Politique linguistique en Haïti
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Exemple d'une politique linguistique en désaccord avec la réalité des pratiques

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Publié le 03 avril 2012
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Langue Français

Extrait

Le français en Haïti
Introduction
Haïti est situé dans la partie ouest de l’île d’Haïti (ou île Hispaniola), qu’il partage
avec la république dominicaine, situé à l’ouest. Elle est entourée des côtes atlantiques et des
mers des caraïbes.
C’est le pays le plus pauvre des Amériques. Il y a 2 langues officielles : le français et le
créole. On note cependant des affluences de l’anglais et de l’espagnol de part sa situation
géographique.
Dans un premier temps, on va vous retracer l’histoire du pays, et les politiques
linguistiques menées, puis on abordera les lourds problèmes d’analphabétisme du pays.
I. Histoire et politiques linguistiques
A l’origine l’île était peuplée par les Arawaks, les Tainos et les Caraïbes (populations
amérindiennes), qui parlaient des langues amérindiennes.
On appelait l’île Ayiti qui signifie « terre des hautes montagnes ».
1. Colonisation espagnole
En 1492, l’île fut découverte par Christophe Colomb, qui la baptisa « española »
(l’espagnole), elle sera plus tard appelée « Hispaniola » (petite Espagne).
Commença alors la colonisation espagnole. Les espagnols exploitèrent les richesses
du pays et forcèrent les amérindiens à travailler dans les mines.
La plupart s’y refusant, ils les massacrèrent. Ils firent donc venir des esclaves
d’Afrique noire, originaires de diverses ethnies et ne parlant pas tous la même
langue.
2. Colonisation française
Puis à la fin du 17
ème
siècle, les français colonisèrent l’île. Ils s’établirent sur la partie
occidentale à l’ouest, à laquelle les espagnols ne s’intéressaient pas. Cette partie
allait devenir la future Haïti.
Les français importèrent d’autres esclaves noirs, ces esclaves développèrent une
langue : le créole, pour communiquer entre eux.
En 1791, débuta la révolte des noirs sous la conduite de Toussaint Louverture. A la
suite de ça, fut proclamée en 1793 la liberté des esclaves pour la province nord. Ce
n’est qu’en 94 que l’abolition de l’esclavage s’étendit à toutes les colonies
françaises.
Toussaint Louverture, en 1801, fut proclamé gouverneur de Saint Dominique. En
1801 il fit des tentatives pour réunifier la partie espagnole à la partie française. Mais
Napoléon qui était contre l’en empêcha en envoyant les troupes françaises et
enferma finalement Toussaint au château de Joux en 1802. Cette tentative de
réunification échouera comme toutes les autres.
En 1804, l’indépendance fut proclamé, l’île devint officiellement Haïti. C’est à ce
moment là que le français devint la langue dominante dans toutes les institutions et
administration de l’état, en dépit de la majorité de la population qui parlait créole.
L’acte d’indépendance a d’ailleurs été écrit en français, cela peut-être considéré
comme la première intervention implicite de l’état dans la vie des langues en Haïti.
3. Occupation américaine
En 1915, les américains commencèrent à occuper le pays et cela jusqu’en 1934. Ils
s’occupèrent principalement des finances du pays, en laissant aux haïtiens gérer le
reste.
Les américains ont tenté d’imposer l’anglais et ont conseillé aux intellectuels
d’abandonner le français, sans succès.
En 1918, un acte officiel cette fois-ci proclama le français langue officielle, les
haïtiens avaient peur que l’anglais s’impose.
Plus tard, certains linguistes américains ont tout de même modifié l’orthographe du
créole l’éloignant du français.
Ex. : oui ˃ wi ; doigt ˃ dwa…
En réalité ces modifications servaient plus à faciliter l’apprentissage du créole, plus
qu’à l’éloigner du français.
De plus, on constate des emprunts anglais dans le créole. Malgré les réticences à
cette époque pour l’anglais des haïtiens, cette langue deviendra plus tard avec le
français et l’espagnole, un instrument de promotion sociale.
