Repenser le système financier

Maurice Basle

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• Publié par: uravebak
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Extrait

Repenser le système financier

JeanLuc Baslé pour le groupe de travail régulations financières d’Héritage&Progrès

Les ravages de la crise sur le système financier mondial, illustrés par la faillite de Lehman Bros., la nationalisation ou quasinationalisation d’institutions aussi prestigieuses que Royal Bank of Scotland, AIG ou Citigroup, et les difficultés rencontrées par Natexis, Dexia et Fortis sont aussi impressionnantes qu’inattendues. Les conséquences économiques et sociales de cette crise sont désastreuses. Le Fonds monétaire international (FMI) révise ses prévisions 2009 à la baisse et table désormais sur une croissance mondiale négative de 1,3%. En début d’année, le Bureau international du travail (BIT) a annoncé 50 millions de chômeurs. Personne ne peut rester insensible à ces chiffres et beaucoup appellent à un durcissement de la législation bancaire.

Pour autant, une analyse de la crise et du rôle des banques dans l’économie conduit à une position plus nuancée. Bien qu’elles y aient fortement contribuée, les banques ne sont pas à l’origine de la crise. Avant de légiférer, il est donc essentiel de comprendre la nature de leur activité ainsi que les contraintes auxquelles elles sont soumises. Dans un monde en perpétuelle évolution, la solution réside dans une législation définissant clairement le cadre de l’activité bancaire à l’intérieur duquel les banques jouiraient d’une relative liberté car de leur dynamisme dépend en partie la vitalité de l’économie. Il est souhaitable que les grands principes sur lesquels reposerait ce cadre soient établis à l’échelon européen et que la dimension mondiale du problème soit prise en compte au niveau du FMI.

Cette note est divisée en trois parties. La première analyse les origines de la crise, la seconde examine la spécificité des banques, la troisième présente l’innovation financière. La conclusion propose un cadre pour la future législation bancaire.

I  Origines de la crise

Contrairement à une opinion largement répandue, particulièrement en France, cette crise n’est 1 pas celle du capitalisme. Elle n’est pas non plus l’expression d’un cycle de Kondratiev ou un coup du sort.Elle est le fait d’hommes de pouvoir qu’ils soient politiques, fonctionnaires ou banquiers. Des hommes tels que George W. Bush, Hu Jintao, Alan Greenspan, Richard Fuld, ou 2 Stanley O’Neal. Ils ont chacun pour leur part contribué à la crise. Mais, son origine tient à des politiques économiques erronées et à une absence de règles au niveau international.

1 Economiste russe célèbre pour sa théorie des cycles se répétant tous les 50 ans environ et comprenant deux phases : l’une ascendante pendant laquelle les entreprises prennent davantage de risques pour tirer pleinement profit de la croissance, l’autre descendante qui se caractérise par une concentration des entreprises et une forte montée du chômage. A la suite d’un procès initié par Staline, Nikolaï Kondratiev fut envoyé au goulag où il fut fusillé. 2 Respectivement président des EtatsUnis, de la Chine, gouverneur de la Federal Reserve Bank, président de Lehman Bros., et de Merrill Lynch.