Sweetie de Campion Jane
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

SWEETIE
F de Jane CampionFICHE FILM
fiche technique
Australie 1989 1H45
Réalisateur
Jane Campion
Musique
Martin Armiger
Interprètes
Genevieve Lemon
Tom Lycos
Jon Darling
Dorothy Barry
Michael Lake
Genevieve Lemon
Résumé
Jeune femme psychologiquement et affec- parasite. A la venue du père, puis avec le
tivement perturbée, Kay éprouve de pro- retour à la maison maternelle, Sweetie
fondes angoisses devant la vie, l'amour et bascule définitivement vers la folie.
la mort. Son mariage avec Louis n'arrange
que momentanément les choses : après
une année de paisible cohabitation, elle
s'éloigne de son mari et se replie sur elle- Critique
même. Alors surgit sa soeur ainée,
Sweetie, obèse, débraillée, sensuelle et Les films les plus justes de cette fin de
velléitaire; celle que son père Gordon décennie relèvent souvent de la sphère
considère comme l'artiste de la famille intimiste: Brève histoire d’amour
bouleverse l'existence du jeune couple (Krzysztof Kieslowski), Un monde sans
d'autant qu'elle vit flanquée d'un impresa- pitié (Éric Rochant)... Sweetie est de
rio raté qui la confirme dans son rôle de
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
cette veine. Ces œuvres mélangent avec bas-relief. L’exposition s’articule autour re qualité de vie. Ce libéralisme s’est
bonheur particularismes (leurs "héros" de quelques instantanés rappelant les élaboré sur une négation quasi générale
sont des individus singuliers et/ou per- personnages pétrifiés que l’on découvre de tous les systèmes de valeurs, les
turbés) et options identitaires plus en visitant les ruines de Pompéi : immo- bons comme les mauvais. A partir de
larges: elles expriment crises, déchire- bilisés dans l’attitude où la lave les a saisis. quelles bases réapprendre à communi-
ments, dérives, à travers des codes cul- quer ? Telle est la question que posent,
turels communs à leurs pays d’origine et, Tout se complique avec l’arrivée de dans leurs films, Jane Campion, Éric
aussi, aux artistes les plus "réceptifs" de la Sweetie. A peine débarquée, vêtue de Rochant, Krzysztof Kieslowski et
planète. Ce curieux cocktail, que l’on haillons, elle s’enferme avec un vieil quelques autres, à nos nouvelles "sociétés
retrouve également chez les frères amant dans une chambre. Boulimique, molles" qui ressemblent de plus en plus
Kaurismaki ou chez le sino-américain fardée, dodue, sensuelle, Sweetie est à des "forteresses vides".
Wayne Wang, est immédiatement l’opposé de sa sœur. Est-elle la plus Raphaël Bassan
débusqué, répertorié et "digéré" par forte ? Certes non ! les gens pleins de La Revue du Cinéma N°456
l'"internationale cinéphile". Il n’est plus sève, qui ignorent les "vertus" de l’inhi-
question, dans ces cas précis, de poli- bition, prennent le plus facilement "froid
tique des auteurs mais de "sismo- à l’âme", et s’écroulent. L’incrustation
graphes des sensibilités". de cette nouvelle locataire déséquilibre
Sweetie croque le portrait d’une cellule la vie crispée de Kay et Louis. La venue
familiale de la middle class australienne du père des deux jeunes femmes, qui a Une fille dans un arbre
en voie de décomposition. Qui est un faible pour Sweetie, provoque une
Sweetie ? C’est la fille aînée de la mai- crise. Tout le monde fuira la pauvre Sweetie est une fille trop grosse, trop
sonnée, partie depuis quelque temps, et "brebis noire" pour aller se ressourcer vivante, trop sensuelle. Une fille trop.
dont le retour impromptu obligera cha- dans la tanière de la mère qui vit Quelqu’un d’inconfortable, I’héroine fas-
cun à se situer, à se définir, à rompre elle-même dans une semi-solitude. cinante du premier long métrage de
son équilibre existentiel, pourtant diffici- Jane Campion.