4. Situation Sociolinguistique en Haïti
Tout d’abord, il est important de préciser que 95% de la population
haïtienne
descend d’esclave noir et que les 5 autres pourcents sont un mélange entre africains et
français. De plus, seulement 5% de la population parle le français, tandis que le reste parle le
créole. D’ailleurs, 80% ne parlent que le créole. Il y a également des affluences avec
l’espagnole et l’anglais dû à la proximité avec la république dominicaine. Le créole est alors
la langue qui permettra aux citoyens de communiquer.
La situation sociolinguistique en Haïti, même si elle a eu la volonté d’évoluer et
d’être transformer, n’a justement jamais réellement changé. En effet, depuis 1804 le français
est et a toujours été la langue dominante, puisque socialement importante, mais tout de même
minoritaire, puisque parlé par a peine 10% de la population. Quant à lui le créole jusqu’en
1983 n’était utilisé que en tant que langue vernaculaire. Il était également la langue maternelle
de la majorité de la population. C’est en 1918 que le français est devenu la langue officielle
comme nous avons pu le voir dans la partie sur l’occupation américaine. En 1973 un
linguistique haïtien du nom de Pradel Pompilus commença à faire bouger les choses car il
déclara : « le français n’est pas notre langue maternelle ; la langue de notre vie affective,
langue de notre vie profonde, la langue de notre vie pratique, pour la plupart d’entre nous,
c’est le créole, idiome à la fois très proche et très éloigne du français ». D’ailleurs 10 ans
après, en 1983, un décret sera mis en place afin que le créole devienne la langue nationale
avec le français. Pompilus sera appuyé par le ministre Joseph C. Bernard en 1978 car ce
dernier se battait afin d’éliminer l’élitisme des écoles où, pour lui, « on assiste donc à une
lutte entre les 2 langues, lutte liée tout au long de l’histoire d’Haïti à une sorte de lutte des
classes : le français, langue de la classe dominante qui fait tout pour dénigrer et maintenant
dans un état d’infériorité la langue du plus grand nombre ; le créole, langue unique des masses
à qui on a fini, par faire croire qu’ils sont inférieur à ceux qui parlent le français…L’école a
été le moyen le plus sûr pour assoir cette idéologie » puisque l’enseignement, à cette époque,
n’était fait qu’en français.
Par la suite sera mis en place le CAPES créole en 2001 qui aura été appuyé, au
préalable, par le décret 19 en 1979 qui stipulait que « L’usage du Créole, en tant que langue
commune parlée par les 90% de la population haïtienne, est permis dans les écoles comme
langue instrument et objet d’enseignement ». En introduisant la langue vernaculaire qu’était le
créole, on constate un premier pas vers une rupture de la situation diglossique. Cependant,
l’éducation ayant toujours été considérée comme l’un des domaines importants des langues
hautes et l’un des domaines perpétuant une situation de diglossie par le renforcement de la
dépréciation de la langue basse, cette mise en place ne parviendra pas à mettre à égalité le
créole et le français. Mais ce n’est qu’en 82 que le créole sera enseigné et une langue
d’enseignement à l’école primaire. Cependant le français est renforcé en fin de primaire car
c’est la langue d’enseignement au collège. Un nouvelle effort sera fait vers l’haïtien en 1987
grâce à l’article 213 de la constitution qui a permis de mettre en place une académie haïtienne
afin de normaliser la langue créole et parce que le créole va enfin devenir langue officielle
avec le français, même si cela constitue une conquête pour la nation haïtienne ça ne remet en
aucun cas en cause l’usage dominant du français.
Jusque-là il y avait toujours un problème au niveau de l’administration car il y avait
une injustice lors des procès. En effet, ces derniers se tenaient en français uniquement. « Le
verdict aussi était toujours rendu dans la langue des blancs » comme le disent les haïtiens. A
tel point que le pauvre bougre qui est assis sur le banc de l’accusé ne comprend rien de la
mascarade qui est en train de se dérouler. Mais en 2005 on voit apparaître du progrès
puisqu’il est possible de remplir sa déclaration d’impôts en créole.
