Assurances et marchés à terme: similitudes et différences - article ; n°1 ; vol.266, pg 119-129
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Description

Économie rurale - Année 2001 - Volume 266 - Numéro 1 - Pages 119-129
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Jean-Marc Boussard
Assurances et marchés à terme: similitudes et différences
In: Économie rurale. N°266, 2001. pp. 119-129.
Citer ce document / Cite this document :
Boussard Jean-Marc. Assurances et marchés à terme: similitudes et différences. In: Économie rurale. N°266, 2001. pp. 119-
129.
doi : 10.3406/ecoru.2001.5282
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecoru_0013-0559_2001_num_266_1_5282Assurances et marchés à terme:
similitudes et différences
Jean-Marc BOUSSARD • Inra Paris
Depuis 1936 et la fondation de l'Office du sortes d'institutions telles que le Fond de
blé - le véritable tournant de la politique garantie contre les calamités agricoles. De
agricole au XXe siècle en France, même si ce plus, même actuellement, les principes des
tournant a été pris à la remorque des États- politiques du New Deal ne sont pas complè
Unis et de la politique du New Deal - les tement abandonnés, et il existe encore bon
agriculteurs ont perdu l'habitude de gérer nombre de prix plus ou moins garantis. Il
leur risque de prix. Plus exactement, ils ont n'en demeure pas moins que l'esprit des r
pris l'habitude de gérer ce risque dans un éformes récentes est de laisser le marché
contexte extrêmement particulier et singuli jouer son rôle et de traiter l'agriculture com
èrement favorable, celui de pouvoir à tout me n'importe quelle industrie en lui suppri
moment choisir un «portefeuille» composé mant son statut privilégié.
de cultures «non protégées» à forte rentabilit
Or s'il est une chose que l'on sait à propos é, comme les fruits et légumes ou la product
des marchés agricoles, c'est que, lorsqu'ils ion porcine, et de cultures «protégées»,
sont libres, ils sont instables. La figure 1 dont les prix réels sont connus au moment de
donne une idée du phénomène: elle repréla mise en culture à quelque pour cent près, à
sente l'évolution du prix du blé à Chicago la rentabilité certes plus faible, mais sur les
depuis 1840. On voit bien ce prix varier du quelles le risque est seulement technique.
simple au double d'une année sur l'autre jusLa nouvelle Politique agricole commune,
qu'en 1945, date à partir de laquelle les poliinaugurée en 1992, tend à un retour à la
tiques du New Deal ont commencé à prosituation antérieure. Avec la libéralisation
duire leurs effets1. des marchés et le désengagement de l'État,
les agriculteurs français vont devoir prendre
1 . Accessoirement, le plus spectaculaire de ces efen main leurs stratégies contre aléatoires,
fets aura été de faire baisser ce prix tout doucement, aussi bien dans le domaine technique (par mais de façon importante. Naturellement, le pro
exemple le risque météorologique ou celui grès technique est le principal responsable de cette
baisse, qui se fait au profit du consommateur. Mais d'épizootie) que dans le domaine économiq
ce progrès aurait-il été possible sans l'ambiance séue, pour se prémunir contre les variations curisée dans laquelle ont évolué, depuis cette date,
de prix. Certes, nous sommes encore bien les agriculteurs américains? On peut d'autant plus
se poser la question que l'accroissement des conloin de la situation dans laquelle les agricul
naissances scientifiques et agronomiques a été très teurs seraient livrés à eux-mêmes: les pr rapide au XIXe siècle sans engendrer aucune baisse
imes constituent des «filets de sécurité» con de prix à long terme aussi régulière que celle qui est
intervenue de 1945 à nos jours. fortables et douillets, de même que toutes
Économie Rurale 266/Novembre-décembre 2001 1. Prix et production de blé aux USA depuis un siècle et demi Figure
1841 1860 1890 1920 1950 1980 1995
Cela implique évidement que les agricul Coûts
teurs adaptent leurs stratégies à cette nou et limites de l'assurance
velle situation, car, bien sûr, dans le context
En échange d'une prime fixe payée d'avance, e actuel, aucune exploitation agricole, ni
le contrat d'assurance garantit au souscripteur aucune coopérative française ne résisterait à
le versement d'une indemnité dans l'éventuald'aussi fortes variations2 inter-annuelles du
ité d'un événement spécifié au cours d'une prix des «grandes cultures».
