Essai politique sur Alexis de Tocqueville, avec un grand nombre de ...
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Essai politique sur Alexis de Tocqueville, avec un grand nombre de documents inédits / par R. Pierre Marcel A mon Père Nous voudrions rappeler au public lettré un honnête homme dont il perd le souvenir. Réagissant contre la méthode adoptée par ses biographes, nous nous sommes efforcé de ne pas réduire notre modèle à quelques traits simples ; nous avons noté soigneusement ses hésitations, ses contradictions même, aussi essentielles pour nous que ses idées les plus nettes. Notre procédé pourra déplaire : il implique un excès de touches, de retouches et de nuances ; mais nous nous serions exposé à tracer de lui une fausse image, si nous n'avions pas suivi Tocqueville les pas dans les pas. Souhaitons que le bel idéal de libéralisme et de dignité morale que se proposa toujours l'auteur de la Démocratie nous ait invariablement guidé ; on sent, chez ce politique, un besoin de noblesse, pour les autres comme pour lui-même, qui suffit à révéler le sens intime de sa vie. [p. 1] ESSAI POLITIQUE SUR ALEXIS DE TOCQUEVILLE INTRODUCTION eLES TENDANCES LIBÉRALES AU DÉBUT DU XIX SIÈCLE Une étude d'ensemble sur les libéraux français n'existe pas : l'intérêt qu'elle présenterait. I. — Les origines : 1789-1816 ; le milieu libéral ; caractère de l'opposition. — Les doctrinaires. — Les Considérations sur la me Révolution française de M de Staël : leur importance. — Benjamin Constant. — La génération nouvelle. e II. — Les influences : la philosophie du XVIII siècle ; apports étrangers ; idée de la Révolution. — Manque de critique historique ; conceptions arbitraires. e III. — Les altérations premières : tribut du XVIII siècle ; idéologie bourgeoise ; bonapartisme et anticléricalisme. IV. — Quelques personnalités, Camille Jordan, Charles de Rémusat, Jouffroy annoncent Tocqueville. eL'étude des partis politiques au début du XIX siècle nous oblige à constater qu'un livre manque sur les libéraux français : nul ne sut entreprendre cette oeuvre à l'heure favorable et l'occasion nouvelle de l'écrire ne semble pas encore venue. [p. 2] Vers 1878, par ses idées et ses goûts, un public se trouvait prêt, en effet, à consacrer l'ouvrage qui, résumant l'histoire de la pensée libérale, eût déterminé le caractère particulier et fixé le terme d'un grand effort. Les publicistes, malheureusement, se dispersèrent, pour la plupart, sur des monographies, des fragments, dont la valeur critique insuffisante n'autorisait pas une confiance absolue ; d'autres se spécialisèrent dans les limites d'une époque donnée ; personne ne publia les pages qui s'imposaient, et l'ombre s'est appesantie maintenant autour du libéralisme et de ses morts. Regrettons cette défaillance ; elle a privé une génération entière d'exemples profitables, et beaucoup désormais rejettent comme stérile et inopportun tout espoir de la racheter. Qui donc, il est vrai, hormis quelques lettrés, attirent aujourd'hui Camille Jordan, Broglie, Rémusat, Tocqueville, Laboulaye ? Royer-Collard se distingue-t-il autrement que par sa tête fier-portée sur sa large cravate de doctrinaire ? Se rappelle-t-on Molé, Prévost-Paradol, sinon pour déprécier la souple et fine intelligence du gentilhomme, l'évolution du polémiste alerte qui brilla d'un trop rapide éclair ? Seul Benjamin Constant survit, mais on l'aime par goût des complications morales et sans souci de ses idées politiques, pour ce qui jadis le déconsidéra : ses incertitudes passionnées, son desséchant besoin d'analyse, ses chutes et ses amères rancoeurs[1]. C'est ainsi, et la froide indifférence qui pèse sur tant de mérites dédaignés semble moins la preuve d'un manque de curiosité généreuse que l'approbation spontanée d'une défaite. Pour celui, toutefois, que ne rebutent