une bonne idÈe". Noampour ce fort sÈduisant professeur. A un Chomsky pense la mÍme chose.fanatisme rÈpond un autre fanatisme! FrÈdÈric BasCe problËme de forme ‡ une incidence www.chronicart.comtrËs nÈgative sur la perception du dis- cours de Chomsky. Il n'en reste pas moins que la plupart des idÈes Èmises semblent justes ‡ dÈfaut d'Ítre nou- velles. Ainsi nous rappelle-t-il le rÙle des Etats- Unis, assimilable ‡ celui d'un pays terro- riste, au Salvador et au Nicaragua. Il pense cependant que l'action amÈricai-

ne en Irak ne suffit pas ‡ qualifier son pays ´d'Empire du Malª car chaque puissance dominante, ‡ diffÈrents stades de l'histoire, a pris l'habitude d'agir ainsi. Et, s'il condamne les atten- tats du World Trade Center comme des atrocitÈs, il prÈcise que la seule nou- veautÈ, qui permet d'utiliser ce substan- tif, n'est pas dans la nature des faits mais dans l'identitÈ des victimes. Il explique clairement que les grandes chaÓnes nationales (CNN, CBS, etc.) sont contrÙlÈes par de puissants financiers en relation permanente avec le pouvoir politique. En consÈquence, ce dernier n'a mÍme pas besoin d'intervenir car les comitÈs de rÈdaction s'autocensurent. Pour finir, il fustige l'attitude d'une nation qui n'accepte pas de se plier aux rËgles qu'elle exige pourtant que les autres suivent. Peut-Ítre a-t-on besoin, aux Etats-Unis plus qu'ailleurs, de marteler ces idÈes. Pourtant, rien de nouveau pour toute personne un peu renseignÈe. L'une des forces de Noam Chomsky rÈside s˚re- ment dans sa simplicitÈ mais ici, cette qualitÈ, soutenant des idÈes assez Èvi- dentes, se retourne finalement contre lui, et donne un documentaire plat, qui nous fait naviguer entre ennui (pour le fond) et agacement (pour la forme). (É} Marc Petit http://www.fluctuat.net

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Noam Chomsky

Noam Chomsky est un linguiste, un pro- fesseur et un analyste politique mondia- lement renommÈ. NÈ le 7 dÈcembre 1928 ‡ Philadelphie, Chomsky devient politiquement conscient trËs jeune, Ècri- vant son premier article politique contre le fascisme en Espagne, ‡ lÕage de 10 ans. En 1957, son travail sur les struc- tures syntaxiques fut une rÈvolution dans le domaine de la linguistique, changeant fondamentalement notre approche du langage. Chomsky rejoint le Massachusetts Institute of Technology en 1955, et en 1976 devient professeur du dÈpartement de Linguistique et de Philosophie. Il a Ècrit et enseignÈ abon- damment sur la linguistique, la philoso- phie, les affaires internationales, la poli- tique ÈtrangËre U.S., et bien dÕautres sujets politiques contemporains. Ses essais furent publiÈs dansThe New York Review of Books, The Nation, Z Magazine, CAQ,et de nombreuses publications politiques et universitaires. Le travail de Chomsky sur la Palestine, le Moyen-Orient, Timor oriental, la Guerre du Golfe et les mass media ont eu une audience internationale. Comme preuve de son rayonnement et de son importance internationaux, en 1993, le filmNoam Chomsky, les mÈdias ou les illusions nÈcessaireslui a ÈtÈ consacrÈ, recevant de nombreux prix ‡ travers le monde, et des extraits de ses discours sont mÍme apparus sur un disque du cÈlËbre groupe punk amÈri- cain Bad Religion. Chomsky a rÈdigÈ de nombreux livres.3 9-11fut publiÈ dans 26 pays, tout comme le livre liÈ ‡ ce film,Pouvoir et Terreur. Deux archives des articles et des dis- cours de Chomsky sont accessibles via Internet :The ZNet Chomsky Archive contient plus de 750 entrÈes et gËre un forum par lequel des commentaires et des questions peuvent Ítre adressÈs ‡ Chomsky. http://www.k-films.com

Le rÈalisateur

Etabli ‡ Tokyo, John Junkerman se fait remarquer en 1986 dËs son premier documentaire,Hellfire : A journey from Hiroshima, nommÈ ‡ l'Oscar 1988 du meilleur documentaire. Le rÈalisateur poursuit dans le domaine du documen- taire. En septembre 2003,Noam Chomsky : pouvoir et terreur. Entretiens aprËs le 11 septembre, sÈrie d'interventions du cÈlËbre analyste amÈricain Noam Chomsky consacrÈ aux consÈquences des attaques du 11 sep- tembre 2001, sort dans les salles hexa- gonales.

Filmographie

H e l l f i r e: A jo u r n e yf r o m Hiroshima1986 Noam Chomsky : pouvoir et ter- reur. Entretiens aprËs le 11 sep- tembre2003

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