L IDENTITÉ EUROPÉENNE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE
135 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'IDENTITÉ EUROPÉENNE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
135 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

L'IDENTITÉ EUROPÉENNE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE

Informations

Publié par
Nombre de lectures 88
Langue Français

Extrait

L’IDENTITÉ EUROPÉENNE DE SÉCURITÉ ET DE DÉFENSE MÓNICA SANJOSÉ ROCA "Avant de chercher à fonder une alliance militaire ou une communauté économique, l’Europe devra être une communauté culturelle" (Robert SCHUMAN). I.- INTRODUCTION La présente étude sera axée sur la construction d’une Identité Européenne de Sécurité et de Défense (désormais, IESD). L’indétermination de ce concept a incité certains auteurs à s’y référer comme si nous 1avions affaire à une véritable "théologie ", en raison de sa complexité et de la confusion qu’il soulève, et du fait qu’il recouvre diverses variables fondées sur les divergences entre les États. La construction de l’IESD constitue un mode d’envisager la réorganisation de l’Europe sous une perspective multidirectionnelle, car elle est examinée du point de vue de chacune des différentes institutions -non exclusives entre elles- qui entrent en jeu dans le domaine de la sécurité et de la défense européennes: une Europe européiste, atlantique ou paneuropéenne. De ce fait, son analyse nous situera en présence des processus internes des organisations internationales telles que l’Union Europénne, l’Alliance Atlantique ou l’Union de l’Europe Occidentale, sans préjudice du poids d’autres organisations également capitales telles que l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (désormais, OSCE), et ce dans le but de configurer l’architecture globale au sein de laquelle chacune aura un poids spécifique. Le lien d’union entre ces organisations sera la construction progressive de l’IESD, soit en tant que pilier européen de défense au sein de l’Alliance, soit comme articulation d’une défense européenne autonome grâce à l’acquisition potentielle de compétences en la matière, de la part de l’Union, avec, pour ce faire, l’utilisation comme instrument essentiel d’une UEO revitalisée. Cependant, avant d’analyser le rôle de chacune des organisations internationales mentionnées en leur qualité d’acteurs principaux sur la scène de la sécurité européenne, il est nécessaire de tenir compte d’une série de facteurs d’ordre politique qui pourront nous aider à contextualiser l’évolution du traitement de l’IESD à partir d’une nouvelle conception de la sécurité. 1 OJEDA, J. (de): "El futuro de la OTAN", Política Exterior, vol. X, nº 52, , juillet-août 1.996, p.49. Le démembrement des régimes communistes en Europe et de l’ex-Union Soviétique, une fois que la fin de la Guerre Froide a été rendue officielle avec la chute du Mur de Berlin, a bouleversé la configuration bipolaire du panorama géostratégique en donnant lieu à la naissance de "l’espoir d’un nouvel ordre mondial 2basé sur des valeurs démocratiques universellement reconnues ". La "menace soviétique" s’est vue remplacée par une série de menaces qui dépassaient la dimension militaire traditionnelle de la sécurité du fait qu’il s’agissait d’une prolifération de crises; de conflits et de zones d’instabilité provoqués par l’absence de régimes démocratiques stables; de problèmes ethniques; de la résurgence des nationalismes et de la poussée du fondamentalisme religieux ainsi que de certaines anciennes menaces issues de la survivance de forces nucléaires dans les anciennes républiques soviétiques et dans la propre Russie. En résumé, même si "the risk 3of global catastrophe has reduced, the risk of geographically limited conflict has increased ". En conséquence, la sécurité apparaît comme un tout comportant une série de relations complexes entre les États, avec leurs différentes traditions et solidarités, de sorte que toute crise éventuelle peut les concerner en acquérant 4inévitablement une dimension européenne . Une fois la confrontation Este-Ouest disparue, la transformation du statu quo international amène comme conséquence immédiate la révision du rôle de certaines organisations internationales, appelées à s’adapter aux nouvelles circonstances ambiantes. Le nouveau panorama international réclamait une conception différente de la sécurité. Il n’était plus question de "la simple protection contre une menace 5 6brutale venue de l’extérieur " mais d’une conception multidimensionnelle , comme il a été mis en évidence 7lors de la Conférence sur le désarmement et le développement organisée en 1987 par les Nations Unies . 8Ainsi, cette conception élargie de la sécurité comprend plusieurs aspects , ce qui exige un examen plus complexe de la prévention et de la gestion des crises et l’articulation d’une série d’instruments -au-delà des 2 VAN FOREEST, H.: "L’OTAN et le nouveau paysage de la sécurité européenne", dans PAPAS, S. A. et VANHOONACKER, S.: La politique étrangère et de sécurité commune de l’Union Européenne, les défis du futur, Actes du Colloque de l’IEAP, Maastricht, 1995. 