Mondialisation et nouvelle stratégie d entreprise (Jean-Hervé Lorenzi)
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Mondialisation et nouvelle stratégie d'entreprise (Jean-Hervé Lorenzi)

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Mondialisation et nouvelle stratégie d'entreprise (Jean-Hervé Lorenzi) Face à l’exacerbation de la concurrence sur les coûts de production, de plus en plus d’entreprise adoptent des organisations complexes ne conservant que la propriété des centres 1de décisions et de conception, autrement appelés centres d’impulsions . Dans le même temps la mondialisation pousse de plus en plus d’entreprises à chercher des débouchés hors du territoire national. Ces réorganisations ne constituent pas une nouveauté puisque dès les années 70 la France connaît ses premières délocalisations compétitives. Néanmoins deux faits nouveaux méritent notre attention. Le premier, souligné par Bigay (1999) réside dans le fait que : « la mondialisation concerne de plus en plus d’entreprises moyennes, mais aussi de petites entreprises, particulièrement dans les secteurs de hautes technologies ». Par conséquent, ce vaste mouvement d’internationalisation des facteurs de production ne concerne plus uniquement les firmes multinationales. Autre fait nouveau, on observe de plus en plus une internationalisation de la R&D se traduisant par l’élaboration de stratégies internationale en matière de localisation de ces activités. Mais à la différence des activités de production, les entreprises tentent de garder la maîtrise des activités stratégiques. L’organisation de l’entreprise réseau : une réponse à l’internationalisation des facteurs de production. Les stratégies d’intégration verticales et horizontales bouleversent de plus en plus les frontières historiques des firmes. Ces stratégies se traduisent par l’émergence nouvelles formes d’organisation où les entreprises développent (ou restreignent) leur périmètre d’activité en liant (ou déliant) des partenariats avec les entités situées en amont ou en aval de leurs activités : d’où la notion souvent utilisée de réseaux d’entreprise pour désigner ces nouvelles formes d’organisation. 2Selon Boulanger (1995 ), l’entreprise réseau est « un ensemble d’entreprises spécialisées et rassemblées par contrat autour d’un projet à l’initiative d’un donneur d’ordre » Ce mode d’organisation a pour finalité la concentration des ressources rares sur des activités rentables 3au cœur du système productif, notamment à travers l’élaboration de partenariat . En revanche, l’entreprise va tenter de garder la main mise sur un certain nombre d’actifs stratégiques dans lesquels elle va concentrer ses investissements. Les activités de R&D, la marque ou encore le marketing constituent plus que jamais les nouveaux actifs critiques des entreprises. A la différence des outils de production qui vont être bien souvent externalisés, les activités précitées constituent la tête de pont de l’entreprise réseau et sa substance. Elles vont donc être très étroitement contrôlées par l’entreprise. Certaines entreprises ont poussé cette logique au maximum puisqu’elles ne possèdent plus aucun outil de production ; elles se concentrent sur les activités de conception, de recherche ou encore de « branding ». Nike est l’illustration parfaite de ce type d’entreprise vide, la « hollow corporation » puisque cette société ne fabrique plus aucun article de sport par ses propres moyens, son principal actif étant la propriété et la maîtrise de la marque « Nike » ainsi 1 Ferrand, A. 2001 « Expatriation des compétences, des capitaux et des entreprises » Rapport d’information au Sénat n° 386 2 Boulanger, P., 1995 « Organiser l’entreprise en réseau » Nathan. 3 Le partenariat implique les parties dans le processus productif et repose généralement sur des critères de compétences technologiques, de capacité à innover ou encore de stabilité. que la conception des produits. Ou encore IBM et Compaq, concurrents, sous traitant à la même firme, Ingram la construction, la livraison et la facturation de leurs ordinateurs Quelles frontières pour la firme aujourd’hui ? D’un point de vue théorique, l’interrogation sur les frontières de la firme prend sa source dans la théorie des coûts de transaction exposée par Coase dans son article fondateur de 1937 « The Nature of the Firm ». A l’intérieur de cet article, l’auteur distingue les frontières de la firme de celle du marché à l’aide d’un principe simple : la firme se substitue au marché dés lors que les coût de transaction internes sont inférieurs aux coûts d’utilisation du marché. Aujourd’hui, les 4travaux de Markusen (1984, 1997 2002) semblent être les plus représentatifs de ce courant de recherche. Portant sur les frontières des firmes multinationales, ces travaux s’appuient notamment sur l’économie des coûts de transaction et définissent l’entreprise comme un nœud de contrats (nexus of contrats). Pour la multinationale, l’objectif est d’élaborer une série d’arrangements contractuels permettant une localisation optimale des actifs de production et le cas échant la mise en