Banque centrale et système bancaire : les débats anglais au début du XIXe siècle - article ; n°2 ; vol.13, pg 201-230
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Description

Revue française d'économie - Année 1998 - Volume 13 - Numéro 2 - Pages 201-230
Ricardo et Thornton s'accordent sur le rôle d'une banque spécifique assurant la stabilité de la valeur de la monnaie en référence au prix de l'or et au taux de change. Selon Ricardo, les interventions de la banque sur le marché de l'or sont nécessaires pour en limiter les fluctuations autour d'une cible préalablement établie. Ils sont cependant tous deux préoccupés d'assurer une flexibilité suffisante de l'offre de monnaie par rapport aux réserves métalliques, soit dans le cadre de règles originales, qui se distinguent de celles de l'école monétariste et qui s'imposent à une banque institut d'émission unique (Ricardo), soit dans le cadre d'une politique discrétionnaire (Thornton). Pour ce dernier, la nécessité de la fonction de prêteur ultime justifie une structure bancaire hiérarchisée autour d'une banque centrale permettant d'assurer la confiance dans la continuité du système des paiements, grâce à un niveau suffisant de liquidité.
Ricardo and Thornton are mainly concerned with the responsability of a specific bank in maintaining the value of money in conformity with the price of gold and the rate of exchange. According to Ricardo, this bank has to intervene on the market of gold in order to stabilize it at the level of a fixed target. However, for both authors, notes issuing is not strictly tied to the quantity of gold in the coffers of the bank either by following rules, distinct from the monetarist ones, but imposed to a unique bank of issue (Ricardo), or through a discretionnary monetary policy (Thornton). For the latter, the need for a lender in last resort is related to a hierarchization in banking systems with the central bank sustaining all payments in the country and insuring confidence by providing a sufficient amount of liquidity.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 148
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sylvie Diatkine
Banque centrale et système bancaire : les débats anglais au
début du XIXe siècle
In: Revue française d'économie. Volume 13 N°2, 1998. pp. 201-230.
Résumé
Ricardo et Thornton s'accordent sur le rôle d'une banque spécifique assurant la stabilité de la valeur de la monnaie en référence
au prix de l'or et au taux de change. Selon Ricardo, les interventions de la banque sur le marché de l'or sont nécessaires pour en
limiter les fluctuations autour d'une cible préalablement établie. Ils sont cependant tous deux préoccupés d'assurer une flexibilité
suffisante de l'offre de monnaie par rapport aux réserves métalliques, soit dans le cadre de règles originales, qui se distinguent
de celles de l'école monétariste et qui s'imposent à une banque institut d'émission unique (Ricardo), soit dans le cadre d'une
politique discrétionnaire (Thornton). Pour ce dernier, la nécessité de la fonction de prêteur ultime justifie une structure bancaire
hiérarchisée autour d'une banque centrale permettant d'assurer la confiance dans la continuité du système des paiements, grâce
à un niveau suffisant de liquidité.
Abstract
Ricardo and Thornton are mainly concerned with the responsability of a specific bank in maintaining the value of money in
conformity with the price of gold and the rate of exchange. According to Ricardo, this bank has to intervene on the market of gold
in order to stabilize it at the level of a fixed target. However, for both authors, notes issuing is not strictly tied to the quantity of
gold in the coffers of the bank either by following rules, distinct from the monetarist ones, but imposed to a unique bank of issue
(Ricardo), or through a discretionnary monetary policy (Thornton). For the latter, the need for a lender in last resort is related to a
hierarchization in banking systems with the central bank sustaining all payments in the country and insuring confidence by
providing a sufficient amount of liquidity.
Citer ce document / Cite this document :
Diatkine Sylvie. Banque centrale et système bancaire : les débats anglais au début du XIXe siècle. In: Revue française
d'économie. Volume 13 N°2, 1998. pp. 201-230.
doi : 10.3406/rfeco.1998.1055
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1998_num_13_2_1055Sylvie
DIATKINE
Banque centrale
et structure du
système bancaire :
les enseignements des
débats monétaires anglais
au début du XIXe siècle
du XIXe siècle a fourni des a pensée contributions économique fondatrices anglaise à du la début théor
ie de la banque centrale notamment quant à la définition de ses
deux grandes fonctions : assurer la stabilité de la valeur de la mon- 202 Sylvie Diatkine
naie et être le prêteur en dernier ressort. Ces deux fonctions se
rapportent à deux aspects : une responsabilité macroéconomique
et une fonction microéconomique visant à assurer la santé et
stabilité du système bancaire (Goodhart [1990, p. 5]). L'objet de
cet article est limité à deux principaux auteurs : D. Ricardo et
H. Thornton. Il est centré sur leurs positions au sein de la
« controverse bullioniste » qui est liée à la période d'inconverti-
bilité des billets de la banque d'Angleterre (suspension des paie
ments en espèces métalliques) et qui dura de 1797 à 1821, durant
les guerres napoléoniennes. Cette controverse porte sur la cause
de la dépréciation de la livre par rapport à Гог-lingot : est-elle
due à une émission excessive de billets du fait de leur inconvert
ibilité ou à d'autres causes ? Un retour à la convertibilité est-il
nécessaire et est-il suffisant pour stabiliser la valeur de la livre ?
