Approches pluri-décisionnelles de la famille - article ; n°4 ; vol.15, pg 145-185
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Revue française d'économie - Année 2001 - Volume 15 - Numéro 4 - Pages 145-185
Dans ce texte nous étudions les applications empiriques des approches pluri-décisionnelles de la famille que sont les modèles non coopératifs, collectifs et de négociation. Pour chaque approche nous rappelons le cadre théorique et présentons les principales applications empiriques. Seule l'approche collective fournit des restrictions paramétriques tes- tables. Celles-ci n'ont pas été rejetées par les données.
This paper discusses issues on the empirical implementation of intrahousehold decision making models. These are bargaining, collective and non cooperative models. For each framework we briefly recall and discuss the theory and present the main applied works. We also supply a table which is a recapitulation of all estimations we present. Among the three frameworks, the collective approach is the only one to supply falsifiable restrictions. These are not rejected by the data.
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Nicolas Moreau
Approches pluri-décisionnelles de la famille
In: Revue française d'économie. Volume 15 N°4, 2001. pp. 145-185.
Résumé
Dans ce texte nous étudions les applications empiriques des approches pluri-décisionnelles de la famille que sont les modèles
non coopératifs, collectifs et de négociation. Pour chaque approche nous rappelons le cadre théorique et présentons les
principales applications empiriques. Seule l'approche collective fournit des restrictions paramétriques tes- tables. Celles-ci n'ont
pas été rejetées par les données.
Abstract
This paper discusses issues on the empirical implementation of intrahousehold decision making models. These are bargaining,
collective and non cooperative models. For each framework we briefly recall and discuss the theory and present the main applied
works. We also supply a table which is a recapitulation of all estimations we present. Among the three frameworks, the collective
approach is the only one to supply falsifiable restrictions. These are not rejected by the data.
Citer ce document / Cite this document :
Moreau Nicolas. Approches pluri-décisionnelles de la famille. In: Revue française d'économie. Volume 15 N°4, 2001. pp. 145-
185.
doi : 10.3406/rfeco.2001.1505
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_2001_num_15_4_1505Nicolas
MOREAU
Approches
pluri-décisionnelles
de la famille
'objectif de ce document est de pré
senter les mérites respectifs des approches pluri-décisionnelles de
la famille en étudiant leurs principales applications empiriques.
Ces approches sont autant d'alternatives au modèle « unitaire »,
empiriquement contesté, qu'il convient de rappeler.
Revue française d'économie, n° 4/2000 146 Nicolas Moreau
La théorie du consommateur (ou de l'offre de travail) dote
l'agent d'une fonction d'utilité qu'il maximise sous sa contrainte
budgétaire. Replacé dans son contexte familial, l'agent est amené
à prendre des décisions qui auront une influence sur le com
portement de ses partenaires et réciproquement. Se pose alors le
problème de la prise en compte de la possible pluralité des centres
de décision au sein du ménage. Une première réponse a été
apportée. Elle consiste à allouer au ménage une fonction d'uti
lité familiale qui inclut les consommations et loisirs individuels
de toutes les personnes qui le composent. Cette fonction est
maximisée sous la contrainte budgétaire familiale, qui inclut les
dépenses et ressources de tous. La famille devient elle-même un
individu auquel s'applique les outils standards de la théorie du
consommateur. C'est ce cadre théorique que nous qualifions
d'approche « unitaire ». Cette représentation holiste d'individus
vivant sous le même toit induit un certain nombre de propriét
és.
La propriété de mise en commun des ressources (ou
« income pooling ») a été la plus testée. Elle stipule que la répar
tition du revenu du ménage entre ses membres n'a pas d'impact
sur le choix des consommations : seul son montant global compte.
Or de nombreux travaux, tels Thomas [1990, 1993], Schultz
[1990], Thomas et Chen [1994], Lundberg et Pollak [1997], For
tin et Lacroix [1997] font apparaître que les hommes et les
femmes ne font pas le même usage de leur revenu. Lundberg et
Pollak [1997] montrent, sur données britanniques, que la réa
llocation de certaines prestations familiales au profit de l'épouse,
à montant global inchangé, a modifié les postes de consommat
ion des familles. Pour Thomas [1993], il apparaît (sur données
brésiliennes) que le revenu aux mains des hommes n'a pas les
mêmes conséquences sur la demande de biens des ménages que
le revenu aux mains des femmes. Ces dernières consacrent une
plus grande part du budget qu'elles contrôlent à des biens liés
au capital humain.
