Autour du sonnet : écriture en occitan et genres littéraires (1550-1650) - article ; n°1 ; vol.159, pg 53-68
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Bibliothèque de l'école des chartes - Année 2001 - Volume 159 - Numéro 1 - Pages 53-68
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, probablement en réaction à la pénétration du français oral et écrit dans le sud de la France, naît ou renaît une littérature, essentiellement poétique, en occitan. Les choix formels et, en particulier, les choix de genres de cette production sont significatifs d'une double tentation. D'un côté, les poètes occitans renaissants, pour tenter de restituer une part de sa dignité à leur langue, cherchent à intégrer, par imitation, leurs écrits dans les grands mouvements littéraires français et européens. Mais, d'un autre, ils s'efforcent d'attacher à cette même langue des colorations spécifiques en privilégiant des inflexions esthétiques propres. La difficile apparition du sonnet occitan, puis sa disparition plutôt précipitée permettent d'esquisser une évaluation esthétique de ce mouvement pour la période 1550-1650. On y perçoit, en particulier, comment, autour des années 1600, une volonté fondatrice, voire « nationale », débouche sur une sorte de maniérisme, où la langue paraît tout entière occupée à l'écoute et à l'élaboration de ses propres différences. Les observations faites sur les écrivains de la partie occidentale du domaine d'oc (Languedoc et Gascogne, autour de Toulouse) peuvent être rapprochées des traits constatés dans la partie provençale.
Probably in reaction against the progress of written and spoken French in southern France, the latter half of the 16th century witnessed the birth, or rebirth, of a literature in Provençal, consisting essentially of poetical works. The formal characteristics, in particular the literary genres, which were then chosen, reflect a dual temptation : on the one hand, by resorting to imitation, Renaissance Provençal poets attempted to bring their works into the mainstream of French and European literature, in the hope of restoring to their language part of its dignity. But, on the other hand, they endeavoured to give that language specific colours by stressing particular aesthetic features. Considering first the problematical birth of the Provençal sonnet, then its rather sudden disappearance, the aesthetic bounds of the movement may be established between approximately 1550 and 1650. Among other aspects, it may be said that, around 1600, the urge to establish a new school, even a 'national' one, led to a kind of mannerism, so strong was the concern to recognise and develop linguistic peculiarities. Features similar to those of Provence proper may be observed further west in writers of Languedoc, Gascogne, and the Toulouse area.
In der zweiten Hälfte des 16. Jh.s entwickelt sich in Südfrankreich ein neuer Traditionsstrang okzitanischer Literatur, insbesondere der Dichtkunst, vermutlich in unmittelbarer Reaktion auf die zunehmende Präsenz des gesprochenen und geschriebenen Französisch. Die stylistischen und gattungstypologischen Leitlinien dieser Texte zeigen zwei Grundtendenzen : Einerseits bemühen sich die neuzeitlichen okzitanischen Dichter um eine Integration der großen literarischen Strömungen im Französischen und in den anderen europäischen Sprachen, um das Okzitanische im Prestige aufzuwerten. Andererseits entwickeln sie eigentümliche Strukturen und Ausdrucksmuster, die bald einen eigenen ästhetischen Wert gewinnen. Die literar-ästhetischen Besonderheiten dieser Entwicklung zeigen sich sehr deutlich im Fall des okzitanischen Sonnets, das gegen 1550 unter größeren Schwierigkeiten entstand, um dann gegen 1650 in eigenümlich abrupter Weise wieder zu verschwinden. Insbesondere zeigt sich um 1600 eine paranationalistische Strömung, aus der eine Form von Manierismus erwächst, in der die Sprache den Abstand zum Französischen überbetont. Die großen Entwicklungslinien, die sich im Westen des kernokzitanischen Raums nachweisen lassen (Languedoc und Gascogne, Region um Toulouse) gelten auch fur die Provence.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Gardy
Autour du sonnet : écriture en occitan et genres littéraires (1550-
1650)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 2001, tome 159, livraison 1. pp. 53-68.
Citer ce document / Cite this document :
Gardy Philippe. Autour du sonnet : écriture en occitan et genres littéraires (1550-1650). In: Bibliothèque de l'école des chartes.
2001, tome 159, livraison 1. pp. 53-68.
doi : 10.3406/bec.2001.463054
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_2001_num_159_1_463054Résumé
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, probablement en réaction à la pénétration du français oral et
écrit dans le sud de la France, naît ou renaît une littérature, essentiellement poétique, en occitan. Les
choix formels et, en particulier, les choix de genres de cette production sont significatifs d'une double
tentation. D'un côté, les poètes occitans renaissants, pour tenter de restituer une part de sa dignité à
leur langue, cherchent à intégrer, par imitation, leurs écrits dans les grands mouvements littéraires
français et européens. Mais, d'un autre, ils s'efforcent d'attacher à cette même langue des colorations
spécifiques en privilégiant des inflexions esthétiques propres. La difficile apparition du sonnet occitan,
puis sa disparition plutôt précipitée permettent d'esquisser une évaluation esthétique de ce mouvement
pour la période 1550-1650. On y perçoit, en particulier, comment, autour des années 1600, une volonté
fondatrice, voire « nationale », débouche sur une sorte de maniérisme, où la langue paraît tout entière
occupée à l'écoute et à l'élaboration de ses propres différences. Les observations faites sur les
écrivains de la partie occidentale du domaine d'oc (Languedoc et Gascogne, autour de Toulouse)
peuvent être rapprochées des traits constatés dans la partie provençale.
Abstract
Probably in reaction against the progress of written and spoken French in southern France, the latter
half of the 16th century witnessed the birth, or rebirth, of a literature in Provençal, consisting essentially
of poetical works. The formal characteristics, in particular the literary genres, which were then chosen,
reflect a dual temptation : on the one hand, by resorting to imitation, Renaissance Provençal poets
attempted to bring their works into the mainstream of French and European literature, in the hope of
restoring to their language part of its dignity. But, on the other hand, they endeavoured to give that
language specific colours by stressing particular aesthetic features. Considering first the problematical
birth of the Provençal sonnet, then its rather sudden disappearance, the aesthetic bounds of the
movement may be established between approximately 1550 and 1650. Among other aspects, it may be
said that, around 1600, the urge to establish a new school, even a 'national' one, led to a kind of
mannerism, so strong was the concern to recognise and develop linguistic peculiarities. Features similar
to those of Provence proper may be observed further west in writers of Languedoc, Gascogne, and the
Toulouse area.
Zusammenfassung
In der zweiten Hälfte des 16. Jh.s entwickelt sich in Südfrankreich ein neuer Traditionsstrang
okzitanischer Literatur, insbesondere der Dichtkunst, vermutlich in unmittelbarer Reaktion auf die
zunehmende Präsenz des gesprochenen und geschriebenen Französisch. Die stylistischen und
gattungstypologischen Leitlinien dieser Texte zeigen zwei Grundtendenzen : Einerseits bemühen sich
die neuzeitlichen okzitanischen Dichter um eine Integration der großen literarischen Strömungen im
Französischen und in den anderen europäischen Sprachen, um das Okzitanische im Prestige
aufzuwerten. Andererseits entwickeln sie eigentümliche Strukturen und Ausdrucksmuster, die bald
einen eigenen ästhetischen Wert gewinnen. Die literar-ästhetischen Besonderheiten dieser Entwicklung
zeigen sich sehr deutlich im Fall des okzitanischen Sonnets, das gegen 1550 unter größeren
Schwierigkeiten entstand, um dann gegen 1650 in eigenümlich abrupter Weise wieder zu
verschwinden. Insbesondere zeigt sich um 1600 eine paranationalistische Strömung, aus der eine Form
von Manierismus erwächst, in der die Sprache den Abstand zum Französischen überbetont. Die großen
Entwicklungslinien, die sich im Westen des kernokzitanischen Raums nachweisen lassen (Languedoc
und Gascogne, Region um Toulouse) gelten auch fur die Provence.Bibliothèque de l'École des chartes, 1. 159, 2001, p. 53-68.
