Partition inachevée pour piano mécanique de Mikhalkov Nikita
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Nombre de lectures 137
Langue Français

Extrait

Partition inachevée pour piano
mécaniqueF de Nikita Mikhalkov
FICHE FILM
Fiche technique
URSS - 1977 - 1h40
Réalisateur :
Nikita Mikhalkov
Scénario :
Alexandre Adabachian
Nikita Mikhalkov
Musique :
Edouard Artemiev
Partition inachevée pour piano mécanique
Interprètes : Résumé
Antonia Chouranova
C’est une belle journée d’été, Anna scandale : Serguei Pavlovitch, le mari deEléna Solovei
Pétrovna, veuve du général Voïnitsev, Sofia, les voit ensemble et il prend la déci-
reçoit des invités. Ce sont le beau-fils sion de quitter la maison sur le charnp.Evguénia Glouchenko
d’Anna Pétrovna, Serguei Pétrovitch Platonov, voyant qu’il ne peut faire revenir
Alexandre Kaliaguine Voïtnitsev ainsi que sa jeune femme Sofia, le passé ni la Sofia d’autrefois, offense,
et les propriétaires fonciers Chtcherbouk et dans un accès de colère la douce et gen-
Youri Bogatyriov Glagolev. tille Sachenka, et veut mettre fin à sa vie
Platonov, instituteur de village, et sa qu’il juge morne et ratée...
femme Sachenka sont parmi eux, et c’est Mais tout s’arrange et la clairvoyante Anna
avec l’arrivée de celui-ci que tout commen- Pétrovna conclut avec conviction : “Tout ira
ce. Platonov reconnaît en Sofia son amour comme auparavant, tout ira bien...”.
juvénile et cette rencontre le bouleverse
énormément.
En cette dame, émancipée hors mesure et
qui parle sans cesse du “bien du peuple” et
des “champs d’action de la science”, il ne
reconnaît plus la jeune fille enthousiasmée
qui rêvait d’une vie pure et honnête, et son
coeur en est serré.
L’entretien avec Sofia se termine par un
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
Mikhalkov trahit Tchékhov en lui prêtant qui, dans ses quatre heures, contientCritique
une vision révolutionnaire que le bon déjà en germe toutes les autres) et de
vieil écrivain n'avait pas : mais d’une différents éléments tirés de nouvelles,
Tchekov a regardé, son temps avec tris- autre façon, cette surcharge et ces cari- Mikhalhov s’est livré à une véritable re-
tesse, comme s’il comprenait que la catures ont leur intérêt : elles nous création. On dirait une œuvre écrite par
société des nobles était le fossoyeur aident à mieux comprendre les méca- Tchékhov directement pour l’ecran -
d’une époque : comme s’il pressentait le nismes d’un monde replié sur lui-même, comme s’il avait tenu une caméra au
changement radical de régime qui allait bloqué dans sa tour d’ivoire et qui fai- lieu d’un stylo...
s’ébaucher avec 1917. Il n’est pas un sait un drame d’un chapeau que l’on Nous autres, les humains, nous avons
révolutionnaire, mais simplement un perd quand tout un peuple nié et bafoué des désespoirs immenses. Trop grand
témoin conscient des douleurs et peines réclamait du pain. pour notre taille. Aussi s’expriment-ils,
d’un monde qui court à sa perte. Il a, Evidemment Partition... est un produit le plus souvent de façon dérisoire. Le
mieux que personne, vu les années où il culturel officiel et bien pensant, génie de Tchékhov - et, ici, de Mikhalkov
écrivait, compris l’injustice et l’humilia- Tchékhov. ayant toujours été en odeur - c’est d’avoir su montrer le ridicule de
tion et, s’il a cherché des excuses à la de sainteté en Union Soviétique. Il est si l’expression sans jamais ridiculiser le
classe dominante, il n’en a pas moins facile de se borner à ne voir dans son désespoir lui-même.
dénoncé ses vices et ses hontes. œuvre qu’une peinture lucide et sans Et le film s’achève, baigné par un extrait
"Comme la vie est quotidienne !" soupi- complaisance aucune de la société de L’Elixir d’amour de Donizetti.
rait Jules Laforgue, presque en écho à condamnée que le souffle de la Musique légère et déchirante. A l’image
Tchékov, trouvant que sa société "vivait Révolution balaiera comme une fétu. Si de la vie de ces adultes-enfants qui
mal". Ces deux phrases pourraient résu- facile d’attribuer le désarroi de ses per- nous ressemblent comme des frères. Ou
mer le propos du film de Nikita sonnages à la vacuité de leur con- plutôt qui nous ressembleraient si nous
Mikhalkov : Partition inachevée pour science politique et au malaise né de ne collions pas, par pudeur, un masque