pas l'insuffisance des théories ni l'énervante roideur de l'apparence et des [p. 3] thèmes, les libéraux, généralement nobles et d'une si belle allure, restent des maîtres incontestés. Aussi, sans inutilement exiger d'eux une doctrine politique définitive, moins de pompe, et cette ironie légère dans la gravité, qui plaît même aux heures difficiles, devrions-nous mieux garder le souvenir de ces parlementaires et de ces écrivains, qui voulurent ramener la Révolution à son principe le plus pur et revendiquèrent, avec une hauteur d'accent si péremptoire, les véritables institutions libres et les garanties essentielles à notre dignité. On conçoit du reste aisément le livre qui fait défaut : histoire des libéraux sans doute, plus encore poursuite ingénieuse, non d'une idée, mais d'un sentiment et de ses transformations successives à travers des tempéraments différents ; mise au clair de l'instinct qui produisit, développa, suivant les circonstances, chez tel ou tel individu, ce mode de croire et de penser, cette attitude libérale, que l'amour-propre décora de principes, cristallisa sous les formules intangibles d'un système. Comprise de telle sorte et prolongée jusqu'aux divergences qui séparèrent, dans la pratique, les adeptes d'une conception primitive commune, cette analyse permettrait de rectifier le prétendu libéralisme de certains hommes d'Etat que l'on joint d'ordinaire, en hâte de généralisation facile, aux véritables libéraux, souvent effacés par eux : le livre se resserrait à de moindres proportions, mais la qualité des types s'en hausserait davantage. On saisirait mieux alors pourquoi l'opinion ne s'accommoda jamais d'idées trop désintéressées pour elle, et l'échec s'expliquerait de ceux qui s'efforcèrent généreusement à la convaincre et à la gagner. On comprendrait mieux également pourquoi, de plus en plus éloignés du pouvoir, les libéraux se réduisirent au pénible emploi de critiques et de théoriciens, rôle ingrat qui produit vite chez ceux qui s'y [p. 4] condamnent, certaines habitudes de jugement tranchantes et absolues, suscite l'amertume et rejette dans une solitude irritée. eTelle la pensée libérale se distinguerait au cours du XIX siècle, toute d'aristocratisme intime, de dignité, de susceptibilité personnelle, sans portée directe et plus honorée que suivie, n'atteignant qu'une fois son plus haut point de prestige et de rayonnement, pendant la courte époque où elle suffit à résumer les griefs des divers partis opposants contre une politique en régression manifeste vers un passé détesté. L'ère héroïque, vraiment nationale du libéralisme se clôt en 1830. Bientôt ses premiers adeptes, compromis au pouvoir par leur lutte avec l'anarchie et la stérile ambition de consolider la royauté populaire sur de trop étroits fondements, encoururent les critiques et les attaques d'une nouvelle phalange. Celle-ci, par son manque d'audace et de discipline, perdit malheureusement des instants précieux, et aucune réforme ne vint ralentir le nouveau courant de doctrines socialo-étatistes, sous l'influence desquelles la démocratie mécontente s'engagea dans une réaction très nette contre l'individualisme. Fait plus grave, après 1848, pendant la période d'hésitations et d'intrigues qui précéda le coup d'Etat, les libéraux ne mirent pas les circonstances à profit et leurs divisions les empêchèrent de former en face du double despotisme démagogique et impérial menaçant, le noyau compact auquel pouvaient encore, sous l'incoercible action du besoin d'ordre et de sécurité, s'aggréger les forces vives de la nation ; 1851 survint ; ils avaient manqué leur dernière occasion de gouverner la France. leur dernière occasion de gouverner la France. Plus tard sous le second Empire, un groupe se reconstitua au centre de l'Union
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