ENRON ET LIBERALISME
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ENRON ET LIBERALISME

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SALIM LAMRANI        ENRON ET LIBERALISME  
                  
                        
 
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Aux victimes dEnron et aux laissés pour compte du libéralisme.  
SOMMAIRE     INTRODUCTION… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … .4   I. MONDIALISATION LIBERALE, FMI ET TRANSNATIONALES..8   II. UN LOBBYING POLITIQUE TRES FRUCTUEUX… … … … … … 24   III. AU NOM DU PROFIT… … … … … … … … … … … … … … … … … … .37   IV. LE SCANDALE ENRON ET LES LIMITES DE LA PENSEE UNIQUE… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … ...45   CONCLUSION… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … 59   BIBLIOGRAPHIE… … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … ..63                
 
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INTRODUCTION   Dans toute société intellectuellement libre la structure totalitaire des corporations économiques serait sujette à un vaste débat public qui mettrait à nu la nature même de ces entités. Affirmer que la composition d’une transnationale est tyrannique ne relève en rien d’une hypothèse conspiratrice mais s’agit simplement d’une analyse institutionnelle. En effet, au sein de ces immenses entreprises, les décisions sont prises en amont et sont imposées en aval, sans qu’il existe la possibilité d’une discussion honnête et démocratique à l’encontre de ces directives , décidées par une minorité et infligées à une majorité qui sera la seule à subir les conséquences de ces ordonnances.  Toutes les polémiques conce rnant la mondialisation néolibérale, le pouvoir des transnationales et les conséquences politiques, économiques et sociales des directives imposées par les institutions financières internationales tels que le Fonds Monétaire International et la Banque Mond iale, sont minutieusement enfermés dans un cadre idéologique dans lequel le débat peut et doit avoir lieu pour donner une apparence de démocratie. Mais en réalité, les questions portent seulement sur les détails sans remettre en cause la nature et les cons équences de ce phénomène qui , elles, portent préjudice à l’existence de la pensée unique et montrent sa dangerosité pour l’immense majorité de l’humanité. Les débats, qui peuvent être parfois acerbes, restent cependant limités idéologiquement. Tous les arg uments remettant en cause l’ordre établi sortent du cadre imposé par les maîtres du monde et sont donc automatiquement censurés par la grande presse qui, elle -même, est la propriété des grands conglomérats économiques. Le but premier de toute grande entrep rise est la maximisation du profit sur la période la plus courte possible et, pour arriver à atteindre cet objectif, tous les moyens sont permis, peu importent les conséquences humaines que cette fin peut entraîner. L’affaire Enron est un cas d’école1 .   Ces groupes économiques et financiers disposent d’un pouvoir de décision qui dépasse tout entendement , et décident à un degré non négligeable de l’avenir de l’humanité alors qu’ils ne disposent d’aucune légitimité, hormis celle de l’argent, pour
 
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contrôler la société. Le chiffre d’affaires de certains de ces géants dépasse le PIB de nombreux pays et il n’est nul besoin d’être devin pour savoir que les intérêts de ces grosses sociétés vont à l’encontre des intérêts d’une immense partie de la population mondiale. Quand les Etats-Unis évoquent « l’intérêt national » pour justifier une intervention à létranger, il sagit moins de lintérêt de leur population que de celui du monde des affaires en général et des entreprises multinationales en particulier. La presse financière telle que leWall Street Journal le ouFinancial Times à trouver des peine adjectifs adéquats pour décrire les profits faramineux de ces entreprises. Par contre, elle se garde bien d’évoquer le coût engendré par lesdits profits, un coût qui por te une estocade cinglante à tous les présupposés de la doctrine du libre marché. Curieusement, les seuls acteurs qui bénéficient largement d’une protection sociale aux Etats -Unis sont les grosses entreprises qui profitent abondamment de l’intervention de l ’Etat au moyen de consistantes exonérations fiscales. Alors que les profits sont privatisés, les coûts sociaux, eux, sont aux frais du contribuable.2   Au nom du profit et de la protection des intérêts d’une minorité opulente, les institutions financières internationales imposent un modèle politique, économique et social qui a pour principal objectif de favoriser l’accumulation des richesses pour un secteur particulier de la population mondiale , qui est devenu depuis trente ans de plus en plus restreint et de plus en plus puissant. Malgré l’accroissement de la pauvreté et des inégalités dans les pays où les plans d’ajustements structurels du FMI ont été imposés aux populations locales – avec la complicité de l’élite politique qui été généreusement remercié pour les services rendus aux multinationales –les fondements et la rationalité mêmes de ces directives ne sont pas remis en cause et l’on continue à fermer les yeux devant le désastre humain qui ravage le Tiers Monde et qui touche les classes les plus défavorisées des pays riches.3    Enron, qui avant l’effondrement de World Com avait été le plus grand cataclysme économique de l’histoire des Etats -Unis, a su « éduquer » les dirigeants politiques étasuniens aussi bien les Démocrates que les Républicains grâce à un lobbying politique qui a largement porté ses fruits. A coup de millions de dollars, l’entreprise en énergie a su
 
