Besoin des riches? (1) - Le riche n est pas l avenir de l homme
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Besoin des riches? (1) - Le riche n'est pas l'avenir de l'homme

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Besoin des riches? (1) - Le riche n’est pas l’avenir de
l’homme
La crise ? Pas pour tout le monde. Les millionnaires français vont très bien et sont de plus
en plus nombreux. Au-delà de l’anathème, Regards a souhaité apporter des réponses
constructives aux inégalités que provoque leur existence même.
Présentés comme investisseurs et créateurs d’emplois, les riches se protègent contre toute
idée de redistribution. Au-delà de la déconstruction de ce mythe, ne faut-il pas questionner
leur utilité-même ?
A quoi servent les riches ? Une drôle de question qui n’aurait peut-être pas résonné avec autant de
pertinence au début du quinquennat. Le riche est alors une figure triomphante et le candidat
Sarkozy fait une sacrée promesse : levez-vous tôt, et vous avez quelques chances d’en être. Une
fois élu, on connaît l’histoire. Sarkozy envoie des signes politiques très clairs : on peut choisir ses
copains chez les patrons du CAC 40, bouffer au Fouquet’s, avoir une montre à 20 Smic… et être un
élu du peuple. Ça ne te plaît pas ? « Casse-toi pauv’ con. » Mais voilà, la machine à produire du
rêve a surtout produit de la frustration.
Dans la rue, les Français l’ont encore récemment dit très vivement. Au-delà des retraites, un
sentiment d’illégitimité du pouvoir s’est exprimé. Sur les banderoles, s’étalaient l’affaire Woerth-
Bettencourt, le bouclier fiscal, l’injustice ressentie par les jeunes et les précaires… Dans les
librairies, Le président des riches, des sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot fait un carton
(75 000 exemplaires vendus) tout à fait inaccoutumé pour un livre d’universitaires, tandis qu’Hervé
Kempf, déjà auteur d’un remarqué Comment les riches détruisent la planète, s’apprête à sortir un
ouvrage dénonçant l’oligarchie. Les sondages se suivent et se ressemblent : les Français, chaque
fois qu’on leur pose la question, veulent « faire payer les riches ». Sur Internet, on rit encore des
happenings du collectif Sauvons les riches, qui s’invite bruyamment au Bristol ou au Rotary club et
organise de vraies fausses manifs en Loden et collier de perle. Alors faut-il sauver les riches,
comme l’exige avec humour ce collectif de militants ?
Ils vont très bien merci, surtout les plus riches d’entre eux. Sur dix ans, la limite inférieure des 0,1 %
des plus gros salaires a augmenté de 28 %, celle des 1 % de 11,6 % en euros constants. Les
données de l’Insee sur les revenus déclarés, qui intègrent les produits financiers, nous indiquent
clairement la même tendance. Au niveau mondial, en un an, 215 nouveaux milliardaires sont venus
grossir le contingent des 793 déjà existants. Dans nos sociétés du CAC 40, les revenus exorbitants
des dirigeants s’additionnent aux attributions de stock-options et consolident des patrimoines déjà
consistants.
Un exemple parmi d’autres : le groupe LVMH. Son PDG, Bernard Arnault, non content de posséder
un patrimoine estimé à plus de 27 milliards d’euros, a touché en 2009 une rémunération de 3,8
millions d’euros auxquels il faut ajouter pour 5,1 millions de stock-options. Son bras droit, Antonio
Belloni, qui touche une rémunération annuelle de 5,3 millions d’euros, vient d’exercer ses stocks-
options et d’empocher en une seule journée une plus-value de 18 millions d’euros.
Déconstruire leur utilité
Ces rémunérations sont décidées par les conseils d’administration. Comme l’expliquent Michel et
Monique Pinçon- Charlot dans leur dernier livre, ceux des entreprises du CAC 40 se réduisent à un
petit monde qui se connaît, se congratule et s’attribue de très confortables émoluments. Plus
concrètement, quelques milliers de familles seulement tiendraient l’économie du pays entre leurs
mains, selon le couple de sociologues. Même si les conseils d’administration sont nommés par les
actionnaires, ces derniers ne prendront presque jamais le risque d’élire une direction hors de cette
élite cooptée. Ils s’en remettront donc toujours à ce même cercle d’individus, leur concédant ainsi
des revenus astronomiques, dans l’espoir d’obtenir un rendement du capital consistante et si
possible à deux chiffres.
Cette oligarchie, qui entretient des liens étroits avec le pouvoir politique, passe régulièrement d’une
structure publique à un pantouflage dans le privé et influe ainsi sur le discours politique et
médiatique ambiant. En substance, « les profits d’aujourd’hui sont les investissements et les
emplois d’après-demain », comme le disait Helmut Schmidt. L’adage du social démocrate allemand
a pourtant pris du plomb dans l’aile. Les dividendes ont connu en France une progression
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