certaine période de temps. Le souscripteur Heureusement, il existe des moyens de
évite ainsi les conséquences financières du faire face à un accroissement significatif des
risque associé à cet événement. Comme le risques de toutes sortes, y compris ceux qui est toujours une nuisance, le souscriprésultent de la variabilité des prix agricoles
teur est, en général, prêt à payer une prime de base. De ce point de vue, l'idée qui vient
plus élevée que «l'espérance de sinistre» reà l'esprit le plus naturellement est celle de
présentant la valeur moyenne des indemnités l'assurance. Une autre famille de technique
qui seront versées. La différence entre cette est celle des «marchés à termes», vocable
valeur moyenne et la prime maximale que qui recouvre une vaste variété de types de
pourrait accepter l'assuré représente sa contrats. Naturellement aussi, ces techni
«prime de risque» et reflète son aversion ques ont un coût et, de plus, elles ne sont pas
pour le risque: «Si j'ai vraiment horreur du toujours utilisables. On se propose ici de
risque, je peux très bien accepter de payer faire le point sur leurs conditions d'utilisa
une prime d'assurance bien supérieure à l'etion et sur leurs coûts, tant individuels que
spérance de sinistre»; dans les années 1960, il collectifs.
existait dans les aéroports américains des ma
chines à sous, qui proposaient des assurances
contre le crash du vol sur lequel on s'embarq
uait. Pour une somme modique (mais très 2. Il convient de remarquer que le fait de prendre largement supérieure à l'espérance de sinisdes moyennes annuelles a pour effet de lisser con
tre), on assurait à ses héritiers une indemnité sidérablement les fluctuations réelles auxquelles
sont soumis les agriculteurs individuels. très significative en cas d'accident. Les passa-
120 Économie Rurale 266/Novembre-décembre 2001 novices, désœuvrés et apeurés à l'idée de primes sont très peu différentes de l'espérangers
s'envoler pour la première fois, souscrivaient ce de sinistre, et que les assureurs, au moins
ces contrats presque à n'importe quel prix, en théorie, ne font aucun profit autre que le
assurant par-là des profits considérables aux profit «normal» dû à des gens qui travaillent
compagnies d'assurances. dur et doivent payer leur loyer.
L'assureur, de son côté, dans les condi Naturellement, pour que cela soit vrai, il
tions «normales» du contrat d'assurance, et faut que les 4 conditions (i à iv) ci-dessus
contrairement à une idée très répandue, ne soient réunies. C'est loin d'être toujours le
prend aucun risque. Ceci est dû à l'existence cas. La plus difficile à satisfaire est la condi
d'un théorème mathématique (ou plutôt, tion iv: «Si je souscris un contrat qui me
d'un ensemble de théorèmes, car il en existe garantit une indemnité dans l'hypothèse où le
de nombreuses versions). La validité de la rendement de mon mais tombe en dessous de
loi des grands nombres suppose réunies les 40 q/ha, pourquoi serai-je tenté de le traiter
conditions suivantes: contre une attaque de pyrale ? C'est fatigant
i - L'assureur a passé un «grand nombre» et cela coûte cher. N'est-il pas plus simple
de contrats. d'attendre l'indemnité de l'assureur?» Mais
ii - Chacun d'eux est «petit» par rapport à un raisonnement de cette sorte est contradict
oire avec la condition iv, car il est évident l'ensemble.
que la probabilité de dommage est plus graniii - Les probabilités d'occurrence des s
de sur un champ non traité que sur un champ inistres sont «indépendantes» les unes des
traité et que, par conséquent, la prime ne deautres.
vrait pas être la même dans les deux cas. La iv- Les probabilités d'occurrence des s
condition iii, elle aussi, est parfois difficile à inistres sont connues et indépendantes des
satisfaire. Ce n

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