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convaincre le gouvernement des Etats -Unis d’adopter des lois qui loin de servir les intérêts des citoyens étasuniens, étaient en fait des tinées à remplir les poches des dirigeants et principaux actionnaires d’Enron. Que ce soit pour l’implantation de l’usine Dabhol Power Corporation en Inde ou pour la dérégulation du système énergétique californien, Enron a su utiliser à merveille ses conne ctions avec le monde politique afin de mettre en avant son propre agenda , qui est à des lieues des intérêts du contribuable étasunien ou du paysan indien. Là encore, le président Bush n’a pas été en reste et ses liens avec la classe dirigeante d’Enron soul èvent de nombreuses questions quant aux intérêts défendus par le leader politique le plus important du monde.4   L’effondrement de la 7ème plus importante société des Etats -Unis a clairement montré les limites du libéralisme. L’idéologie dominante promue p ar le FMI, qui s’était largement effritée lors des différentes crises financières qui ont touché le monde, que ce soit le Mexique en 1994, le Sud -est asiatique en 1997, la Russie en 1998, le Brésil et l’Equateur en 1999, la Turquie en 2000, l’Argentine en 2001, et de nouveau le Brésil en 2002, a clairement montré ses limites et son incohérence. Joseph Stiglitz, conseiller de Bill Clinton, numéro deux de la B anque Mondiale en 1997 et prix Nobel d’économie en 2001, affirmait que « les recettes du FMI ne perme ttent pas la reconstruction de pays en crise » pour la simple et bonne raison que les directives des institutions financières internationales sont les causes mêmes du désastre qui touche de nombreu ses nations du Tiers Monde. Le libéralisme à outrance a éga lement prouvé qu’il était incapable de subvenir aux besoins basiques de l’humanité. Mais étant donné que cela n’a jamais été l’objectif de la pensée dominante, il est inutile de s’en émouvoir, son but réel ayant 5 toujours été d’engraisser les maîtres de l’u nivers.        
 
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Notes  1 Merlant, René Passet & Jacques Robin (dir.), PhilippeSoritr ed célmonoisme. Une alterntavi eua capitalisme néolibéral Pour ce qui est du monopole des -209.(Paris : Editions de l’Atelier, 2003), pp. 181 idées voir : Janine & Greg Brémond, « Face au monopole Lagardère. La liberté d’édition en danger »,Le Monde Diplomatique, janvier 2003 : 1, 4.  2Pierre Bourdieu,Contre-feux 2 2001), pp. 43 -55 ; Frédéric F. Clairmont, « Vers(Paris : Raisons d’Agir, un gouvernement planétaire des multinationales. Ces deux cents sociétés qui contrôlent le monde »,Le Monde Diplomatique, avril 1997 : 1, 16-17 ; Ibrahim Warde, « Un Capitalisme hors de contrôle. Financiers flamboyants, contribuables brûlés »,Le Monde Diplomatique, juillet 1994 : 18,19 ; Howard Zinn, « Big Government for Whom ? »,The Progressive, avril 1999. www.thirdworldtraveler.com/Zinn/BigGovernmentWhom_Zinn.htlm(site consulté le 16 avril 2003).  3 Les investissements directs étrangers, les entreprises transnationales et la Mario L. Fernandez Font, « mondialisation » dans Alternatives Sud,Le Pouvoir des transnationales (Louvain-la-Neuve : & Paris Centre Tricontinental & L’Harmattan, 2002), pp. 53 -67.  4 Human Right W tch, « The Enron Corporation », 23 janvier 2002, 1.1/troperorne/999n/www.hrw.org/ s a (site consulté le 13 novembre 2002).  5 María Seoane y Telma Luzzani, « Argentina : Entrevista a Joseph Stiglitz, premio nobel de economía 2001. ‘Es falso decir que la única salida es pactar con el FMI’ »,Clarín, 8 juillet 2002, 1. www.rebelion.org/economia/stiglitz080702.htm(site consulté le 19 novembre 2002).                                 
 
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