Se mettent alors en place les termes d'un débat qui sera récur
rent au cours de l'histoire des théories monétaires, et jusqu'à la
période contemporaine, portant sur les moyens d'assurer la sta
bilité de la valeur de la monnaie et le choix du critère de son émis
sion et, par ce biais, sur la structure du système bancaire et le rôle
d'une banque centrale ainsi que sur les modalités de la régula
tion de l'activité bancaire.
Ainsi les mêmes questions réapparaissent à travers l'op
position récente entre monétaristes et keynésiens, entre partisans
d'une politique monétaire basée sur des règles et partisans d'une
politique discrétionnaire, ou encore à propos des controverses sur
l'indépendance de la banque centrale, ou des réflexions sur les
moyens de limiter l'instabilité bancaire, le risque de système et
le renouvellement de l'analyse de la fonction du prêteur ultime.
De ce point de vue, nous voudrions préciser la place qu'occu
pent Ricardo et Thornton dans l'histoire de ces débats. Si cer
tains historiens de la pensée économique (Viner [1937], O'Brien
[1994]) classent plutôt à la fois Ricardo et Thornton parmi les
« bullionistes » dénonciateurs de la surémission des billets de
banque et de l'inflation, d'autres insistent sur leurs divergences.
Ainsi, selon ces derniers, pour « schématiser », d'une part, Ricardo
se rattacherait à la tradition qui aboutira au monétarisme ; d'autre
part, Thornton, préoccupé principalement par les problèmes de Sylvie Diatkine 203
dépression et de crise financière, se classerait parmi les partisans
d'une monnaie de papier « dirigée » (Laidler [1987]), introdui
sant certains arguments que l'on qualifiera ultérieurement de
keynésiens (Hicks [1967 (a)]), voire même serait un précurseur
de Keynes (Beaugrand [1981]).
A y regarder de plus près, ces oppositions semblent cepen
dant trop tranchées. Car, sans oublier leurs différences, nous
voudrions montrer quelles sont les contributions positives et
souvent communes des deux auteurs en la matière. Elles per
mettent de mieux définir les enseignements que Ton peut tirer
de leur débat en mettant en évidence le socle sur lequel se sont
construites les analyses actuelles, tout en cernant la singularité
de ces auteurs par rapport à ces dernières.
Dans une première partie, nous montrerons que le champ
couvert par la notion de stabilité monétaire diffère selon les deux
auteurs qui partent de conceptions différentes de la monnaie. Si,
selon Ricardo, celle-là est uniquement synonyme d'ancrage nomin
al de la monnaie, elle s'étend chez Thornton à la nécessité d'as
surer la continuité du système de paiements et de règlements des
dettes grâce à un niveau suffisant de liquidité. Elle est ainsi plus
large (Aglietta [1995, p. 93]). Ceci les conduit cependant à pro
poser un critère commun d'émission des billets : le prix de l'or
(qui définit la valeur interne de la monnaie) et le taux de change
(qui sa valeur externe) et à introduire les fonctions
modernes d'une banque centrale : à savoir assurer la stabilité de
la valeur de la monnaie par son ancrage sur l'or (Ricardo et
Thornton) et être le prêteur ultime (Thornton).
Dans une seconde partie seront envisagées les conditions
de l'application du critère d'émission par la banque centrale qui
implique pour tous deux une certaine flexibilité de l'émission des
billets par rapport à l'encaisse-or ; cette s'exerce cepen
dant dans le cadre soit de règles qui lui sont imposées (Ricardo),
soit de sa possibilité d'appréciation quant à l'application du cri
tère et d'une politique discrétionnaire (Thornton). 204 Sylvie Diatkine
Nature de la stabilité monétaire
et rôle ďune banque centrale
ou « nationale »
Selon Ricardo, la fonction exclusive d'une banque nationale
(puisque c'est le terme qu'il retient) est d'assurer l'ancrage de la
monnaie sur l'or dans le cadre d'un « ordre monétaire » qui res
tera utopique puisqu'il demeurera à l'état de projet. Selon son
Ingot Plan (1816, 1817 et 1823), la monnaie est composée un
iquement de billets convertibles en lingots (les ingots) et non en
pièces (l'or est démonétisé). La valeur de la monnaie est mesur
ée par le taux de change ou par rapport à un étalon choisi
« conventionnellement », l'or1. On en définit la stabilité par la
constance de son pouvoir d'achat sur l'or (l'inverse du prix de
marché du lingot); et la banque nationale est charg

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