Il est important de préciser qu’il y a une réelle différence entre les zones urbaines et les zones
rurales, en effet le créole est très utilisé dans les tribunaux en campagnes, alors que le français
est dominant dans ceux en ville, et principalement dans la capitale Port-au-Prince.
Pour compléter ce travail il est intéressant de regarder la répartition des langues dans
les médias. Dans ce domaine aussi on remarque un déséquilibre puisqu’il n y a qu’a la radio
que l’on peut entendre du créole. En effet, à la télé nous avons principalement du français et
de l’anglais et dans la presse c’est majoritairement du français même si certains quotidiens
accordent quelques pages au créole.
La raison qui fait que le français reste dominant par rapport au créole est
principalement une raison économique. Le pays n’a pas les moyens de s’offrir des manuels en
créole en plus de ceux sur le français. Il n’a pas non plus les moyens de s’offrir une vraie
politique linguistique et de vraies réformes éducatives. Par vraie nous entendons le fait
d’appliquer réellement les différents statuts octroyés à la langue tel que le statut de langue
officielle.
II. Education et analphabétisme en Haïti
Il est important de préciser que le taux d’analphabétisme s’élève à 90% de la population.
Comme nous avons pu le voir précédemment, la majorité des haïtiens sont créolophones et ne
maîtrisent que très mal le français.
Malgré les diverses conquêtes du créole dans les textes de lois notamment sur l’éducation, le
français reste dominant dans les institutions scolaires.
De plus on constate, une réelle différence entre l’enseignement dans les campagnes, et dans
les villes. Il y a un usage presque exclusif du français dans les écoles en ville qui sont plus
favorisées, surtout dans la capital. Tandis que le créole est plus utilisé dans les écoles en zone
rurale.
La quasi majorité des manuels scolaires sont en français, à l’exception des grammaires
créoles, et les professeurs sont souvent sous-qualifiés pour offrir aux élèves un enseignement
digne de ce nom en créole.
La plupart des connaissances sont donc transmises dans une langue que les haïtiens
considèrent comme seconde, et qu’ils ne parlent pas en entrant à l’école. Il s’en conclu donc
qu’en plus de devoir acquérir des savoirs, ils se lancent dans l’apprentissage d’une langue à
leur entrée à l’école primaire.
Il y a beaucoup d’analystes qui constatent qu’une grande majorité des enfants n’ont une
maîtrise parfaites des deux langues à l’oral et à l’écrit.
Beaucoup des enfants haïtiens quittent l’école après la primaire, et ne poursuivent pas leurs
études.
Les études restent donc ouvertes à une minorité d’haïtiens, excluant le plus souvent les plus
défavorisés.
Pour conclure, il n’existe pas en Haïti un vrai aménagement et une vraie didactique de
l’enseignement.
Après le séisme de 2010, beaucoup d’écoles ont été détruites, l’enjeu n’est donc pas de
reconstruire de simples établissement d’enseignement, mais de reconstruire la totalité du
système éducatif, de faire appliquer une équité entre les deux langues officielles dans
l’enseignement de l’école primaire à l’université, et d’offrir les mêmes chances à tous les
haïtiens.
Conclusion
Même si, d’après les textes et différents articles/décrets, le français et le créole
semblent être mis au même niveau, puisque toutes les deux officielles, dans la pratique, le
français reste la langue dominante même si toujours minoritaire ce qui nous permet de dire
que nous sommes toujours dans une situation diglossique. Cependant, même si le français
continuera de jouir d’une considération sociale importante, son expansion sera très limité et
peu significative par rapport au nombre de bilingue potentiel. Ce qui joue en faveur
d’unilinguisme créolophone et tend à transformer le français en langue étrangère, comme
l’annonçait
le linguistique haïtien Pradel Pompilus. Paradoxalement une réforme dans
l’enseignement qui visait à rendre le passage du créole au français plus facile montre une
envie d’aller vers un bilinguisme général…
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