piano mécanique. l’excès de leurs privilèges. On peut d’adulte sur nos visages et si nous ne
Un jour d’été, à la campagne, dans une regretter que les plus doués des cachions pas, au plus profond de nous-
de ces vastes demeures où les aristo- cinéastes soviétiques contemporains même, un enfant qui pleure et qui rit.
crates de la vieille Russie perdaient leur soient si souvent obligés de traiter des Les personnages deTchékhov - et jamais
temps à ne savoir que faire, un déjeuner sujets officiellement estampillés, cultu- nous ne l’avions compris comme ici -
entre gens biens. Bavardages, rires, rellement classés s’ils entendent jouir sont des hommes et des femmes qui
clowneries sinistres si l’on pense qu’au d’une certaine liberté créatrice. osent ostensiblement être cet enfant.
loin des hommes meurent de faim. La Le matin de Paris (30/04/79) C’est si vrai que Nikita Mikhalkov a
journée ensoleillée marque les retrou- voulu opposer à ces adultes puérils un
vailles de deux êtres qui se sont jadis enfant qui pose sur eux le regard d’un
aimés et qui souffrent encore sans pou- Ce drôle de titre cache un film sublime. sage. Un petit garçon grave, qui arrive
voir, toutefois, aller au bout de leurs Nikita Mikhalkov n'adapte pas flanqué d’un vieillard grotesque et de
sentiments. Ils ont rêvé de changer le Tchékhov : il semble lui avoir passé deux dindes. Un petit garçon qui se pas-
monde et sont lourdement retombés la caméra. Et celle-ci est comme sionne pour le phonographe et craint les
dans un quotidien tout en politesses, enchantée… coups du vieillard. Un petit garçon qui,
mondanités et autres passe-temps. dès qu’il est seul, ébouriffe ses cheveux
Autour d’eux, des êtres s’affrontent en Voici la plus belle, la plus juste, la plus ridiculement plaqués et s’en va, sous un
de vaines querelles : progressistes drôle et la plus émouvante des adapta- grand parapluie noir, regarder l’eau tom-
contre Darwinistes bornés - un véritable tions de Tchékhov. Peut-être parce que ber sur l’étang. Image aussi inoubliable
combat de coqs sans intérêt qui montre Nikita Mikhalkov (dont nous avons vu que celle d’Apu dans Pather panchali.
bien, cependant, I’aveuglement de la récemment L’esclave de l’amour ou Et c’est sur l’image de ce petit garçon,
société aristocratique persuadée de sa un drame poignant du cinématographe) nu et maigre, dormant dans son lit tan-
pérennité. ne s’est pas contenté d’adapter pour dis que les adultes se livrent dehors à
Cris et chuchotements ; on s'arrache les l’écran une pièce ou une nouvelle. leurs turpitudes, que se clot ce film
cheveux, on jure, on prie, et la caméra A partir des principaux personnages de léger et dense. D’autant plus dense qu’il
de Nikita Mikhalkov suit la cavalcade du Ce fou de Platonov, de quelques situa- est plus léger...
petit monde de Tchékhov avec une iro- tions empnuntées à la pièce (la première Claude-Marie Trémois
nie mordante. D’une certaine façon, écrite par Tchékhov, à vingt et un ans, et Télérama n°1528
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
77.32.76.96 2
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
Fax : 77.25.11.83D O C U M E N T S
blessure des pensées. Tchékov res- Le désir qui pousse un acteur à devenir
suscite, mais Mikhalkov, tout en réalisateur est parfaitement logique.
Pour restituer toute la saveur tchéko- restant fidèle à l’univers du maître, Pourtant je ne crois pas qu'il y ait 50%
vienne, Mikhalkov fait intelligement se permet de donner quelques touches de comédiens qui en aient le droit. Parce
alterner une indolence élégante et une personnelIes à cette sarabande de per- qu'un réalisateur, tel un ordinateur, doit
impitoyable étude de caractères. Cette sonnages tout aussi irritants que tou- posséder une vision d'ensemble de
construction subtile, où les personnages chants. Voilà une adaptation remar- l'œuvre. Il trompe l'un, ruse avec l'autre
rebondissent sur leurs contradictions et quable d’une œuvre certes moins pour y parvenir. L'acteur, le bon acteur
virevoltent, comme des papillons surpris connue que La Mouette ou La ceri- doit - me semble-t-il - essentiellement
par un faisceau de lum

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