Ces faits empiriques suggèrent une non neutralité de la
redistribution des richesses au sein des ménages dont le modèle
unitaire ne peut rendre compte. Il est un outil inadapté dans au
Revue française d'économie, n° 4/2000 Nicolas Moreau 147
moins deux domaines d'intérêt de l'économiste : la réforme fis
cale, susceptible de modifier la répartition du revenu familial, et
les politiques ciblées d'aide au développement.
Du cadre unitaire découlent les propriétés de symétrie et
de semi-définie négativité de la matrice de Slutsky.1 Elles ont été
rejetées, notamment, par Bourguignon et Magnac [1990], For
tin et Lacroix [1997], Browning et Chiappori [1998]. Ces nomb
reux rejets empiriques ont laissé entrevoir une inadéquation
du modèle unitaire aux données. Ceci a ouvert la voie à un nou
veau type de modélisation pour lequel la répartition des re
ssources a un impact sur le choix des consommations.
De nouveaux modèles sont apparus (Manser et Brown
[1980], McElroy et Horney [1981], Chiappori [1988], Ulph
[1988],...), que nous qualifierons d'approches « pluri-décision-
nelles » de la famille. Ils ont en commun d'affecter à chaque per
sonne une fonction d'utilité qui lui est propre et de reconnaître
la pluralité des sources de décision au sein du ménage. Cette diver
sité reconnue, il faut se doter d'un mécanisme d'arbitrage entre
les différentes volontés individuelles. Ces approches se répartis
sent alors en deux grandes catégories, selon l'hypothèse faite sur
la nature du processus de décision. Il est supposé coopératif et
collectivement efficace (au sens de Pareto) pour les modèles de
négociation et les modèles collectifs d'offre de travail. Il est non
coopératif et en général non Pareto-optimal pour les modèles non
coopératifs appliqués à la famille. Les décisions portent, selon les
modèles, sur le choix des consommations, sur la répartition des
tâches ménagères ou des richesses, ou sur les offres de travail.
Ces approches modélisent généralement des structures à
deux centres de décision2. Il ne sera pas question de ménages
« complexes » où cohabitent plusieurs générations d'adultes avec
chacun son mot à dire. Conséquence immédiate, les enfants ne
sont pas supposés avoir d'influence directe sur les choix effectués
par leurs parents. Le bien-être des enfants est cependant souvent
pris en compte. Il est représenté par un bien public intégré dans
les préférences parentales.
« Les relations entre maris, femmes, parents, et enfants
sont en général plus motivées par l'amour, l'obligation, la cul-
Revue française d'économie, n° 4/2000 148 Nicolas Moreau
pabilité, et un certain sens du devoir que par l'intérêt personnel
étroitement interprété » (Becker, [1993] p. 398). Nous ment
ionnerons dans le texte la manière dont l'altruisme est pris en
compte par les différentes modélisations.
Les modèles de négociation reposent sur une application
de la solution de Nash au problème de négociation. Ils mettent
en évidence un possible impact de la distribution des ressources
familiales sur les choix de consommation du ménage. En théor
ie, ils incluent comme cas particulier l'approche unitaire. Cepen
dant ces modèles exigent trop des données pour pouvoir être tes
tés. Ils nécessitent une mesure de points de menace impossible
en pratique.
L'approche collective contourne cette difficulté. Elle
repose, sous sa forme la plus générale, sur le seul postulat de la
Pareto-optimalité. Cette hypothèse suffit à générer des restrictions
paramétriques, empiriquement testables. Celles-ci n'ont d'ailleurs
pas été rejetées par les données, comme l'attestent notamment
Bourguignon et al [1993], Fortin et Lacroix [1997] et Browning
et Chiappori [1998]. Le cadre collectif est en outre très général.
Il inclut, sous certaines conditions, le modèle unitaire et l'approche
par les modèles de négociation.
Le principal intérêt des modèles non coopératifs est
d'ordre théorique : ils ne reposent pas sur l'hypothèse d'effica
cité collective du processus de décision, que l'on peut parfois juger
trop forte ou peu vraisemblable. Certains modèles font apparaître,
contredisant e

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