3 PORTILLO, M.: "European Security. NATO and "Hard defence", Studia Diplomatica, vol. XLIX, num.6, 1996, p. 26. 4 PONTILLON, R.: "L’Union de l’Europe Occidentale: Rôle et perspectives", Relations Internationales et Stratégiques, dossier "L’avenir des Alliances politico-militaires", num.3, 1991. 5 MAHNCKE, D.: "Les paramètres de la sécurité européenne", Cahiers de Chaillot, nº10, Institut d’Études de Sécurité de l’Union de l’Europe Occidentale, Paris, septembre 1993, p. 9. 6 Selon LENZI, l’approche multidimensionnelle ne constitue en rien une nouveauté à la différence de sa globalisation, dans POLITI, A.: "European Security: the new transnational risks", Cahiers de Chaillot nº1, Institut d’Études de Sécurité de l’UEO, Paris, octobre 1997. 7 "La seguridad no tiene sólo aspectos militares, sino también aspectos económicos, sociales, humanitarios y de derechos humanos, y ecológicos. El incremento de la seguridad puede, por una parte, crear las condiciones que lleven al desarme, y, por otra, crear el medio y la confianza que permitan conseguir con éxito el desarrollo". Texte cité dans BARBE, E.: Relaciones internacionales, Tecnos, 1.995, p.280. Dans le même sens, BUZAN donne une définition de la sécurité qu’inclut cinque dimensions: politique, économique, militaire, social, environmental. Vid. "New Patterns of Global Security in the Twenty-First Century", International Affairs, vol. 67, num.3, 1991, p.431-451. 8 Sous cette perspective, STAINIER signale que la promotion des intérêts européens en matière de sécurité comporte la réduction et l’élimination d’une série de risques et d’incertitudes qui mettraient en danger certains éléments de la sécurité ainsi entendue: l’intégrité territoriale (en raison de la réapparition d’un pouvoir agressif en Europe), de conflits locaux, du terrorisme et de la menace d’armes de destruction massive; la stabilité économique; l’écologie ou la structure démocratique; la stabilité sociale et culturelle ainsi que l’idéntité politique des États européens. STAINIER, L.: "Common interests, values and criteria for action" en MARTIN, L. y ROPER, J. Towards a Common Defence Policy, Paris, 1995, p.17. Dans ce sens, le Parlement Européen s’est prononcé sur la dimension non militaire de la sécurité comme celle qui comprend "les relations et mésures économiques (sanctions ou assistance), l’aide financière, les relations politiques, les initiatives diplomatiques, les contacts personnels et culturels, l’encouragement au respect des droits de l’homme, la transmission d’informations non deformées, l’offre de médiation....etc.", Rapport de la commission institutionnelle sur l’avenir des relations entre l’Union Européenne, l’UEO et l’Alliance Atlantique, Parlement européen, Documents de séance, 27 janvier 1994, p. 17. militaires- en accord avec la perception d’une nouvelle menace: on passe d’une menace massive localisée dans une zone déterminée à une menace plus disperse et confuse, ce que l’on a désigné comme "capillarisation" 9des menaces ou plutôt, la prolifération de nouveaux "risques". Au vue de cette situation, il fallait mettre en place dans le domaine de la sécurité "un nouveau type de coopération qui devrait remplacer le concept de 10bipolarité ". En définitive, d’après POLITI, le caractère multidimensionnel de la sécurité peut être reconduit vers deux aspects principaux: la prise en compte de différents facteurs qui exercent une influence sur la conception, l’exécution et la continuité de la sécurité et une approche "multifacette" des vieux et nouveaux 11risques . Dans ces cas, la correspondante action internationale, quoique non dépourvue d’une composante militaire, comporte un éventail de politiques plus large que celle strictement défensive: "le concept de défense tel que nous l’entendons me semble aujourd’hui dépassé dans la mesure où (...) les menaces (...) ne seront plus 12principalement militaires, mais de sécurité au sens large ". Il s’agit d’une action "préventive de conflits, visant 13à concilier les différents intérêts, à prêter son assistance ou à faire valoir une force coercitive ", pouvant être mieux abordée d’un point de vue transnational, donc mieux adaptée à la nature des conflits à résoudre. La sécurité cesse d’être une question concernant exclusivement la souveraineté des États en raison de leur étroite 14relation avec la sécurité mondiale . Tout au long de la période de la Guerre Froide, le fonctionnement des institutions responsables de la gestion de la sécurité en Europe se caractérisait par la bipolarité, l’ "ignorance réciproque" et la délimitation 15bien définie de leurs attributions . Jusqu’à présent, les questions de sécurité et de défense européenne, envisagées du point de vue de la défense collective, avaient été traitées exclusivement dans le cadre de l’Organisation de l’Atlantique Nord, ce qui annulait complètement la raison d’être de l’UEO, la seule organisation internationale à caractère européen avec des compétences dans ce domaine. Ainsi, les États européens se sentaient à l’abri sous un parapluie défensif, en même temps que fortement cautionnées par le maintien du lien transatlantique. E
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents