L'existence de Dieu prouvée par les philosophes face aux objections pessimistes

Guy Modeste Sompougdou

Description

Jeune étudiant en philosophie

Informations

• Publié par: Sompougdou
• Publié le: 11 mars 2012
• Nombre de lectures: 342
• Langue: Français

Extrait

I. INTRODUCTION
Les conceptions de Dieu ont considérablement varié selon les différentes époques et ce,
d’une civilisation à une autre. Pourtant, une certaine forme de croyance en un Être suprême a
prévalu dans presque toutes les sociétés historiques. Cette croyance fut, néanmoins, remise en
question depuis les temps les plus anciens par différentes philosophies telles que le
scepticisme, l’agnosticisme et l'athéisme. Parmi les sujets débattus par ces deux tendances
énantioses figurent celui de l’existence de Dieu que la Théodicée, la Métaphysique, la
Théologie et d’autres traitent avec rigueur tout en soutenant la thèse susmentionnée. Ces
dernières affirment que l’existence de Dieu peut se démontrer par la raison, tandis que les
autres, mus par un esprit apophatique, objectent leur thèse. C’est ainsi que le sceptique, celui
qui a tendance à mettre en doute les vérités communément admises, l’agnostique qui est une
personne qui défend qu'une vérité d'ordre métaphysique ne peut être ni affirmée ni infirmée si
la raison et l'expérience ne peuvent la vérifier et l’athée qui est une personne qui refuse toute
croyance en un dieu quelconque, vont s’évertuer à mettre en cause cette allégation. Ils savent
que la raison occupe une place légitime dans toutes les sciences parce que l’homme est un être
rationnel et que la connaissance a priori est un argument adéquat pour une vraie connaissance
et peut même découvrir les causes ultimes, nouménales ou les causes du monde physique,
mais ils nous posent cette question : pouvez-vous prouver l’existence de l’Etre Suprême par le
seul biais de l’entendement ?
La réponse à telle préoccupation est l’objet d’étude de ce dialogue réflexivo-zététique
qui tourne autour de trois axes majeurs. Premièrement, il s’agit de la démonstration de
l’existence de Dieu par la raison face à l’incrédulité d’un sceptique. Deuxièmement, la
destruction de la conception erronée de l’agnostique sur la justification de l’existence de Dieu,
troisièmement, la tentative de convaincre un athée devant sa négation de Dieu par le
raisonnement et en dernier lieu une cogitation spécifique de l’existence de l’Absolu.

II. DIALOGUE AVEC UN SCEPTIQUE SUR L’EXISTENCE DE DIEU
Le sceptique doute pour douter car il rejette l’idée de certitude contrairement au doute
méthodique qui est philosophique et poursuit la connaissance pour parvenir à la vérité. C’est
ainsi que Protagoras le sophiste dira : « je ne sais rien des dieux, ni s’ils sont ni s’ils ne sont
1pas » . En effet, selon le sceptique, Dieu ne peut pas être objet de connaissance, car cette
1dernière appelle l’expérience. Ainsi, l’Absolu ne peut l’être que de la croyance. Le sceptique
réfute la capacité de la raison à prouver l’existence de Dieu. Dès lors, il s’appuie sur des idées
désarçonnées telles celles d’un Kierkegaard qui s’exprime ainsi : « l’existence de Dieu ne peut
pas être prouvée, la nature ne porte pas de trace de son action ; pour l’intelligence, Dieu est
2l’inconnu … » . De même, s’appuyant sur des divagations alogiques, il suppose que le
traditionaliste Lamennais, grand intellectuel de son temps aurait affirmé l’incapacité de
l’entendement humain à parvenir à une telle réalité en ces termes : « le raisonnement est
3insuffisant pour conduire l’homme à la certitude » . Avec ses arguments solides, dit-il, nul ne
peut lui convaincre à croire en la capacité de cette faculté humaine de s’élever jusqu’à la
connaissance d’un Etre Transcendant. En quoi peut-elle s’élever jusqu’à la perception de ce
qu’il n’a pas l’expérience ?
Mais en réalité, la raison peut connaître par ses propres forces l’existence de Dieu. Cela
nécessite une grande élévation spirituelle. Cette thèse est soutenue par les Pères du concile du
Vatican I (1870). En effet, ils affirment que :
« Bien qu’on lise dans le canon le mot créateur, il n’est pas défini pour autant que la
création proprement dite puisse être démontrée par la raison, mais on retient, sans rien
ajouter pour en déterminer le sens, le terme dont l’Ecriture fait usage lorsqu’elle
révèle cette vérité. Cette remarque qui porte sur l’attribut créateur pourrait être
appliquée aux autres. Cependant, la théodicée permet d’affirmer, par la lumière
naturelle qui lui est propre, que la raison peut atteindre les attributs en question : Dieu
est unique, véritable, c’est-à-dire d’une nature réellement souveraine, créateur qui
nous a fait de rien, et Seigneur dont nous dépendons comme de notre principe et de
4notre fin » .
Saint Anselme soutenait dans cette perspective que, même ceux qui doutent de l'existence
de Dieu devraient appréhender le Créateur comme l'Etre Parfait. L'existence hors de la pensée
étant supérieure à celle qui se déroule dans l'esprit, l'idée pour un sceptique de nier l'existence
de Dieu serait antinomique en soi, puisque selon lui, il est possible de concevoir l'Etre Parfait,
5et par là même fournir la preuve indubitable de l'existence de Dieu. En effet, connu pour son
argument ontologique de l’existence de Dieu, Anselme tire son argument de l’idée même de
Dieu : « l’insensé a dit dans son cœur que Dieu n’existe pas » ! Or Dieu est ce dont on ne peut
1 XXX, « Protagoras » in Nouvelle initiation philosophique, Dieu pour le monde, t6, Casterman, 1966, p. 84.
2 S. KIERKEGAARD, Les Riens Philosophiques, Gallimard, trad. Ferlov et Gateau, p. 111.
3 F. de LAMENNAIS, Essai Sur l’indifférence, 4è éd., Paris, 1822, t. II, ch. XIV, pp. 51-52.
4 VACAN, Etudes théologiques sur les constitutions du Concile Vatican I, T. I, p. 304.
5 Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
2rien concevoir de plus grand, comme l’attestait saint Anselme. Celui qui saisit bien cela
comprend aussi qu’il est de telle sorte qu’on ne puisse penser qu’il n’est pas. Celui donc qui que Dieu existe ne peut penser qu’il n’est pas. Ainsi, ce dont on ne peut penser
quelque chose de plus grand, non seulement existe, mais existe nécessairement.
Outre cette thèse insurmontable de saint Anselme, Hamilton qui jadis avait abondé dans le
même sens sceptique à travers les antinomies kantiennes, avoue dorénavant par le biais de sa
théorie présentatrice l’existence d’un Être Absolu en ces termes : « Que les lois de notre
esprit nous permettent de savoir qu’il y a une réalité absolue derrière les phénomènes, quoi
que nous ne connaissons rien de son essence. Chaque opération de l’esprit nous donne
l’évidence d’un dualisme entre l’esprit lui-même et le monde extérieur, ce qui fournit un
6garant de l’existence de l’Absolu… »
En substance, selon la conclusion du scepticisme, le sage suspend son jugement. Il ne se
prononce guerre sur des affirmations aléatoires. Toutefois, l’existence de Dieu est affirmée et
prouvée par les thèses explorées. Elles illustrent que la raison est capable de s’élever jusqu’à
la connaissance d’un Etre Suprême par ses seuls moyens.

III. DIALOGUE AVEC UN AGNOSTIQUE
L’agnosticisme est une doctrine selon laquelle l'existence de Dieu et d'autres êtres
spirituels n'est ni certaine, ni impossible. Ainsi, face à la problématique de Dieu, l’agnostique
se demande comment la raison est-elle capable de s’élever vers l’Etre Absolu par le spectacle
des créatures ? C’est impossible, affirme-t-il. La raison humaine enfermée rigoureusement
dans le cercle des phénomènes et tels précisément qu’ils apparaissent n’a ni la faculté ni le
droit d’en franchir les limites ; elle n’est donc pas capable de s’élever jusqu’à Dieu, non pas
même pour en connaître par le moyen des créatures. Qu’est ce que le raison individuelle, si
non qu’une faible lu