lement atteint. La sœur cadette, Kay, Jane Campion commence à gratter
entre la première en scène. Corps de l’émail de son bas-relief. Sous l’écorce L’Australie est un pays trop vaste, avec
glace, mais tête remplie de fantasmes; protectrice réapparaissent les pulsions de grands pans de désert, des espaces
elle a séduit Louis à cause d’une mèche de vie et de mort. Sweetie n’a pas su sauvages. Avec les vestiges d’une civili-
de ses cheveux qu’elle a pris pour un composer avec son désarroi et son vide sation dont les racines remontent trop
signe du destin. Un an plus tard, le existentiel comme Kay. Elle glisse vers avant dans l’Histoire. Et une population
couple n’a plus de rapports sexuels. Le la "folie". En rejoignant sa "famille", elle qui a transporté là depuis trop peu de
désintérêt en la matière devient un fait cherche à recomposer un corps hétéro- temps les coutumes et comportements
sociologique important (La Revue du gène englobant, comme dans une vraie d'une Angleterre trop lointaine. Le déca-
Cinéma lui a consacré un article en jan- "scène primitive", Kay, ses parents et lage déstabilise des gens à qui leur édu-
vier 1989, "Héros masculins: la débâcle ? elle-même. Mais rien ne peut obliger cation, leur culture interdisent d'expri-
Sexe, mensonges et vidéo et, mainte- des gens devenus étrangers les uns des mer leurs émotions encore plus de se
nant, Sweetie éclairent la face fémini- autres à communiquer. Jane Campion le laisser aller. On dirait qu’a l’intérieur ils
ne du problème). Cela n’entraîne pas, sait et bâtit un film plein de tensions, de sont coulés dans du béton.
ici, dans un premier temps, de drame. creux, de pleins et de déliés. Elle fera de
Jane Campion trouve, en plasticienne, le Sweetie un peu son "double naïf"... Une Dans son premier long métrage,
visuel juste pour exprimer cette crise femme qui veut encore espérer et, pour Sweetie, Jane Campion décrit une
larvée dans l’introduction de son film. En cela, régressera jusqu‘au stade fœtal, famille de ce type: une Jeune femme
ce sens, la séquence où Kay et Louis avant de choir morte et incomprise. coincée qui a peur des arbres, et son
détaillent leurs corps nus et constatent mari qui se réfugie dans la méditation.
qu’ils ne sont plus porteurs de désirs est Sweetie arrive sur les écrans à un Ils habitent un pavillon lézardé donnant
tout à fait exemplaire. Kay est devenue, moment où la plupart des sociétés évo- sur une cour-jardin poussiéreuse où
par glissades successives, "étrangère" à luées se sont libéralisées. Mais cela règne le désordre de la médiocrité. Ils
sa chair et à son environnement. Jane n’implique pas, comme le montre vivent ensemble depuis treize mois,
Campion a voulu cette première partie magistralement Jane Campion, que n'ont pas d'enfant, subissent la présen-
froide, lisse, un peu à l’image d’un leurs citoyens bénéficient d’une meilleu- ce d’un petit voisin marrant.
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
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8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
2
77.32.76.96
Fax:77.25.11.83D O C U M E N T S
lls n’ont aucune défense, contre rien. Jane Campion n’a pas triché, elle s'est Filmographie
Surtout pas contre Sweetie, la sceur de engagée corps et âme dans ce film -
la jeune femme, la honte de la famille. dédié à sa sceur, I’un des plus forts, des
Courts métrages
Elle est grosse. Pas appétissante comme plus originaux, I’un des plus nécessaires
Mariane Sagebrecht. Vraiment grosse, présentés cette année à Cannes, où
1980 Tissuesla cuisse celluliteuse sous la minijupe, Jane Campion avait remporté la Palme
Eden (inachevé)le cheveu sale, les ongles laqués noir, le d'or du court métrage en 1986. Mais il a
rimmel en débandade. Et malgré tout, et été le grand oublié du palmarès 1989.
1981 Peelbien qu’elle soit légèrement débile, elle Sweetie, porteuse d’une vérité dure à
est émouvante. Presque séduisante, en vivre, a dérangé les jurés comme elle
1983 Mishaps of seduction tout cas puérilement et totalement sen- dérange sa famille.
and conquestsuelle. Elle est arrivée avec un gigolo Colette Godard
abruti, perdu dans quelque fumée pla- Le Monde jeudi 4 Janvier 90
1984 Passionless momentsnante, et refuse de partir. Le père la suit
de près, lié à elle par une trouble culpa-
1985 After Hoursbilité.
C'est l'un des cadavres dans le

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