AUTOUR DU SONNET
ÉCRITURE EN OCCITAN
ET GENRES LITTÉRAIRES (1550-1650)
par
Philippe GARDY
La Renaissance, dans la partie occidentale de l'Europe, a été, on le sait, une
période de fondations ou de refondations en nombre de domaines : politique,
religieux, linguistique, littéraire... l. En France, du côté du langage et de l'écrit,
administratif, juridique ou littéraire, le xvie siècle, en particulier, est le temps
où émergent et prennent forme des institutions nouvelles, d'ordres divers, qui
tracent des limites, bornent des territoires réels ou imaginaires, décrètent, avec
plus ou moins de valeur imperative, des interdits et formulent des recommand
ations ou des prescriptions. Ce vaste mouvement connaît en son sein des
degrés, des dénivellements et des hiérarchisations parfois fortement marqués.
Ainsi, l'élan organisé et solidement soutenu qui caractérise alors l'institution
d'une langue et d'une littérature modernes en langue française est accompagné,
sur un même territoire géographique et à l'intérieur d'une même entité politi
que, d'autres mouvements plus ou moins similaires, qui semblent selon le cas
l'accompagner ou surgir à son exemple et cependant le contester sur ses marges.
Parmi ces émergences centrifuges, celles qui concernent l'écriture littéraire
en occitan ont depuis longtemps déjà attiré l'attention, et l'on a pu souligner à
la fois la diversité de leur localisation géographique et les convergences, relati
ves mais incontestables, qui les font participer d'un seul et même mouvement
de contestation de l'ordre linguistique qui est en train de s'établir dans les
parties méridionales du royaume. Pareil mouvement ne débouche certes pas sur
une remise en cause véritable de cet ordre, mais il produit, entre le milieu et
surtout le dernier tiers du xvie siècle et les premières décennies du siècle
suivant, un nombre non négligeable de textes littéraires, essentiellement poéti-
1. Cet article s'appuie pour partie sur les données et les analyses d'une étude antérieure, Le
sonnet occitan de l'époque baroque : entre identité linguistique et production esthétique, dans
n° 2, Sonnets et sonnettistes occitans, 1550-1630, p. 201- Revue des langues romanes, t. 94, 1990,
217.
Philippe Gardy, directeur de recherche au C.N.R.S., U.M.R. 5475 (Redôc), Université Paul-
Valéry Montpellier III, Route de Mende, F-34199 Montpellier Cedex 5. 54 PHILIPPE GARDY B.E.C. 2001
ques, qui témoignent d'une certaine forme de « résistance » — plutôt passive, il
est vrai — à l'instauration d'une hiérarchisation assez rigide d'usages, de
statuts et de représentations entre les idiomes en présence. En gros, ce volon
tarisme porté par un sentiment unitaire, relatif mais réel, se révèle à travers
quelques traits marquants, dont les plus caractéristiques sont sans doute :
— la production de textes d'accompagnement ou d'explicitation qui met
tent en œuvre, sous la forme de « scènes » ou de manifestes linguistiques, les
thèmes essentiels de ce volontarisme ;
— la conception et, quand cela est possible, la publication d'œuvres en occi
tan qui cherchent à se placer « au même niveau » que les œuvres comparables en
français du moment présent ou de périodes immédiatement antérieures ;
— l'idée, très générale mais susceptible de réalisations assez diverses, que
ces essais littéraires participent de la construction ou de la reconstruction d'une
institution linguistique par ailleurs inexistante ou défaillante 2.
Au fondement de ces efforts d'individuation linguistique et littéraire, se
trouve sans nul doute la fameuse doctrine de l'imitation (mimèsis), telle qu'elle
s'est implantée et développée en France au cours du xvie siècle. Celle-ci, on le
sait, ne se réduit pas, il s'en faut de beaucoup, à une simple injonction de
conformité à des modèles antiques ou déj&#

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