place de dispositifs empêchant tout comportement opportuniste de la part de ces partenaires économiques, par l’exemple de la politique d’approvisionnement ou de celle des prix. 5C’est à Dunning (1981, 1997a, 1997b ) que l’on doit la synthèse la plus convaincante sur ce courant de recherche. A travers son approche appelée « OLI », Dunning propose une explication probante sur l’émergence des multinationales. Ainsi, une firme va internationaliser sa production si: (i) elle possède un certain pouvoir de marché découlant de l’appropriation (Ownership) d’une partie de la production ou d’une partie du process ; (ii) s’il existe un véritable gain à délocaliser une partie de ses activités à l’étranger (Location) ; (iii) s’il y a des avantages pour l’entreprise à garder le contrôle des entités de production délocalisées plutôt que d’externaliser ces activités (Internalising). La prise en compte des mutations des échanges commerciaux : l’émergence d’une nouvelle théorie du commerce international Au début des années 80, on constate un écart important entre la théorie standard basé sur un échange entre des pays caractérisés par des dotations factorielles différentes sur lequel se développent les échanges commerciaux. Or, les facteurs de production sont mobiles, les investissements directs à l’étranger, émanation de cette mobilité des facteurs, ont explosé ces dernières années. Les systèmes productifs ne sont pas gravés dans « le marbre » mais plutôt dynamiques et auto renforçants. La prise en compte de ces différents développements va se traduire par un renouvellement théorique avec l’apparition d’une nouvelle théorie du commerce international. Si cette théorie généralise les situations de concurrence imparfaite dans son analyse, utilise les apports théoriques de l’économie industrielle et les outils de modélisation, pour autant, cette nouvelle théorie du commerce international est loin d’être un corps théorique unifié. En effet, sous cette apparition se cache différentes ramifications étudiant spécifiquement le commerce (new trade) ou la croissance (new growth). Dernièrement, une troisième branche s’est développée avec la redécouverte du rôle de la géographie dans l’économie ( new economic geography).En dépit de l’utilisation d’outils 4 A l’intérieur de ce courant d’analyse on peut aussi se référer à Ethier (1986), Helpman (1984), Horstmann et Markusen (1987, 1992), Brainard (1993, 1997), Ethier & Markusen (1996), Markusen & Venables (1998, 2000) et Amiti & Walekin (2003) 5 Dunning, J. (1997a), « The European Internal Market Programme and Inbound Foreign Direct Investment, Part 1 », Journal of Common Market Studies, 35(1), 1-30, Dunning, J. (1979b), « The European Internal Market Programme and Inbound Foreign Direct Investment, Part 2 » Journal of Common Market Studies, 35(2), 189-223, Dunning, J. (1981), « International Production and the Multinational Enterprise », London: Allen & Unwin sophistiqués, la nouvelle théorie du commerce international souffre de plusieurs limites l’empêchant de se constituer aujourd’hui comme une théorie unifiée du commerce international A nos yeux, cette nouvelle théorie du commerce internationale butte sur deux obstacles majeurs. Premièrement l’analyse des stratégies des firmes multinationales permet de mieux rendre compte des phénomènes récents et dépasser les limites de la théorie traditionnelle du commerce international, la désindustrialisation de certains pays ne peut pas être exclusivement expliquée par les choix de localisation des multinationales. Deuxièmement, ces travaux promeuvent une vision « abstraite » de la firme, généralement dépendante des hypothèses sous-jacentes aux modèles utilisés. Si cette vision convient bien à quelques entreprises multinationales, capables de modeler continuellement leur stratégie de production, cette nouvelle théorie du commerce compte tenu de ces résultats parcellaires ne peut pas s’imposer comme une théorie alternative à la théorie traditionnelle fondée sur les avantages comparatifs. Par conséquent, certains économistes soulignent la complémentarité entre les deux théories : la nouvelle théorie permettant d’expliquer un commerce international de « haut niveau » basé sur des stratégies complexes de localisation des actifs maîtrisées seulement par les multinationales ; la théorie traditionnelle basée sur les avantages comparatifs permettant d’expliquer une division international « basique » pour des produits à faible valeur ajoutée. Cette nouvelle théorie du commerce internationale ne permet pas à elle seule de capturer la complexité des stratégies des firmes multinationales et à fortiori d’un phénomène aussi complexe que la désindustrialisation. Toutefois, l’émergence de l’économie spatiale avec la redécouverte de l’impact de la géographie sur les systèmes productifs semble être particulièrement prometteuse. L’internationalisation des facteurs de production : une validation empirique du concept de firme réseau ? Au début des années 80, les investissements réalisés par les constructeurs automob
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